Du Musée Curtius
au Trésor de la Cathédrale
*
oféla Cité des Princes-Evêques
Du Musee Curtius au Trésor de la Cathédrale
Conçue à l'initiative de l'Institut Archéologique Liégeois,
l'exposition "Liège. La cité des Princes-Evêques",
intégrée dans la présentation permanente du Trésor a bénéficié du soutien
de la Ville de Liège, du Chapitre cathédral et du Conseil scientifique du Trésor
Coordination générale :
Françoise Pirenne, Jean-Louis Kupper et Philippe George
Contributions scientifiques :
Dominique Allart (D.A.), Ann Chevalier (A.C.), Pierre Colman (P.C.), Bruno Demoulin (B.D.), Luc Engen (LE.),
Paul Gérin (P.Gé.), Jean-Louis Kupper Q.-l. K.), Jean-Claude Ghislain (J-Cl. G.), Séverine Monjoie (S.M.),
Joseph Philippe Q.P.), Philippe Raxhon (Ph. R.) et Jacques Stiennon (J.S.).
Tous les textes non signés ont été rédigés par Philippe George & Françoise Pirenne.
Mise en page : Hubert Gérin
Préparation des œuvres :
Christiane Jacquemin,
avec l'aide de Lucienne Dewez, Séverine Monjoie et Hubert Gérin,
et les conseils de Pierre-Louis Baert (Musées Royaux d'Art & d'Histoire de Bruxelles).
Bernard Hassé n'a pas ménagé ses efforts et trouvé des solutions techniques originales pour la présentation des œuvres.
Collaboration technique et administrative :
Trésor de la Cathédrale : Lucienne Dewez, Ludvika Legrand, Marcel Raeven
Musée Curtius : Pauline Bovy, Bernard Mélart, Monique Merland
Site Internet et spot radio : Georges Gousse
Vidéos : Max Burlet
PA.C»
La Cité des Princes-Evêques
Du Musée Curtius au Trésor de la Cathédrale
Partir à la découverte de l'art et de l'histoire de la Principauté de Liège, tel
est le parcours muséal proposé au Trésor depuis 1998.
À Liège en 1996 fut célébré le treizième centenaire du martyre de saint
Lambert. On en ignore l'année exacte mais 696 s'est imposée dans la tradition
locale, depuis 1696 tout au moins, quand le Prince-évêque et le Chapitre
cathédral fêtèrent solennellement le millénaire de la mort du saint patron du
diocèse. En 1896 les manifestations ont été extrêmement importantes à en juger
par les publications conservées, les processions organisées et les embellissements
apportés à la cathédrale dont la nouvelle châsse de saint Lambert. Œuvre de la
Maison Wilmotte de Liège, elle en est le plus beaufleuron.Dans ce respect des
traditions, le Chapitre cathédral a décidé la rénovation du Trésor comme
contribution majeure à cette célébration. Les travaux commencés en 1996 furent
achevés en septembre 1998.
Pour permettre sa restauration, et son intégration dans le cadre de
l'Ensemble Muséal d'Art et d'Histoire du Pays de Liège (EMAHL), le Musée Curtius
est fermé au public depuis novembre 2000. L'Institut Archéologique Liégeois,
gestionnaire scientifique des Musées d'Archéologie et d'Arts Décoratifs de la Ville
de Liège dont fait partie le Musée Curtius, et propriétaire d'une large partie des
collections, a suggéré à la Ville de Liège de présenter une sélection d'œuvres
maîtresses d'art religieux au Trésor en complément aux collections permanentes.
•E.),
"Liège. La cité des Princes-Evêques" est une nouvelle scénographie, un stade
nouveau du développement du Trésor, à travers l'évocation de la carrière de
certains prélats mis en exergue, mais aussi de nombreux thèmes d'art. Les présents
Feuillets de la Cathédrale résument en un guide pratique ce nouveau parcours qui
favorise une dynamique indispensable à la vie d'un musée. Vitalité qui se traduit
par l'alternance des œuvres et vidéos, idée directrice, par la présentation
temporaire de pièces privées ou publiques, par des recherches scientifiques ainsi
que par l'animation pour jeunes, et l'accueil le plus convivial au public.
oeuvres.
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WAUOME
Le Trésor est implanté dans sept salles. On trouvera ci-dessous les informations nécessaires pour la visite, salle par salle.
Pour éviter l'encombrement des vitrines, seul un numéro identifie l'œuvre exposée. La liste complète est disponible à
l'accueil, le temps de la visite. Les œuvres maîtresses obtiennent ici le commentaire nécessaire.
D'un point de vue pratique : ce numéro d'identification, entre parenthèses dans le corps du texte, permet de repérer
l'œuvre d'art dans le cadre du développement des programmes audiophones et des traductions. Enfin, dans les salles, les
panneaux didactiques en français, repris ici, sont également pourvus d'un sigle dans le même souci de clarté et d'unité.
Les œuvres d'art numérotées de 5 0 0 0 à 5 0 5 9 proviennent du Musée Curtius. Elles sont en outre indiquées dans les
salles par une étiquette spécifique.
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Nous exprimons nos plus vifs remerciements à l'Ambassade des Pays-Bas en Belgique et à la Communauté
Germanophone de Belgique qui nous ont aidé pour parfaire les traductions respectives en Néerlandais et en Allemand.
aussi
Quoique sans lien direct avec les œuvres exposées, les sept salles du Trésor ont reçu, pour les distinguer, les noms de
fonctions ecclésiastiques importantes au sein ou en rapport direct avec le chapitre cathédral; chaque fonction est expliquée à
l'entrée de la salle par un petit panneau.
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Le Chapitre cathédral de Saint-Lambert
Les chanoines tréfonciers
Parmi les plus importants de l'Empire, le chapitre cathédral liégeois compte une soixantaine de chanoines. Les chanoines
de Saint-Lambert sont des clercs, prêtres responsables de la Uturgie de la cathédrale et chargés d'aider l'évêque dans l'administration du diocèse. Dès le XIIe siècle la vie commune cesse pour la plupart des chanoines qui vivent dans des demeures
particulières avec une domesticité personnelle. Ils sont issus en grande majorité de la noblesse du diocèse et fournissent les
principaux dignitaires ecclésiastiques du pays.
En cas de vacance du siège épiscopal (sede vacante), ou en l'absence du prince, la souveraineté appartient au chapitre.
Le Chapitre de Saint-Lambert, clergé primaire, se dit "seigneur tréfoncier de l'héritage de saint Lambert" et des droits
concédés à l'Église de Liège.
Qu'est-ce qu'un trésor de cathédrale?
Au cours des siècles, la notion de "trésor d'église" a évolué.
Faut-il rappeler que le plus ancien inventaire connu du trésor de l'Église de Liège date de 1025? En inventoriant ses
objets sacrés, l'évêque Réginard voulait peut-être parer aux accusations de simonie portées à son encontre.
A l'origine, il y a la notion de sacré : la liturgie et les reliques des saints.
Liège s'enorgueillit du patronage de l'évêque martyrisé Lambert (ca. 696), dont la relique du crâne fut finalement
insérée dans un prestigieux buste-reliquaire au début du XVIe siècle.
La constitution progressive d'un trésor répond à différentes aspirations.
Au Moyen Age, le trésor procède d'une véritable liturgie du pouvoir, à travers reliques, objets cultuels, orfèvreries, mais
aussi par l'accumulation des accessoires les plus divers : objets exotiques, jeux, armes ou curiosités variées.
Le trésor montre la grandeur d'une Eglise : on exhibe son patrimoine, les symboles de la puissance temporelle. On fait
l'ostension de ses reliques, stimulatrices de pèlerinages. On thésaurise or, argent et pierres précieuses, et l'on s'en sert parfois
pour quelque acquisition prestigieuse, comme celle du château de Bouillon par l'évêque Otbert au croisé Godefroid (1096).
On n'hésite pas alors à dépouiller de ses plaques d'or la châsse de saint Lambert. Le trésor est un capital monnayable pour des
moments de pénurie : le métal est alors fondu et transformé.
Dès la Renaissance, de grands personnages et érudits rassemblent et s'entourent d'oeuvres d'art. Leurs collections
élargissent la notion de trésor. Le trésor devient un véritable conservatoire, ancêtre du musée.
Après la Révolution française, la nouvelle cathédrale de Liège recueille des œuvres d'art provenant d'églises démolies,
désaffectées ou endommagées, de Liège ou d'ailleurs.
La mise en valeur et surtout la conservation de ses collections sont les buts majeurs du "Trésor de la Cathédrale de
Liège", tout en insistant aussi sur sa spécificité de réserve d'objets sacrés encore utilisés. Le Trésor s'inscrit aussi dans une
perspective historique : il est et entend rester la mémoire d'une principauté, témoin de l'histoire du Pays de Liège.
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Rez de chaussée
SALLE DU PRINCE-EVEQUE
À la fois prince et évêque, le souverain liégeois, successeur de saint Lambert, exerce des droits temporels et spirituels.
Sur les terres concédées par l'empereur germanique - la principauté de Liège -, il rend la justice et maintient l'ordre, bat
monnaie, lève l'impôt, convoque l'armée...; dans son diocèse - circonscription ecclésiastique bien plus vaste -, il use de son
pouvoir de juridiction, procède aux ordinations, bénédictions et consécrations.Le glaive et la crosse sont des symboles de ces
deux pouvoirs. (Au deuxième étage sont présentés des panneaux explicatifs sur la principauté et le diocèse de Liège, avec
cartes à l'appui).
L'œuvre majeure exposée à l'entrée de cette salle est le Buste-reliquaire de saint Lambert (1), réalisé à Aix-la-Chapelle
par l'orfèvre Hans von Reutlingen, avant 1512. Argent en partie doré et pierres précieuses (P.C.).
Le buste abrite l'insigne relique du crâne du saint. L'orfèvrerie en argent repoussé, ciselé et gravé, en partie doré, est
montée sur une âme en bois. Au centre, en bas sur la plinthe, est représenté le donateur, Érard de la Marck, prince-évêque de
Liège (1505-1538). Les poinçons de l'orfèvre et d'Aix-la-Chapelle sont visibles sur l'arrière du rational, cette pèlerine crénelée
que porte l'évêque, au bas du fanon dorsal médian. La crosse a été refaite au XIXe siècle; la polychromie du visage date
vraisemblablement du XVIIIe siècle et a été rafraîchie ultérieurement.
C'est le plus grand buste-reliquaire de l'époque gothique tardive conservé
en Europe, et s'y perçoit aussi l'influence du style Renaissance : autour des
armoiries du prince-évêque et au sommet des six gros piliers sont représentés des
putti, angelots porteurs des instruments de la Passion. Les joyaux ont été acquis
par Érard de la Marck en 1509 à Venise.
Symbole par excellence de la patrie liégeoise, le buste-reliquaire de saint
Lambert assiste aux grandes cérémonies d'Ancien Régime. Une gravure de 1653 du
célèbre artiste liégeois Michel Natalis a popularisé le buste à travers toute l'Europe.
Le saint patron du diocèse est présenté à mi-corps en évêque, posé sur un
socle dont les six niches racontent sa vie : enfance avec miracles de l'eau et du feu
(A), épiscopat avec l'épisode de l'exil et de la pénitence de Stavelot (B), martyre
(C), châtiment des meurtriers pendant l'ensevelissement du saint à Maastricht
(D), translation des reliques à Liège par saint Hubert, évêque successeur (E) et
vénération desfidèles(F).
De gauche à droite :
A Miracles de l'enfance
Lambert fait jaillir une source pour abreuver des maçons à Wintershoven.
Lambert apporte des braises ardentes dans son vêtement à son maître
Landoald.
B Lambert évêque
Chassé de son siège épiscopal, Lambert trouve refuge au monastère de
Stavelot. Pénitence de la croix : la nuit, ayant réveillé par inadvertance les
moines, Lambert est puni par l'abbé qui ne se doute pas de son identité.
C Martyre de saint Lambert
Un 17 septembre vers 696-705, Lambert est assassiné à Liège, avec ses
neveux Pierre et Andolet à la suite d'une vengeance privée, par Dodon et ses
hommes.
D Châtiment des meurtriers de saint Lambert.
Inhumation du corps de saint Lambert en l'église Saint-Pierre à Maastricht.
E Translation des reliques de saint Lambert de Maastricht à Liège par saint
Hubert c. 718. Miracles. Guérison d'un aveugle et d'un paralytique.
F Vénération à Liège des reliques de saint Lambert
Rez de chaussée
En entrant dans la salle, à gauche, six vitrines murales.
Dans le fond de la première vitrine, les vestiges d'un sarcophage romain
(5049) ayant servi pour l'ensevelissement de l'évêque Richaire dans la collégiale
Saint-Pierre (t le 23 juillet 945): deux fragments en marbre blanc montrent trois
génies ailés avec une inscription abîmée où peuvent se lire son nom et le jour de sa
mort.
Deux plaques du XIIe siècle ( 4 0 0 1 et 4 0 0 2 ) , l'une en plomb, l'autre en
cuivre, ornaient jadis la châsse de saint Lambert, dont l'âme en bois est exposée dans
la Salle du Coûtre au deuxième étage.
Une pierre d'une épigraphie du XIIe siècle (4003) pour une église non identifiée rappelle une des
prérogatives épiscopales, celle de procéder à la dédicace d'un sanctuaire.
Provenant de la cathédrale Saint-Lambert, les vestiges de la sépulture du prince-évêque Albert
de Cuyck (f 1200) : sa crosse, son anneau épiscopal, et sa lame funéraire (5048).
Les fouilles archéologiques de la Place Saint-Lambert, évoquées ici par quelques découvertes
anciennes de l'Institut Archéologique Liégeois, trouvent belle expression dans l'Archéoforum de la place
Saint-Lambert.
Dans la deuxième vitrine murale sont présentées deux sedes sapientiae.
La Vierge de Xhoris (5024) est une des plus anciennes sedes sapientiae
mosanes. Cette formulation typologique et stylistique de la Vierge comme "trône de la
sagesse" traverse l'art mosan, de la Mère de Dieu, statue austère liée parfois à la fonction
de reliquaire, jusqu'à la Mère et son enfant.
Une intéressante petite Sedes mosane, vers 1235-1240 (5026) dont le drapé
clair et simplifié présente des plis plus anguleux, participe à l'évolution de ce type
iconographique, du roman au gothique, avec l'humanisation progressive desfiguresde la
Vierge et de l'Enfant, qui s'adapte à larigueurde la loi de frontalité.
Présentée dans le chœur de l'actuelle cathédrale et provenant de l'ancienne église
Saint-Jean-Baptiste de Liège, dont le Trésor a hérité de vestiges du riche patrimoine artistique,
une grande sedes sapientiae polychromée (4015), vers 1220/30-40, est un autre jalon
dans cettefilièrede vierges mosanes dont elle est aussi représentative de l'évolution (Robert
Didier). Cette statue s'y distingue par la chevelure torsadée de la Vierge dont le voile est
ramené sur l'encolure de la robe, et la présentation de l'Enfant, à la jambe gauche dénudée,
qui bénit et pouvait tenir un globe terrestre dans la main gauche non conservée. Les
proportions élancées et le mouvement des bras accentuent le verticalisme de la
composition, dont l'archaïsme est quelque peu accentué par une exécution non
dépourvue de maladresse qui contraste avec l'expression plus délicate du visage. Le plissé
du drapé, aux plis raides et multiples, est abondant. La Vierge foule au pied un dragon.
Rez de chaussée
La Vierge de Xhoris (5024)
En 1081, le 27 mars tombait un samedi, jour de la semaine consacré à la Vierge. Ce jour-là,
l'évêque de Liège Henri de Verdun (1075-1090 instituait, pour la première fois dans l'Empire
germanique, la "paix de Dieu" dans les limites de son diocèse. Ce mouvement, à la fois politique
et religieux, était né un siècle plus tôt dans le sud du royaume de France. Il consistait à confier
aux évêques, dont l'autorité morale était très grande, la responsabilité du maintien de la "paix",
c'est-à-dire de l'ordre public, dans tout l'espace diocésain dont ils avaient la charge.
Pour mettre en place sa "paix", l'évêquefitappel aux "princes de la terre" et aux membres
de l'aristocratie du pays mosan, tels les comtes Albert El de Namur, Henri Ier de Limbourg ou
Henri ni de Louvain. Parmi ces grands seigneursfiguraitaussi Conon de Montaigu, connu
également sous le nom de Conon de Xhoris, domaine qu'il possédait dans le pays de l'Ourthe.
La sedes sapientiae de Xhoris date précisément de cette époque. Elle évoque, en dépit de son
austérité, l'intensité du culte mariai dans la seconde moitié du XIe siècle, alors même que
l'évêque de Liège plaçait la "paix" liégeoise sous le patronage de Notre-Dame.
J.-L K.
La troisième vitrine murale est consacrée à :
L'orfèvrerie mosane
Dans le diocèse de Liège, la dévotion exceptionnelle envers les reliques des saints n'est
pas sans parallélisme avec l'âge d'or de l'art mosan aux XIe et XHe siècles. En témoignent les
grandes châsses mosanes (châsse [du latin capsa, caisse, coffre] héritière du cercueil
contenant le corps du saint) dans les principaux centres de pèlerinage, abbayes, collégiales et
à la cathédrale Saint-Lambert à Liège. Les œuvres conservées
font pourtant piètrefigureà côté de ce que rapportent les
sources historiques.
Dans ces siècles où un souffle créateur favorise un pays
mosan qui réunit les conditions économiques et
techniques idéales, les orfèvres mentionnés dans
l'Obituaire du Neufinoustier (5002)
s'appellent Renier (de Huy), Godefroid (de
Huy) ou Hubert. L'obituaire fait partie du
"Livre du Chapitre" du Neufinoustier,
établissement religieux aux portes de Huy, fondé vers 1100 par Pierre l'Ermite
à son retour de croisade.
Ce manuscrit sur parchemin, patiemment complété à partir du XIIe siècle
jusqu'à la fin de l'Ancien Régime, recèle de nombreuses informations
liturgiques et des renseignements historiques sur toute la région.
Partout dans le diocèse, pour la splendeur de la maison de
Dieu, les religieux passent commandes de croix (Croix de
Kemexhe (5022), fortement remaniée au XIVe siècle, aux
quatre plaques émaillées dont la mieux conservée montre Moïse
et Aaron, Corpus de Christ (5021) du XIIe siècle), encensoirs (Encensoir du Curtius
(5014), Encensoir du Trésor (16, Don des Chanoinesses deJupiUé) qui est une copie
faite au XIXe siècle du célèbre encensoir mosan conservé à Lille au nom de Renier), reliure de
manuscrits (Évangéliaire de Notger (5001) à l'ivoire du XIe siècle entouré de plaques
d'émaux représentant lesfleuvesdu Paradis et les vertus, Évangéliaire d'Arenberg
(5016)) et... reliquaires (Phylactère d'Amay (5015) aux deux lobes très développés en
longueur, orné sur une face de motifs ornementaux émaiilés et de vernis bruns sur le revers).
Rez de chaussée
Comme beaucoup de musées, Trésor et Curtius conservent des membra
disjecta de cette production artistique mosane exceptionnelle, qui attestent la
maîtrise de diverses techniques d'orfèvrerie : émaillerie (Émail Pirenne
du Trésor (11)), vernis bruns (petites plaques du Curtius
(5018)), ciselure, gravure, estampage, niellé, granulé,
repoussé... (Fragments de la frise ajourée de la châsse
de saint Remue k- de Stavelot (5017)).
Au début du XIIIe siècle, au prieuré d'Oignies sur la
Sambre, frère Hugo "chante le Christ par son art d'orfèvre"
(selon l'inscription du plat de reliure de l'évangéliaire aujourd'hui
conservé à Namur). La croix fleurdelysée à double traverse du Trésor (15) en argent doré
assortit symétriquement les pierres de couleurs, savamment serties par un art consommé dufiligrane;l'arrière de la croix est
une plaque d'argent estampée.
La quatrième vitrine murale rassemble les ivoires médiévaux.
Des fouilles de Saint-Lambert en 1898, une tête de femme en tuffeau
du XIVe siècle (5050).
Saint Hubert, successeur de saint Lambert à l'épiscopat, est évoqué par
sa représentation sur une applique en argent du XVe siècle (5035) :
le saint y est accompagné d'un cor de chasse, son attribut iconographique
comme patron des chasseurs.
Les Ivoires médiévaux (J.-Cl. G.)
