PROCEDE DE PREPARATION D'ARN DOUBLE-BRIN, ET SES APPLICATIONS
La présente Invention est relative à un pro¬ cédé de synthèse d'ARN double-brin, et à ses applications.
Les acides ribonucléiques double-brin sont naturellement rares on les retrouve en effet seulement dans certains microorganismes tels que des levures ou des virus. Jusqu'à une époque récente, l'ARN double-brin n'était considéré que comme une molécule présentant un intérêt essentiellement théorique, et dont les appl: a- tions éventuelles ne concernaient que la recherche fonda¬ mentale.
Tout -fois, il a été démontré que les ARNs double-brin peuvent, de façon transitoire, être impliqués dans des phénomènes de régulât:, -~n d'expression, ainsi que dans, l'initiation de la syntuese d'interféron par les cellules [ (DECLERQ et al., Methods in Enzymology, 1981, 78, 291' et U-LI, J. Biol. Che . , 1990, 265, 5470)] et qu'ils possédaient des propriétés anti-prolifératives, ce qui permet d'envisager également des applications théra¬ peutiques (AUBEL et al., Proc. Natl. Acad. Sci., USA 1991, 88, 906).
Il est donc important de pouvoir synthétiser de façon pratique de l'ARN double-brin (ARNds) de séquence et de longueur déterminées.
Cependant, l'obtention d'ARN double-brin est considérée comme difficile. Les quelques procédés décrits jusqu'à présent peuvent être répartis en trois catégo- ries
1) Extraction d'ARN double-brin à partir de matériel biologique.
L'extraction de doubles brins d'ARN à partir de virus a été décrite, par exemple par BOCCARDO G. et al. (Double stranded RNA viruses, 1983, Bishop Eds.
Elsevier, New-York) et plus récemment par DULIEU et al. (J. Virol. Methods, 1989, 24, 77-84).
La présence d'ARNds dans certaines levures a été démontrée par FRIED et al. (Proc. Natl. Acad. Sci. USA, 1978, 75, 4225) et par AL-HAKEEM et al. (Anal. Biochem., 1987. 163, 433-439).
Si l'extraction d'ARNds à partir de levures est intéressante sur le plan quantitatif, les séquences et les longueurs des A Nds sont bien sûr imposées par le micro-organisme lui-même. C'est une bonne voie de produc¬ tion d'ARNds en tant que matière première, mais qui ne permet en aucun cas la synthèse d'une séquence prédéterminée.
2) Hybridation de 2 ARN simple-brin La synthèse d'ARNds par hybridation de deux
ARN simple-brin complémentaires a été décrite par SADHER et al.r (Biochem. Int., 1987, 14, 1015). Chaque chaîne d'ARN est alors synthétisée par transcription in vitro d'un plas ide recombinant contenant, en aval d'une séquence promotrice d'une ARN polymerase ADN dépendante, la séquence d'ADN à transcrire. Les ARN simple-brin sont ensuite purifiés et quantifiés puis réunis pour former par hybridation un double-brin d'ARN.
Plus récemment, BHATTACHARYYA (Nature, 1990, 343,484) utilise la synthèse d'ARN décrite par MILLIGAN (Nucleic Acids Res., 1987, 21, 8783) consistant en la transcription d'une matrice d'ADN synthétique en ARN. Les ARN simple-brin sont ensuite réunis et hybrides l'un sur 1'autr . Ces techniques sont relativement longues et malaisées à mettre en oeuvre, car elles imposent la préparation de deux ADN-matrices recombinants ou synthé¬ tiques et la purification des deux brins ARN produits préalablement à l'hybridation.
3) Production d'ARN double-brin homopolymé- rique
J. YANO et al. (Demande de Brevet Français 2 617 403) décrivent un procédé de préparation d'ARN double-brin de longueur définie, mais de séquence répéti¬ tive ou homopolymérique. En aucun cas, cette technique n'est applicable à la synthèse d'ARN de séquence plus complexe.
Or, les Inventeurs ont maintenant mis au point un procédé permettant la synthèse d'ARN double-brin à partir d'une matrice d'ADN de séquence donnée. Ils ont en effet constaté que si l'on procédait, dans des conditions déterminées, et dans un même compartiment réactionnel, à la transcription simultanée des deux brins complémen- taires d'une séquence d'ADN, les deux transcrits formés s'hybridaient immédiatement entre eux, donnant ainsi naissance à un ARN double-brin.
