PROCEDE D'ASSEMBLAGE D'ELEMENTS PAR CHAUFFAGE LOCALISE
Domaine technique et art antérieur
La présente invention concerne un procédé d'assemblage d'éléments par chauffage localisé.
Plus particulièrement, l'invention concerne un procédé d'assemblage par chauffage localisé d'au moins deux substrats de silicium sensiblement plans et de faibles épaisseurs. Les deux substrats de silicium peuvent être, par exemple, des plaques, des lames, des tranches, des films minces ou encore des couches minces'.
L'invention s'applique, par exemple, au scellement de cavités et de jonctions mécaniques ou électriques situées à l'interface de deux substrats.
Selon l'art connu, l'assemblage d'éléments •sensiblement plans s'effectue sans apport de matière ou avec apport de matière.
L'assemblage sans apport de matière peut être réalisé en mettant en contact deux surfaces polies après préparation chimique des surfaces puis chauffage pour consolidation. Les matériaux mis en contact peuvent être Si/Si, Si/Si02, Si/métal, métal/métal. Ce type d'assemblage est connu de l'homme de l'art sous l'appellation "wafer bonding" . Un autre type d'assemblage sans apport de matière est connu sous l'appellation d'assemblage de type anodique . Il s'agit alors d'établir la liaison entre deux matériaux réagissant à l'interface sous l'effet conjugué d'un champ électrique et de la température (par exemple, interface Si/verre Pyrex ou Al/verre Pyrex) .
L'assemblage avec apport de matière peut être un assemblage de type adhésif. Un intermédiaire adhésif, par exemple de la résine époxy, peut être localisé entre les éléments à assembler. Il peut s'agir également d'un assemblage de type métallique :
- apport d'un métal dont 1 ' alliage 'avec les matériaux à assembler a un point de fusion moins élevé que celui du métal (ex. Si/métal/Si) ,
- hybridation de puces élémentaires sur substrat, - fusion de métaux.
Les méthodes d'assemblage selon l'art antérieur présentent de nombreux inconvénients.
La préparation chimique des surfaces est .ainsi prohibée pour l'assemblage de circuits déjà finalisés et donc fragiles. Il en est de même pour les méthodes qui nécessitent une montée en température des circuits. L'apport de matériaux intermédiaires est également un inconvénient .
Exposé de l'invention
L'invention ne présente pas ces inconvénients. En effet, l'invention concerne un procédé d'assemblage d'au moins deux substrats de silicium. Le procédé comprend : - une étape de mise en contact d'au moins une face sensiblement plane d'un premier substrat de silicium avec une face sensiblement plane d'un deuxième substrat de silicium de façon à constituer une interface entre les premier et deuxième substrats, les premier et deuxième substrats étant sensiblement
non transparents pour une longueur d'onde λ de rayonnement laser, et une étape d'illumination du premier substrat de silicium par un faisceau laser de longueur d'onde λ pour créer un chemin de fusion, selon l'axe du faisceau laser, dans l'épaisseur du premier substrat et dans tout ou partie de l'épaisseur du deuxième substrat .
Selon une caractéristique supplémentaire de l'invention, la création du chemin de fusion s'accompagne d'une diminution de résistance mécanique du silicium à l'interface entre le chemin de fusion et le reste des substrats de silicium et, de part et d'autre du chemin de fusion, d'un scellement direct, sur une distance finie, de l'interface entre les deux substrats de silicium.
Selon encore une autre caractéristique supplémentaire de l'invention, le faisceau laser de longueur d'onde λ se déplace à la surface du premier substrat de façon à créer une succession de chemins de fusion définissant un plan. Dans ce dernier cas, selon encore une autre caractéristique supplémentaire de l'invention, le procédé comprend une étape de découpe par clivage selon au moins un plan créé par une succession de chemins de fusion.
Selon encore une caractéristique supplémentaire de l'invention, le faisceau laser de longueur d'onde λ se déplace à la surface du premier substrat de façon à créer une succession de chemins de fusion définissant une surface non plane. Dans ce dernier cas, selon une caractéristique supplémentaire de l'invention, le
procédé comprend une étape de découpe par gravure KOH selon au moins une surface non plane crée par une succession de chemins de fusion.
Selon une autre caractéristique supplémentaire de l'invention, le procédé comprend une étape pour faire le vide entre les deux faces des substrats de silicium qui sont mises en contact.
Selon encore une autre caractéristique supplémentaire de l'invention, le rayonnement laser est un rayonnement infrarouge de longueur d'onde λ sensiblement égale 1064 nm, de puissance moyenne sensiblement égale à 12 et constitué d' impulsions dont la fréquence est sensiblement égale 3 kHz.