Parmi ses riches collections médiévales, le Musée Curtius offre au visiteur
une variété d'ivoires dont celui particulièrement fameux du premier
prince-évêque Notger (972-1008) qui enrichit la rehure d'un évangéliaire
(5001). Il s'agit effectivement à la fois d'une œuvre majeure du noble
classicisme ottonien et du premier témoin caractérisé et très prometteur de
l'esthétique mosane. Il montre le Christ bénissant, dans une mandorle, un codex
tenu de la main gauche et les pieds posés sur l'orbe terrestre. Il est environné par
le tétramorphe évangélique et domine le donateur auréolé et agenouillé entre sa
cathèdre et un autel abrité. L'encadrement mouluré porte le commentaire gravé
de la scène : En ego Notkerus, peccatipondèrepressus, ad teflecto genu, qui
terres omnia mutu ("Voici que moi, Notger, ployant sous le poids du péché, je
fléchis le genou devant Toi qui, d'un geste fais trembler l'univers").
A côté de ce chef d'oeuvre, certains ivoires présentent un intérêt particulier,
à commencer par l'ivoire pré-notgérien d'Amay (5003). Il retiendra
naturellement l'attention par son décor préroman éclectique, traité en faible relief
et composé principalement de cinq médaillons contenant le Christ en buste au
centre et les symboles évangélistiques, en haut et en bas. La plaque allongée
proviendrait donc de la reliure d'un évangéliaire. La bénédiction de type oriental
révèle un modèle byzantin, encore que l'art carolingien ait connu pareilles
compositions. L'entrelac du haut Moyen Age est associé ici à des rosettes,
palmettes et grènetis et à des draperies libres qui permettent une attribution
lotharingienne, peut-être à un atelier de Metz de la première moitié du Xe siècle.
Rez de chaussée
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Un précieux fragment de peigne liturgique (5013) quadrangulaire,
ajouré et doté initialement de deux séries différentes de dents proviendrait du site
de l'ancienne cathédrale Saint-Lambert. Ce type d'objet rituel lut utilisé par
l'officiant de l'époque carolingienne jusqu'au XIIIe siècle. Le style des bustes en
médaillons avec palmettes dans les écoinçons est très proche de celui de l'ivoire
d'Amay. Dans cette perspective, l'objet appartiendrait à une époque allant approximativement de l'épiscopat d'Etienne (t 920) à celui de Ramier, déposé en 955.
Deux jetons de jeu ( 5 0 1 1 et 5 0 1 2) proviennent de jeux luxueux et
illustrent l'une des rares productions profanes de l'époque romane. Le plus riche,
découvert aux abords du palais de Liège, est l'un des plus remarquables attribués
à un excellent atelier de Cologne, l'un des principaux centres de l'ivoirerie
romane. U est profondément taillé dans l'ivoire de morse et le style savoureux,
raffiné, à la fois rond et nerveux valorise une composition savante et équilibrée
mettant en scène trois hommes aux prises avec un impressionnant scorpion
stylisé. Ce jeton est l'œuvre d'une officine active au milieu du XIIe siècle et qui
pouvait produire simultanément des œuvres religieuses. L'autre jeton,
découvert à Héron, est d'un type plus courant, décoré d'une seule
figurine, ici un amphisbène quadrupède encerclé d'un bord perlé. On en
mit au jour d'autres sur les sites de châteaux comtaux à Looz, Namur,
Mons et VUvorde, pour ne citer que quelques exemplairesfiguratifsdu
XIIe siècle. L'origine indéterminée de celui de Héron est peut-être
mosane.
Les autres pièces sont des objets de piété privée, dont un diptyque
byzantin (5004), cintré du haut et dont les bas-reliefs symétriques
superposent des bustes de saints non identifiés, inscrits dans les médaillons
formés par une tige continue torsadée aux intervalles, avec un bouton floral dans
les écoinçons. Le diptyque semble constitué de volets d'un triptyque démembré,
des environs de l'an mil.
Le Musée Curtius possède également des ivoires gothiques, dont cinq
plaquettes et un coffret. L'inspiration est principalement parisienne, bien
qu'existèrent des ateliers régionaux, notamment à Liège ainsi que l'indiquerait la
comparaison récente d'ivoires plus élaborés des Musées de Namur et de Maaseik,
attribuables au deuxième quart du XIVe siècle. Il convient d'en rapprocher les
ivoires au graphisme maniéré et conventionnel de l'époque, avec triple dais sous
gables, conservés également au Curtius. Ils abritent tantôt une Vierge à l'Enfant
entre une sainte et saint Jean-Baptiste (5009), ou encore une Crucifixion avec la
Vierge et saint Jean l'Évangéliste (5010), entre lesquels Adam ressuscité
recueille le sang du Sauveur au pied de la croix. Enfin, on observe le thème du
Trône de Grâce (5008) apparenté à celui de la Trinité souffrante, né au XIIe
siècle et promu dans les écrits de dom Rupert de Saint-Laurent de Liège et de
Deutz. Dieu le Père soutient la croix du Fils survolé par l'Esprit Saint. Le Soleil et
la Lune, comme la Vierge et saint Jean se répartissent de part et d'autre de la
Trinité. La plaque de la madone à l'Enfant (5005) assise et couronnée par deux
anges sous un arc est d'un style et d'une facture plus amples qui suggèrent le
milieu du siècle et une origine peut-être lorraine. II en est de même pour la
plaque (5007) très usée et couverte de traces verdâtres d'oxydation, dont l'arc
avec gable abrite une Crucifixion et dont les élégantes cambrures et les drapés
révèlent le maniérisme attribuable au troisième quart du XIVe siècle.
Rez de chaussée
Enfin, un coffret à couvercle plat (5006) n'est peut-être
pas antérieur au XVe siècle. Ses pentures et cornières, la poignée
mobile, les charnières et la serrure à moraillon sont en cuivre et
aux extrémitésfleurdelysées.De tels objets de luxe profanes
survécurent parfois tout en ayant ultérieurement contenu des
reliques.
Icôiu
La présentation actuelle des objets précédents permet leur
voisinage éloquent avec les deux plus précieux ivoires du Trésor
dont la très élégante Vierge Hodigitria (8), c'est-à-dire
conductrice, l'un des fleurons conservés de l'ivoirerie aulique
constantinopolitaine. Elle occupait le centre d'un triptyque
démembré et est datée actuellement du Xe plutôt que du XIe
siècle. 0.-C1. G.)
h
L'autre pièce est le savoureux ivoire narratif
des Trois Résurrections (5) qui superpose à la
manière carolingienne, sur trois registres et de haut en
bas, lafillede Jaïre, lefilsde la veuve de Naïm et
Lazare ressuscites par le Christ. Le style parfaitement
mosan, avec ses silhouettesfluidesdrapées et leurs
têtes et chevelures caractéristiques, se détachent sur un
fond peint, de même que les acanthes de l'encadrement.
L'œuvre est très représentative du groupe mosan dit à
petitesfigures,dont les rapports avec la plastique
colonaise du milieu du XIe siècle indiquerait une
datation circonscrite aux années 1025-1060. 0.-C1. G).
Rez de chaussée
être
ignée
Te et
Dans la cinquième vitrine murale :
leur
ésor
Icône byzantine dite "La Vierge de saint Luc"(32)
XIVe siècle, Constantinople (?); la peinture fut occidentalisée au XIVe
siècle et le cadre remanié en 1489; vers 1935, à l'initiative de Mr Jean
Puraye, une restauration de J. Van der Veken sauva l'œuvre.
ue
Reliquaire de la Sainte Croix (25)
Émaux et cristal de roche, Paris (?), vers
1410-1420 (Robert Didier).
Une des grandes reliques de l'ancienne
cathédrale, à savoir les deux fragments
de bois qui forment la croix sur laquelle
estfixéle Christ; de part et d'autre Adam
et Eve et sur le haut des anges à mi-corps
dont les phylactères aux inscriptions latines insistent sur le caractère rédempteur
de la Croix.
Ostensoir-reliquaire (12)
Assemblage de deux parties d'époques
différentes : la partie supérieure en
argent doré date de la fin du XIVe siècle
et le pied en laiton doré porte une
inscription selon laquelle l'œuvre est un
don de Jean Faber pour l'autel de l'église
de Saint-Jean de Rienne près de Dinant
en 1614 (?)«
Le réceptacle, sous la forme d'une boîte
oblongue, est décoré au revers d'une
Annonciation. Deux angelots, porteurs
d'instruments de la Passion, présentent
la grande lunule circulaire entourée d'un
crêtage de feuilles, interrompu par quatre
fleurs de lys, et sommée d'un Calvaire.
Rez de chaussée
Deux Christs XIVe siècle (5019 et 5 0 2 0 ) .
L'évolution du type iconographique et stylistique du Christ en croix peut être
entraperçu dans l'exposition du rez de chaussée à travers plusieurs œuvres.
Du XIIe siècle le corpus de Christ mosan (5021) déjà mentionné représente le
Christ serein triomphant de la mort, les pieds séparés, bras perpendiculaires au corps.
Du XIIIe siècle, un Christ (9) qui proviendrait de Seraing
(École mosane, vers 1240-1250)
Le Christ de la croix de Kemexhe (5022), déjà mentionnée,
garde encore une certaine sérénité devant la mort; même si la
tête est inclinée et l'anatomie légèrement marquée, il n'a pas encore atteint le pathétisme
de la croix triomphale du chœur de l'actuelle cathédrale (École mosane, vers 1330).
Fragment de reIiquaire,provenant de Saint-Jacques de Liège (5030),
milieu du XIVe siècle.
C'est la partie haute de l'œuvre, le pied manque. L'exposition de la relique était
permise dans un petit édicule à pinacles en argent, aux côtés ornés d'émaux
translucides qui représentent l'Annonciation et la Vierge à l'Enfant.
Au mur est suspendu un grand Christ (21) en bois polychrome, attribué au Maître
du Calvaire de Beek (Jan van Oei?), vers 1520, provenant de Jemeppe et naguère dans le
cloître de la cathédrale. Dans cette œuvre d'une austérité sévère, le pathétisme est poussé
à l'extrême par l'expression du visage et par le naturalisme du corps (Robert Didier).
A droite en entrant, sont exposés dans la galerie murale, certains pour la première fois, et, en alternance, des ornements
liturgiques, des dentelles et des orfèvreries.
Les ornements liturgiques sont périodiquement
changés. Au deuxième étage une information générale est
donnée sur la paramentique.
^^^^^
En avançant dans la salle, ne manquez pas d'admirer
les œuvres suivantes :
Chasuble (4494), Rome, 1825.
Sur soie rouge lamée d'or, broderie d'or traitée au
couché plat. Jeux délicats d'ombre et de lumière
obtenus par la variété du travail du métal.
Ornementation riche et raffinée de style néoclassique.
Chasuble ayant appartenu à Mgr d'Argenteau,
identique à l'ornement blanc également conservé au
Trésor, confectionné à Rome à l'occasion de sa
première messe en l'église du Gésu, le 15 août 1825;
la chape appartient au Monastère de la Paix NotreDame à Liège. Voile de calice, étole et manipule.
Don de Mgr Guillaume-Marie van Zuylen.
Calice (45), XVIIe siècle, Argent doré et pierreries
Le plus grand calice conservé au Trésor (H. 35 cm)
Six médaillons émaillés du XIXe siècle montrent des
scènes de la passion.
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Rez de chaussée
Ostensoir-soleil (47), Mons, François de Laoust, 1661 (Lucie Tondreau).
Provenant du Couvent des Récollets de Liège, l'œuvre de style entièrement
baroque, en argent doré, montre des scènes de l'histoire de saint François.
nte le
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Seau à eau bénite (54), Liège, 1742-1743.
Provenant de l'ancienne église paroissiale Saint-Séverin de Liège, c'est le
plus grand seau d'orfèvrerie liégeoise conservé (Argent, 3,5 Kg); il sert
chaque année pour les cérémonies du Samedi Saint et de Pâques.
Du Carmel de Mehagne, originellement au Carmel du Potay à Liège :
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Voile de calice (3344), Première moitié du XVIIIe siècle
Broderies d'or, d'argent et de soies en coloris sur gros de Tours
renouvelé. Dans la tradition du XVIIe siècle, composition décorative
symétrique de longues tigesfloralesstylisées autour du trigramme
de Jésus crucifère, sommé d'une pseudo-couronne. Bourse
assortie. Ouvrages exécutés par Mère Marie-Emmanuel de Sainte
Thérèse (f1755).
Ostensoir-soleil (63)
D'après les Annales des Carmélites du Potay, l'œuvre fut achetée en
1636 pour 800 florins grâce à un legs de Mr Butback. Sur le pied
armoiries de L. Butback, de son gendre I. Fabry, de la famille et de son
épouse de Horne. Une Butbackfitprofession au Carmel en 1633. L'ostensoir
fut ultérieurement enrichi de perlesfineset de diamants. Au centre la
statuette de la Vierge est entourée de saint Elie et de sainte Thérèse.
Au centre de la galerie est présenté le buste en plâtre du prince-évêque Joseph-Clément de Bavière (5054)
attribué à Arnold de Hontoir. Sur l'époque de cet épiscopat, la Salle des Archidiacres au premier étage offre toute documentation.
Dans la seconde partie de la salle, après les trois marches et le
plan incliné:
Tombeau chrétien de Coninxheim près de Tongres
(IVe siècle) (22)
Ce tombeau fut découvert en 1880 dans le cimetière SudOuest de Tongres. Au cours de travaux dans les terrains d'une
briqueterie, des ouvriers découvrirent un amas de décombres,
des pierres de silex, de grandes briques et des tuiles brisées de
l'époque romaine. À près de trois mètres de profondeur
apparurent des matériaux de construction qui formaient une
sorte de pavé de forme carrée.
C'était la partie supérieure d'un tombeau géminé construit
en briques plates. Un mur mitoyen séparait le tombeau en deux
parties et formait deux chambres. Sur le mur mitoyen et sur les
parois au chevet et au pied se trouvaient des petites ouvertures.
Une chambre contenait le squelette d'une femme, avec un
collier de perles en verre bleu-vert et dorées, un peigne en os,
unefibule,quatre bracelets en bronze et une monnaie en argent
de Salonina (253-268 après Jésus-Christ) (Guido Cremers).
L'autre chambre contenait les restes d'un homme et une
fiole en verre.
Rez de chaussée
Les parois sont décorées defresquesinscrites dans des rectangles encadrés d'une bande brune : colombes, guirlandes,
couronnes... et dans la chambre de gauche des signes interprétés comme un christogramme stylisé. Par la symbolique de sa
décoration, il s'agirait d'un tombeau paléochrétien du IVe siècle. Les deux squelettes étaient orientés vers l'Orient.
Le tombeau fut offert en 1880 à Mgr l'Évêque de Liège et maçonné dans cette salle de la cathédrale. Cet incident
*
imprévu de l'histoire a préservé la découverte, et ce tombeau est pour la première fois à nouveau exposé. Il évoque
^jfè
au sein du Trésor l'art paléochrétien et les débuts du diocèse de Tongres. Au Musée Gallo-romain de Tongres
A
et au Musée Curtius de Liège le visiteur trouvera toutes les informations utiles sur cette période et sur les
découvertes archéologiques de la région.
Dans la dernière vitrine murale l'Université de Liège et la Bibliothèque du Séminaire
exposent par alternance les plus beaux de leurs manuscrits et imprimés.
Dans la suite de la galerie murale, à ne pas manquer :
Étole de prédication (3493), vers 1775.
Sur fond de soie crème tramée d'argent frisé, broderies en relief, d'or et d'argent au couché
avec rehauts de paillettes, cannetille, soies polychromes. Chenille brune et cordonnet d'or
soulignent les contours des motifs. Décor d'opulents rinceaux, survivance du style baroque,
combinant feuilles d'acanthes et pampres. Trophées guerriers : canons et boulets, armes,
étendards, tête d'ennemi au bout d'une lance, associés aux armoiries du prince-évêque Charles de
Velbriick, brochant sur l'aigle bicéphale de l'Empire. Il s'agit probablement d'une étole d'aumônier
des troupes liégeoises.
Christ en croix (75)
Bronze repoussé, ciselé et gravé (Don de Mr Jean Puraye). Signé à la pointe sur le support des pieds :
ƒ DARTOISfecit. Jacques Dartois (1754-1848) est un orfèvre liégeois connu. Il a signé et daté de 1796
une plaque en cuivre (5055) repoussé et ciselé, commémorant la prestation de serment du princeévêque Charles-Nicolas d'Oultremont (1763-1771).
La Paix de Fexhe
Partout dans l'Empire germanique, aux XIVe et XVe siècles, les princes se sont opposés à la bourgeoisie
des villes qui cherchait à secouer la tutelle du maître. A Liège, il n'en fut pas autrement.
Le 18 juin 1316, à l'issue d'un conflit de plusieurs mois, le prince-évêque de Liège Adolphe de la Marck
(1313-1344) se réconcilie avec la Cité au terme d'un compromis célèbre connu sous le nom de Paix de Fexhe.
Ce document, dont on a pu dire qu'il était "le point de départ de la constitution du pays", stipule que chaque
homme doit être jugé conformément à la loi et que le gardien, l'interprète et le correcteur des lois et des coutumes
est le Sens - comprenez : "sagesse" - de Pays, c'est-à-dire une sorte de commission juridique regroupant le prince
lui-même et les représentants du chapitre cathédral, des chevaliers et des villes.
J.-L K.
Chape (3444), XVIe siècle.
Sur velours coupé rouge, orfrois brodés d'or, d'argent et de soies polychromes. Au chaperon : le couronnement de la
Vierge ; aux parements : entre des médaillonsfigurantle Christ, la Vierge et les évangélistes avec leurs attributs, des
végétaux stylisés et têtes ailées d'angelots forment le motif italianisant du candélabre. Église de Charneux
Reliure en argent d'un missel romain (91)
Paris, 1707-1708, pour le prince-évêque Joseph-Clément de Bavière (Armoiries et chiffre). Adoration des Mages et des
Bergers. Bustes de saints en médaillons, dont certains bavarois.
Rez de chaussée
Chasuble de David de Bourgogne (3269), XVe siècle.
Cet ornement somptueux provenant
vraisemblablement de l'ancienne cathédrale SaintLambert a appartenu à l'évêque d'Utrecht (14561483) David de Bourgogne, bâtard de
Philippe le Bon. L'étude des orfrois
nous permet de le dater plus
précisément du troisième
quart du XVe siècle.
Cette chasuble, comme
son étole, est taillée dans un
velours vénitien rouge ciselé, dont
le décor végétal est inspiré du
chardon et de la grenade. Cette
dernière, élément essentiel du décor,
est enserrée dans un compartiment
polylobé. Ses tiges vigoureuses sont
jointes entre elles par des branches
chargées de feuilles et de fruits. Ce décor
est obtenu par des effets de velours
pourpre sertissant de lignes sombres les
détails de la flore d'or. L'ensemble se
détache sur un fond lamé d'or. Les peintres
de cette époque, séduits par leurs couleurs et
leur magnificence, ont vêtu leurs personnages
de ces velours précieux, en ont tendu le fond
des baldaquins et les ont déployés en courtines
autour des scènes sacrées.
La chasuble est ornée d'orfrois brodés
d'or et d'argent travaillés au couché, gaufrés,
guipés, au glacis, et de soies polychromes au
passé nuancé, peinture à l'aiguille, sur léger
support de toile. Ils représentent des scènes de
la Passion du Christ d'après des cartons de
Memling, de son entourage ou sous son
influence. Yfigurentaussi les armoiries de
Bourgogne associées à celles d'Utrecht et la
devise de David de Bourgogne AltijtBereit
("Toujours prêt").
Il faut rappeler que c'est sous le signe de la
peinture que la broderie liturgique se développe. Se
substituant au pinceau du peintre, l'aiguille réalise des
œuvres picturales étroitement apparentées aux
enluminures et aux tableaux contemporains.
Bas d'aube (3492), fin XVIIe - début XVIIIe siècle.
Dentelle à l'aiguille (lin) au point de France. Fond de brides
festonnées et picotées. Décor dense defleurs,feuilles et motifs symétriques.
Rez de chaussée
Liège & Bourgogne
De la bataille d'Othée (1408) au sac de Liège (1468)
Dès son accession au pouvoir, le prince-évêque Jean de Bavière (1390-1418) s'est montré hostile à la Paix de Fexhe
(1316) qui, à Liège, a jeté les bases d'une démocratie corporative, en réalité contrôlée par le patriciat (Trois états : clergé,
noblesse et bourgeoisie urbaine).
Déposé et assiégé par ses sujets, il appelle à son secours son beau-frère, le duc de Bourgogne Jean sans Peur. Les
Liégeois sont écrasés à Othée en 1408 et la répression vaut à l'évêque le surnom de "Jean sans Pitié". Le duc confisque les
chartes de libertés et taxe les bonnes villes. L'étau se desserre quelque peu dans les années suivantes.
