Énergie Le Ried bientôt dans le vent ?

Plusieurs maires de communes du Ried ont récemment été contactés par un développeur d’énergie éolienne pour établir un parc dans le secteur. L’édile de Muttersholtz Patrick Barbier fait partie de ceux qui se sont montrés intéressés. Même si le projet n’en est qu’à ses balbutiements et risque encore de battre de l’aile.
Luc Sorgius - 11 déc. 2015 à 05:00 - Temps de lecture :
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« Il n’y a clairement aucune décision prise. » Patrick Barbier annonce la couleur : pour voir des éoliennes fleurir à Muttersholtz et ses environs, il faudra encore patienter « six ans, au bas mot » selon le maire de la commune. Dans le Grand Ried, le sujet est pourtant dans l’air du temps. Depuis le 3 octobre exactement à Muttersholtz, date à laquelle Patrick Barbier a été sollicité par Intervent, une société qui développe l’énergie éolienne. « Avant, je ne savais pas que mettre des éoliennes dans la plaine d’Alsace pouvait être intéressant », concède-t-il. Alors que son homologue de Mackenheim Jean-Claude Spielmann a décidé d’en référer directement au conseil municipal (voir encadré), Patrick Barbier a décidé qu’il était urgent d’attendre : « Les éoliennes, c’est un sujet symbolique. Il y a une pré-étude à faire pour voir les tenants et les aboutissants d’un tel projet. Il y aurait un potentiel à 100 mètres de haut, mais ça reste vraiment à vérifier. La première phase, c’est étudier le potentiel. »

Si potentiel il y a, le maire de Muttersholtz n’y serait assurément pas insensible, lui qui n’a jamais caché ses convictions écologistes. Il a récemment participé à un colloque sur la filière éolienne à Offenbourg, en Allemagne, pour se familiariser avec le sujet. « J’étais surtout intéressé par comment on associe les citoyens à ce projet-là. »

« La bonne énergie au bon endroit »

C’est l’un des aspects les plus délicats d’un projet de parc éolien : faire en sorte que la population suive le mouvement et aille dans le sens du vent. D’autant que « la procédure est extrêmement lourde », reconnaît Patrick Barbier : « Il faudra faire une étude d’impact approfondie et une enquête publique. Un accord politique n’est pas suffisant, il faudra aussi l’accord des propriétaires des terrains. » Un projet qui sera « forcément intercommunal », observe le maire de Muttersholtz, qui déclare être déjà en contact avec son collègue de Baldenheim et prévoit de discuter « éoliennes » avec le maire de Wittisheim, puisque la zone la plus propice à l’établissement d’un parc éolien se trouve entre ces trois communes.

« Il y a plusieurs contraintes , détaille Patrick Barbier. La première, c’est qu’il faut que ce ne soit pas près d’un aéroport. À partir du nord de Muttersholtz, ce n’est pas possible à cause de l’aéroport d’Entzheim. Et, au sud de Marckolsheim, la zone serait interdite à cause de la centrale de Fessenheim… » Selon une carte remise par la société Intervent, il y a également une zone de 500 mètres autour des habitations à respecter. Sans oublier les contraintes liées à l’irruption de grandes tours dans le paysage. « Notre réflexion, c’est : la bonne énergie au bon endroit. Les éoliennes, OK, mais pas n’importe où », sourit Patrick Barbier. Sur le plan financier, « a priori, il n’y a pas de souci. Le développeur est prêt à investir », remarque le maire de Muttersholtz.

Pour l’instant, la seule réticence exprimée auprès de Patrick Barbier consiste en un e-mail anonyme arguant « que nous avons déjà le pétrole et le nucléaire. Mais pour l’instant, il n’y a pas de débat ». Ne reste plus, pour lui, qu’à attendre de voir dans quel sens le vent tourne.

« Créer une dynamique qui doit être largement partagée »

Le maire de Mackenheim Jean-Claude Spielmann a été le premier à officialiser la réflexion sur la création d’un parc éolien sur le ban de sa commune en soumettant un projet de délibération pour une étude sur la question au conseil municipal (nos éditions du 23 et du 26 septembre). « C’était une étape judicieuse , explique-t-il, dès le départ, je voulais associer le conseil et la société civile. Je voulais être le déclencheur d’une réflexion. » Jean-Claude Spielmann évoque « d’autres pistes » comme « l’utilisation des écluses du canal du Rhône au Rhin qui pourraient accueillir des turbines pour des chutes de faibles hauteurs », un projet dont il souhaite parler à son homologue de Marckolsheim Frédéric Pfliegersdoerffer. Le maire de Mackenheim aimerait ainsi élargir la réflexion sur les énergies renouvelables aux autres communes du secteur : « Il faut créer une dynamique qui doit être plus largement partagée. L’intercommunalité doit se saisir de cette problématique, voire le SCoT (Schéma de cohérence territoriale). »

À Muttersholtz, ça turbine pour la centrale

Achetée en 2010 à EDF, la centrale hydroélectrique de Muttersholtz-Ehnwihr fait actuellement l’objet d’une réflexion « pour atteindre un minimum de rentabilité financière », selon le maire de la commune Patrick Barbier. À l’étude : l’emplacement idéal de la turbine, soit « sur la chute de la microcentrale, là où se trouvent les vieilles turbines, soit au barrage de l’Ill, où la chute est à peu près la même ».

Un autre paramètre rentre en compte dans le projet de développement de la centrale : la présence d’une espèce de moule protégée dans le Muhlbach, « la même qu’à Schoenau », sourit Patrick Barbier. Ce qui peut poser problème en cas de curage du cours d’eau, nécessaire si la turbine est installée sur la chute de la microcentrale. « L’idée serait de créer un “petit Muhlbach” en amont du barrage qui rejoindrait directement le Muhlbach. La centrale produira moins si la turbine est installée au barrage, mais il n’y aura pas besoin de curage. Pour l’instant, c’est l’hypothèse qui tient la corde. »

Devant toutes ces hypothèses, il faudra encore patienter un peu avant que la centrale soit mise en service, « probablement 2017 », estime Patrick Barbier.