Jouy-sur-Morin : balade sur les traces des moulins des papeteries

Depuis plus de deux siècles, l'histoire de Jouy-sur-Morin est intimement liée à la présence des papeteries le long du Grand Morin, du Marais jusqu'à Crèvecœur.

JEP Jouy
De nombreux bâtiments des papeteries ont été construits le long du Grand Morin. ©Association des compagnons
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Dans le cadre des Journées européennes du patrimoine, samedi 16 septembre, Patrick Guignot, président fondateur de l’association des Compagnons papetiers de Crèvecœur et du Marais, propose une balade gratuite depuis l’espace André Sobrement au Marais, une ancienne peupleraie des Papeteries du Marais, jusqu’à l’usine désaffectée d’Arjowiggins Security à Crèvecœur sur les traces laissées par les papeteries qui ont investi les lieux. Cette balade est réalisée avec le soutien de la mairie de Jouy-sur-Morin (Seine-et-Marne).  » La thématique de cette année est de réaliser une déambulation pédestre le long des quatre moulins : le moulin supérieur, le moulin inférieur au Marais, celui du gué Blandin et celui de Crèvecœur « . Ici et là, il reste des traces, parfois englouties par la végétation, de ces moulins. C’est ce que propose de découvrir cette marche  » avec des rappels du passé, en voyant des maisons, des bâtiments des papeteries « , dit Patrick Guignot. La mairie doit s’occuper de rendre accessibles les espaces communaux qui permettront des regards extérieurs de certains anciens moulins.

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 » Ce qui nous motive dans l’association « , dit Patrick Guignot,  » c’est de faire la promotion du savoir-faire de l’entreprise de papeterie qui avait plusieurs usines à Jouy-sur-Morin, dont celle de la papeterie du Marais qui s’est ensuite appelé Arjowiggins « . Ces usines jouyssiennes ont été le berceau du papier-monnaie. Il existe également un lien entre ses usines avec le héros de la ville, Jean Navarre, aviateur, As de la première guerre mondiale et dont le père, André Navarre, a été directeur à partir de 1893 des Papeteries du Marais, et un capitaine, dirigeant, tué lors de cette Première Guerre mondiale.

Ainsi, depuis sa création, l’association s’attache chaque année à organiser un événement relatif à l’histoire patrimoniale des usines de Jouy-sur-Morin.  » En 2021, nous avons fait visiter le château de Chauffour, édifié par les Papèteries du Marais pour y loger ses premiers dirigeants à la fin du XIXe siècle. En 2022, nous avions réalisé une exposition sur le photographe Louis-Émile Durandelle qui avait réalisé une documentation complète de tous les sites des Papeteries du Marais « .

Historique selon les archives départementales

Les archives du département de la Seine-et-Marne précisent l’historique des Papeteries de Jouy-sur-Morin, particulièrement celle qui subsistera jusqu’en 2019. Madame veuve Delagarde, propriétaire de la papeterie de Courtalin à Faremoutiers, achète, le 28 juin 1782, le moulin à papier situé au Marais, près de Jouy-sur-Morin. Ce moulin n’est équipé que d’une seule cuve. Lors du mariage de ses fils en 1787, elle donne à Barthélémy la manufacture de Courtalin et à Jean-Louis la papeterie du Marais. Le 21 septembre 1792, la veuve Delagarde et ses fils passent un traité avec Camus, archiviste de la République, pour la fourniture de rames de papier pour la fabrication des assignats. Ce papier est alors fabriqué à Courtalin et au Marais. En 1811, la Banque de France signe un contrat avec la manufacture du Marais pour la fourniture de papier pour ses billets. En 1828, Félix Delagarde, propriétaire de la Papeterie du Marais rachète la papeterie Sainte-Marie à Boissy-le-Châtel constituant ainsi l’une des premières sociétés anonymes françaises Les Papeteries du Marais et de Sainte-Marie. Ces dernières se voient équiper de leurs premières machines à papier. En complément de cette mécanisation, la Société installe des chaudières à vapeur. Les papeteries collaborent alors avec les principaux éditeurs (Plon, Didot, Hachette…) et les banques françaises et étrangères. En 1854, des bâtiments sont restaurés afin d’installer une école de filles et une salle d’asile pour les enfants d’ouvrières. En 1857, le moulin à huile de Crèvecœur est acheté et totalement transformé pour y installer une usine consacrée à la fabrication exclusive de papier pour billets de banque.

Le Groupe Arjomari est né du regroupement de quatre Papeteries Arches, Johannot et du Marais le 11 mai 1954. L’acte notarié entérinant l’absorption des papeteries de Rives est signé le 18 juin 1956. C’est à partir de cette date que la raison sociale de la Société devient Arjomari. En 1968, le Groupe Arjomari fusionne avec le Groupe Prioux-Dufournier. La raison sociale de la Société devient alors Arjomari-Prioux. Elle amorce ainsi son développement dans le domaine des papiers couchés et dans la distribution de produits pour l’Industrie graphique.

Jusqu’en 1970, l’usine de Crèvecœur se compose de trois établissements : Le Marais et Crèvecœur à Jouy-sur-Morin et la Fontaine à Saint-Rémy-la-Vanne. L’usine de la Fontaine est essentiellement dédiée à la production de coton blanchi et à la refonte des papiers déclassés. L’usine de Crèvecœur, quant à elle, fabrique et transforme le papier.

En 1976, le groupe Arjomari-Prioux acquiert les papeteries Canson-Montgolfier.

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Il faut noter que dans les années 1970, les effluents de chaque usine transitent à travers les lagunes de décantation avant de rejoindre le Grand Morin. L’importante pollution due aux liqueurs noires de cuissons de coton et la vétusté des équipements conduisent la Société à rechercher de nouveaux procédés. Par conséquent, l’usine de la Fontaine est arrêtée et ses affluents réduits à zéro. L’usine de Crèvecœur s’équipe d’un autoclave de cuisson de blanchiment à l’eau oxygénée. Cette dernière est ainsi primée au titre des technologies propres pour cette réalisation. En 1982, elle s’équipe d’une station d’épuration physico-chimique (ses rejets sont dès lors conformes à la législation en vigueur). En 1987, l’usine installe une nouvelle machine à papier afin de répondre à ses clients en qualité et en quantité. En 1988, l’usine utilise une nouvelle technologie pour cuire et blanchir les cotons à partir du matériel BIVIS de Framatome. Ces nouveaux équipements permettent de réduire les matières oxydables des effluents et donner une meilleure régularité de la qualité. En, 1991, le Groupe ArjoWiggins Teape Appleton voit le jour. Depuis lors, le Groupe subit de nombreuses restructurations et se tourne vers l’internationalisation. Divers plans sociaux sont mis en place en Europe dans les années 1990 puis en 2001 et surtout en 2003 dans les usines de Crèvecœur (perte d’un tiers de ses salariés). Crèvecœur reste l’usine spécialisée dans la fabrication du papier sécurisé et notamment des billets de banque jusqu’à la liquidation judiciaire des papeteries de Crèvecœur, le Bourray, Greenfield et Bessé-sur-Braye en 2019.

Infos : Le parcours de cette balade du samedi 16 septembre fait 1,7 kilomètre et s’effectuera par petits groupes de 6 à 8 personnes depuis l’espace André Sobrement, de 10h à 18h.

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