Sous Jean de Heinsberg (1419-1455), la principauté de Liège se trouve enserrée entre les états bourguignons,
Phihppe le Bon ayant acquis le comté de Namur et le duché de Brabant; elle constitue le seul obstacle à l'unification des
provinces entre Rhin et France. Heinsberg, en démissionnant, permet de placer sur le trône de saint Lambert Louis de
Bourbon (1456-1482), neveu de Phihppe, au grand mécontentement des Liégeois, obligés pourtant de l'accepter. David de
Bourgogne, bâtard de Phihppe, est placé, quant à lui, sur le siège épiscopal d'Utrecht.
Confronté aux ambitions bourguignonnes sans cesse croissantes, le roi de France prend Liège sous sa protection et
suscite espoir chez une population francophile de longue date. En 1465 les Liégeois, excédés par leur prince-évêque,
proclament sa déchéance. Leur défaite à Montenaeken (1465) impose le Traité de Saint-Trond qui fait de la principauté un
protectorat bourguignon. Le sac de Dinant (1466) et ses horribles massacres exaspèrent les Liégeois et ravivent leur hostihté.
Louis de Bourbon, chassé de Huy, appelle à son secours Charles le Téméraire. La défaite de Brusthem (1467) prélude
au sac de Liège. L'ordre bourguignon règne à Liège; le perron, devenu symbole des libertés, est transféré à Bruges, la
démocratie est confisquée. Pourtant guérillas et escarmouches harcèlent les Bourguignons.
Les Liégeois, encouragés par Louis XI, roi de France, veulent directement négocier avec leur prince-évêque. Mais
Charles le Téméraire, lassé, décide d'en finir après l'entrevue de Péronne. La tentative désespérée de nuit de 600
Franchimontois qui gravissent la colline de Liège pour s'emparer de la personne du duc qui y a établi son campement échoue
et n'empêche pas le sac de Liège en 1468, qui fait de 4 à 5000 victimes. La cité et le pays de Franchimont sont ruinés.
Plusieurs souvenirs importants de cette époque sont conservés au Trésor : le reliquaire de Charles le Téméraire, La
Vierge au Papillon, la chasuble de David de Bourgogne, le reliquaire de la Sainte Croix et un hanap.
Reliquaire dit de Charles le Téméraire (2)
Ex-voto commandé en 1467 à Gérard Loyet, orfèvre à Lille,
pour la Cathédrale de Liège.Or, vermeil et émaux.
Œuvre majeure du patrimoine national.
À la manière de la Vierge au chanoine van derPaele de
Jean van Eyck (ca. 1435) ou d'autres œuvres de l'époque, le duc
Charles, agenouillé, est présenté par saint Georges, patron des
chevaliers, reconnaissable à son attribut iconographique, le
dragon, qui s'enroule à ses pieds. Tel un nouveau saint Georges,
Charles, en armure, portant le collier de la Toison d'Or, tient en
mains un reliquaire qui contient une relique de saint Lambert. Sur
le socle sa &vàseJEIAYEMPRI[N]S ("Je l'ai entrepris"), et les
initiales C pour Charles et M pour Marguerite d'York, son épouse.
1^9
3*-
19
Rez de chaussée
Deuxième salle:
SALLE DU GRAND-PREVOT
A la tête du chapitre, le grand prévôt s'occupe de la gestion du temporel. Il est, après l'évêque, le personnage le plus
important du diocèse. Il désigne larchiprêtre et le pléban de Notre-Dame-aux-Fonts qui président le collège des prêtres des
26 paroisses de Liège. Notre-Dame-aux-Fonts était la petite église sur leflancsud de la cathédrale qui abritait les célèbres
fonts aujourd'hui à Saint-Barthélémy, de même que le Tribunal de la Paix de Dieu.
Au mur, la Vierge dite au papillon
(4010). Huile sur bois, vers 1459-
La Vierge, assise sur un trône de marbre blanc, offre un papillon à l'Enfant Jésus. Selon l'inscription du cadre, le
chanoine Pierre de Molendino, en surplis et aumusse sur le bras, représenté en perspective morale à genoux aux pieds de la
Vierge, est accompagné à gauche de son saint patron Pierre (avec sa clé) et à droite de saint Paul (avec son épée), patron de
la collégiale liégeoise dont il était chanoine et doyen. Marie-Madeleine, identifiable à son attribut iconographique, leflaconde
parfum posé à ses côtés, embrasse les pieds de l'Enfant Jésus. Cette peinture ornait la pierre tombale du chanoine, retrouvée
au XIXe siècle et visible aujourd'hui dans le collatéral sud de l'actuelle cathédrale.
En face, sur l'autre mur une peinture de la même époque, évoquée plus loin.
Rez de chaussée
Le mécénat d'Erard de la Marck
prince-eveque de Liège (1505-1538)
s
les
Érard de la Marck fut assurément un grand prince de la Renaissance, bienfaiteur et illustre bâtisseur, contemporain des
Henri VIII, François Ier et Charles-Quint, ce dernier souverain à qui il dut son chapeau de cardinal. Sa fortune, accumulée au
fil de ses prébendes et charges successives, lui permit de jouer le rôle de mécène prestigieux. Possédant une résidence d'été à
Curange (près de Hasselt) et des hôtels à Bruxelles, Anvers et Malines, il lesfitrichementmeubler et orner de tapisseries. Son
argenterie eut une réputation européenne. Sa vaisselle en or pesait sept kilos, celle d'argent plus d'une tonne. En 1538, ses
héritiers lafirentmettre en vente, ainsi que des tapisseries, à Anvers; les rois d'Angleterre et de France s'y seraient intéressés
de près.
Érard de la Marck s'est surtout illustré sur le plan des lettres et des arts.
e la
ide
nde
vée
Après la reconstruction de la cité, la vie intellectuelle liégeoise n'est pas exceptionnelle. En 1495, la fondation d'un
collège des Frères de la Vie Commune dans le Quartier de l'Ile attire jusqu'à mille six cents élèves en 1524, qui y suivent des
humanités gréco-latines. Néanmoins, la Principauté souffre de l'absence d'enseignement universitaire, les Liégeois devant se
rendre à l'Université de Louvain, de Cologne, voire de Paris. De même, il faudra attendre 1558 pour que Morberius ( | 1595)
s'installe comme premier imprimeur à demeure à Liège.
Sur le plan personnel, Érard de la Marck, homme intelligent et subtil, polyglotte, au regard perçant et acéré comme le
représentent ses portraits, était fié à des humanistes tels l'illustre
Jérôme Aléandre, Pascal Berselius, bénédictin de Saint-Laurent,
l'historiographe Jean de Brusthem ou le théologien Arnold de
Tongres, sans parler du cardinal Réginald Pôle.
C'est dans le domaine artistique et surtout architectural
qu'il sera le plus actif. Érard de la Marck a beaucoup voyagé en
France et en Italie où il a pu admirer l'art nouveau. Il sera le
protecteur du célèbre Lambert Lombard, le "poinctre du pallaix".
En 1537 Lambert accompagne Réginald Pôle dans son voyage
vers Rome. Pendant deux mois, il parcourt les villes italiennes,
se perfectionne à Rome dans les techniques du dessin et de la
gravure et s'initie à l'architecture. L'une de ses missions consistait par ailleurs à acheter peintures, statues et vases antiques
pour le compte d'Érard qui souhaitait les présenter dans deux des galeries de la première cour de son nouveau palais. La mort
du prélat, le 16 février 1538, priva de sa pension Lambert Lombard qui dut rentrer à Liège et cette collection exceptionnelle
fut vendue par ses héritiers et rachetée par les Médicis. A son retour à Liège, Lombard, influencé surtout par Raphaël et
Mantegna, ouvrit un atelier bientôtfréquentépar de nombreux élèves et sera le peintre en titre des successeurs d'Érard
jusqu'à Robert de Berghes.
Érard de la Marck saura aussi faire profiter de ses largesses bien des églises du diocèse et d'ailleurs, en leur offrant des
vitraux à ses armes ou le représentant, comme à Visé, à Saint-Martin de Liège, à l'abbaye d'Herkenrode ou à Saint-Michel de
Bruxelles. Mais c'est la cathédrale Saint-Lambert qui en bénéficia le plus.
Outre des tapis d'Orient, des tapisseries de Paris illustrant la vie de saint Lambert et de la Vierge furent offertes pour le
chœur; elles n'ont pas été conservées, pas plus que celles du Palais illustrant YEnéide de Virgile ou les Métamorphoses
d'Ovide, détruites en 1794. Par contre, les plus belles tapisseries personnelles du prince restèrent dans les mains de ses
héritiers, les d'Arenberg, qui les vendirent au XXe siècle. L'on peut notamment les admirer dans les musées de New-York ou de
Chicago. Toujours à la cathédrale, la pièce maîtresse conservée jusqu'à nos jours est bien entendu le buste reliquaire de saint
Lambert. Par contre, la châsse d'argent doré de saint Théodard commencée en 1526 par l'orfèvre Léonard de Bommershoven
du pays de Looz, disparaîtra après 1793. De même, le somptueux tombeau en laiton doré élevé dès 1528 dans le chœur de la
cathédrale fut démoli et ne subsiste que le cercueil de plomb. Ce mausolée faisait la juste admiration des voyageurs étrangers.
Le cardinal, en prières, est représenté face à un sarcophage antique d'où s'élève le squelette de la Mort qui l'appelle du doigt.
Les sept vertus écrasent les vices représentés par des personnages célèbres tels Judas, Hérode, Tarquin ou Néron.
Mais le monument qui a le mieux perpétué le nom d'Érard de la Marck est assurément le palais dit des Princes-Évêques,
siège des institutions politiques et judiciaires et symbole de la Principauté dont il constitue le plus beau bâtiment civil.
En 1505, l'ancien palais avait été détruit par un incendie sauf l'aile méridionale qui disparut en 1734. Érard voulait un
palais digne de lui. Pour l'étendre, il fait exproprier des maisons proches ou adossées au Palais. Érard avait vu les modèles
italiens et français et fut peut-être guidé par Léonard de Vinci. Son maître d'oeuvre est Arnold van Mulcken, originaire de
Tongres, qui s'illustra aussi dans la reconstruction du chœur de Saint-Martin et à Saint-Jacques, joyau du gothique tardif aux
plafonds admirables. Au palais aussi coexistent l'art gothique et l'esprit nouveau de la Renaissance. Avec ses trois cours, c'était
un monument exceptionnel aux lignes fortes, aux toits impressionnants, avec ses galeries protégeant du mauvais temps, à la
décoration si riche : colonnes galbées, chapiteaux illustrés par des fous inspirés d'Holbein, de VÉloge de la Folie d'Érasme
(1515) ou par desfiguresgrimaçantes influencées par le Nouveau Monde.
En 1534, au crépuscule de sa vie, inventoriant ses œuvres d'art, Érard témoigne de sa munificence en offrant à son ami
le pape Paul III une somptueuse tapisserie de Bruxelles "Le Couronnement de la Vierge", l'un des chefs-d'œuvre actuels des
Musées du Vatican.
B.D.
Dans la cave, aménagée en pseudo-crypte, le cercueil
d'Érard de la Marck (36), en plomb. Prince-évêque de 1505
à 1538, Érard de la Marck est le souverain mécène de la
Renaissance. Le couvercle de son cercueil porte l'énoncé de ses
titres et sur les flancs, la crosse et l'épée, symboles des pouvoirs
spirituel et temporel.
Une chronique liégeoise du XVIIe siècle, conservée à la
Bibliothèque (de la Ville de Liège) dite des Chiroux, montre un
dessin colorié du mausolée d'Érard de la Marck tel qu'il se
présentait dans le chœur de l'ancienne cathédrale Saint-Lambert
(Ms. 927 Van den Berch f 383); un agrandissement
photographique en est présenté ici.
Dans cette salle, on retrouve les armoiries d'Érard de la
Marck sur une poutre en chêne (5040) jointes à celles de la Ville de Liège, de même que sur l'armoire aux
armes de la famille Donceel (1521-1538) (5052) aux panneaux caractéristiques décorés de têtes de profil dans lesquelles
on a tenté parfois de reconnaître certains dignitaires de l'époque. Une porte sculptée du XVIe siècle (5043) provient du
Palais des princes-évêques présente deux panneaux supérieurs sculptés illustrant l'histoire de l'archange saint Michel.
Vierge, bois sculpté et polychrome début du XVIe siècle (5025)
Cette statue de sainte femme, peut-être la Vierge,
pourrait provenir d'un Saint-Sépulcre, dont le
culte se répandit à la fin du XVe et au début du
XVIe siècles. Lafigureest coupée à mi-corps
comme c'était généralement le cas des statues
placées derrière le tombeau du Christ. Le visage
entouré du linge qui dissimule le cou, le voile qui
tombe sur le front, les traits qui reflètent la
souffrance, rappellent les Piétas.
Livre de la Confraternité de Notre-Dame (4011),
érigée en la collégiale Saint-Paul en 1483,
manuscrit enluminé de la fin du XVe siècle.
L'encadrement de la page montre des branches
fleuries au naturel, des perles et des glands aux
couleurs variées, se détachant sur un fond
pointillé or.
Rez de chaussée
Tazza dite coupe Oranus (5047)
Cette précieuse coupe porte en son centre, bien en évidence, exécutées en émail, les armoiries de Robert de Berghes,
prince-évêque de Liège de 1557 à 1564. Il ne Ta pas fait faire pour lui-même, croit-on. Il l'a offerte à l'un de ses sujets,
François d'Heure, un échevin (c'est-à-dire un juge : le mot n'avait pas alors son sens actuel) qui avait latinisé son nom en
Oranus, comme c'était la mode à l'époque. En tout cas, le gendre de ce dernier, Arnold Hocht, en est devenu propriétaire : il a
fait graver sur le pied ses armoiries, peu soigneusement. En épousant en 1607 Michel de Selys, safillel'a fait passer dans une
famille qui l'a gardée précieusement jusqu'en 1962. Cette année-là, le
baron Robert de Selys-Fanson l'a léguée au Musée Curtius.
Ce rare témoin de la Renaissance au pays de Liège
ne déparerait pas dans les collections du Palazzo
Pitti, où les "tazze" de ce genre sont véritablement
légion, alors que nous n'en avons pas d'autre.
Douze deniers romains y sont incorporés de
façon à laisser les deux faces apparentes. Ils
font d'elle un éloquent témoin de
l'admiration des hommes de ce temps
pour l'Antiquité. Ils portent l'effigie et le
nom de Domitien, Trajan, Hadrien,
Faustine et Antonin, comme l'a établi
Robert Laffineur (Bulletin du VieuxLiège, 1973).
C'est la doyenne de la longue série
des pièces d'orfèvrerie civile liégeoise
parvenues jusqu'à nous, si les hanaps
trouvés rue Sous-1'eau en 1921, qui
remontent beaucoup plus haut, au XIVe siècle,
ne sont pas de fabrication locale, comme on s'est
plu à le croire plutôt à la légère.
Pour elle, tout doute est exclu : elle porte le
poinçon de Liège, une aigle à deux têtes qui fait référence au
Saint-Empire romain de la nation germanique.
Deux autres poinçons l'accompagnent : une L qui est certainement une lettre-date et un monogramme formé des lettres
H et G superposées qui est certainement celui de l'orfèvre, et qui garde son mystère. Sans oublier la rayure éprouvette,
discrète; les Liégeois, qui la nommaient striche, la considéraient comme un poinçon.
P.C.
Coupe de Jean des Joncs, alias Johannes Juncis (5056)
Cinq de nos princes-évêques, pas moins, sont nommés dans l'inscription latine qui s'étale sur ce beau hanap; et leurs
armoiries sont gravées à l'intérieur du couvercle, accompagnées de leurs devises respectives : en place d'honneur, au centre,
un peu plus grandes que les autres, celles d'Érard de La Marck; en haut, celles de Corneille de Berghes et celles de Georges
d'Autriche; en bas, celles de Robert de Berghes et celles de Gérard de Groesbeeck. Comme il se doit, elles sont toutes
sommées d'un chapeau, qui a un rang de glands de plus lorsqu'il s'agit d'un cardinal.
Tous les cinq ont été servis par le donateur de l'objet, Johannes Juncis, pour conserver la forme latinisée de son nom.
Échevin de la Souveraine Justice de la Cité, il l'a offert à ses confrères pour fêter ses dix lustres de carrière. Il y a fait graver
une inscription commémorative, et a fait orner de ses armoiries, émaillées, le sommet du bouton terminal.
Le millésime de 1577, en chiffres romains,figuresous l'inscription; 111 et le D sont formés de C (dont l'un inversé) et
de I, ce qui en complique un peu le déchiffrement. L'objet est ainsi daté avec précision, car il est de ceux qui sont façonnés
tout exprès, et non pas de ceux qui attendent un acheteur, longtemps parfois, dans une armoire de boutique.
Rez de chaussée
Sous le millésime est gravé, en caractères moins voyants, un nom latinisé, au génitif. Un nom bien connu; mais le prénom
manque; pas même d'initiale; on a pu dès lors hésiter entre Dominique Lampson et Nicolas, son frère cadet, poète latin comme
lui; mais on doit marquer une nette préférence pour le premier nommé, qui a été secrétaire des deux derniers princes parmi les
cinq énumérés ci-dessus, et puis encore d'Ernest de Bavière. C'est la signature de l'auteur lettré du texte de l'inscription, dont le
maître-mot, tiré, non sans une pointe de pédanterie grécisante, du nom de la déesse de la mémoire, est mis en évidence : l'M
initiale est agrandie.
Quid des poinçons ? L'aigle bicéphale garantit l'origine liégeoise. La lettre-date est une N, dont le millésime fait connaître la
signification. La marque de l'orfèvre combine les lettres A, D et B; si la première est facile à reconnaître, les deux autres le sont
moins, car elles se superposent. On n'hésite pas à l'attribuer à Antoine De Buisson, sur base de traces écrites échelonnées de
1573 à 1599- La striche ne manque pas. Un E gothique dans un ovale, encore; c'est celui des douanes belges entre 1831 et 1869Pas de poinçon aux armes du prince-évêque; l'apparition première n'en est pas antérieure à 1653.
Inscription : IOANNESIVNCIS LEODINVS DENA SENATOR. LVSTRA VBIIVS QV1NTO SVB PRINCIPE DIXIT, AMICIS.
MNEMOSYNON SOCIIS DICVNDO IN IVRE RELIQVIT MDLXXVÜ LAMPSONII
Devises : MORS RIDET CVRAS, ALS.GODT.WIU, CONFIDE (ET) AMA, VELIS.QVOD.POSSIS et .DflLIGE.
Hanap (29)
Cette pièce d'argenterie de fort
grande qualité a été créée au XVe
siècle, au cours de son second
quart, précise Johann Michael
Fritz. Elle a brillé d'abord dans
les festins d'apparat. Dans les
larges rinceaux ciselés dont elle
est ornée se cachent un
chasseur, des chiens et des
animaux sauvages. Rien de
religieux donc. La croix qu'elle
porte au sommet du couvercle a
été soudée là au temps où elle
appartenait au trésor de la
collégiale de Tongres.
À l'intérieur du couvercle se
cache un poinçon qui reste à
identifier.
Reliquaire de saint Hubert (31)
L'apparition du cerf miraculeux
est gravée avec talent sur deux
des six lobes du pied. L'allure
générale est gothique, mais des
motifs Renaissance se glissent
dans le décor. Sur cette base, le
reliquaire est à dater du XVIe
siècle.
Il a appartenu à des particuliers,
puis à l'abbé Croenenberghs, qui
l'a offert à la cathédrale. Où a-t-il
été créé ? Sur la commande de
qui ? On ne sait.
P.C.
Premier étage
renom
omme
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dont le
111
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s de
et 1869.
Au premier étage, la première salle est la
SALLE DU DOYEN
Le doyen est responsable de l'organisation interne du chapitre, de sa vie spirituelle et de la discipline.
En haut de l'escalier deux vitrines permettent la présentation des ornements romains acquis par des prélats liégeois au
cours de la première moitié du XIXe siècle, qui est renouvelée périodiquement de même que les ornements pontificaux
notamment les vêtements néogothiques commandés par la Cathédrale dans les manufactures flamandes dès la première moitié
du XIXe siècle.
Vestiaire romain
Les ornements liturgiques romains se différencient peu des vêtements sacerdotaux de notre région. Si ce n'est la
chasuble qui se distingue par une amplitude de ses épaules tombantes, son encolure rectangulaire et peu échancrée, par la
présence d'une colonne à l'avant et à l'arrière du vêtement et d'un collet triangulaire au dos. Quant à la dalmatique, elle
présente habituellement deux panneaux superposés devant et derrière.
Ces vêtements sacerdotaux sont tous taillés dans une même soierie. C'est une soiefinementcannelée, lancée d'une lame
or ou argent. La lame moins solide que le filé (ruban de métal enroulé autour d'une âme généralement en soie), a disparu
localement par frottements, créant des zones d'ombre et de lumière, donnant à ce type de soierie l'aspect du moiré.
