Mareil-Marly : le destin des Morts pour la France à portée de clic
Avec son appli « Mémoire d’homme », le Souvenir français préserve les tombes et la mémoire des combattants « morts pour la France ». Elle fait œuvre de pédagogie pour les jeunes générations.
Il était docteur en droit. Au milieu du cimetière de Mareil-Marly, son visage apparaît sur l'écran du Smartphone. En noir et blanc, dans son uniforme de capitaine. Le 29 octobre 1914, Paul Boidin est « Mort pour la France ». Grâce à l'application « Mémoire d'homme » mise au point par l'association Le Souvenir français, ce soldat a « retrouvé son histoire ». Comme Ernest-Charles Yvert, Pierre Lecointe, Paul Tampier, Edouard Morvan et Baptiste Mezquida, ce héros de la Première Guerre mondiale enterré à Mareil-Marly repose dans une tombe qui fait œuvre de mémoire. Et de pédagogie.
Après le Père-Lachaise à Paris (XX e ), le cimetière de ce village de 3 500 habitants est le deuxième d'Ile-de-France à bénéficier du dispositif de géolocalisation des tombes de soldats morts au cours des deux guerres mondiales, mais aussi des conflits plus contemporains (Indochine, Afrique du nord) et des opérations extérieures (OPEX). Inauguré au Plessis-Belleville (Oise) en mai 2016, le concept essaime peu à peu sur l'ensemble de la France.
Pour son lancement dans les Yvelines, le Souvenir français cherchait une petite commune et un cimetière à taille humaine. Il y a trois mois, le conseil municipal a accepté « avec fierté » de devenir commune pilote pour le département. « C'est une manière totalement innovante d'aborder le devoir de mémoire, avec un outil très pédagogique qui permet de tisser des liens entre les générations », estime Brigitte Morvan, maire (DVD) de Mareil-Marly.
Six tombes géolocalisées à Mareil-Marly
Vidéo, son, texte, photos… Plusieurs contenus associés à la biographie du combattant sont téléchargeables. LP/E.G.
Pour s'offrir cette découverte « à la convergence de trois histoires (familiale, communale et nationale) », il suffit de télécharger l'application gratuite sur un Smartphone ou une tablette. Une fois dans le cimetière, en cliquant sur l'icone correspondant à la sépulture choisie, le visiteur découvre des informations sur la biographie du combattant et, à travers lui, sur l'histoire du conflit qu'il a traversé. Vidéo, son, texte, photos… : plusieurs contenus associés sont téléchargeables.
A Mareil-Marly, c'est Christian Dusserre, conseiller municipal délégué à la Défense qui a prêté sa voix pour l'enregistrement des textes audios, réalisés dans les studios de La Clé, à Saint-Germain-en-Laye. Le recueil des éléments de biographie repose sur un partenariat avec la fédération nationale de généalogie. Et sur une collecte de mémoire vivante, auprès des habitants.
Le projet est soutenu par la région Ile-de-France, qui alloue 32 000 € par an à l'association depuis l'année dernière. « La présentation de ces destins individuels est une véritable leçon d'histoire, insiste Patrick Karam, vice-président de la région en charge de la jeunesse et de la vie associative. Nous voulons préserver toutes ces tombes pour éviter une amputation de la mémoire en Ile-de-France ».
L'arrivée de l'application à Mareil-Marly fera l'objet d'une inauguration officielle et ouverte à tous, ce vendredi (à 10 heures), dans le cimetière communal. Vingt-six adolescents scolarisés au lycée franco-allemand de Buc et quarante-neuf écoliers du Pecq ont testé l'application en avant-première la semaine dernière. « Leur enthousiasme est immédiat, se félicite Karline Duguay, secrétaire générale du Souvenir français pour les Yvelines. C'est une révolution dans la manière d'aborder l'histoire avec les jeunes générations ».
Les communes intéressées peuvent contacter le Souvenir français sur le-souvenir-francais.fr. La géolocatisation des tombes coûte entre 2 300 et 7 800 € selon la taille de la commune.