La présente Invention a pour objet un procédé de préparation d'ARN double-brin, lequel procédé est caractérisé en ce que l'on procède à la transcription simultanée des deux brins complémentaires d'une séquence d'ADN présents dans un même mélange réactionnel. Dans ce but, la séquence à transcrire sur chacun desdits brins d'ADN est placée sous contrôle d'une séquence promoteur. On entend par promoteur, toute séquence double brin d'ADN comprenant un site de fixation reconnu par une ARN polymérase-ADN dépendante. La fixation de l'ARN polymerase à cette séquence promoteur permet 1'initiation de la transcription. Parmi les séquences promoteur qui sont utili¬ sables dans le cadre de la présente Invention, on citera par exemple les séquences reconnues par les ARN polymé- rases des phages T7, T3 ou SP6. Ceci ne représente toute¬ fois pas une limitation, car il paraîtra clairement à l'homme du métier que toute séquence promoteur identifiée comme telle, et pour laquelle on dispose de l'ARN
polymerase correspondante, est a priori utilisable.
Selon un mode de mise en oeuvre préféré de la présente Invention, les deux brins d'ADN destinés à être transcrits appartiennent à 2 duplex différents, qu'ils forment chacun avec un brin d'ADN de séquence au moins partiellement complémentaire.
Selon un autre mode de mise en oeuvre préféré de la présente Invention, les deux brins d'ADN destinés à être transcrits sont associés en un même duplex. Dans ce mode de mise en oeuvre, la séquence d'ADN à transcrire en ARN double brin est encadrée de deux promoteurs, l'un contrôlant la transcription de l'un des brins, et l' utres celle du brin complémentaire. Ces deux promoteurs peuvent être identiques ou différents. Les Inventeurs ont en effet constaté qu'un duplex d-ADN muni à chaque extrémité d'une séquence promotrice, peut engendrer directement des ARN de longueur définie et pouvant s'apparier deux à deux pour former un ARN double-brin. Ceci est très surprenant quant on considère le mode d'action des ARN polymérases l'enzyme se fixe sur la séquence promotrice et se déplace sur la matrice d'ADN en synthétisant le brin d'ARN complémentaire. Il était jusqu'à présent supposé que si l'ADN matrice comportait deux séquences promotrices, le cheminement des enzymes, allant en sens inverse, était perturbé, aboutissant à de séquences incomplètes, et donc d'appariement difficile sinon impossible.
Or, les Inventeurs ont constaté que, contrairement à ce que l'on supposait précédemment, il est possible de transcrire simultanément et entièrement les deux brins complémentaires d'un duplex d'ADN ; l'hybridation des deux chaînes complémentaires d'ARN formées est alors immédiate. Dans ces conditions, le rendement de la syn¬ thèse d'ADN double-brin est meilleur que celui d'un
simple-brin puisque l'ARN formé sous forme de duplex est plus inerte que l'ARN simple-brin vis à vis de la matrice d'ADN et des nucléases.
Différentes méthodes pour réaliser des double- brins d'ADN matrice pourvus de promoteurs peuvent être utilisées.
A titre d'exemple, on citera les 3 méthodes suivantes
- Le double-brin matrice peut être construit par hybridation directe de deux oligonucleotides de séquences complémentaires, issus de synthèse chimique. C. • e oligonucléotide porte à chaque extrémité la ε- • . nce d'un promoteur spécifique d'une ARN polymerase, de préférence celle d'une ARN polymerase issue de phage, telle que l'ARN Polymerase du phage T7 (de telles séquences ont été décrites, par exemple, par CHAMBERLIN, The enzymes, 1982, vol XV, Académie Press) .
Ces deux ADN simple-brin sont ajoutés en quan¬ tités équimolaires puis hybrides l'un avec l'autre. On obtient ainsi un double-brin d'ADN qui, dans le cas d'oligonucleotides de synthèse, peut avoir une longueur comprise préférentiellement entre 40 et 100 paires de bases, et qui est pourvu à chaque extrémité d'une séquence promoteur. - Le double-brin d'ADN peut aussi être obtenu par hybridation partielle de deux oligonucleotides sur un court fragment de l'extrémité 3' ; puis par allongement des extrémités 3' par une ADN polymerase. Cette technique permet d'obtenir des matrices d'ADN de longueur supé- rieure et de coût inférieur à celles décrites précédemment.