Tous ces ornements romains sont essentiellement brodés d'or, parfois d'argent, sans aucun recours à la soie
polychrome. Il faut observer que l'acanthe occupe une place privilégiée.
L'ornement violet acheté à Rome par Mgr van Bommel en 1845 se compose de la chasuble, de deux dalmatiques et
des accessoires. Opulente composition de luxuriantes acanthes en puissants et vigoureux rinceaux, qui s'enroulent et se
déroulent en une élégante exubérance, enveloppant à leurs extrémités une fleur de petites dimensions à cinq ou six pétales.
Sur la chasuble, ces acanthes grimpantes montent symétriquement de part et d'autre de la colonne centrale dont le décor
vertical est constitué de bouquets d'acanthe superposés, surmontés d'une large palmette aux feuilles à extrémité recourbée
vers l'intérieur.
La cathédrale et les églises de Liège
L'église bâtie sur les lieux-mêmes du martyre de saint Lambert (ca. 696705) devient vite la nouvelle cathédrale du diocèse et Liège la résidence
principale de l'évêque, après Tongres et Maastricht.
Reconstruit par Notger, ravagé par un incendie en 1185, l'édifice gothique
se caractérise par deux tours de sable en façade et une grande tour latérale dont
le clocher doré atteint le sommet de la colline.
Le paysage ecclésial liégeois se compose pendant l'Ancien Régime d'une
cathédrale, de sept collégiales et de deux grandes abbayes bénédictines
masculines, sans compter les innombrables églises paroissiales et conventuelles.
En visite à Liège au XVIe siècle le voyageur italien Guiccardini parle d'un véritable
"paradis des prêtres".
La cathédrale Notre-Dame & Saint-Lambert est démolie à la Révolution
française et, au Concordat de 1801, l'ancienne Collégiale Saint-Paul devient la
nouvelle cathédrale. Une cathédrale, du latin cathedra (siège), est l'église-mère
d'un diocèse, là où officie l'évêque.
Outre le Trésor et les vestiges du riche patrimoine artistique de SaintLambert, la nouvelle cathédrale devient un havre pour toute une série d'oeuvres
d'art d'églises démolies, désaffectées ou endommagées de la ville : Notre-Dame
aux Fonts, Saint-Pierre, Saint-Barthélémy, Saint-Jean Baptiste, les églises des
Carmes, des Sépulchrines, des Carmélites du Potay....
Premier étage
Dans la continuité, depuis 1990, plusieurs Conseils de Fabrique et Communautés religieuses nous ont confié des
œuvres, ce qui a permis d'envisager avec eux l'exposition par alternance de celles-ci.
L'objectif est de sauvegarder au maximum un patrimoine souvent en péril. La conservation est un des buts majeurs et
une des raisons d'être du Trésor, tout en insistant aussi sur sa spécificité de conservatoire d'objets sacrés encore utilisés. La
moindre lacune dans l'entretien du patrimoine ou dans sa surveillance peut entraîner des conséquences désastreuses voire
irréparables. Ce travail quotidien est une oeuvre collective qui nous concerne tous.
La salle du Doyen est consacrée à la période postrévolutionnaire sous le titre:
L'évêque et le chapitre cathédral au XIXe siècle
Le Concordat de 1801, conclu entre Napoléon et le pape Pie VII, apaise dans une certaine mesure les ressentiments dûs
à la période révolutionnaire. Il permet notamment à l'Eglise de Liège de se ressaisir.
L'évêque n'est plus prince - la Principauté de Liège n'existe plus - et, depuis 1794, Saint-Lambert est en cours de
démolition. L'ancienne collégiale Saint-Paul est choisie comme nouvelle cathédrale. Un chapitre y est reconstitué : d'abord huit
chanoines dits de Saint-Lambert, puis à partir de 1842 quatre chanoines dits de Saint-Paul, soit aujourd'hui encore douze
chanoines titulaires. L'église est embellie.
Plusieurs prélats se succèdent sur le trône de saint Lambert. L'aspect artistique de l'épiscopat fié à la cathédrale
retiendra notre attention.
Jean-Evangéliste Zaepfifel (1802-1808), évêque concordataire, rapatrie d'Allemagne le trésor qui a suivi les
chanoines dans leur exil.
Pendant la vacance du siège épiscopal, dans un premier temps, les vicaires capitulaires Henri Henrard (depuis 1808)
et ses coadjuteurs (François Antoine Lejeas et Henri Laurent Partouns, à partir de 1810) puis, dans un second temps,
Jean-Arnold Barrett (1814-1829) s'efforcent tous de récupérer les biens de la cathédrale.
Corneille Richard Antoine van Bommel, évêque de Liège de 1829 à 1852, tire profit des libertés constitutionnelles
pour asseoir l'Église dans le jeune État belge.
Théodore Alexis de Montpellier, évêque de Liège de 1852 à 1879, manifeste à maintes reprises son attachement au
Saint-Siège. Il se complaît à rehausser l'éclat des cérémonies, embellir la cathédrale et s'efforce de rétablir le culte des saints
diocésains.
Victor-Joseph Doutreloux, évêque de Liège (1879-1901), promeut une action sociale profonde qui rayonne dans
l'Eglise universelle. Enclenché dans le diocèse sous l'épiscopat van Bommel, l'art néo-gothique connaît sous l'épiscopat
Doutreloux, dans le prolongement des congrès des œuvres sociales de Liège (1886,1887 et 1890) un développement
multiforme.
En 1881 cet évêque consacre le nouveau maître-autel de la cathédrale, œuvre des orfèvres Dehin; en 1882 il y crée
l'ancienne salle du Trésor.
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Parmi les chanoines :
(13
Olivier-Jean Thimister (1816-1899), l'historien de Saint-Paul (éditions successives de son ouvrage en 1867 et 1890);
Joseph Lupus (1810-1888), secrétaire de Mgr de Montpellier qui entreprend l'ouverture des châsses et reliquaires dont sont
issus les textiles anciens conservés à l'étage, et Charles Lucas (1855-1924), secrétaire de Mgr Doutreloux, professeur au
Grand Séminaire où il enseigne, entre autres, l'archéologie chrétienne.
Charles d'Argenteau (1787-1879), doyen du Chapitre de 1842 à 1879, après une belle carrière laïque au service de
la France et des Pays-Bas; ordonné prêtre à Rome en 1825, devenu prélat romain, est nommé nonce apostolique en Bavière et
archevêque inpartibus de iyr. Acquis aux idées nouvelles, il est un témoin privilégié des transformations du pays de Liège. On
admirera ses portraits, ses "chapelles", c'est-à-dire l'ensemble des orfèvreries servant à la célébration de la messe, la "belle"
et la "petite" chapelle réservée à un usage journalier, et ses ornements romains en soie brodée d'or.
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Premier étage
Au-dessus du panneau didactique est suspendu le portrait d'un
chanoine de la famille de Sluse (5027), signé et peint par Léonard
Defrance (1735-1805). L'ecclésiastique porte la croix des chanoines de
la cathédrale, dont quatre exemplaires sont présentés dans la première
vitrine de la salle du Doyen.
La pyramide en miroir de la première vitrine permet de voir sous
plusieurs angles de vision les bijoux exposés dont la plupart furent
confiés au Trésor par Mgr Albert Houssiau, Evêque émérite de Liège.
Grande croix pectorale de Mgr Doutreloux (109)
Émaux avec au centre saint Lambert, et aux extrémités saint Paul,
saint Joseph et la Vierge et un saint, avec une grande chaîne
néogothique.
Croix reliquaire pectorale de Mgr de Méan (110),
dernier prince-évêque de Liège et premier archevêque de Malines
(t 1831).
Médaillon à l'effigie de Mgr de Méan (5060)
Croix de chanoine (111-112, 4 0 0 8 - 4 0 0 9 )
à l'effigie de Notre-Dame & de saint Lambert. Restaurées au XIXe
siècle, les croix des chanoines de la cathédrale sont portées
chaque jour par les chanoines à l'office.
Intailles sur améthyste de Mgr de Montpellier (116) et de Mgr Doutreloux (117).
Anneau pastoral de Mgr d'Argenteau (118), topaze brûlé. Don de Mgr Guillaume-Marie van Zuylen.
Anneau épiscopal de Mgr de Montpellier (119)
(armoiries et devise à l'intérieur), émeraude.
Bague de Mgr de Montpellier (120)
A. Gaillard, orfèvre à Liège, aiguë marine.
Bague (121), topaze brûlé, armoiries de Léon XIII à l'intérieur.
Chapelet en argent (115)
partiellement doré, donné à la cathédrale en 1849; selon une tradition,
il aurait appartenu à Marie-Antoinette.
Dans l'autre petite vitrine au centre de la salle le calice de Mgr
d'Argenteau (107) (Argent doré, émail, perles & pierreries, Paris, après 1838).
Dans la grande vitrine près de la fenêtre, les chapelles de Mgr
d'Argenteau (122-128) (Rome, ca. 1825) et de Mgr de Montpellier
(130-135) (Paris, P. Poussièlgue-Rusard, avant 1879).
Sur l'autre mur deux portraits de Mgr d'Argenteau( 102 et 105), son
siège d'évêque (106) (falsistoire), une grande croix avec Christ en ivoire
(100) (Socle de huit marbres différents; don de Mgr d'Argenteau au Chapitre
cathédral, 1843 d'après le chronogramme), et une crosse de Monseigneur de
Montpellier (103) offerte par le Chapitre cathédral à l'évêque à son entrée en
fonction.
Premier étage
La deuxième salle est la
SALLE DU CHANTRE
Le chantre est chargé d'enseigner le chant aux clercs; il règle et dirige les offices au choeur.
La Salle du chantre est consacrée à :
La peinture à l'Époque Moderne
Après la tourmente révolutionnaire, l'évêque et le
chapitre ont le souci de donner à leur nouvelle
cathédrale une décoration digne du grand temple du
diocèse : ils achètent des tableaux mais aussi
récupèrent des peintures provenant d'édifices liégeois
disparus ou désaffectés. Ainsi s'offre aujourd'hui au
regard du visiteur dans l'église et au Trésor un
splendide panorama de la peinture du XVe au XIXe
siècle, avec La Vierge au Papillon, La Messe de saint
Grégoire, et des œuvres d'artistes comme Flémal,
Quellin, Carlier, Lairesse, Seghers, Francken, Ansiaux
ou Tahan.
Dans cette salle, trois toiles (164-166) sont
attribuées au liégeois Bertholet Flémal (1614-1675) Flémal n'a signé ni daté aucun tableau. Elles ont été
restaurées grâce à la Fondation Roi Baudouin.
Elève de Gérard Douffet (1594-1660), Flémal
entreprend vers 1638 un voyage de formation à Rome,
dans le sillage de Lambert Lombard. Il séjourne en
Italie et à Paris, et subit l'influence de Nicolas Poussin.
Rentré à Liège en 1646, il devient le peintre officiel du
prince-évêque Maximilien-Henri de Bavière. Dans nos
régions largement dominées par le génie rubénien,
Flémal introduit le classicisme franco-romain et donne
à l'école liégeoise de peinture son originalité et sa
spécificité. Architecte, il est chargé en 1664 de la
réalisation du maître-autel de la collégiale Saint-Paul :
la Conversion de saint Paul qui l'ornait est
conservée aujourd'hui à Toulouse et l'autel à l'église Notre-Dame à Seraing. Une prébende de chanoine lui est conférée en
1670 à Saint-Paul. Dans ses œuvres religieuses se manifeste un sentiment d'une force et d'une intensité profonde; ses cadres
architecturaux à l'antique, où il introduit parfois l'effigie portraiturée des donateurs, reflètent son goût pour la culture
classique, perceptible dans l'érudition de nombreuses oeuvres. Ses principaux disciples sont Gérard de Lairesse (1640-1711),
auteur de VAssomption de la Vierge (1687), peinture du maître-autel de l'ancienne cathédrale, aujourd'hui dans la chapelle
du Saint-Sacrement de Saint-Paul, et Jean-Guillaume Carlier (1638-1675), dont un des chefs d'œuvre, le Baptêmedu Christ
orne également la cathédrale.
Une gravure de Natalis (5028) est réalisée d'après Flémal. (cfr infra)
Une toile liégeoise de la seconde moitié du XVIIe siècle représente un Martyre de saint Lambert. (167)
Dans la salle suivante est accroché un triptyque (186) récemment restauré à La Cambre. La scène centrale datée de
1599 est signée de Jean Ramey, peintre liégeois,ayant fréquenté l'atelier de Lambert Lombard, le plus célèbre artiste liégeois
de la Renaissance (1505/06-1566).
Premier étage
Les peintures du XVIe siècle
L'amateur de peinture ancienne soupçonne-t-il les richesses que recèlent en ce domaine les collections publiques de
Liège ? Rien n'est moins sûr. Exposés dans des conditions peu favorables à leur appréciation, voire relégués dans des réserves,
nombre de tableaux intéressants sont peu à peu tombés dans l'oubli.
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Quel sentiment de déception éprouveraient sans doute les généreux donateurs qui les omirent jadis à nos institutions,
les de Soer, Moxhon, Dony, pour ne citer qu'eux? Le projet EMAHL laisse certes entrevoir un espoir de renouveau. Mais dans
l'immédiat, les travaux qu'il occasionne entraînent l'inaccessibilité d'une partie importante des collections, ce qui vient
encore assombrir une situation déjà préoccupante.
Dans ces conditions, l'initiative d'exposer provisoirement au Trésor de la Cathédrale quelques-unes des pièces maîtresses du
Musée Curtius mérite d'être applaudie. Elle offrira aux visiteurs la possibilité d'admirer ces œuvres dans un écrin digne
d'elles. Sans doute est-ce là le signe annonciateur d'une politique de revalorisation des joyaux anciens de notre patrimoine.
Signalons à cet égard qu'un inventaire scientifique des peintures du XVe et du début du XVIe siècles conservées dans nos
musées est en cours; il procède du même objectif (D. Allart et C. Oger, dans la collection "Inventaires", éditée par le Centre
international de la peinture médiévale des bassins de l'Escaut et de la Meuse).
Parmi les œuvres du Musée Curtius qui se trouvent actuellement au Trésor, il en est une qui se signale par sa très grande
qualité esthétique : c'est la Vierge à l'Enfant (5059) que réalisa Pierre Coeck d'Alost ou un membre de son atelier, dans le
deuxième tiers du XVIe siècle. Tandis que la perfection émaillée de la matière picturale et le rendu analytique des détails
rappellent encore la tradition des Primitifsflamands,la grâce idéalisée des personnages et la plénitude de leurs formes sont
typiques de la Renaissance. Il n'y a là rien d'étonnant : Pierre Coeck fut l'un des fers de lance du style nouveau d'inspiration
italianisante dans nos régions. La deuxième Vierge (5038), une œuvre de grand format, est sans doute attribuable à l'atelier
d'Ambrosius Benson, un peintre d'origine lombarde installé à Bruges. La troisième Madone est due à un peintre anonyme de
moindre talent, sans doute actif à Anvers (5045).
Un tout petit tableau a pour thème La lactation de
saint Bernard (5036). Cette iconographie fut à l'honneur
dans la peinture septentrionale, à la fin du XVe et au XVIe
siècle. Il n'était pas rare que le donateur des œuvres fût un
abbé de l'ordre de Qteaux, et qu'il prêtât ses traits à saint
Bernard. Peut-être est-ce le cas ici.
Une autre peinture retient l'attention par son sujet, c'est
le Martyre de saint Lambert qui faisait jadis partie de la
collection d'Arenberg (5057). A proximité du bustereliquaire du saint patron de Liège et des deux suaires qui
enveloppaient autrefois sa dépouille, l'œuvre se trouve dans
un environnement propre à rehausser son intérêt
iconographique. Rappelons que la Cathédrale et son Trésor
abritent d'autres représentations du thème, permettant d'en
suivre l'évolution jusqu'à nos jours (voir la version
contemporaine du Liégeois Hubert Gérin, dans la salle de
l'Écolâtre).
On mentionnera une dernière peinture en provenance
du Musée Curtius (5046). EllefigureSainte Anne trinitaire
entre saint Thomas (ou Matthieu ?) et saint Bernard. Le thème
de la Trinité de sainte Anne a connu un vif succès, notamment en sculpture, au XVe et au XVIe siècles. Nos musées en
possèdent d'ailleurs quelques spécimens notables. Le tableau du Musée Curtius semble remonter au XVe siècle. Il n'est pas
exclu qu'il soit d'origine locale. Si cette hypothèse devait se vérifier, il en acquerrait une exceptionnelle valeur de témoignage
concernant une phase obscure de l'histoire de la peinture liégeoise.
A ce titre, il rejoindrait la célèbre Vierge dite au papillon, à laquelle on peut d'ailleurs le comparer, bien qu'il n'ait
pas la même qualité.
D.A.
Premier étage
L' orfèvrerie à la gloire de Dieu
Pendant tout l'Ancien Régime Liège et son pays sont un important centre d'industrie des métaux, en particulier
l'orfèvrerie, travail des métaux précieux. Aux XIe et XIIe siècles, Part mosan par excellence est l'orfèvrerie. A l'époque Moderne
l'orfèvrerie liégeoise témoigne d'une dextérité et d'un art remarquables qui en font sa réputation.
Toute une série d'objets liturgiques en ont eu les honneurs : le calice et sa patène reçoivent le pain et le vin
eucharistique; le ciboire conserve les hosties consacrées; l'ostensoir expose le Saint-Sacrement sous la forme d'une grande
hostie; les plateau et les burettes sont utilisés pour l'eau et le vin
de l'Eucharistie; l'aiguière et son bassin pour laver les mains du
célébrant; le seau à eau bénite et son goupillon pour les
bénédictions, et l'encensoir et sa navette afin de brûler et
conserver l'encens purificateur.
Parmi les trente-deux bons métiers de la cité de Liège, celui
des orfèvres regroupe, en plus des artisans dont il porte le nom,
bien d'autres professions : peintres, enlumineurs, graveurs,
imprimeurs, relieurs, verriers....
Il est organisé selon des statuts, dès le XIVe siècle au moins,
et des règles propres (contrôle des métaux, poinçonnage...).
Parmi les orfèvres dont les œuvres sont exposées au Trésor
dans la Salle du Prince-évêque :
Henri de Flémal (1610-1685), frère du peintre Bertholet,
auquel sont attribuées cinq statuettes dont trois proviennent de
l'ancienne église Saint-Jean-Baptiste (173-175) et deux du
Couvent des Jésuites anglais; Charles de Hontoir auteur de
Postensoir-soleil de 1697-98 (82); et Nicolas Grisart auteur de
la Vierge des Tanneurs de l'église Saint-Pholien de 1687-88
(185, Salle des Archidiacres).
Le Trésor conserve deux importantes lampes de sanctuaires,
Tune de Saint-Jacques vers 1720 (182), et l'autre de SaintBarthélémy de 1743 (220, Salle du Coûtre), ainsi que le plus
grand seau à eau bénite conservé (1742-43) provenant de
l'ancienne église Saint-Séverin (54, Salle du Prince-Evêque).
La Vierge dite des Avocats (168)
La plus grande et la plus belle des Vierges liégeoises en
argent a bénéficié récemment d'une restauration complète de
même qu'une étude pluridisciplinaire (Feuillets de la Cathédrale
de Liège, n° 28-32) qui a mis en évidence ses origines, sa
technique de réalisation et son parcours historique depuis les
Jésuites wallons (1664) jusqu'à la cathédrale, et sa dédicace aux
Avocats. Les recherches menées grâce aux accélérateurs de Van de
Graaff de l'Université de Liège (Méthode PDŒ) permettent une
analyse du métal sans prélèvement ni dégradation. Un corpus de
référence est en cours de constitution pour l'orfèvrerie et pour de
nombreuses autres oeuvres d'art (Groupe d'Archéométrie de
l'Université de Liège).
Premier étage
La dernière salle du premier étage :
SALLE DES ARCHIDIACRES
Huit archidiaconés composent le diocèse : Campine, Hesbaye, Hainaut, Famenne, Brabant, Condroz, Ardenne, et la Cité
de Liège dont l'archidiacre est le prévôt. Les fonctions des archidiacres s'exercent dans leur ressort territorial et ils sont tous
chanoines de Saint-Lambert.