Les surfaces en contact à sceller présentent une très faible rugosité et une bonne planéité. En dehors des surfaces à sceller, les surfaces en regard peuvent être ouvragées et, en conséquence, distantes l'une de l'autre. C'est le cas, par exemple, des circuits fabriqués, en micro-technologie, selon la technologie des circuits intégrés.
Le procédé d'assemblage agit par scellement direct des substrats du fait de la qualité du contact présent à l'interface des substrats.
Avantageusement, les zones mises en contact selon le procédé de l'invention peuvent définir un chemin de clivage pour une découpe ultérieure.
Il est également possible de prolonger le procédé selon l'invention lui-même jusqu'à la découpe des circuits. Dans la même opération, il est alors possible, par exemple, d'assembler certains éléments et d'en découper d'autres.
Dans les deux cas, la découpe peut avantageusement s'effectuer sans les protections usuelles mises en œuvre dans les procédés de découpe standard (projection d'eau, projection de particules, retournement du circuit, etc.) .
Brève description des figures
D'autres caractéristiques et avantages de l'invention apparaîtront à la lecture d'un mode de réalisation de l'invention fait en référence aux figures jointes parmi lesquelles : la figure 1 représente un montage pour assembler deux éléments plans de faible épaisseur selon l'invention ; - la figure 2 représente l'action d'un rayonnement laser de longueur d'onde λ sur un élément plan de faible épaisseur non transparent à une longueur d' onde λ ; la figure 3 représente un exemple de structure assemblée selon l'invention ; la figure 4 représente l'action d'un faisceau laser pour l'assemblage d'une structure selon la figure 3 ; la figure 5 représente la répartition en énergie d'un faisceau laser utilisé pour réaliser un assemblage tel que représenté en figure 3 ; la figure 6 représente la répartition des températures dans un cordon de silicium soumis à un faisceau laser dont l'énergie est répartie comme représenté en figure 5 ;
la figure 7 représente la répartition de la résistance mécanique d'un cordon de silicium amorphe selon l'invention.
Sur toutes les figures, les mêmes repères désignent les mêmes éléments.
Description détaillée de modes de mise en œuyre de 1 ' invention
La figure 1 représente un montage pour assembler deux éléments plans de faible épaisseur selon 1' invention.
Deux éléments plans de faible épaisseur 5 et 6, par exemple deux plaques en silicium ou un substrat supportant une couche mince en regard d'une autre plaque ou d'une autre couche mince supportée par un autre substrat, sont placés à l'intérieur d'une cavité C et mis en contact l'un avec l'autre. La cavité C est définie par l'espace formé entre un support 2 et un capot 1. Un orifice 0 relié à une pompe à vide (non représentée sur la figure) permet de faire le vide dans la cavité C et, partant, entre les deux faces à solidariser. Des joints 4 permettent d'isoler le volume compris entre les deux surfaces pour y faire le vide afin que les deux surfaces entrent parfaitement en contact.
Dans le cas de substrats indéformables, les surfaces devront présenter une planéité quasi-parfaite.
Dans le cas d'au moins un substrat mince, donc déformable, une planéité à courte distance sera suffisante. Un défaut de planéité à longue distance pourra être compensé par une déformation du substrat
mince. Le capot 1 comprend une ouverture la plus large possible 3 pour un rayonnement R de longueur d'onde λ issu d'un laser L. Le rayonnement R peut alors atteindre l'élément 5. Le laser L est, par exemple, un laser YAG de puissance à impulsions émettant dans l'infrarouge. A titre d'exemple non limitatif, pour deux plaques de silicium de 450 μm d'épaisseur, la longueur d'onde λ du rayonnement est égale à 1064nm, la puissance moyenne est égale à 12 et la fréquence des impulsions est égale à 3kHz. Le rayonnement laser peut être réglé, par exemple, pour obtenir un faisceau de diamètre compris entre 30 et 50μm. La puissance moyenne en surface de l'élément 5 peut alors être égale à 8 ou 9 . La puissance absorbée par le silicium aux fréquences de l'infrarouge est faible. Il en résulte une fusion du silicium avec très peu de matière éjectée là ou le faisceau laser traverse les éléments 5 et 6. Il y a alors amorphisation du silicium sur toute l'épaisseur traversée.
La figure 2 représente l'action d'un rayonnement R de diamètre D sur une couche mince de silicium 7. De la matière est éjectée sur une très faible profondeur alors qu'un cordon de silicium amorphe 8 est formé sur le trajet du faisceau. Pour former le cordon de silicium amorphe, la vitesse de déplacement du faisceau laser à la surface de la couche de silicium peur être comprise, par exemple, entre 0,5mm/s et 2mm/s. La figure 3 représente un exemple de structure assemblée selon l'invention.