- La troisième méthode consiste à intégrer des amorces portant en 5' des séquences promotrices d'au moins une ARN polymerase dans l'ADN à transcrire par un procédé d'amplification tel que la PCR (Polymerase Chain Reaction), ^ LCR (Ligase Chain Reaction, la NASBA
(Nucleic Acid S quence - Based Amplification) , etc ...
(voir pour revue RICHARD, Curr. Op. Biotec, 1991, 2, 76-
85) . On obtient ainsi en fin de réaction un ADN double-brin de longueur comprise préférentiellement entre 50 et 1000 paires de bases et muni à chaque extrémité d'une séquence promotrice d'une ARN polymerase.
Le procédé PCR est décrit par SAIKI (Science, 1985, 230, 1350 et Science, 1988, 239, 487). L'intégration d'un promoteur par la PCR est décrit par MURA A A (DNA, 1988, 7, 287) et dans les brevets WO 89/07149 (SOMMER) et WO 89/01050 (BURG) , qui décrivent les procédés de synthèse d'ARN simple-brin.
Pour la mise en oeuvre du procédé conforme à l'Invention, les matrices d'ADN ainsi obtenues sont incubées en présence de l'ARN polymerase (ou des ARN polymérases) reconnaissant le ou les promoteurs portés par ces matrices, et de ribonucléotides triphosphate. Les conditions de réaction sont déterminées en fonction du type d'ARN polymerase choisie. II est particulièrement avantageux d'utiliser une faible concentration d'enzyme entre 10 et 50 unités et une concentration élevée de ribonucléotides triphosphates (entre 1 et 5 mM) .
Par exemple, dans le cas de l'ARN polymerase du phage T7, on utilise préférentiellement 20 unités d'enzyme, et 2,5 mM de chaque ribonucléotide triphosphate.
Dans ces conditions, les deux chaînes complé¬ mentaires d'ARN formées s'hybrident instantanément pour former un ARN double-brin plus stable et plus inerte qu'un ARN simple-brin. Chaque ADN matrice engendre au moins une centaine de chaînes d'ARN.
Les ARN double-brin obtenus à partir d'une matrice drADN comprenant un promoteur sur chaque brin se présentent comme la copie en ARN de l'ADN matrice, dont
les extrémités 3 ' sont constituées par un simple-brin de séquence complémentaire à celle du promoteur.
Tous les duplex-matrices d'ADN peuvent éven¬ tuellement être liés à un support ; cette fixation peut par exemple être effectuée par rajout sur l'extrémité 5' d'au moins un des oligonucleotides, d'un ligand tel que la biotine, qui peut être fixé sur un support recouvert d'avidine. Cette fixation permet non seulement une purification beaucoup plus rapide de l'ARN double-brin synthétisé, mais aussi une réutilisation possible de la matrice fixée sur le support.
L'ARN double-brin ainsi obtenu conformément à l'Invention peut être soit séparé de l'ADN et éventuellement purifié (cette opération est simplifiée si la matrice d'ADN est fixée sur un support) , soit utilisé ou quantifié directement si on utilise cette technique comme outil analytique.
Le procédé conforme à l'Invention, de par sa simplicité de mise en oeuvre, permet de nombreuses appli- cations.
Il permet en effet d'obtenir, en une seule étape, une quantité importante de fragments G RN double-brin, de longueur et de séquence déterminée, ce que ne permettaient pas les procédés de l'art antérieur. Les fragments ainsi obtenus peuvent bien entendu, être utilisés dans les diverses applications relevant de la recherche fondamentale, ou de la thérapeu¬ tique, préconisées dans l'art antérieur (Cf par exemple les publications de DECLERQ, WU-LI et AUBEL. précitées) . En outre, le procédé de synthèse d'ARNs double-brin conforme à l'Invention permet une application totalement nouvelle et qui n'avait jamais été suggérée • auparavant il s'agit de l'utilisation de fragments d'ARN double-brin pour le diagnostic, et en particulier pour la détection de séquences cible d'acide nucléique dans un échantillon biologique. Au sens de la présente Invention,
on désigne par séquence cible, toute séquence d'acide nucléique dont on souhaite détecter la présence dans un éc-αantillon à analyser.