La salle des archidiacres est consacrée à l'évocation :
Du "Siècle de Louis X I V au "Siècle des Lumières"
D'un point de vue politique, de 1581 à 1763, les princes de la Maison de Bavière, les Wittelsbach, par un habile système
d'association du neveu à l'oncle évêque, installent une véritable dynastie episcopale à Liège : Ernest de Bavière (1581-1612)
prince tolérant et cultivé, Ferdinand (1612-1650) dévot et prosélyte de la Réforme catholique, Maximilien-Henri (1650-1688)
aux tendances absolutistes aux prises avec des sujets épris de liberté (Paix de Fexhe), Joseph-Clément (1694-1723) dont le
faciès ingrat fut saisi par Arnold de Hontoir dans un buste exposé au rez-de-chaussée,— ce parent de Louis XIV est en proie à
toutes les séductions du Grand Siècle,— et enfin Jean-Théodore (1744-1763), beau représentant du monde des plaisirs de
cette première moitié du XVIIIe siècle, de la Régence à Louis XV.
Deux hommes font exception dans cette lignée bavaroise : un homme du cru, Jean-Louis d'Elderen (1688-1694) qui, en
déclarant la guerre à Louis XIV, vaudra à Liège le funeste bombardement de 1691 et Georges-Louis de Berghes (1724-1743)
qui fera reconstruire le palais et laissera sa fortune aux pauvres de la cité, comme l'indique une inscription sur son tombeau,
dû au ciseau de Guillaume Evrard, récemment reconstitué dans le cloître. Enfin Charles-Nicolas d'Oultremont (1763-1771),
François-Charles de Velbriick (1772-1784), César-constantin-François de Hoensbroeck (1784-1792) et François-AntoineMarie de Méan (1792-1794) achèvent cette généalogie episcopale d'Ancien Régime.
A l'époque moderne, avec son statut de neutralité "perméable", Liège fait le commerce des armes entre belligérants.
Comment ne pas l'évoquer avec Jean Curtius, munitionnaire et grand capitaliste, qui fera construire vers 1600 ce beau palais
le long de la Meuse, aujourd'hui siège d'un musée? C'est le pays du fer et du charbon, et d'industries nouvelles comme l'alun
ou le soufre.
Des luttes politiques déchirent le pays, entre les factions des "Chiroux", partisans de l'autorité et du prince, et les
"Grignoux" profrançais, et conduisent aux troubles de 1636 et au retentissant assassinat du bourgmestre Sébastien La Ruelle
en 1637. L'horrible guerre de Trente Ans (1618-1648) déchire l'Allemagne; l'Espagne et les Provinces Unies sont à nouveau
en guerre depuis 1621 et la Principauté de Liège a beau être neutre, elle constitue un couloir d'accès naturel entre la France et
la Hollande et une importante place d'armes et de ravitaillement. Cette situation géographique conditionne l'histoire du
territoire.
Au Grand siècle ou "Siècle de Louis XIV" les artistes liégeois se distinguent, peintres et orfèvres évoqués dans la salle
précédente, mais aussi les graveurs comme Jean Valdor, ou les sculpteurs comme Jean Warin, Robert Henrard auteur en 1659
d'une Vierge à l'Enfant en marbre blanc conservée dans l'actuelle cathédrale, et surtout le plus célèbre d'entre eux Jean Del
Cour (1636-1707). Son influence est considérable sur une série d'artistes, Jean Hans, Arnold de Hontoir, Renier Panhay de
Rendeux, Simon Cognoul, Antoine-Marie Mélotte, qui poursuivent son style au point que l'on peut parler d'"école" du maître,
jusqu'à Guillaume Evrard (1709-1793).
Avec François-Charles de Velbriick (1772-1784), dont le mausolée par François-Joseph Dewandre fut récemment
reconstitué dans le cloître, les Lumières éclatent dans la principauté. La peinture religieuse cède la place à des allégories, à
des scènes familières, à des natures mortes, et à des portraits comme celui d'un chanoine de lafamillede Sluse exposé dans la
salle du Doyen. Son auteur Léonard Defrance peint l'homme dans ses activités économiques et sociales : il est le témoin
privilégié des bouleversements du pays de Liège. La destruction de la cathédrale est sans conteste un drame sur les plans
artistiques et culturels.
Dans la vitrine-podium de la Salle des Archidiacres est évoquée l'œuvre de Jean Del Cour, de Michel Natalis et de
Guillaume Evrard.
A gauche un portrait d'époque de Maximilien-Henri de Bavière (5072), PŒTATEETSAPŒNTIA.
31
Premier étage
Michel Natalis (Liège, 1610 - Liège, 1668)
Natalis est un des représentants les plus appréciés de la gravure liégeoise du grand siècle. Il travailla dans de
nombreuses villes européennes mais c'est à Liège que sa notoriété fut la plus forte. Le Trésor conserve une des œuvres les plus
célèbres du graveur, le Buste reliquaire de saint Lambert (18) (burin, 1653) quifitconnaître le chef-d'œuvre
d'orfèvrerie à travers toute l'Europe. Natalis respecta tout ce qui s'impose à l'attention : les proportions, les scènes du socle et
l'ornementation de la mitre et du rationa! crénelé. II se permit toutefois des écarts, parfois imperceptibles, dans de nombreux
détails du visage et dans la chevelure donnant au saint une allure plus proche du goût de son époque. Il modifia également les
éléments d'inspiration architectonique alors jugés trop gothiques. L'estampe est loin d'être un modèle defidélité,d'exactitude
rigoureuse, mais elle n'a pas moins d'attraits pour autant. Elle a eu un succès aussi vif que durable.
Une deuxième gravure, exemplaire unique conservé au Trésor, représente Notre-Dame de Saint-Remi (184)
d'après un dessin de M. Ponceau (1645, Don de Mr le chanoine Pochet). L'église paroissiale de Saint-Remi, dépendant de
Saint-Jacques, était le lieu d'un pèlerinage à une statue miraculeuse d'une piéta qui fut transférée en 1803, dans l'église SaintJacques. Cette gravure très rare nous donne une vue intérieure de ce sanctuaire aujourd'hui disparu : l'autel encadré par saint
Lambert et saint Remi, est surmonté des armoiries du prince-évêque Ferdinand de Bavière et du pape Innocent X, et de
nombreux ex-votos. Des pèlerins l'entourent. La terre cuite polychromée de Notre-Dame de Saint-Remi est un souvenir
de ce pèlerinage du XVIIIe siècle ( ?) ( 1 8 3, Dépôt du Carmel de Mehagne).
Le Grand Conseil des Chartreux
(burin, 1649) (5028), d'après Bertholet
Flémal.
Dans un décor très classique, disposé en
hémicycle, l'artiste a groupé clairement,
quarante-six chartreux assis sur deux rangées
superposées de bancs. Ils entourent le
fondateur de l'Ordre, saint Bruno. L'œuvre
dégage un sentiment de foi intense au sein
d'une assemblée de religieux aux expressions
et attitudes différentes.
L.E.&S.M.
Jean Del Cour (Hamolr, 1 6 3 1 - Liège, 1707)
Del Cour est le grand représentant de la sculpture baroque liégeoise. Ses œuvres, d'un style noble, expriment des
sentiments profonds mais sans débordement. Les corps sont animés, dynamiques et soulignés par des drapés aériens et
frémissants. Son œuvre et son prestige exerceront une influence considérable sur les
générations de sculpteurs qui lui succéderont. Les œuvres exposées
représentent plusieurs techniques de sculpture. L'ensemble le plus
important est celui des bozzetti, modèles préparatoires en terre cuite,
dont l'intérêt dépasse celui d'être de simples ébauches. En effet,
ceux-ci ont permis de mieux comprendre et connaître l'art du
sculpteur.
Huit bozzetti (5051) sont présentés :
- Figure allégorique, maquette d'une statue de l'église SaintLoup, Namur, 1677.
32
Premier otage
- Sainte Scholastique, bozzetto de la statue monumentale en tilleul que réalisa l'artiste en 1691 pour l'abbatiale
bénédictine de Saint-Jacques à Liège. La sainte est voilée et amplement drapée dans une coule aux larges manches et aux
plis en diagonale accentuant la position déhanchée. Son visage aux traits juvéniles se concentre sur la lecture d'un livre
ouvert qu'elle tient dans la main droite sur lequel, dans la statue, vient se poser une colombe.
- Vierge de Vinâve d'île, 1696. L'esquisse, dont la silhouette majestueuse est bien campée sur le sol est assez
différente de la gracieuse Madone couronnant la célèbre fontaine proche de Saint-Paul. On perçoit dans la maquette une
volonté d'expression hâtive et puissante, sans souci de détails de physionomie. La draperie, nerveuse et soignée, fut
identiquement reproduite sur l'œuvre finale.
- Saint Luc, étude faisant partie d'un groupe représentant les quatre Evangélistes ; on ne connaît pas la réalisation du
projet. La facture de ce saint Luc est une des mieux réussies de l'ensemble. La position assise mal plantée et peu
élégante des quatre saints rappelle celle du Saint Jean-Baptiste de la fontaine de Hors-Château.
- Vierge assise, maquette de la Vierge du maître-autel de la collégiale d'Amay. La Vierge est solidement et largement
charpentée sans pour cela manquer de grâce. On a relevé la trace des doigts de l'artiste notamment sur le visage de la
Vierge et sur le corps de l'Enfant. Cette technique crée un modelé plus souple et onctueux que les parties réalisées à
l'ébauchoir.
- Saint Évêque, vêtu d'une ample chape qu'il rejette en arrière d'un mouvement du bras droit, tout en inclinant le
torse vers la gauche. Les mouvements du corps entier sont soulignés par des plis caractéristiques des œuvres du maître,
un type iconographique semblable à la statue de saint Domitien du couvent de la Sarte à Huy.
- Ange debout, dont le corps se tournant à droite en élevant les bras est d'une très
grande souplesse. Ce bozzetto, par la facture du mouvement, de
l'anatomie et de la draperie constitue un parfait exemple du style
baroque " delcourien ".
- Vierge à l'Enfant, le mouvement des bras vers la gauche
du personnage semble indiquer la présence d'un enfant
(ici absent).
Une seule œuvre en bois, le matériau de prédilection
de l'artiste, est présentée. Il s'agit d'un Ange (5044) en
bois de poirier polychrome ayant fait partie d'un groupe
attribué à l'école du maître. Vêtu d'une robe drapée,
l'Ange prend appui sur sa jambe droite et lève le pied
gauche légèrement en arrière. Le bras gauche levé
montre le ciel.
De nombreuses autres œuvres de Del Cour sont présentes au cœur la
cité liégeoise. Dans l'actuelle cathédrale, gît le Christ mort en marbre blanc
de Carrare exécuté en 1696. C'est la seule partie conservée du monument
funéraire de Walthère de Liverlo et de Marie d'Ogier érigé dans l'église des
Sépulchrines dite des Bons-Enfants, à Liège. On peut aussi y admirer des basreliefs de l'ancienne Collégiale Saint-Pierre, un saint Jean-Baptiste et enfin le
Christ du Pont des Arches, dont la création fit sortir de l'ombre Jean Del Cour
en 1663.
Avec la Vierge de Vinâve d'Ëe, déjà évoquée par son bozzetto, les
sculptures les plus célèbres sont certainement les Trois Grâces hissées au
sommet du Perron. Les originaux, remplacés par des copies, se trouvent à la
Violette.
Un monument érigé en 1911 à la mémoire du maître de Hamoir est
visible sur la place Saint-Paul, à deux pas du Trésor.
A.C.etS.M.
Buste de Lambert de Liverlo,
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chancelier de
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Maximüien-Henri de Bavière ^L
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(5053)
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Ce souverain absolutiste connaissait peut-être les deux
phrases, écrites en 1558 par Michel de L'Hospital, à propos des
Liégeois : "Les Liégeois ont été plus que tous les ans domptés.
Néanmoins, ils ont toujours relevé leurs crestes". Il a eu en tous
cas la volonté bien arrêtée de les mater pour de bon. Il est mort
convaincu d'y être parvenu, par le moyen de son fameux
règlement de 1684, point d'orgue autocratique d'une longue
période de troubles durant laquelle ils s'étaient entretués plus
souvent qu'à leur tour.
Son chancelier Lambert de Liverlo n'a pas
été assassiné. Mais il a été jeté en prison, et n'en
est sorti que les pieds devant, le 29 novembre
1693, à lafindu règne de Jean-Louis
d'Elderen. Son crime : intelligence
présumée avec l'ennemi, en l'occurrence
le royaume de France. Il y avait vécu de
beaux jours; jeune, comme étudiant à
Orléans, puis à Reims, où il avait
décroché le titre de docteur; à l'âge mûr,
en 1668, comme envoyé du prince dans
des négociations délicates.
Il reste présent parmi nous grâce à ce
superbe buste de bronze grandeur nature,
actuellement le seul de son genre dans nos murs. Les doutes
de René Lesuisse ont été levés par Pierre Hanquet de façon
convaincante. En revanche, ceux qu'il nourrissait au sujet de l'auteur de l'œuvre étaient tout à fait fondés. On doit renoncer à
l'identifier avec Jean Del Cour mais à un maître né à Liège et apprécié à Versailles : Gérard-Léonard Hérard, un continuateur
de Jean Warin beaucoup moins connu que lui (Cfr ma démonstration dans les "Mélanges Cari Van de Velde" sous presse).
Issu d'une famille de magistrats munificents, amateur notoire au point de mériter l'épithète de "Patron des Beaux-Arts",
Lambert de Liverlo est bien homme à s'être offert un portrait tel que celui-ci; c'était très loin d'être à la portée du premier
venu, bien entendu. Il aura rencontré Hérard à l'occasion d'un séjour parisien. Il lui a donné pour modèle, on n'en saurait
douter, un buste de Warin, célèbre à juste titre, celui du cardinal de Richelieu. Un personnage que, selon toute vraisemblance,
il prenait lui-même pour modèle.
Son buste est à dater de 1670 environ, parce que c'est la date de la magnifique médaille qu'il a fait ciseler par Hérard,
médailleur autant que sculpteur, comme son maître. 1675 est le terminus ad quem, car c'est l'année du décès prématuré de
l'artiste.
Le bronze est entré dans les collections de l'Institut archéologique liégeois en 1894, par voie d'achat au baron Jules de
Chestret de Haneffe; il appartenait antérieurement à un sieur Renard-Soubre; en 1784, il trônait dans la salle du billard du
château de Seraing, le Versailles des princes-évêques de Liège.
P.C.
Guillaume Evrard (Liège, 1709- THIeur, 1793)
Evrard est le maître de la sculpture liégeoise du XVIIIe siècle ainsi que le dernier sculpteur des princes-évêques. En
1744, il est chargé de sculpter le mausolée du prince-évêque Georges-Louis de Berghes, récemment reconstitué dans le cloître
de la cathédrale Saint-Paul, à l'origine dans le chœur de la cathédrale Saint-Lambert. Du mausolée aujourd'hui démantelé, on
conserve trois éléments en marbre blanc : le portrait du prince et dewputti qui flanquaient les armoiries du prince et qui
portent l'un la mitre, l'autre le faisceau de licteur, symboles des pouvoirs spirituels et temporels attachés à la fonction du
prince-évêque. Admirablement sculptés, ces deux corps d'enfants sont incomparables de grâce et de beauté. La ligature du
faisceau porte la signature GUIL MUS EVRARD.
34
r
Premier étage
Cette réalisation, très apprécié, assura sa réputation. Evrard jouit de la protection des princes tout au long de sa
carrière.
Dans le Trésor sont exposés deux bozzetti (5042) du maître. L'un est une maquette (vers 1746) du Saint Jean
Népomucène situé sous le jubé de l'église Saint-Denis à Liège. Les deux sculptures sont très similaires. Quelques variantes
visibles sont les mains mutilées et une inclinaison de la tête plus prononcée dans l'esquisse. Le deuxième bozzetto serait une
représentation de Saint Jean l'Evangéliste tenant un gros livre sous le bras gauche et levant le bras droit.
A.C.etS.M.
François-Charles de Velbriick
prince eveque de Liège (1772-1784)
En 1735, Velbriick est pourvu d'une prébende de chanoine-tréfoncier à la cathédrale Saint-Lambert à Liège. Un an plus
tard, il est reçu au Chapitre par procuration. Il est nommé archidiacre de Hesbaye, puis officier du Scel des Grâces en 1756.
Un an plus tard, il est chargé d'une mission diplomatique à la cour de Vienne. En 1759, il devient grand-maître du palais et
Premier ministre de Jean-Théodore de Bavière, qui tenait à Liège une cour fastueuse. Chanoine à la cathédrale de Munster en
1757, il reçoit en outre en 1765 de Louis XV la commande de l'abbaye royale de Saint-Nicolas de Cheminon, en Champagne.
Ce parcours exceptionnel sur le plan ecclésiastique et diplomatique enfitle seul personnage capable de devenir le nouveau
prince-évêque lors des élections de 1772. Il assumera cette tâche jusqu'en 1784.
Son règne a vu naître de multiples initiatives sociales, artistiques et intellectuelles. Ce
"despote éclairé" réceptif aux idées progressistes naissantes des dernières décennies de
l'Ancien Régime tente d'introduire les Lumières dans notre pays. Mais par manque
d'argent ou de pouvoir, ses projets n'aboutissent pas toujours. Il règne dans la
Principauté à cette époque une certaine léthargie et une vision étroite quifreinentun
réel progrès.
Ses tentatives pour combattre les problèmes de société comme la pauvreté ou
les inégalités de classe sont nombreuses mais ne parviennent pas à modifier
réellement des situations déplorables. Il entreprend des changements dans de
multiples secteurs, dont celui de la santé publique avec la création de ['Hôpital
général, centre d'accueil et d'assistance pour les nécessiteux, d'un cours gratuit
de l'art de l'accoucheur, d'établissements destinés à combattre les maladies
dévastatrices au sein de son peuple.
Velbriick réforme également l'éducation en la rendant accessible à tous
par la création des Écoles de charité gratuites pour les enfants pauvres et d'un
Plan d'Éducation pour laJeunesse du Pays de Liège. Il veut radicalement
changer les méthodes éducatives des écoles jésuites, alors supprimées, en
orientant l'instruction vers un apprentissage des sciences physiques et
mathématiques, des sciences humaines, etc., qui fourniront aux élèves des
outils objectifs aiguisant leur jugement critique. Il a en outre le projet de
réaliser une grande bibliothèque publique.
L'action de Velbriick, grand protecteur des artistes, est essentielle
dans la renaissance des arts au pays de Liège. En 1774 il lance une
Académie publique de peinture, sculpture et gravure.
Enfin, son œuvre la plus marquante fut la fondation en 1779 de la
Société littéraire et de la Société d'Émulation, lieu de rencontre de
l'intelligentsia liégeoise en contacts avec des sociétés savantes d'autres
pays, dont les activités multiples furent entre autres la présentation des
œuvres des poètes, des artistes et des découvertes des scientifiques.
A.C.&S.M.
35
Premier otage
Dans la vitrine-podium, son portrait d'époque sur toile (5066) est mis en valeur dans un bel encadrement en bois
sculpté doré couronné des attributs de prince-évêque.
Le chaton de sa bague en or (5034) renferme une intaille ovale en cornaline rouge représentant le profil du prélat par
Philippe-Joseph Jacobi (1708-1794). Cette effigie correspond à celle du médaillon du mausolée du prince reconstitué
récemment dans le cloître. Ce monument funéraire était à l'origine placé dans la cathédrale Saint-Lambert. Inauguré en 1790,
il est l'œuvre de François-Joseph Dewandre. La Déesse de l'Immortalité couronne de son cercle une Urne cinéraire et
montrant le Génie des Arts qui pleure la perte de son Protecteur. Le portrait du prince est placé sur un obélisque, qui fait le
fond du mausolée, avec sur le piédestal des vers à la gloire de Velbriick.
L'abbatiale bénédictine de Saint-Jacques à Liège
L'église Saint-Jacques, toute proche, nous tient particulièrement à coeur par les œuvres déposées au Trésor. En outre la
cathédrale abritait l'original du tombeau gothique d'un évêque étranger du nom de Jean, dont une copie fut exécutée pour
être replacée dans Saint-Jacques restaurée au début du siècle. Cet original assez endommagé a été remonté dans cette salle,
avec pour toile de fond l'agrandissement photographique de deux gravures du XIXe siècle (Liège, Cabinet des Estampes)
montrant l'intérieur de Saint-Jacques, invitation à aller admirer cefleurondu Gothiqueflamboyant(1514-1538).
36
Premier étage
Tombeau de l'évêque Jean (187)
Sarcophage provenant de l'église Saint-Jacques avec le gisant, en tuffeau, vêtu des ornements pontificaux, la tête sous un
dais et les pieds sur une console.
Remplacé dans Saint-Jacques en 1906 par une copie du sculpteur louvaniste Roemaet, l'original a été transféré à la
cathédrale et remonté dans cette salle.
