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  • 13 août 2014 - Par Au fil des mots et de l'histoire

     

     La bataille de Carabobo

     

    La bataille de Carabobo

    D’après « Histoire de Bolivar » – Général Ducoudray Holstein ; continuée jusqu’à sa mort par Alphonse Viollet – 1831

     

    En mai 1821, les forces du général Bolivar s’élevaient à quinze mille hommes dans le seul état de Venezuela, en comprenant dans le nombre deux mille Européens. La Torre ne comptait guère que six mille hommes sous ses ordres. Des personnes bien instruites ont assuré qu’il comptait sur les promesses trompeuses de Bolivar, qui l’avait flatté d’espérances de paix.

    Je tiens aussi de bonne source qu’il faut attribuer à La Torre la destruction des forces espagnoles dans la Colombie.

    Au lieu de réunir toutes ses forces dans le petit village de Carabobo, qui a donné son nom à la fameuse bataille qui s’y livra, il se contenta d’agir avec la première division, composée de deux mille cinq cents hommes d’infanterie, et quinze cents hommes de cavalerie environ, commandés par lui et par Morales. Bolivar, qui s’était réuni à Paez, à San Carlos, avait à peu près six milles hommes d’infanterie, parmi lesquels on comptait onze cents Européens, auxquels on avait donné la dénomination de légion anglaise, et trois mille cent Llaneros à cheval.

    Le village de Carabobo, où se livra la bataille de ce nom, le 26 juin, est situé entre San Carlos et Valencia. Là, les Espagnols avaient pris une forte position. Cette position fut judicieusement choisie par Morales qui, sous le rapport des talents militaires, était, sans comparaison, supérieur à son chef. La forme du terrain procurait de grands avantages, ou plutôt une supériorité décidée à l’armée espagnole : si l’ennemi parvenait à enlever un poste de front, elle pouvait prendre une autre position et renouveler plusieurs fois cette retraite concertée, de manière à faire essuyer une perte énorme aux assaillants.

    Les Espagnols, dont les ailes étaient en outre protégées par des bouquets d’arbres, des collines escarpées et un marais profond, se postèrent sur la grande route. Ils placèrent un fort détachement sur le haut d’une colline qui faisait face à un défilé, et qui était le seul passage par où l’on put les attaquer de front ; ils appuyèrent également leur aile droite sur un escadron de cavalerie. Ainsi disposée, l’armée espagnole attendit l’ennemi, pendant vingt jours, ne doutant pas qu’elle ne fût victorieuse, sur quelque point que l’on vînt l’attaquer.

    Bolivar qui était persuadé que le salut de la République dépendait de cette bataille, hésita à attaquer l’armée espagnole, quand il vit qu’elle occupait une position aussi formidable. Il assembla un conseil de guerre et proposa, de nouveau, un armistice. Ses officiers rejetèrent cette proposition unanimement. Le général Marinno fut d’avis qu’on devait tourner la position de l’ennemi, mais, après avoir discuté plusieurs plans qui, tous, finirent par être rejetés, la majorité décida qu’on risquerait tout et qu’on attaquerait l’ennemi de front.

    Bolivar penchait à demander un autre armistice, mais Paez et Bermudes s’opposèrent vigoureusement à ce projet.

    Le 24 juin, l’armée colombienne, forte d’environ huit mille hommes, se trouva en présence de l’ennemi. Quand Bolivar vit que le passage était si fortement gardé, ses hésitations le reprirent, mais Paez et Bermudes lui représentèrent, dans les termes les plus forts, qu’il n’y avait plus moyen de balancer.

    Comme la discussion devenait fort animée, des paroles prononcées très haut, arrivèrent aux oreilles d’un guide de Bolivar. Cet homme qui connaissait parfaitement le pays, s’approcha du libérateur et lui dit tout bas, qu’il connaissait un sentier par lequel on pouvait tourner l’aile droite de l’ennemi. Bolivar connaissait bien cet homme, et après l’avoir questionné pendant quelque temps, il détacha seulement trois bataillons de ses meilleures troupes et une forte colonne de cavalerie, sous le commandement du général Paez, pour suivre le guide.

    Le défilé par lequel cet homme conduisit cette division offrait de grandes difficultés à sa marche. La légion anglaise qui ne connaissait pas le pays, eut surtout beaucoup à souffrir. Ces braves gens étaient obligés de marcher seul à seul, et leurs souliers furent tellement déchirés par les pierres aiguës qu’ils rencontraient à chaque pas, que leurs pieds étaient tout ensanglantés ; ils déchirèrent alors leurs chemises et firent des bandages pour leurs pieds, afin d’être dans le cas d’avancer.

    Aussitôt que l’ennemi les découvrit, il fut obligé de diriger contre eux une partie de ses forces. Le bataillon royal de Burgos, presque complet, et composé d’Européens espagnols, intimida d’abord le bataillon colombien, appelé los Bravos de Apure, qui se replia sur la légion anglaise.

