Frère Germain Dufour, cinquante ans de fraternité de Baugnies à Liège et de Liège à Wasmes-A-B.
Germain Dufour, de Baugnies, est entré dans les ordres en 1970. Il consacre sa vie aux personnes dans le besoin.
- Publié le 24-12-2020 à 06h00
Germain Dufour naît à Baugnies en 1943. «Mes parents étaient des agriculteurs. À 12 ans, je me suis retrouvé chez les Franciscains à Tournai. J'aimais le silence de la bibliothèque, pouvoir lire, me plonger dans l'histoire qui sera toute ma vie une passion. J'étais bien. Mais la messe obligatoire m'a plutôt refroidi.» Pourtant, en dernière année, Germain a un ami qui poursuit ses études et sa formation chez les Capucins. «Je trouvais cela triste au départ, bien qu'il m'ait expliqué les principes de saint François d'Assise. Puis il est passé par Paris comme prêtre ouvrier et j'ai découvert qu'on pouvait vivre la religion autrement qu'enfermé. C'est son cheminement qui m'a amené, à mon tour, chez les Capucins. Dans un quartier populaire, de quoi me «décaper la tête».
Mais ça restait jusque-là plutôt un sentiment de charité. Germain passe par Strasbourg, puis Tours où il découvre comment les mécanismes sociétaux entraînent la misère. «Après mon service militaire, j'ai étudié la théologie à Louvain et je me suis retrouvé dans une maison de quartier où vivaient des Berbères, des populations défavorisées et la confirmation qu'il existait en Belgique des situations désespérées. Dans le même temps, le dialogue islamo-chrétien est devenu pour moi une évidence et il l'est encore.»
On est en 1970, et il est ordonné prêtre en l’église Saint-Nicolas de Baugnies. Sa vie va changer.
L’expérience de la rue
Germain obtient l'autorisation de s'installer dans un quartier pauvre de Liège. Il sera prêtre ouvrier. Mais aussi ouvrier en usine, puis balayeur au service voirie. Au contact des exclusions générées, notamment, par des projets urbanistiques inadmissibles. «Je me suis mis à lutter contre ces éléments qui engendrent la pauvreté. Je suis ainsi entré en politique comme assistant à mi-temps d'un échevin de Liège, plus tard comme conseiller communal de la ville. Puis aussi sénateur. Et, à un moment, plus rien…
Une découverte de la misère, des huissiers, des amendes, des menaces et en même temps une expérience de ce que vivent les rejetés de la société, les SDF. On découvre ces «morts de la rue», anonymes, sans famille, que l’on enterre sans nom, sans cérémonie. Ça s’arrange un peu en ce moment, mais pas partout et c’est inadmissible.»
Une maison ouverte
À Liège existe un espace de vie collective, créé par le frère Germain il y a 33 ans. «C'est une maison avec cour et jardin où je peux accueillir une vingtaine de personnes. Tout le monde y est admis s'il est dans le besoin. On y cultive le dialogue islamo-chrétien, on croise des couples en souffrance, des couples gay ou lesbiens, des gens qui ont sombré dans la misère.»
En marge de toute cette détresse, une petite phrase du frère Germain résonne comme un message de Noël : «La vie commune réchauffe.»
Bernard Cornu a souhaité mettre en pages la vie de frère Germain. Une biographie fouillée, accompagnée de photos et de nombreux documents. Mais aussi de textes dits lors des messes par le frère Germain et par des paroissiens.
0479 12 23 77