On ne sait pas grand chose de Jean, évêque italien en exil; artiste peintre appelé par Otton III pour décorer l'église
d'Aix-la-Chapelle, il fut un ami de Notger. Son épitaphe en latin a été retranscrite par le chroniqueur Gilles d'Orval (vers
1250) :
Arrête, lis ce que tu vois, et que ton tendre coeur ait pitié de moi./Le tombeau annonce ce queje suis;
l'inscription dit ce queje fus.
Né en Italie, revêtu du pontificat, moiJean j'ai dû m'enfuir chassé de mon siège épiscopal./Exilé sans
honneur, je fus envoyé en ces régions./La ville compatissante de Liège me prêta un asile. /SaintJacques,
souvenez-vous de votre fidèle élève, c'est sur mes conseils que cette demeurefut édifiée en votre honneur.
Jean aurait en effet conseillé à l'évêque Baldéric, successeur de Notger, de bâtir le monastère bénédictin de SaintJacques; c'est l'abbé Jean de Coronmeuse (1507-1525), constructeur de l'église gothique qui remit en honneur le tombeau de
l'évêque Jean et le doyen E. Schoolmeesters qui sauva le monument en 1906. Le nouveau mausolée conserve les ossements du
prélat et la tradition rapporte que des miracles se sont produits auprès de ceux-ci.
L'abbatiale bénédictine de Saint-Laurent
De l'autre abbatiale bénédictine masculine liégeoise fondée en 1034 provient La Vierge de dom Rupert (5029).
La Vierge de dom Rupert (5029)
H. 92 x 1. 64 cm; relief environ 10 cm; grès houiller, milieu du XIIe siècle
Entre 1149 et 1158, Wazelin de Fexhe, abbé de Saint-Laurent de Liège,
entreprit de consacrer à la Vierge une effigie sculptée dans la pierre, qu'il fit
placer dans l'église abbatiale au-dessus de l'entrée de la chapelle Saint-Georges.
Son initiative s'inscrivait dans la droite ligne des explications exégétiques dont cet
ecclésiastique était particulièrement friand. Selon le chroniqueur Renier de SaintLaurent, il aimait se livrer à des commentaires d'œuvres d'art, à s'adonner au jeu
des concordances entre l'Ancien et le Nouveau Testament, à rédiger des
inscriptions métriques accompagnant des peintures murales, des broderies, des
tapisseries.
Ce goût, il le tenait manifestement de son maître, Robert de Saint-Laurent,
mieux connu sous l'appellation de Rupert de Deutz (ca. 1090-1135). Celui-ci
s'est, en effet, imposé dans la littérature médiévale latine comme le virtuose,
quelquefois déconcertant, de l'allégorisme appliqué à une doctrine théologique
d'un mysticisme souvent exalté.
Et, de fait, la légende a placé le jeune Rupert, encore novice, aux pieds de
cette image de la Vierge, pour obtenir d'elle le don d'intelligence des textes
sacrés. Cette prière fut exaucée. Comme le rappelle Jules Helbig, "à partir de ce
moment, personne mieux que Rupert, ne comprenait et ne savait interpréter les Saintes Écritures et, devenu l'un des hommes
les plus érudits de son temps, il fut en 1121, élu abbé de Deutz, près de Cologne".
Ce n'est pas tout. Illustrant cette légende, le graveur liégeois Jean Valdor représenta, en 1622, à l'initiative de l'abbé
Oger de Loncin, Rupert priant devant l'image sculptée de la Vierge, commandée par Wazelin de Fexhe. Dès ce moment, la
personne de Rupert fut indissolublement liée, dans l'esprit populaire, à la sculpture que l'on venait vénérer en foule et qui, à
cette époque, était placée à gauche du chœur, dans le mur.
37
Premier étage
Tout ceci explique que, malgré la datation de l'œuvre, postérieure à la mort de Rupert, celle-ci porte, en toute légitimité,
l'appellation de Vierge de dom Rupert.
Cette dénomination se justifie d'autant plus que, si l'on consulte l'énorme production du moine liégeois, on s'aperçoit
du rôle considérable qu'y jouent le culte mariai et son exégèse, que ce soit dans le traité De divinis officiis ou, surtout, dans
le De Trinitate et operibus eius. Ce dernier texte met, en effet, spécialement en valeur la maternité virginale de Marie et le
rapport entre un passage d'Ezéchiel relatif à la porte du temple futur et le symbole de la porte appliqué à la Vierge.
C'est donc le moment de nous tourner vers l'œuvre d'art pour y reconnaître en même temps les liens qui l'unissent à
l'enseignement de Rupert de Deutz et la place eminente qu'elle occupe dans l'art mosan.
Dans l'encadrement du bas-relief se déroule le texte suivant, tiré du Livre d'Ezéchiel, XLIV, 2 :
"+ PORTA. HEC. CIAUSA. ERIT. N(ON). AP(ER)ŒTftJR). ET. N(ON) TRANSIBII P(ER). EA(M). VIR. Q(UONIA)M.
D(OJVfl)N(U)S D(EU)S. ISR(AE)L + INGRESS(US). E(ST). P(ER). EAM +".
Autrement dit : "Cette porte sera fermée. On ne l'ouvrira pas et l'homme ne la franchira pas, car le Seigneur Dieu
d'Israël est passé par elle". Et Rupert de commenter : "C'est le Seigneur Dieu d'Israël qui, venant d'ailleurs, est entré dans ce
monde par la Vierge. Aussi n'est-il pas étonnant qu'un telfilsait pu préserver de toute effraction cette porte close, cette porte
qui n'était autre que sa propre mère... Il naîtra donc d'un sexe virginal, vraie chair née de la chair, vrai homme né d'une
mère".
Dans la sculpture comme dans le commentaire de Rupert, Marie est donc vierge, mais elle est aussi mère. Et comment
mieux représenter cette maternité qu'en montrant aux regards desfidèlesune Vierge allaitant?
Voilà, certes, un thème rare dans l'iconographie de l'art roman. L'Enfant, assis sur le genou gauche de sa mère, saisit
des deux mains le sein maternel, nettement offert par l'échancrure du corsage; tant de simplicité chez la Vierge allaitant, sans
habits d'apparat, comme la plus simple des femmes! Et, en écho, Rupert de s'écrier : "Parmi tout ce que Dieu a fait de
mémorable, le principal, c'est que celui qui est la nourriture des anges, c'est que l'homme né de toi pour le salut des hommes
ait daigné être allaité par tes seins. C'est pourquoi les justes (...), se souvenant de tes seins, t'aimeront".
Moinsfrémillante,l'érudition contemporaine a établi des comparaisons entre notre sculpture, YEve allaitant de la
ported'Hildesheim (1015),laK/^^e//f«y&«/delaportedeRavello (1179) de Barisanus de Trani.
Même si la Vierge de dom Rupert a pu interpréter librement une effigie byzantine, son style et le matériau dans lequel
elle a été sculptée nous ramènent sur lesrivesde la Meuse moyenne. Elisabeth Tollenaere a montré qu'elle avait été taillée
dans le grès houiller du Namurien formé des quartzites et des psammites desrivesde la Meuse, et exploité d'Andenne à
Vivegnis. L'œuvre a été couverte d'un enduit à base d'or dont l'altération a donné un brun mordoré du plus bel effet. Comme
on l'a écrit jadis : "Avec les Fonts baptismaux de Notre-Dame de Liège et la Sedes Sapientiae de Saint-Jean l'Évangéliste, la
Vierge de dom Rupert nous offre cette union précieuse de l'art, du symbole et du sentiment qui a fait l'extraordinaire réussite
de l'art mosan".
Sa présentation actuelle, au Trésor de la Cathédrale de Liège, sur un mur délicatement teinté de couleur parme, en est la
démonstration à la fois noble et sensible.
J.S.
Fragment de cuve baptismale romane (17) en calcaire de Meuse (Don de MonsieurJacques Baijof),
L'œuvre proviendrait de la région de Tongres et ne conserve qu'une seule tête entière sur les quatre prévues. Le cou
repose sur un talon nervé qui s'appuyait sur l'une des quatre colonnettes quiflanquaientle fût central disparu. Sous le
bord du bassin circulaire se déroule une frise légère d'arcatures sans colonnettes, un motif répandu tardivement dans la
production mosane ardennaise. La tête moins schématisée de la cuve Baijot, comme à Archennes (Brabant) suggère le
troisième quart du XIIe siècle. On peut également citer Zammelen (Limbourg), Rouvroy en Gaume et, en Ardennes
françaises, les Ayvelles, Alland'huy et Brienne-sur-Aisne, où les arcatures sont semblables.
J.-Cl. G.
l'esca
38
Premier étage
À la sortie de la salle des Archidiacres, vous pouvez gagner le second étage en prenant l'ascenseur à votre gauche, ou
l'escalier à votre droite.
39
Carte de la Principauté de Liège en 1789
(d'après Joseph Ruwet)
40
Deuxième étage
SALLE DE L ECOLATRE
Au second étage la première salle est une salle didactique et pédagogique qui
complétera votre aperçu de l'art et de l'histoire de la principauté et de l'ancien diocèse de
Liège par des panneaux didactiques, et des vidéos.
L'écolâtre s'occupe de l'enseignement dans tout le diocèse. Il est chargé de diriger
les écoles de la cathédrale et d'instruire les jeunes chanoines.
La réputation des écoles liégeoises aux Xe et XIe siècles fut très grande.
La Salle de l'Écolâtre est décorée d'une grande peinture murale du peintre liégeois
Hubert Gérin, composition sur le thème du martyre de saint Lambert et de l'histoire de Liège.
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La principauté de Liège (985-1795)
En recevant en 985 de l'empereur les comtés de Huy et de Brugeron, l'évêque Notger
(972-1008), qui s'est déjà fait confirmer les possessions de l'Église de Liège en 980, jette
les bases de l'État liégeois. Saint Lambert aurait peut-être déjà reçu pareils droits du
souverain mérovingien. Le système dit de YÉglise Impériale assure en théorie à l'empereur le soutien de son vassal le princeévêque de Liège, qui est généralement unfidèleformé dans le sérail impérial, sans les dangers d'une hérédité de charge.
Au cours des siècles, le territoire liégeois se développe mais sans jamais atteindre les limites du diocèse bien plus vaste,
même s'ils coïncident en certains lieux.
Dès 1071 le comte de Hainaut est le vassal de l'évêque, et le comté de Looz est annexé en 1366.
Trois "triomphes de saint Lambert" attribués à l'intervention du saint à travers la présence de ses reliques écartent les
dangers extérieurs au pays : Bouillon, achetée à Godefroid en départ pour la Croisade, et saisie par des troupes du duc de Bar,
est reprise par les Liégeois en 1141; au XVIIe siècle, Louis XIV l'annexe. Le comte de Namur, turbulent voisin, est anéanti à
Andenne en 1151. En 1213 les Brabançons sont écrasés à Steppes, et cette victoire donne à l'Église de Liège le comté de Moha
et la coseigneurie de Saint-Trond. Un même codominium existe à Maastricht. L'élément d'unité qu'était la religion stimule le
facteur nationaliste naissant.
À l'Époque Moderne, le prince-évêque partage le pouvoir exécutif avec le Conseil privé présidé par un chancelier et gère
sesfinancespar l'entremise de la Chambre des Comptes. Quant au pouvoir législatif, il l'exerce avec les États : clergé, noblesse
et Tiers État. Le chapitre cathédral représente à lui seul tout le clergé. L'État noble regroupe quelques grands seigneurs
pouvant se prévaloir de seize quartiers de noblesse. Enfin, le Tiers État est constitué des bourgmestres des vingt-trois
agglomérations urbaines thioises et wallonnes dotées de privilèges et qualifiées pour cette raison de "bonnes villes", à savoir
dans l'ordre de préséance : Liège, Tongres, Huy, Dinant, Ciney, Thuin, Fosse, Couvin, Châtelet, Saint-Trond, Visé, Waremme, et,
à la suite de l'annexion du comté de Looz en 1366 : Looz (Borgloon), Hasselt, Maaseik, Bilzen, Beringen, Herk, Bree,
Stockkem, Hamont, Peer; Verviers est enfin ajoutée à la liste en 1651.
Le XIVe siècle est agité par des luttes sociales dont l'épisode le plus dramatique est le Mal Saint-Martin (1312), quand
les grands enfermés dans la tour de l'église Saint-Martin sont massacrés. Diverses Paix sont signées (Angleur 1313, Fexhe
1316, et Saint-Jacques 1343) qui concourent à établir une "démocratie corporative" (XXXII bons métiers) sous contrôle
aristocratique, avec un Tribunal des XXH (membres viagers) comme garant.
Le 1er octobre 1795 la principauté est supprimée et annexée à la France.
K£&
41
Deuxième étage
Ombres et souvenirs de la cathédrale
Saint-Lambert de Liège
Pour la meilleure connaissance de l'aspect de l'ancienne cathédrale Saint-Lambert de Liège, maintes sources ont été
utilisées : documents archivistiques, archéologiques et graphiques. Les vues anciennes de Liège rassemblées dans la Salle de
l'Écolâtre témoignent de la grandeur et de la somptuosité du temple liégeois. Ainsi le plan à vol d'oiseau de Liège gravé par
Mathieu Mérian et inséré dans sa Topographia Westphaliae (206, Francfort, 1647, Don du Cadre d'Art), le calendrier des
chanoines tréfonciers dans ses diverses versions (205, Don du chanoine Pierre Aimoni), la Vue prise des hauteurs de
Saint-Maur d'Antoine Perelie (203, Liège, 1693, Don du chanoine Edmond Pochet) ou encore la très belle gravure
coloriée Liège oderLûttich de F. B. Werner &J. F. Probst (204, Vienne, 1750, Don du U'Jean-Pierre Pirenne),
Notre-Dame et Saint-Lambert est le reflet de l'histoire de l'ancienne principauté : elle naît et disparaît quasi en même
temps. Cette cathédrale, qui porta le nom de l'évêque martyr Lambert (t ca. 696-705), patron du diocèse, était un édifice bâti
à l'aune du vaste évêché et de la principauté qui couvraient des terres aujourd'hui belges, néerlandaises et allemandes. Son
chapitre, à nul autre pareil en importance pour nos régions, était l'un des plus fameux d'Europe.
Le prince-évêque Notger (972-1008) fit ériger cette grande église au cœur de Liège, à l'endroit même de son berceau
préhistorique, romain et carolingien, à l'emplacement d'une église antérieure plus modeste par ses proportions construite par
l'évêque de Tongres-Maastricht saint Hubert (f 727). Pour décorer cette cathédrale déjà fameuse, Notger, selon un
chroniqueur du XIIIe siècle, avait fait exécuter des peintures murales qui furent détruites par l'incendie de 1185, qui consuma
pour une grande part l'église notgérienne.
Toutefois les éléments découverts lors des dernières fouilles indiquent que la cathédrale avait déjà fait l'objet d'une mise
au goût du jour par les colonnes et piliers carrés, alternés, avec des chapiteaux dont celui entier dégagé en 1993,
superbement décoré de personnages masculins et d'animaux fantastiques, sculpture des années 1160 -1185. C'est sur les
fondations notgériennes que la reconstruction sera entreprise, le plan de l'an mil ayant été conservé pour l'essentiel, de même
que des sections d'élévation, comme des murs de la nef centrale et des transepts.
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Après Notger, la cathédrale continua de bénéficier de la sollicitude et de la munificence des princes-évêques de Liège.
Certains yfirentélever leur tombeau, comme Erard de la Marck qui, en outre, en 1513,fitaccrocher dans le chœur des
tapisseries tissées à Paris.
Depuis 1830, la place Saint-Lambert doit son nom à cette célèbre église qui, jusqu'à la fin de l'Ancien Régime, dressait
fièrement ses trois tours, ses deux chœurs, ses deux transepts, ses vastes encloîtres et ses portails sculptés, qui furent
comparés à ceux des cathédralesfrançaises,à la famille desquelles le remarquable édifice appartenait par ses dimensions
dignes de Notre-Dame de Paris.
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Deuxième étage
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Après la Révolution liégeoise, après l'invasion française, dès le 17 février 1793, la démolition complète de la cathédrale
Saint-Lambert, véritable temple de la nation liégeoise, était décrétée. Le déblaiement des ruines et le nivellement du terrain ne
furent entièrement terminés qu'en 1829. Beaucoup d'artistes furent inspirés par ces vestiges comme Vincent Tahan dans un
lavis signé et daté de 1802 (5039).
Pour Liège, où le souvenir de cette construction fameuse reste vivace, la perte de ce monument d'architecture religieuse
mosane, de son mobilier et d'une grande partie de son trésor devait être inestimable. (Cfr notre ouvrage La cathédrale SaintLambert de Liège, Liège, 1979, réed.2000)
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Contre l'ascenseur se trouve le coffre aux archives de la collégiale Saint-Paul (4005), XIVe siècle(?). Ce coffre
aux dimensions remarquables, en chêne renforcé de lattes de fer, était fermé par les huit clés des huit chanoines responsables.
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Le diocèse de Tongres-Maastrlcht-Llôge
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Au IV siècle, quand le christianisme s'introduit dans nos régions, Tongres est la capitale de la Civitas Tungrorum, vaste
circonscription administrative romaine, sur les limites de laquelle se calque le diocèse naissant.
Avec le culte de saint Servais (t ca. 350) et autour de son tombeau à Maastricht, la capitale se déplace à Maastricht
(étymologiquement "le passage sur la Meuse") au VIe siècle.
Le culte de saint Lambert, assassiné à Liège (696-705), fait la fortune historique de la cité mosane qui devient la capitale
du diocèse, sans doute avec le concours des Carolingiens bien implantés dans la région.
43
Deuxième étage
L'évêché de Liège ressortit à l'archevêché de Cologne.
Élu canoniquement clero et populo, l'évêque est en réalité une créature du roi ou de l'empereur. Par la suite pape ou
roi de France, sans oublier les autres princes territoriaux, ont joué de leur influence selon les époques au sein du chapitre
cathédral pour l'élection episcopale. Le Concordat de Worms (1122) abandonne en effet aux chanoines l'élection de l'évêque :
la consécration pontificale précède dès lors l'investiture temporelle par le monarque.
Du Nord au Sud, des bouches de la Meuse, aujourd'hui hollandaises, jusqu'auxrivesde la Semois, le diocèse s'étend
d'Est en Ouest d'Aix-la-Chapelle à Nivelles ou Louvain.
Malgré un cadre géographique composé de régions très diverses aux paysages caractéristiques (Ardenne, Famenne,
Condroz, Hesbaye, Campine...), la conscience d'une unité politique et sentimentale se perçoit. Une civilisation s'exprime dans
la langue et dans l'art. Les XIe et XIIe siècles sont l'âge d'or de l'art mosan.
Les Écoles de Liège sont renommées dans toute la chrétienté et Liège est appelée Y Athènes du Nord. Des chroniqueurs
comme Hériger de Lobbes ou Anselme de Liège cultivent cette conscience; Sigebert de Gembloux défend les idées impériales
dans la Querelle des Investitures (1075-1122) qui oppose pape et empereur. Les abbayes de Stavelot-Malmedy (fondée ca.
650 par saint Remacle; Malmedy est située dans le diocèse voisin de Cologne), de Lobbes (dans la principauté mais dans le
diocèse voisin de Cambrai), de Gembloux (922), Waulsort-Hastière, Brogne (914), Saint-Trond et Saint-Hubert sont des
centres spirituels et artistiques de premier ordre avec une série de personnalités célèbres : Poppon, Wibald, Olbert, Gérard,
Folcuin, Thierry.
Si le diocèse est le territoire où en théorie l'évêque exerce son pouvoir spirituel, la principauté celui où le prince exerce
son pouvoir temporel, dans les mentalités les notions se confondent souvent. La Meuse égrène des étapes de batelleries
doublées de résidences épiscopales à Dinant, Huy, Liège ou Maastricht. A Liège même elle s'étale dans la vallée avec de
nombreuses îles que domine le Publémont, cette colline sur laquelle sont perchées les collégiales Sainte-Croix et Saint-Martin
et l'abbaye de Saint-Laurent.
Ce n'est qu'en 1559, lorsque le roi d'Espagne Philippe n remodèle le paysage ecclésiastique des Pays-Bas que le diocèse
est restructuré et amoindri. Jusqu'alors il couvrait l'étendue de onze diocèses actuels.
Deuxième otage
Quelques points de repère
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Etienne (901-920), liturgiste et musicien, compose le Magna Vox qui devient le chant de la principauté ainsi que
roffice de la Sainte-Trinité.
Éracle (959-971) fonde les collégiales de Saint-Paul et de Saint-Martin à liège. Notger, l'évêque de Tan mil (9721008), reconstruit la cathédrale et organise sa cité ponctuée d'églises (au milieu du XIIe siècle, Liège compte 7 collégiales
avec 11 paroissiales, au total 26 paroisses, 2 abbayes bénédictines et de nombreux couvents)
Sous Réginard (1025-1037) est construit le pont des Arches qui relie la ville à Outremeuse.