De très nombreuses méthodes de diagnostic font appel à la détection d'une séquence spécifique d'acide nucléique dans un échantillon biologique.
Les premiers procédés de détection qui ont été proposés font appel à des sondes constituées par des fragments d'acide nucléique simple-brins complémentaires de la séquence cible à détecter. Ces sondes sont en outre marquées, ce qui permet la visualisation directe du pro¬ duit d'hybridation séquence cible/sonde.
Toutefois, cette technique autorise seulement la détection de séquences représentées en un nombre d'exemplaires suffisamment important pour permettre l'obtention d'un signal d'hybridation visible.
Il a donc été proposé, pour améliorer la dé¬ tection d'une séquence cible, d'augmenter le nombre de copies de celle-ci. Les techniques actuellement le plus employées dans ce but sont basées sur le principe de l'amplification en chaîne par polymerase, ou PCR (Polymerase Chain Reaction) . Cette technique permet l'amplification sélective d'une séquence d'ADN double- brin.
Le principe de la PCR, qui est bien connu, sera seulement brièvement rappelé ci-après l'amplification d'une séquence cible se fait par une succession de cycles, chaque cycle comprenant - la dénaturation de l'ADN comprenant la séquence à amplifier ;
- l'hybridation d'amorces encadrant ladite séquence à l'extrémité 3' de chacun des brins à amplifier ; - l'élongation en 3' des amorces par une ADN polymerase.
- la dénaturation des duplex d'ADN résultant de l'élongation des amorces, ce qui inaugure un nouveau cycle.
La séquence cible est ainsi, en théorie, amplifiée exponentiellement ; en pratique, après la phase d'amplification exponentielle, on parvient à une phase de plateau, et on obtient environ 105 copies au bout de 30 cycles d'amplification.
Les fragments d'ADN double-brin résultant de l'amplification de la séquence cible peuvent ensuite être identifiés, soit par hybridation avec une sonde spéci¬ fique marquée, soit par visualisation directe après électrophorèse sur gel d'agarose, en présence d'un agent intercalant tel que le bromure d'éthidium, etc.. Toutefois, les techniques d'amplification par
PCR posent certains problèmes qui compliquent leur mise en oeuvre, en particulier pour l'analyse d'un grand nombre d'échantillons.
Les techniques de détection faisant appel à l'hybridation d'une sonde marquée sont généralement considérées comme très spécifiques car la sonde est choisie pour ne reconnaître que la séquence cible. Elles présentent toutefois l'inconvénient de nécessiter l'utilisation de sondes marquées dont le coût est élevé, et dont l'hybridation nécessite plusieurs étapes complé¬ mentaires qui rallongent le temps de manipulation.
Dans le cadre d'analyses en série, il est beaucoup plus rapide, et moins coûteux, de procéder à une visualisation directe des fragments amplifiés. Toutefois, cette visualisation directe fait intervenir une molécule intercalante qui ne se fixe pas uniquement sur les frag¬ ments amplifiés, mais sur tous les acides nucléiques pré¬ sents dans le mélange réactionnel, ce qui produit un bruit de fond important. L'Invention apporte maintenant une solution à ce problème, en proposant la détection de copies sous
forme d'ARN double-brin, des fragments d'ADN résultant de l'amplification de la séquence cible.
Grâce au procédé conforme à l'Invention, ces copies sous forme d'ARN double-brin peuvent facilement être obtenues.
Il a déjà été proposé (par exemple par la Demande Européenne 397 269, et par la Demande PCT 88/10315) pour améliorer la détection d'une séquence cible, de synthétiser de l'ARN simple-brin, à partir d'une copie d'ADN double-brin de cette séquence cible, dans l'un des brins de laquelle a été inséré un promo¬ teur, et éventuellement d'amplifier les transcrits simple-brin obtenus, par l'action de la réplicase Qβ.
