Depuis le mois de novembre, la ville de Villiers-sur-Morin s’active dans son cimetière. L’objet de son attention est la tombe d’Amédée Servin, peintre décédé à Villiers-sur-Morin en 1884.
L’édifice est en pleine rénovation depuis que Vianney Suscosse, maire adjoint chargé de l’urbanisme, s’est battu pour lui donner un coup de jeune.
C'est un passionné d'art et un amoureux du patrimoine. Il veut qu'on sache qu'Amédée Servin est enterré à Villiers.
Mais la tâche est rude. « Tout est à refaire, la tombe était complètement abandonnée » poursuit-il. C’est donc une restauration complète qui est en cours. Rien n’est laissé au hasard. Marbre, inscription, croix, tout est remis à neuf pour un coût qui approche les 1 000 €.
Amédée Servin, pionner de l’art à Villiers-sur-Morin
Pour comprendre l’importance de cette restauration, il faut se plonger dans le passé, au XIXe siècle, et connaître plus précisément Amédée Servin. Né à Paris le 5 septembre 1829, Amédée Servin grandit dans une famille modeste. Son père, mégissier, regrette que son fils ne soit pas un très bon élève. Le jeune Amédée se retrouve alors placé en apprentissage chez un tapissier. Il y apprend le dessin, ce qui lui permet d’entrer, en 1848 aux Beaux-Arts de Paris. Là-bas, il perfectionne ses qualités d’artistes et fait la rencontre de camarades de sa génération comme Jean-Jacques Henner, Benjamin Ulmann, Paul Baudry. Il fait ses débuts au Salon de peinture et de sculpture de 1850 puis y expose régulièrement. En 1855, Amédée Servin y présente trois peintures de paysages inspirées de la Normandie et l’année suivante, il s’inspire de paysages bretons. Rapidement, il laisse les terres de l’Ouest pour se pencher sur la Seine-et-Marne.
« Maître de la vallée du Morin »
L’artiste est en contact avec les premiers peintres qui fréquentent Barbizon, où il croise Théodore Rousseau et Jean-François Millet. Mais c’est à Villiers-sur-Morin qu’il décide d’élire domicile. Avec ses pinceaux, il couche sur ses toiles ce paysage qui lui fait face, notamment les moulins, très présents sur le territoire. Son œuvre, « Le moulin de Bale à Villiers-sur-Morin », peint en 1872 est exposée au musée des Beaux-Arts de Marseille.
Amédée Servin est convaincu du potentiel artistique de Villiers-sur-Morin. Ainsi, il fonde le Cercle artistique de Villers et incite plusieurs de ses confrères à se rendre dans le village. Cela lui vaudra le surnom de « maître de la vallée du Morin ». Des créateurs le rejoignent comme Ernest Boetzel, qui traduit en gravure ses tableaux, ou Louis-Alexandre Bouché, puis ses anciens camarades comme Ulmann.
À lire aussi
Mettre en avant la culture artistique du Morin
Amédée Servin a laissé dernière lui un patrimoine artistique et culturel fort que la mairie de Villiers-sur-Morin veut, plus de 130 années plus tard, exploiter. « Ça a été quelqu’un de très important pour notre village et il est tombé dans l’oubli » regrette Nicolas Gobin. À travers la restauration de sa tombe, la Ville a la volonté de rattraper le temps perdu et de mettre en avant ce passé riche.
Villiers est le cœur de la vallée des peintures. Nous souhaitons valoriser cette histoire en créant, pourquoi pas, un circuit touristique dans notre village.
La municipalité souhaite se rapprocher de l’office du tourisme afin d’évoquer les possibilités pour mettre en avant la culture à Villiers-sur-Morin.
Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.