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Théoduin (1048-1075) concède en 1066 une charte de franchises aux bourgeois de Huy, premier exemple conservé
en Europe.
Henri de Verdun (1075-1091) organise le Tribunal de la Paix de Dieu (1081), véritable organe de maintien de l'ordre
dans le diocèse.
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Otbert (1091-1119) acquiert la terre de Bouillon en l'achetant au duc Godefroid parti en croisade en 1096, de même
que Couvin.
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Henri de Leez (1145-1164) participe à l'expédition de l'empereur Frédéric Barberousse en Italie et devient podestat
de Milan.
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Albert de Louvain (t 1192) est assassiné à Reims.
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Albert de Cuyck (1194-1200) donne son nom à une charte qu'il aurait concédée aux Liégeois et qui consacrait
l'égalité du droit criminel ("Pauvre homme en sa maison est roi").
Dans la première moitié du XIIIe siècle trois princes-évêques d'origine française Hugues de Pierrepont, Jean
d'Eppes et Robert de Thourotte favorisent l'éclosion de l'art ogival. Le pays de Liège subit la double attraction du SaintSiège et du royaume de France.
Henri de Gueldre (1247-1274) est un chef de guerre bien plus qu'un évêque.
Adolphe de la Marck (1313-1344) et son neveu Englebert (1345-1364) sont alliés de la France.
Le XVe siècle est évoqué dans la salle du Grand-Prévôt au rez de chaussée.
Érard de la Marck (1505-1538) dont plusieurs souvenirs sont conservés au Trésor est le prince-évêque de la
Renaissance, le contemporain de Charles-Quint et de François Ier.
Mécène, il embellit Liège, fait reconstruire les églises et le palais ("plus accomply que n'est le Louvre et que ne sont les
Tuileries à Paris", selon Philippe de Hurges en 1615) dans une architecture italienne.
La Maison de Bavière, par l'habile système de la coadjuterie - le neveu est pressenti comme successeur - s'installe à
Liège de 1581 à 1723 : Ernest (t 1612), Ferdinand (t 1650), Maximilien-Henri (t 1688) et Joseph-Clément qui en
1694 succède à un évêque national Jean-Louis d'Elderen, dont l'impéritie diplomatique vaut à Liège en 1691 un
bombardement français destructeur.
Dès la seconde moitié du XVIe siècle, pourtant, la neutralité perméable (qui autorise le passage des troupes étrangères)
permet vaille que vaille au pays de traverser les grands conflits. L'industrie du fer et du charbon, l'industrie verrière et celle
d'armements engagent le pays de Liège dans les voies du capitalisme. Jean Curtius (1576-1600), marchand-munitionnaire, est
un bel exemple de ces nouveaux riches qui font fortune.
De nombreux conflits résultent aussi des tendances absolutistes des princes de Bavière, de l'influence de la politique
extérieure par suite de la situation géographique du pays et des luttes civiles entre les partis politiques Chiroux et Grignoux.
En 1589 est créé le petit Séminaire de Saint-Trond et en 1592 le grand Séminaire de Liège, pour la formation du bas
clergé séculier.
Le Siècle des Lumières est illustré à Liège par la forte personnalité de François-Charles de Yelbruck (1772-1784),
tolérant et bienfaisant, qui encourage l'économie et l'enseignement pour sortir les pauvres de leur misère.
C'est César-Constantin de Hoensbroeck (1784-1792) qui est prince-évêque quand éclate la Révolution et François
Antoine de Méan(| 1831), le dernier élu qui devient en 1816 archevêque de Malines et le premier primat de la Belgique
indépendante.
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Deuxième étage
SALLE DU COUTRE
La deuxième salle du second étage est la SALLE DU COÛTRE, essentiellement consacrée à nos collections de textiles
commentées par une série de panneaux didactiques et une vidéo.
Le coûtre - custos - est le gardien du trésor et des reliques; il a la charge du mobilier, des ornements sacrés et des objets
du culte.
La collection de textiles du Trésor témoigne de l'attrait très vif exercé depuis les plus hautes époques dans nos régions
pour les précieuses soieries orientales puis européennes et de la faveur que l'Église leur a accordée de tout temps pour
honorer les reliques sacrées ou pour rehausser les cérémonies du culte.
Ce trésor textile contribue à révéler la splendeur et la diversité d'un art décoratif parmi les plus brillants cultivé dans le
monde civilisé: l'art du tissage de la soie et l'art de la broderie. Il faut toutefois remarquer que le tissage de la soie a eu son
histoire propre répondant à des conditions climatiques impérieuses. La matière premiere, la soie, a joué un rôle
prépondérant. La sériciculture, "l'éducation" du ver à soie, plusieurs fois tentée, s'est révélée impossible sous le climat
d'Europe septentrionale, ce qui explique la rareté des créations des Pays-Bas et d'Allemagne en cette matière. Les artistes de
ces régions ont produit en compensation de remarquables broderies.
L'histoire du tissage de la soie commence en Chine dans les temps les plus reculés (plus de 3000 ans). De Chine, les
techniques se propagent en Perse; l'époque sassanide des VIe et VIIe siècles en est une étape glorieuse. Les procédés de
sériciculture mais aussi les décors sont ensuite transmis à Byzance au VIe siècle sous le règne de Justinien, puis en Europe: du
monde islamique à la civilisation chrétienne par l'intermédiaire de l'Espagne et la Sicile. Les influences stylistiques ou
techniques agiront aussi en sens inverse. Au XIVe siècle, l'Italie (Lucques d'abord) prend la relève et devient sous la
Renaissance la grande productrice de soieries (Venise, Florence, Gênes). A partir du XVIIe siècle, Lyon reprend leflambeau.La
révocation de l'Édit de Nantes (1685), sous Louis XIV, dispersant dans l'Europe entière les artistes huguenots de la soie et
leurs procédés de fabrication, n'empêche cependant pas les manufacturiers lyonnais, au XVIIe et au XVIIIe siècle, de porter à
son apogée la suprématie et le rayonnement intense de la soierie française dont les créations décoratives influent sur tous les
décors textiles d'Europe.
Deuxième étage
Tissus de Haute Époque
Commandées par nos églises dès l'époque mérovingienne, ces soieries médiévales sont un témoignage des relations
existant déjà avant les croisades entre l'Orient et nos régions.
C'est à l'occasion d'un travail d'inventaire des reliques dressé à la demande de Monseigneur de Montpellier, évêque de
Liège (1850-1879), poursuivi de nos jours, que ces documents textiles furent extraits de châsses et reliquaires de l'ancien
diocèse de Liège dans lesquels ils enveloppaient les reliques de saints vénérés dans notre région.Les châsses de saint Lambert
et de sainte Madelberte à la cathédrale de Liège, celles de saint Simètre à Lierneux, des saints Domitien et Mengold et de
Notre-Dame à Huy, de sainte Ode à Amay, des saints Trond et Eucher à Saint-Trond livrèrent de véritables trésors de l'art
textile.
C'est le culte des reliques, dans nos régions, qui nous a valu la conservation de ces nombreuses soieries. Comme la
relique était particulièrement vénérée et précieuse, elle devait être enveloppée dans la matière la plus précieuse qui à
l'époque, était le tissu de soie oriental et méditerranéen.
Ces soieries constituent un éventail très représentatif des diverses fabrications textiles produites du VIe au XIVe siècle par
des ateliers iraniens, byzantins, musulmans, espagnols et italiens. Elles sont révélatrices de l'influence durable de la Perse
sassanide dans son goût du décor animal, hiératique et sévère, hérité de l'ancienne civilisation mésopotamienne et démontrent
que les arabes ont été avant tout le véhicule très dynamique de ce style. Outre les thèmes perses habituels: animaux adossés et
affrontés de part et d'autre du hôm, l'arbre sacré, scènes de chasse et de combat, inscrits dans des médaillons circulaires
bordés d'ornements végétaux stylisés ou géométriques, le décor est aussi emprunté au paganisme antique et aux récits de
l'Ancien et du Nouveau Testament.
Ces soieries sont des taffetas, louisines, lampas, taquetés façonnés mais surtout des samits façonnés. Toutes ces étoffes
ont été placées sur support, après avoir reçu de l'Institut Royal du Patrimoine Artistique les différents traitements que leur état
nécessitait.
Trois grandes vitrines se partagent une moitié de la Salle du Coûtre.
Ces vitrines pourvues de tiroirs sont conçues à la fois pour l'exposition et la
conservation des textiles.
Premier suaire de saint Lambert (2431).
Asie centrale, VIIIe - IXe siècle (190 x 110 cm)
Samit façonné, 2 lie 1,3 lats dont un latte (rouge, crème, vert, latte bleu).
Décor de motifs étoiles constitués d'éléments foliés de formes variées, inscrits
dans des médaillons séparés par des motifs cruciformes. Dans les bordures se
présentent des motifsflorauxstylisés (palmettes sassanides) fréquents sur
d'autres tissus de même origine comme éléments secondaires du décor.
Cette soierie dont on ne connaît aucune autre identique fait partie d'un
groupe detissusde tradition iranienne datés des VIIIe et IXe siècles comparables
par la largeur du métier, par les bordures ou apparentés par le décor et réalisés
dans différents centres detissagede la région de Boukhara, une des plus
importantes cités de l'ancienne Sogdiane, située sur la route de la soie.
Ce groupe a été identifié par D. Shepherd. Le chef defileen est le suaire de
Notre-Dame de Huy provenant de la châsse de saint Mengold, avec ses agneaux
affrontés de part et d'autre du Hôm, l'arbre sacré, inscrits dans des cercles,
portant au revers l'inscription Zandaniji ; nom dérivé de la ville de Zandane à
proximité de Boukhara, qui produisit jusqu'au Xe siècle des soieries de valeur. À ce groupe appartiennent le suaire de sainte
Colombe et de saint Loup du Trésor de Sens, celui de saint Amour et de sainte Landrade des Musées Royaux d'Art et d'Histoire
de Bruxelles, le large morceau du Musée Lorrain de Nancy et de nombreuxfragmentsdu South Kensington Museum de
Londres. Cette soierie enveloppait les reliques de saint Lambert.
Deuxième étage
De la châsse de sainte Madelberte de la cathédrale de Liège :
Tissu au monogramme d'Héraklius, première moitié du VIIe siècle. (2425)
Samit façonné, 2 lie 1, 2 lats, atelier impérial de Constantinople.
Composition d'octogones constitués de motifs en accolades et de plus petits
octogones, dont certains contiennent un motif cruciforme au monogramme de
l'emprereur Heraklius (610-641). Selon l'usage à Byzance toutes les lettres
grecques du nom d'Héraklius participent à la construction du motif cruciforme,
le H et le K plus en évidence, sont disposés alternativement à l'endroit et à l'envers.
Cette soierie constitue un important textile de référence : c'est la première soie
datée (610-641) provenant d'un atelier impérial de Constantinople.
Second suaire de saint Lambert (2443).
Atelier byzantin régional ou atelier islamique, 950-1030
Soie et lin, samit façonné, 3 lie 1, 2 lats (rouge et jaune). Décor rouge sur fond
jaune de cercles perlés avec deux quadrupèdes adossés de part et d'autre du
Hôm, l'arbre sacré, tournant la tête l'un vers l'autre. Motifs stylisés (palmettes
d'origine sassanide) formant une croix aux écoinçons. On voit dans le décor de
cette pièce, traité dans un autre esprit de ce qui se faisait alors à Byzance, une
influence islamique, probablement iranienne.
Ce suaire est remarquable par ses dimensions (300 x 135 cm) et son bon état
de conservation. Il entourait le précédent contenant les reliques sacrées et fut
peut-être offert à saint Lambert par Notger.
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Dans la troisième vitrine seront présentés en alternance quelques-uns des tissus extraits des châsses et reliquaires du
diocèse. Selon l'exposition vous pourrez y admirer notamment :
De la châsse de sainte Ode d'Amay :
samit façonné, 3 lie 1, 2 lats. Espagne,première moitié du XIIIe siècle.
Fleurs de lys et tours crénelées d'un "castillo", décor occidental (2355).
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Deuxième étage
Lafleurde lys, emblème de la monarchie française, et la tour crénelée, emblème de la Castille : blasons assemblés de
Louis Vul et de Blanche de Castille, parents de saint Louis (1226-1270). Un tissu au même décor héraldique est
reproduit sur les monuments funéraires de Blanche de France (t 1240) et de Jean de France (f1248), enfants morts en
bas âge de saint Louis et de Marguerite de Provence, conservés à la Basilique de Saint-Denis (France).
Lampas, ivoire, broché d'or avec bande en taqueté façonné. Espagne, XIIe - XIIIe siècles. Décor d'inspiration orientale
(2356).
Par l'assemblage dans un même tissage de deux structures différentes et par le décor, on peut introduire cette étoffe
dans un groupe de soieries espagnoles dont le centre de tissage est situé à Alméria.
De la châsse de saint Symètre à Lierneux :
Soie hispano-mauresque, XIIe - XIIIe siècles. Samit façonné, 2 lie 1,3 lats dont 1 latte (2427).
Bourse à reliques, d'un atelier islamique, XIIe siècle. Louisine liserée et lancée de soies polychromes et defiléd'or (2324).
Samit façonné, 2 lie 1, 3 lats dont un latte. Iran, post-sassanide, VIIIe - IXe siècles (2320).
Au mur les aquarelles de Jules Helbig:
(2320, 2421, 2423, 2425, 2427, 2431, 2437, 2439, 2442,
2443, 2446, 2447, 2451, 2453, 2454, 2460, 2463, 2464, à>
2469, 2472, 2474, 2475, 2479, 2480, 2484).
Dans le troisième quart du XIXe siècle, Mgr de Montpellier et le chanoine
Lupus souhaitaient replacer dans les châsses et reliquaires les précieuses soieries
orientales qu'ils en avaient extraites à l'occasion de leur inventaire des reliques.
Afin de conserver un souvenir de leurs motifs décoratifs, ils confièrent à Jules
Helbig, historien de l'art et très fin dessinateur, le soin de reproduire à l'aquarelle
le décor de certaines pièces. Celui-ci consacra plusieurs années à cet important et
minutieux travail. Les aquarelles exposées reproduisent en priorité des soieries de
notre collection. Une exception le tissu de sainte Landrade et de saint Amour des
Musées Royaux d'Art & d'Histoire de Bruxelles.
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Dans le fond de la salle sont présentées les âmes en bois des châsses de saint Lambert (4006) et de sainte
Madelberte (4007) - leur orfèvrerie a été pillée à la Révolution. La collection de tissus est aujourd'hui rassemblée sous
l'impressionnante charpente restaurée grâce à la Région Wallonne et à la Commission Royale des Monuments & Sites, comme
dans une immense châsse aux teintes intérieures rouges.
Ornements liturgiques
Les ornements liturgiques (du latin ornamentum:
"parement"; de ornare: "parer, orner") dont l'étude s'appelle la
paramentique, désignent les vêtements et pièces de lingerie que
revêt le célébrant pour remplir une fonction liturgique: messe,
administration d'un sacrement, bénédiction, procession... Y sont
inclus d'autres accessoires utilisés à l'autel.
A des degrés divers, les vêtements liturgiques dérivent du
costume porté par l'aristocratie romaine du Bas-Empire. Au cours
des siècles suivants, tandis que les vêtements civils se modifient
insensiblement, l'Église conserve assez scrupuleusement les
formes adoptées par les premiers chrétiens. Ces vêtements ne
subiront pour ainsi dire pas de transformation si ce n'est dans leurs dimensions, leurs matières et leurs décors. Peu à peu, ils
perdent leur ampleur et leur souplesse et deviennent des ornements paramenta s'enrichissant de pierreries, broderies et
orfrois aux décors représentant outre les principaux symboles chrétiens et des scènes de la vie du Christ et de la Bible, des
rinceaux de feuillage,fleurs,fruits,animaux et armoiries.
Cette mise en valeur des ornements liturgiques s'accentue surtout après le concile de Trente (1545-1563) et la Réforme
Catholique qui voulant restaurer une Église triomphante, vont entraîner un développement considérable des arts religieux.
Après huit siècles d'existence de plus en plus fastueuse par la somptuosité de la matière, l'éclat et la beauté de son
décor, le vestiaire liturgique connaît depuis quelques décennies une importante mutation. En effet, à la suite du
concile Vatican II (1962-1965) qui oriente l'Église vers une plus grande ouverture du monde, vers le
dépouillement des cérémonies et en particulier du vêtement, qui retrouvera sa simplicité originelle, les
ornements sacrés traditionnels, parfois plusieurs fois centenaires sont délaissés et rangés dans les sacristies.
Souvent, ils y agonisent. Ce désintérêt pour ces effets précieux hors d'usage, dont on ne soupçonne souvent
pas la valeur, a marqué la fin d'innombrables et très belles pièces anciennes.
Un ornement liturgique comporte les pièces suivantes taillées dans la même soierie :
La chasuble, sorte de manteau retombant sur la poitrine et le dos (une ouverture permet le
passage de la tête) est le vêtement réservé aux prêtres pour la célébration de la messe.
La dalmatique, sorte de chasuble en forme de croix, ayant deux manches fendues et assez
courtes, est le vêtement significatif du diacre et du sous-diacre.
L'étole, longue bande d'étoffe ornée d'une croix à chacune de ses extrémités, se porte au-dessus
de l'aube et de la chasuble. Elle est l'insigne vestimentaire propre à ceux qui ont reçu le
sacrement de l'Ordre.
La chape est un vêtement de solennité et d'apparat, constitué d'une pièce d'étoffe semicirculaire orné au dos d'un chaperon, ses deux pans étant maintenus par des agrafes.
Le voile de calice, pièce d'étoffe de forme carrée, recouvre le calice durant le chemin d'aller
et de retour entre la sacristie et l'autel.
La bourse, sorte de petit étui carré s'ouvrant en soufflet, est destinée à contenir le corporal,
linge sacré sur lequel est posé le calice durant la messe.
Le manipule, bande d'étoffe élargie et ornée d'une croix à chacune de ses extrémités est
l'héritier du sudarium, voile de lin destiné à s'essuyer le visage et les mains. Aujourd'hui, il
n'est plus utilisé.
L'huméral est un long drap placé sur les épaules du prêtre ou diacre, qui prend en main
le Saint-Sacrement (bénédiction, procession,.,.). C'est par l'intermédiaire des deux poches intérieures de l'huméral
que le prêtre tient le vase sacré.
Il faut signaler que le terme "ornement" désigne aussi chacune de ces pièces.
Le Moyen Age a donné des significations symboliques aux couleurs, notamment pour les vêtements liturgiques. Depuis le
XIII siècle, quatre couleurs ont été arrêtées. Il s'y ajouta le violet. Ainsi se marquèrent dorénavant les différents temps du
cycle de l'année liturgique ou la totalité des fêtes selon les mystères ou le saint célébré.
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Le blanc : symbole de la gloire divine, de la virginité ou de la béatitude : Noël, Epiphanie, Baptême du Christ,
Présentation au Temple, Pâques, Ascension, Trinité, Fête-Dieu, Toussaint, fêtes de la Vierge et des saints non martyrs.
Le rouge : le rouge évoquant le sang ou le feu est utilisé le dimanche des Rameaux, le Vendredi Saint, le jour de la
Pentecôte, aux fêtes des apôtres et évangélistes (sauf celle de saint Jean) et aux fêtes des saints martyrs.
Le vert : symbole de l'espérance : dimanche et fériés des 33 semaines ordinaires (environ 7 après l'Epiphanie et 26
après la Pentecôte).
Le violet : symbole de la conversion et de l'humble supplication (a remplacé le noir) : l'Avent et le Carême; les messes
et les offices pour les défunts.
Le noir : symbole du deuil : autrefois, cf. le violet; aujourd'hui, permis pour les messes et les offices pour les défunts.
Deuxième étage
Le rose : symbole de la douce joie dans l'attente : le 3 e dimanche de l'Avent (Gaudete) et le 4e dimanche du Carême
(Laetaré).
Le bleu : symbole de Marie, Mère du ciel. En Espagne, pour les fêtes de la Vierge.
L'or : symbole de la gloire : en remplacement des couleurs pour les solennités.
L'argent : peut remplacer le blanc.
Des panneaux explicatifs fournissent des indications plus précises sur les ornements liturgiques ainsi que des
informations sur les symboles de l'iconographie chrétienne et les attributs et symboles des apôtres et évangélistes.
Les ornements exposés ne remontent pas au-delà du XVe siècle, les pièces plus anciennes sont rares. Ces pièces
proviennent de la cathédrale et de l'ancienne collégiale Saint-Paul. Certaines sont des dons de particuliers ou des dépôts de
paroisses et de communautés religieuses.