Toutefois, la détection des ARNs simple-brin ainsi obtenus n'est réalisée que par hybridation de sondes spécifiques, et d'autre part, les ARN simple-brin sont facilement dégradés par les nucléases. En revanche, les ARN double-brin obtenus conformément à 1'Invention ne présentent pas ces inconvénients. L'utilisation du procédé d'obtention d'ARN double-brin conforme à 1'Invention pour la détection de séquences spécifiques dans un échantillon biologique complète avantageusement une technique de type PCR dont elle permet d'augmenter la spécificité et la sensibilité. Par exemple, un ADN matrice muni de promoteurs peut être réalisé de façon spécifique, à partir d'un échantillon d'acide nucléique, par une technique telle que la PCR, en utilisant des amorces contenant des séquences promoteur pour l'amplification de la séquence cible. Seul un échantillon positif contenant la séquence- cible permettra la synthèse de la matrice d'ADN. Cette matrice est ensuite transcrite en au moins une centaine de copies d'ARN double-brin par une (ou des) ARN polymerase(s) . Cet ARN double-brin, de longueur et de séquence définie par la matrice, et donc par l'acide
nucléique cible, peut être alors quantifié par des moyens de dosage adéquats des acides nucléiques.
Il faut bien noter que la présence d'un ARN double-brin dans le milieu implique la présence de l'acide nucléique cible dans l'échantillon ; en effet, si l'échantillon est négatif, l'ADN matrice ne se forme pas et les promoteurs restent alors sous forme de simples brins d'ADN, qui ne peuvent pas être reconnus par l'ARN polymerase. La détection ou le dosage de l'ARN double-brin formé peut être effectuée par tout moyen approprié, tel que l'hybridation avec une sonde d'acide nucléique spécifique de la séquence à détecter ; il est particulièrement avantageux de procéder à cette détection en milieu homogène, par mesure d'un signal induit par l'interaction spécifique d'une molécule intercalante avec la double chaîne d'ARN. Cette révélation ne nécessite pas l'utilisation d'une sonde spécifique, ni celle d'un support. Elle est donc rapide et peu coûteuse. Divers agents intercalants peuvent être utilisés pour détecter l'ARN double brin obtenu par le procédé conforme à l'Invention. On préféra ceux qui interagissent plus spécifiquement avec l'ARN qu'avec l'ADN. Les Inventeurs ont en particulier constaté que l'utilisation de l'homodimere d'ethidium ou de 1'iodure de propionium comme agent intercalant permettait de détecter et de doser l'ARN obtenu, dans d'excellentes conditions de sensibilité et de spécificité.
Par rapport à une mesure directe de la fluorescence en présence d'un intercalant de la quantité d'ADN résultant d'une PCR, le procédé conforme à l'Invention présente les avantages suivants
- la transcription qui engendre au moins une centaine de copies de chaque double brin d'ADN multiplie le signal de fluorescence par un facteur égal ou supérieur à 100, et le rapport signal sur bruit est bien
meilleur, puisque les amorces et les simples brins d'ADN résiduels qui ne peuvent être transcrits en ARN, n'interfèrent pas significativement avec la molécule intercalante. - l'amplification terminale par transcription permet une meilleure quantification du procédé PCR réalisé en amont. En effet, cette méthode permet de réduire le nombre de cycles PCR préalables et donc de rester dans la phase d'amplification purement exponentielle de type (l+x)n de la PCR. D'autre part, l'amplification supplémentaire résultant de la transcription en ARNds selon le procédé -conforme à l'Invention est linéaire ; en d'autres termes, le facteur d'amplification est constant, et ne dépend pas de la quantité d'ADN matrice présent dans le mélange réactionnel. On a donc un phénomène d'amplification globalement exponentiel puis linéaire ; l'analyse de cette fonction mathématique est beaucoup plus simple que dans le cas de la technique PCR classique dont la quantification est compliquée par l'apparition d'un plateau au delà de la zone exponentielle.
Cette meilleure régularité d'amplification associée à une révélation simple en une étape entraîne une meilleure précision de la mesure, et permet de la répéter aisément, ce qui facilite la mise en oeuvre de mesures quantitatives.
En outre, certains modes de mise en oeuvre préférés du procédé conforme à l'Invention permettent des perfectionnements particulièrement avantageux pour la détection de séquences cibles d'acide nucléique.
En particulier, il est possible, en mettant en oeuvre le procédé conforme à l'Invention, de synthétiser des ARNs qui n'ont une structure en double-brin que sur une partie de leur longueur et dont au moins 1'une des extrémités est sous forme de simple-brin.