La structure S comprend deux substrats de silicium 9 et 10 fixés l'un à l'autre par trois cordons 11, 12, 13 de silicium amorphe. L'épaisseur el du substrat 9 est par exemple égale à 300μm et l'épaisseur e2 du substrat 10 par exemple égale à 500μm. Avantageusement, une partie seulement des cordons de silicium amorphe fixe les substrats l'un à l'autre. Comme cela apparaîtra dans la suite de description, la fixation des substrats s'effectue principalement par des zones situées de part et d'autre du chemin de fusion.
La structure S constitue, par exemple, un capteur sismique. Le substrat 10 comprend alors un ensemble de zones actives ou capteurs 15, 17, 19. Des cavités 14, 16, 18 sont formées au-dessus des capteurs respectifs 15, 17, 19. Le substrat 9 est un capot destiné à protéger les capteurs des chocs et de la poussière et qui permet une reprise de contacts électriques au travers d'ouvertures (non représentées sur la figure) .
La figure 4 représente l'action d'un faisceau laser pour l'assemblage d'une structure selon la figure 3 et les figures 5 et 6 représentent, respectivement, la courbe de répartition d'énergie du faisceau laser et la courbe de répartition des températures dans un cordon de silicium, lors de l'assemblage de la structure selon la figure 3.
Comme cela a été mentionné précédemment, la puissance absorbée par le silicium aux fréquences de l'infrarouge est faible. Il en résulte que très peu de matière 20 est éjectée lorsque le faisceau laser
traverse, successivement, les substrats de silicium 9 et 10.
Une zone de silicium fondu 21 apparaît, sur une largeur d, dans le silicium. La largeur d, par exemple égale à 40μm, correspond sensiblement à la largeur du faisceau laser pour laquelle l'énergie E du faisceau est maximale (cf. figure 5) . Dans le silicium fondu sous l'action du faisceau laser, la température varie de sensiblement 2600 °C au niveau de l'axe A1-A2 du faisceau laser à sensiblement 1400°C à une distance d/2 de l'axe A1-A2 (cf. figure 6). L'ébullition du silicium au centre de la zone fondue 21 conduit avantageusement à une certaine porosité de cette zone. Une interface 22 apparaît entre la zone fondue 21 et le silicium non fondu et monocristallin des substrats 9 et 10 situé au- delà de la zone fondue (transition nette entre phase liquide et phase solide) .
De part et d'autre de la zone 21 de largeur d, en s 'éloignant de l'axe A1-A2 du faisceau, les températures dans le silicium décroissent rapidement, par exemple de sensiblement 1400 °C à sensiblement 400 °C. Ces températures sont cependant suffisantes pour permettre une jonction entre les substrats 9 et 10 par scellement direct entre les deux substrats . Cette jonction par scellement direct s'effectue, de part et d'autre de la zone 21, sur les distances finies respectives 11 et 12.
Après la réalisation des cordons 11, 12, 13 de silicium amorphe comme indiqué ci-dessus, la structure assemblée de la figure 3 reste avantageusement intègre, c'est-à-dire manipulable sans risque de fractionnement.
Il est alors possible de poursuivre différents types d'étapes technologiques qui n'induisent pas de forte contrainte mécanique. Il est également possible d'effectuer une découpe de la structure selon les interfaces 22.
Comme cela apparaît sur la figure 7, la résistance mécanique qui unit les substrats 9 et 10 est faible selon les interfaces 22 et relativement élevée dans les zones de largeurs 11 et 12 situées au-delà du cordon de fusion.
Une découpe par clivage selon les interfaces est possible lorsque les interfaces 22 définissent des plans de clivage. Lorsque les interfaces 22 ne sont pas plans, par exemple lorsqu'ils définissent des courbes fermées, la découpe peut être effectuée par gravure KOH
(KOH pour « hydroxyde de potassium ») . Avantageusement, une gravure KOH de quelques minutes peut suffire pour dissoudre un cordon de silicium amorphe de 30μm de largeur sur 500μm de profondeur tel qu'un cordon selon l'invention (à titre de comparaison, plusieurs heures sont nécessaires pour dissoudre une épaisseur de silicium non préparée de même épaisseur) .
La gravure KOH peut également être écourtée en préparant le substrat de la manière suivante : immersion dans 1 ' isopropanol, puis dans l'éthanol, puis dans l'eau déionisée, puis, enfin, dans le KOH. La gravure KOH peut également être assistée par des ultrasons .