A côté de précieux velours italiens de la Renaissance au décor floral stylisé inspiré du chardon et de la grenade, et ornés
parfois de véritables tableaux de broderies, sont exposées de somptueuses soieries des XVIIe et surtout XVIIIe siècles tissées à
Lyon; de nombreuses commandes d'églises en font foi. Lafleursera l'élément ornemental essentiel de ces soieries lyonnaises.
Du motif floral stylisé on en vient à sa représentation réaliste,
d'abord de grand format, puis plus menu. Présentée selon une
ordonnance très rigoureuse au XVIIe siècle, la composition
florale sera au cours du XVIIIe siècle empreinte de grâce et de
fantaisie. Ces ornements sont taillés dans les mêmes soieries que
celles des vêtements féminins de luxe. Pour ces soieries plus
délicates on délaisse les velours au profit des damas, satins et
taffetas brochés, lampas, chinés à la branche...
En outre, de la première moitié du XIXe siècle sont exposés
quelques ornements somptueux, chefs-d'oeuvre de la broderie
d'or, confectionnés à Rome, acquis par d'éminents prélats
liégeois. La cathédrale est aussi très riche en ornements néogothiques qui apparaîtront dans la deuxième moitié du XIXe siècle.
Dans les vitrines sont exposés en alternance des ornements provenant de la cathédrale, des églises de Liège et du
diocèse, ainsi que des dons de diverses communautés religieuses.
De la Congrégation des Sœurs de Saint-Charles Borromée de Liège :
Chasuble, dalmatiques, étole, manipule, bourse et voile de calice, milieu du XVIIIe siècle. (3445)
Les différentes pièces de cet ornement sont faites de chutes assemblées provenant de deux soieries d'armures similaires
Gros de Tours ivoire liseré et broché de soies polychromes, d'or et d'argent. Seule la chape permet de lire le décor
complet de cette soie : composition en lignes verticales onduleuses definesbranchesfleuriesavec bouquets au naturel dans
les espaces vides.
L'autre soierie doit présenter la même ordonnance avec des fleurs en coloris et palmes d'or de plus grand format.
En alternance aussi une importante collection de voiles de calices des XVIIe et XVIIIe siècles.
Plusieurs dentelles ont également pris place dans les vitrines :
Surplis, XXe siècle. (3408). Dentelle (coton) au point de Beauvais : crochet sur tulle mécanique. Dentelle de feuilles
et de fleurs retravaillées d'ajours. Don de Mgr Guillaume-Marie van Zuylen.
Rochet, XVIIe siècle. (3409). Haut en coton : gaufrage élaboré. Don de Mgr Guillaume-Marie van Zuylen.
Bas : dentelle au fuseau (coton) : vieux Flandre. Poignets et pattes d'épaules sur taffetas rouge : dentelle de Milan
(technique àfilcontinu)
Encolure : Valenciennes. Don de Mgr Guillaume-Marie van Zuylen.
Aube, dentelle XIXe - XXe siècles. (3331). Duchesse de Bruxelles au fuseau (lin), toile, grillé, barettes... Fleurs
traditionnelles de la Duchesse de Bruxelles, grandes feuilles, le tout relié par des brides picotées. Cœurs des fleurs
travaillés à l'aiguille. Poignets en Vieux Flandre (XXe siècle) : fuseau et aiguille. Provient de l'abbaye cistercienne du Val
Notre-Dame d'Antheit. Don de M. le Chanoine Maurice Devos.
Au fond de la Salle, tout en haut de l'escalier moderne : Vierge à l'Enfant mannequin Notre-Dame du Mont
Carmel, première moitié du XVIIIe siècle (221). Sur velours brun, lourdes broderies d'or en relief exécutées selon les
annales du Carmel par Mère Marie-Emmanuel de Sainte Thérèse (f 1755).
Provient du Carmel du Potay {Dépôt du Carmel de Mehagne).
Dans le cloître, face à la sortie du Trésor
EXERCICE DE STYLE :
Nostalgie d'une cathédrale perdue
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"Tu vois, avec toutes ces poutrelles, ces tubulures et ces colonnes de fer, c'est un exercice de style que de l'imaginer, ta
cathédrale", me disait Carolina, le dos tourné au magasin Marks & Spencer, fleuron anglo-liégeois bientôt disparu lui aussi.
"Mon trésor, lui répondis-je, imaginer cette cathédrale de style gothique est un exercice qui nous conduit à explorer un
imaginaire, celui des Liégeois aux prises avec leur histoire tumultueuse". Je lui expliquai que la cathédrale Saint-Lambert était
intimement liée à l'originalité du Pays de Liège dans l'Ancien Régime, et qu'à la fin du XVIIIe siècle, la transition
révolutionnaire avait été pleinement vécue par les Liégeois. La Révolution fut un spectacle, comme toutes les choses humaines
exacerbées, et lorsque la dramatique décision fut prise en février 1793 de démolir la cathédrale, les révolutionnaires liégeois
voulaient se mettre au diapason de la France républicaine, qui venait de guillotiner un roi de Droit divin. La cathédrale fut
littéralement démontée, dans le cadre d'un vaste chantier qui s'éternisa, et le vide laissé fut plus un obstacle qu'un espace, un
trou de mémoire, un trou noir qui aspira les énergies liégeoises. Les polémiques du XIXe siècle stimulèrent la confusion, les
uns réduisant la Révolution et ses acquis à un acte de vandalisme, les autres cherchant à démontrer que la cathédrale n'était
belle qu'aux yeux de ceux qui voulaient bien la voir ainsi. Dans les esprits, la démolition de la cathédrale fut associée à la fin
de la patrie liégeoise, fondue dans la France, la Hollande, puis la Belgique. Cette dernière fut si moelleuse que les Liégeois ne
revendiquèrent pas en 1830 leurs antiques privilèges et la restauration de leur principauté indépendante. Une page était
tournée, il restait à la mémoire à s'emparer d'une absence pour la déplorer, et entretenir en son sein les effets ambigus de la
nostalgie.
Je concluai mon récit: "Voilà mon trésor où tu mets les pieds, en traversant une place enfin rénovée". Carolina, l'oreille
vive comme toujours, ne manqua pas l'occasion: "A propos de trésor, où est passé le contenu de cet édifice?". Je lui racontai
les affres de sa dispersion. Mais tout n'était pas perdu, et l'on peut aujourd'hui encore poser un regard sur quelques
témoignages d'une survivance, là où les Liégeois se donnèrent une nouvelle cathédrale. Il est facile de s'y rendre, d'y pénétrer,
et de laisser le souvenir prendre corps au détour des pièces exposées". Mais c'est encore un exercice de style, me répondit
Carolina, qui consiste à tisser des liens entre des objets pour reconstruire un passé".
"Et se laisser entraîner par lui, ajoutai-je, mais n'est-ce pas le propre de toute histoire, celle que nous partageons
maintenant, comme celle dont nous sommes respectivement issus?".
Carolina, loin de son Argentine natale, ne put que se résoudre à sourire sur cette place qu'elle faisait
sienne, en s'emparant à son tour du souvenir d'une cathédrale disparue.
Ph.R.
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Hl I lu
Liste simplifiée des évêques de Tongres-Maastricht-Llège, depuis les origines
(Les chiffres entre parenthèses correspondent à des dates hypothétiques.)
Servais : vers 350
Faicon : vers 500
Domitien : vers 540
Monulfe : vers 600
Bettulfe : vers 614
Amand : vers 650
Théodard : vers 670
Lambert : vers 675 (déposé)
Pharamond : vers 680 (déposé)
Lambert : vers 680 (réinstallé) f 17 septembre
d'une année inconnue, 705 au plus tard.
Hubert : vers 705 - f 30 mai 727.
Florebert : vers 730 - f (736-738)
Fulchaire : (736-738) - f 20 août (769)
Agilfrid : (769) - f 13 décembre (787)
Gerbald : (787-788) - 1 18 octobre (810)
Walcaud : (810-811) - 1 (831)
Erard: (831)-f (838-840)
Hartgard : (838-840)
1 1 e r août de l'année 857 au plus tard.
Francon : vers 857 - f 9 janvier 901.
Etienne : (901) - f 19 mai 920
Richer: 9 2 0 - 1 2 3 juillet 945
Hugues : 945 - f 26 janvier 947
Fa ra bert : 947 - f 28 août 953
Rathier : 953 - 955 (déposé)
Baldéric Ier : 955 - 1 20 avril 959
Eracle : 959 - f 27 ou 28 octobre 971
Notger : 972 - f 10 avril 1008
Baldéric II : 1008-1 29 juillet 1018
Wolbodon d'Utrecht : 1018 - f 21 avril 1021
Durand : 1021 - 1 23 janvier 1025
Réginard : 1025 - 1 5 décembre 1037
Nithard : 1037 - f 14 août 1042
Wazon : 1042 - f 8 juillet 1048
Théoduin : 1048 - 1 23 juin 1075
Henri Ier de Verdun : 1075 - f 31 mai 1091
Otbert : 1091 - f 31 janvier 1119
Frédéric de Namur : 1119 - f 27 mai 1121
Albéron Ier de Louvain : 1122 - 1 e r janvier 1128
Alexandre Ier : 1128 -1135 (déposé)
Albéron II de Chiny : 1135 - f 22 mars 1145
Henri II de Leez : 1145 - f 4 septembre 1164
Alexandre II : 1164 - f 9 août 1167
Raoul de Zàhringen : 1167 - f 5 août 1191
Albert Ier de Louvain : 1191 - 1 24 novembre 1192
Lothaire de Are-Hochstaden : 1192 -1193 (déposé)
Simon de Limbourg : 1193 -1195 (déposé)
Albert II de Cuyck : 1194 - f 2 février 1200.
Hugues de Pierrepont : 1200 -1229
Jean d'Eppes : 1229 -1238
Guillaume de Savoie : 1238 -1239
Robert de Thourotte : 1240 -1246
Henri de Gueldre : 1247 -1274
Jean d'Enghien : 1274 -1281
Jean de Flandre : 1282 -1291
Hugues de Chalon : 1295 -1301
Adolphe de Waldeck : 1301 -1302
Thibaut de Bar: 1302-1312
Adolphe de La Marck : 1313 -1344
Englebert de La Marck : 1345 -1364
Jean d'Arckel : 1364 -1378
Arnould de Hornes : 1378 -1389
Jean de Bavière : 1389 -1418
Jean de Walenrode : 1418 -1419
Jean de Heinsberg : 1419 -1455
Louis de Bourbon : 1456 -1482
Jean de Hornes : 1484 -1505
Erard de La Marck : 1505 -1538
Corneille de Berghes : 1538 -1544
Georges d'Autriche : 1544-1557
Robert de Berghes : 1557 -1564
Gérard de Groesbeek : 1564 -1580
Ernest de Bavière : 1581 -1612
Ferdinand de Bavière : 1612 -1650
Maximilien-Henri de Bavière : 1650 -1688
Jean-Louis d'Elderen : 1688 -1694
Joseph-Clément de Bavière : 1694 -1723
Georges-Louis de Berghes : 1724 -1743
Jean-Théodore de Bavière : 1744 -1763
Charles-Nicolas d'Oultremont : 1763 -1771
François-Charles de Velbruck : 1772 -1784
César-Constantin-Fr. de Hoensbroeck : 1784 -1792
François-Antoine-Marie de Méan : 1792 -1794
Le diocèse ou évêché de Liège est né d'une circonscription administrative de l'Empire romain : la "cité des Tongres". Au
X siècle, l'évêque de Tongres-Liège, grand dignitaire ecclésiastique du Saint-Empire germanique, devient en outre prince
territorial : telle est l'origine d e la principauté episcopale d e Liège qui subsistera jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. L'État liégeois
était p a r conséquent dirigé p a r un prince-évêque qui, comme tous les évêques, était élu mais qui se tenait pour le fils spirituel
de ses prédécesseurs et, en particulier du célèbre saint Lambert, qui avait vécu vers l'an 700. Les "successeurs de saint
Lambert" étaient donc persuadés qu'ils formaient une series episcoporum,
u n e "série d'évêques", une véritable généalogie
religieuse et politique.
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L'association "Fondation Saint-Lambert" a pour mission la gestion technique etfinancièredu Trésor de la Cathédrale de Liège. Elle
encourage toutes les actions visant à la conservation et à la restauration des œuvres appartenant à la cathédrale. La Fondation porte le
nom de saint Lambert, patron du diocèse de Liège, pour rappeler les nombreux souvenirs du saint et de l'ancienne cathédrale conservés
au Trésor.
Sous la présidence de Monseigneur l'Évêque de Liège et du Doyen du Chapitre cathédral, la Fondation, créée en septembre 1992,
rassemble des énergies d'horizons divers dans le but de favoriser la préservation de ce patrimoine artistique de premier plan. Beaucoup
de Liégeois ont déjà répondu à son appel.
Vous pouvez nous aider et soutenir notre association en adressant vos dons au compte bancaire 775-5993672-63 de la Fondation
Saint-Lambert, rue Bonne Fortune 6 à 4000 Liège.
Vous pouvez participer à notre campagne de restauration des œuvres d'art sous l'égide de la Fondation Roi Baudouin. Exonération
fiscale pour tout don supérieur à 1.000 FB au compte bancaire 000-0000004-04 de la Fondation Roi Baudouin, rue de Brederode, 21 à
1000 Bruxelles avec mention indispensable PTL - Don patrimoine - Trésor Saint-Lambert.
Exposition organisée en partenariat avec la Ville de Liège
Mr Hector Magotte, Échevin des Musées et Mr Michel Firket, Échevin de l'Environnement & du Tourisme
Le Chapitre cathédral et son Doyen, Mr le Chanoine Roger DutilleuJ
La Fondation Saint-Lambert, son Président d'Honneur Monseigneur Albert Houssiau et son Président Mr le Chanoine André Renson
Le Conseil scientifique du Trésor, son Président Mr le Professeur Jean-Louis Kupper
Le Trésor adresse ses remerciements les plus vifs à :
Monseigneur Guillaume-Marie van Zuylen, Évêque émérite de Liège
Mr Paul Bolland, Gouverneur de la Province de Liège et Mr Paul Emile Mottard, Député Permanent
Mr Robert Collignon, Président du Parlement wallon
Mr Karl-Heintz Lambertz, Ministre-Président de ta Communauté Germanophone de Belgique
Mme Marie Arena, Ministre de l'Emploi et de la Formation du Gouvernement Wallon
Mr Pierre Hazette, Ministre de l'Enseignement secondaire, Mr Rudy Demotte, Ministre de la Culture, de la Communauté Wallonie-Bruxelles et Mr Patrice Dartevelle, Directeur
l'Ambassade des Pays-Bas à Bruxelles
Mr Willy Demeyer, Bourgmestre de Liège et Mr Pierre Paquet, Chargé de Mission
Mme Nicole Darding (Affaires Culturelles) et Mr Jean-Marie Verdière (Échevinat du Tourisme), Mr Jean-Marie Roberti (Protocole)
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FONDATION
ROI
BAUDOUIN
Mr le Professeur Willy Legros, Recteur de l'Université de Liège
Mme Liliane Masschelein, Directeur de l'Institut Royal du Patrimoine Artistique à Bruxelles
Mme Mamine Pirotte, Directeur du Centre RTBF Liège
Mr Jean-Luc Jaspers, Directeur régional de BACOB Banque
Mr Jacques Baijot, Mr Jan Pincket, et Mr Albert Vandervelden
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Nous remercions de leurs conseils scientifiques
Monseigneur Albert Houssiau, Catherine Dechameux, et Pierre-Yves Kairis
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Aux personnes bénévoles qui assurent l'accueil :
Mmes Aerts, Daigneux, Dubois, Graillet, Henry, Hoffelink, Jacquet, Jamart, Janssen, Lepersonne, Magnery, Maréchal, Neutelings, Pierry, Somberg, Voz,
Melles Benoît, Boveroux, Dubois, Leclercq, Lorphèvre, et Mrs Daigneux, Grayet et Raeven
ie
Au personnel de la Cathédrale :
Les Sacristains Paul Roloux et Christian Giberne, Mme Maria Kempenne, Mme Bernardina Soubras, et Mr Willy Hasevoets, engagé dans le cadre du Décret du
Conseil Régional Wallon du 31 mai 1990 créant un programme de promotion de l'emploi ( P.R.I.M.E.).
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Les Feuillets de la Cathédrale de Liège sont une publication périodique éditée par le Trésor de la Cathédrale de Liège.
Les Feuillets de la Cathédrale de Liège sont en vente au Trésor mais peuvent aussi être obtenus via la Poste.
N°l (199D P COLMAN, Ph. GEORGE, B. LHOIST, Fr. PIRENNE & alii, Monseigneur Charles d'Argenteau, doyen du Chapitre cathédral de Liège (1842-1879), 6 p. : épuisé.
N° 2-6 (1992) B. LHOIST & alii, Les peintures de la cathédrale de Liège. Histoire et restauration, 40 p.
N*7 (1992) }.-L. KUPPER, Saint Albert de Louvain, évêque de Liège. Le dossier d'un assassinat, 12 p.
N° 8 (1993) Ph. GEORGE & G. GOOSSE, Visite du Trésor de la Cathédrale (I), 12 p.
N° 9 (1993) J-L. KUPPER, Saint Lambert. De l'histoire à la légende, 16 p.
N°10 (1993) Fr. PIRENNE, À la découverte des tissus de la châsse de sainte Madelberte, 8 p.
N* 11-12 (1993) R. DIDIER, Mater Dei. A propos de quelques sculptures de la Vierge, 16 p.
N° 13-15 (1994) R. DIDIER, Miseratio Christi, redemptio munâi. Propos d'iconographie. Sculptures médiévales de la Passion, 24 p.
N° 16-17 (1994) J.-L. KUPPER, Les fonts baptismaux de l'église Notre-Dame à Liège, 12 p., 6 photos couleurs, 1er tirage épuisé; 2e tirage (2000)
N° 18-20 (1995) Ph. GEORGE, Les routes de la foi en pays mosan (IV-XV* siècles). Sources, méthode et problématique, 24 p.
N° 21-23 (1996) L. MARÜN0T, G. WEBER & Ph. GEORGE, La clé de saint Hubert, 24 p.
N° 24 (1996) Fr. PIRENNE, Textiles du Moyen Age de l'ancien diocèse de Liège, 8 p.
N° 25-26 (1996) P. PERIN, L 'art mérovingien. Permanences & innovations, avec la collaboration d'A. DIERKENS, 20 p.
N° 27 (1996) Dinanderies médiévales. La technologie au service de l'art et de l'histoire, 12 p.
N° 28-32 (1997) P. ALEXANDRE &J.-L. KUPPER, Le tremblement de terre de 1692 à Verviers et le miracle de Notre-Dame des Récollets, avec compl. sur La Vierge
dite des Avocats du Trésor, 32 p.
N° 33-38 ( 1998) M. & M.-H. MELARD-MARGANNE, Cloches & carillons en principautés de Liège et de Stavelot-Malmedy, et B. LHOIST, Les cloches et le carillon de
la cathédrale de Liège, de la Révolution à nosjours, 48 p.
N° 39-41 (1998) Fr. PIRENNE & Ph. GEORGE, Le nouveau Trésor de la Cathédrale de Liège. Visite du Trésor (11), 24 p. (épuisé).
N° 42-45 (1999) P- GERIN, Edouard Froidure (1899-1971). Un ecclésiastique belge dans son temps. Essai de chronologie, 32 p.
N*46-53 (2001) : Equipe d'Archéométrie de l'Université de Liège, Henri Bles à Liège, 64 p.
N" 54-60 : Collectif, Liège. La cité des Princes-Evêques. Du Musée Curtius au Trésor de la Cathédrale, 56 p.
En 2000, pour l'exposition Liège. Autour de l'an mil, la naissance d'une principauté QC-XlIe siècle),
un livre de 208 p. est sorti de presse aux Editions du Perron à Liège (ISBN : 2-87114-178-9 ).
isoràc
Trésor de la Cathédrale de Liège
rue Bonne Fortune 6 à B-4000 LIÈGE
Tél. 04 2326132 fax. 04 2326133
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Ouvert tous les jours sauf le lundi, de 14 à 17 heures; visite guidée quotidienne à 15 heures;
réservation pour groupes et possibilité en dehors des heures habituelles d'ouverture.
56
•ge.
épuisé.
i Vierge
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FEUILLETS DE LA CATHÉDRALE DE LIÈGE, n 53-59 (2001)
Visite du Trésor (III), complément aux Feuillets n° 8 (1993)
Visite (I) et n°39-41 (1998)Visite (II)
© Trésor de la Cathédrale de Liège
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5,00 €
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Liège, cilé des Princes-Evèques