Ces ARNs peuvent être fixés à un support solide et/ou à une sonde de révélation par l'intermédiaire de leur partie simple-brin.
Ceci permet en particulier les applications suivantes :
Un ARN double brin comportant une ou deux extrémités simple brin peut être réalisé par transcription simultanée de deux duplex d'ADN (comportant chacun une séquence promotrice d'une ARN polymerase) dont une partie de la séquence est commune.
Dans ces conditions,l'ARN obtenu est sous forme double brin avec une ou deux extrémités de séquence simple brin. Cet hybride d'ARN qui est obtenu avec un coefficient d'amplification supérieur à 100 peut être hybride sur un acide nucléique (acide nucléique récepteur) de séquence complémentaire à celle d'une des extrémités fixé sur un support solide.
L'acide nucléique récepteur (préférentiel¬ lement un oligonucléotide) est fixé sur le support de façon covalente ou non covalente. Des oligonucleotides de séquences différentes peuvent être fixés sur le même support sur des localisations différentes ; ains..., plusieurs ADN cibles peuvent être transcrits dans le même flacon, et les transcrits détectés sur un support commun. La révélation est assurée, par exemple, par la fluorescence du double brin d'ARN engendrée par un composé intercalant exposé aux U.V.
Par ce moyen, plusieurs séquences cibles peuvent être traitées dans le même tube et détectées de façon spécifique par des acides nucléiques fixés sur un support.
La présente Invention sera mieux comprise à l'aide du complément de description qui va suivre, qui se réfère à des exemples de mise en oeuvre du procédé conforme à l'Invention.
EXEMPLE 1 - APPLICATION ANALYTIQUE DETECTION Du VIRUS HPV 6/11 PAR FLUORESCENCE EN MILIEU HOMOGENE APRES SYNTHESE D'ARN DOUBLE-BRIN
L'ADN est détecté de façon spécifique par une procédure telle que celle décrite dans la Demande PCT WO90/15881. L'échantillon est d'abord amplifié par un couple d'amorces primaires, ce produit est ensuite fortement dilué, puis réamplifié à l'aide d'amorces incluant en 5' une séquence promotrice de l'ARN polymerase T7. La transcription en ARN double-brin est alors réalisée directement à partir du produit d'amplification et la fluorescence du produit final est mesurée après intercalâtion de bromure d'ethidium. ι. PÇR primaire Dix nanogrammes d'ADN de cellules, infectées ou non par le papillomavirus de type 6/11, sont amplifiés dans un volume de 50 μl en présence de 200 μM de dATP dCTP dTTP. dGTP, 10 mM de Tris HC1 pH 8,5 ; 50 mM. KC1 ; 1,5 M MgCl2 ; 0,01% de gélatine ; 2,5 U de Taq polymé- rase et de 10 pmoles d'oligonucleotides amorces.
La position dans HPV 6/11 et la séquence des amorces primaires utilisées sont les suivantes
25 cycles de trois fois 1,5 min. (92*C, 55*C, 72*C) sont réalisés
2. Dilution intermédiaire au 1/200 2 μl de produit de la réaction de PCR primaire sont diluée dans 400 μl d'eau. 2 μl de cette solution sont utilisés pour l'amplification PCR secondaire.
3. PCR secondaire
Le même milieu réactionnel et les mêmes condi-
tions que pour l'amplification primaire sont utilisées ; seules la composition et la quantité des amorces secondaires sont changées
La position dans HPV 6/11 et la séquence des amorces portant en 5' la séquence promotrice de la T7 RNA ol sont les suivantes
Quantité d'amorce utilisée : 2 pmoles pour
50 μl de milieu réactionnel (ou 1 pmole pour 25 μl) . 15 cycles d'amplification sont effectués.
3. Réaction <te transcription
La transcription en ARN double-brin est réalisée directement sur le produit amplifié ; on ajoute volume à volume, une solution contenant du Tris HCl 80 mM pH 8,0, NaCl 50 mM, MgC12 20 mM, spermidine 4 iriM, DTT 10 mM, NTP (ribonucléotides triphosphate) 2,5 M et 25 U de T7 RNA polymerase (BRL) dans H20 DEPC stérile. La réaction est conduite à 37*C durant 15 minutes.