    Encouragés par ce succès, les Espagnols s’avancèrent contre la légion qu’ils prirent pour un corps de Créoles, et dirigèrent contre lui un feu bien nourri auquel on riposta vivement. Peu après, les Espagnols chargèrent à la baïonnette et découvrirent leur méprise en étant chargés, à leur tour, de la même manière par la légion anglaise.

    Cette charge fut dirigée avec tant de promptitude et de vigueur, que les Espagnols commencèrent à se décourager et à lâcher pied. Ils furent à la fin dispersés et poursuivis par les baïonnettes anglaises. Un escadron ennemi essaya de charger la légion anglaise, mais il fut repoussé par un violent feu de mousqueterie, et forcé de se retirer. Cette retraite inattendue de l’aile droite espagnole déconcerta le général La Torre au point qu’il perdit toute présence d’esprit. La confusion se répandit bientôt parmi les Espagnols ; leur cavalerie se dispersa sans avoir fait une seule charge. Dans leur fuite précipitée, les Espagnols laissèrent, sur le champ de bataille, leur canon, leurs munitions et leurs bagages.

    Le général Paez qui, pendant l’action, avait agi avec son activité et sa bravoure accoutumées, se mit alors à la tête de la cavalerie et poursuivit les Espagnols ; mais ses hommes étaient si mal montés, et les chevaux étaient si fatigués et si faibles, que, quoique le terrain fût uni, il ne put rompre les rangs de l’infanterie espagnole. Si sa cavalerie eût été bonne, pas un seul Espagnol ne se fût échappé.

    Dans une de ces charges malheureuses, le général Sedenno, le colonel Plaza et un noir, qu’à cause de sa bravoure, on avait surnommé El Primero (le premier), furent tués. Ces braves voyant que leurs efforts, pour rompre les rangs de l’infanterie, étaient inutiles, se précipitèrent au milieu des baïonnettes.

    Dans cette bataille, l’armée espagnole perdit plus de cinq cents hommes. La Torre, avec le reste de ses forces, se renferma dans Porto Cabello. Des Espagnols m’ont assuré, comme témoins oculaires, qu’il fut un des premiers à entrer dans cette forteresse. La perte des Colombiens ne fut pas grande. La légion anglaise eut environ trente tués et cent blessés. Leur commandant reçut plusieurs blessures.

    Les Colombiens furent obligés d’attribuer le succès de cette journée à cette poignée de braves étrangers. Ceux-ci reçurent du général Bolivar, le nom de Carabobo. Le général Paez se distingua beaucoup dans cette occasion ; mais Bolivar, quoiqu’il se tînt, comme à l’ordinaire, à une distance respectueuse du danger, s’attribua la principale part de la victoire, et entra dans Valencia, le même jour, avec ses troupes.

    A la bataille de Carabobo il n’y eut que l’infanterie espagnole qui combattit ; dès le commencement de l’action, les généraux La Torre et Morales, qui prétendirent tous les deux au commandement général, n’avaient concerté ensemble aucun plan d’opérations.

    Morales qui commandait en chef la cavalerie, forte de quinze cents hommes d’élite, parfaitement bien montés et capables de battre les trois mille Llaneros, dont les chevaux n’auraient pu résister à une charge bien dirigée, eut la bassesse de ne pas ordonner une seule charge et de rester tranquille spectateur de la destruction de l’infanterie. Il était extrêmement mécontent que Morillo, avant son départ, l’eût placé sous les ordres de La Torre ; aussi refusa-t-il d’obéir à plusieurs ordres que celui-ci lui envoya de charger l’ennemi. Son ressentiment contre La Torre était si vif, qu’il entendit, sans s’émouvoir, les officiers de cavalerie espagnols le presser instamment d’attaquer, ou, au moins, de leur permettre d’attaquer l’ennemi pendant qu’il était en plaine. Quand ils virent que son opiniâtreté était invincible, ils perdirent courage, quittèrent leurs rangs et furent suivis par leurs soldats. Un seul escadron essaya de charger la légion anglaise, mais il fut repoussé.

    L’infanterie espagnole, réduite à ses seules forces, qui ne s’élevaient pas à plus de deux mille cinq cents hommes, soutint donc tout l’effort de l’armée colombienne qui ne comptait pas moins de sept mille sept cents hommes.

    Je tiens de bonne autorité que si la légion anglaise n’eût pas été avec les Colombiens, ceux-ci auraient probablement perdu la bataille. Le régiment de Valencia, fort d’environ six cents hommes, couvrit la retraite et repoussa, à quatre reprises différentes, la cavalerie de Paez, composée de trois mille Llaneros, et cela dans une belle plaine, où la moitié de ce nombre, pour toute autre cavalerie, aurait suffi pour balayer ces six cents fantassins.

    La nouvelle de cette défaite répandit la consternation parmi les Espagnols. Telles étaient la confusion et la terreur dans la forteresse de Porto Cabello, que si Bolivar avait marché contre la place, sans perdre de temps, il s’en serait rendu maître.

     

     

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