4. Lecture par fluoreecence au BET
Le produit transcrit est ajouté dans un milieu de mesure composé de Tris HCl 5 mM pH 7,6, NaCl 8 mM, EDTA 5 mM, BET (bromure d'ethidium) 0,5 μg/ml.
Les conditions de mesure de fluorescence sur un spectrofluorimètre Perkin-Elmer sont les suivantes longueur d'onde d'excitation 510 n (sw 8 n ) , d'émission 590 nm (sw 8nm) , mesure en cuve plastique de 1 ml. 5. Résultats
Deux techniques de fluorescence en milieu homogène appliquées, ont été comparées. Les résultats sont illustrés dans les Figures 1 et 2.
Figure 1 : Mesure directe de la fluorescence (360/450 nm) de l'ADN après amplification par PCR, par intercalation de H33 (HOECHST 33258) (0,5 μg/ml)
-D = échantillon positif, = témoin négatif. Figure 2 : Mesure par le BET après transcription en ARN double-brin selon la méthode conforme à 1'Invention
- O = échantillon positif, = témoin négatif. Les résultats sont exprimés, pour une même prise d'essai de produit, par le pourcentage de fluores¬ cence (en unités arbitraires) .
La figure 3 permet la comparaison entre l'intensité des signaux obtenus
- ------ directement après amplification par PCR (fluorescence du H33)
- Q après transcription en ARN double-brin, conformément à l'Invention (fluorescence du BET).
Pour un équivalent de 5 μl de produit PCR, on mesure une fluorescence de l'ADN par le H33 de 35 unités (contre 5- pour le négatif) alors que la fluorescence est de 1800 unités, pour une même prise d'essai après transcription en ARN double brin et mesure au BET (contre 12 pour le négatif) .
EXEMPLE 2 - SYNTHESE PREPARATIVE D'UN ARN DOUBLE-BRIN PAR TRANSCRIPTION SUR SUPPORT
On prépare une matrice d'ADN double-brin, comprenant sur chaque brin un promoteur pour 1'ARN polymerase, et un groupe biotine en 5' de l'un des brins. Cette matrice est ensuite fixée sur un support recouvert d'avidine et la transcription est réalisée directement sur ce support.
1. Préparation de la matrice d'ADN La matrice préparée dans cet exemple représente un fragment du génome de HPV 6/11. a) A partir d'un échantillon biologique
La matrice est préparée par amplification d'un
fragment d'ADN de HPV 6/11. Les amplifications primaire et secondaire sont menées selon le procédé décrit dans l'exemple 1, l'amorce T7a étant préalablement biotinylée en 5' par la méthode de ROGET et al; (Nucleic Acids Res., 1989, 17, 7643-7651). Si l'ADN de départ est suffisamment purifié, il est possible de préparer directement la matrice en procédant à une seule étape d'amplification, dans laquelle on utilise les amorces T7a (biotinylée en 5' ) et T7b. b) A partir d'ADN de synthèse
Le double brin d'ADN est réalisé par hybridation partielle des deux oligonucleotides bio-T
70
]_ et T7O2 ci-dessous, puis élongation des 2 brins
5' (biotine) 3'
TTTTAATACGAGTCACTATAGGGTACCGCTTAGCTAATGGACGCTAC
- τ7o2
5' 3'
TAATACGAGTCACTATAGGGGTAGCGTCCATTAGCTAAGCGGTA 2. Fabrication --lu support aviάine
Un "coating" de BSA (Sérum albumine bovine) biotine puis d'avidine est réalisé dans un tube à ailettes Nunc en polystyrène (SAUVAIGO et al. Nucl. Acids
Res. 1989,18, 3175-3183). Ce tube peut être conservé plusieurs mois à +4*C.
3. Fixation de la matrice d'ADN sur le support
Dix microlitres du produit PCR biotinylé syn¬ thétisé préalablement est fixé sur le support par incuba¬ tion dans 100 μl de tampon Tris-HCl 0,05 M pH 9,2 NaCl 0,5 M 2 heures à 37'C. Le tube est ensuite rincé trois fois par ce même tampon en présence de 0,5% de SDS puis une fois par de l'eau stérile.
Ce support muni d'une matrice d'ADN peut êtrt conservé à +4'C plusieurs semaines.
4. Transcription
La réaction de transcription de la matrice fixée sur le support en ARN double-brin est assurée par
50 U d'ARN polymerase de T7 (BRL) dans 100 μl de 0,04 M Tris HCl pH 8,0 ; 8 mM MgCl2 ; 2 mM spermidine ; 25 mM
NaCl ; 5 mM DTT et 2 mM de ATP, CTP, UTP, GTP.
La réaction est conduite à 37"C durant 30 minutes.
5. solement et contrôle de l'ARN synthétisé 100 microlitres de milieu réactionnel de transcription sont récupérés et mélangés avec 400 μl d'éthanol froid. Les ARN sont ensuite précipités à -20"C puis isolés par centrifugation. Le culot obtenu est repris par de l'au stérile puis quantifié par spectrométrie UV. L'intégrité de cet ARN double-brin est contrôlée par migration électrophorétique sur gel d'agarose. Les profils électrophorétiques sont représentés à la figure 4. La structure en double-brin est prouvée par une dénaturâtion thermique (chauffage à 100*C) . La nature ribonucléotidique est confirmée par lyse alcaline à chaud.
Environ 50 microgrammes d'ARN (soit 1 unité de D.O à 260 nm) sont synthétisés lors de chaque réaction.
Le support rincé et stocké à +4"C peut être utilisé ultérieurement plusieurs fois, sans perte notable d'activité.
EXEMPLE 3 - SYNTHESE D'UN ARN DOUBLE-BRIN COMPORTANT UNE EXTREMITE SIMPLE BRIN DE SEQUENCE SPECIFIQUE DE L'ADN CIBLE î DETECTION DU VIRUS HPVβ-II La procédure utilisée comprend la formation de
2 duplex d'ADN (chacun muni d'une séquence promotrice de la T7 RNA polymerase) par 2 réactions PCR conduites en parallèle sur chaque échantillon.
Ces 2 fractions sont réunies puis transcrites en ARN qui est sous forme partiellement double brin.
L'ARN obtenu comporte une partie double brin de 159 bases de long, suivie d'une partie simple brin de
141 bases. Ce produit est ensuite hybride sur un oligonucléotide fixé sur une membrane de nylon puis détecté par fluorescence.
1. Formation des duplex d'ADN
Un échantillon d'ADN est réparti dans 2 tubes.
Deux amplifications PCR sont alors réalisées de façon indépendante dans les conditions décrites dans l'exemple.1, grâce aux couples d'amorces suivants
IT7a 693-713
5' 3'
TAATACGACTCACTATAGGGTGACCTGTTGCTGTGGATGTG
Ib* 852-830 5' 3'
TGTACCTGAATCGTCCGCCATC
Ha 693-713
5' 3'
TGACCTGTTGCTGTGGATGTG IIT7b 9936-975
5' 3'
TAATACGACTCACTATAGGGGTGTCATCAATAAAGTCC
30 cycles (92-55-72, 1,30) sont réalisés.
2. Tr nscri ion Les 2 produits PCR sont mélangés volume à volume et 2 volumes de milieu de transcription contenant 25 U de T7RNA polymerase sont ajoutés (voir exemple 1) .
La transcription est conduite durant 30 minutes à 42'C. 3. Détection du se i-duplex d'ARN sur support solj *
Un oligonucléotide de séquence complémentaire à une partie de l'extrémité simple brin de l'ARN est fixé sur une membrane de nylon selon la technique décrite par SAIKI et al. Proc. Natl. Acad. Sci. USA, 86, 6230-6234 (1989) .
Oligonucléotide fixé sur le support HPV6/11 914-940 5' 3'
CAGGTACACAAATATCAGACGATGAGG Le semi-duplex d'ARN est hybride 1 heure sur ce support (SSPE 5X, SDS 0,1% à 55*C) . La membrane est ensuite rincée dans le même milieu 5 minutes à 55"C puis rapidement dans un tampon phosphate 5 mM, pH 7,0.
La révélation est alors assurée par incubation (2 minutes) dans une solution à 0,5 μg/ml d'homodimere d'ethidium, dans du tampon phosphate 5 mM suivi d'un bref rinçage. Les spots fluorescents sont alors directement observés sous rayonnement à 260 nm et à 520 nm.
Les échantillons positifs présentent une nette fluorescence orangée alors que les négatifs ne se distinguent pas du bruit de fond.