RAP -2010, n° 1/ 2, François Malrain et al., Le site artisanal de La Tène finale et du gallo-romain de Ronchères (Aisne) " Le Bois de la Forge".

41 Le SITE ARTISANAL DE LA TèNE FINALE

E T DU GALLO-ROMAIN de

RONCHèRES (AISNE) " LE BOIS DE LA FORGE"

François MALRAIN, Sylvain BAUVAIS, Bénédicte HENON, Vincent LEGROS, Marion SAUREL & Véronique PISSOT avec les contributions de Muriel BOULEN & Kai FECHNER

Le site artisanal de la Tène finale et du gallo-romain de Ronchères (Aisne) " Le Bois de la Forge".

Préambule

L’intervention archéologique menée sur la commune de Ronchères, " Le Bois de La Forge" dans le département de l’Aisne, s’inscrit dans les travaux préalables à la mise en place du TGV Est (Paris-Strasbourg). L’évaluation de cette partie du tracé, menée par D. Lukas, avait révélé d’importants vestiges laténiens nécessitant une opération de fouille (Lukas 2002). L’emplacement du site avant les travaux ferroviaires présentait deux états de conservation très contrastés dus aux actions anthropiques. Une parcelle était boisée tandis que l’autre était en culture. Dans l’espace cultivé, la répétition des travaux agricoles a affecté la surface en la nivelant, tandis qu’à l’opposé, le maintien de la couverture forestière a mieux préservé les aménagements protohistoriques et gallo-romains. Fait très rare en Picardie, le fossé et le talus élaborés pour enclore le site au IIe siècle avant notre ère, en partie fossilisés par la couverture forestière (soit près de la moitié de l’enclos), marquaient encore le paysage. Un relevé micro-topographique a été réalisé préalablement à l’opération archéologique dans le secteur conservé de manière à mettre en évidence cet aménagement. Le décapage concernait une surface d’un peu moins de 2 ha dont 1 était occupé par l’enclos. Les secteurs à l’est et à l’ouest ont pu faire l’objet

d’investigations suffisantes tandis que les bordures

sud et nord de l’enclos n’ont pu être explorées que sur les quelques mètres compris dans l’emprise de la future voie ferroviaire. Pour mener à bien l’exploitation du terrain, le décapage a été conduit en deux temps. Il a d’abord été procédé au seul enlèvement de la couverture végétale car des vestiges construits en pierre, d’époque gallo-romaine, sont directement apparus sous celle-ci. Une fois l’ensemble fouillé, un second décapage a été nécessaire pour la mise au jour des vestiges laténiens. L’organisation et le fonctionnement des sites enclos pouvant être perçus à partir de la répartition spatiale des mobiliers, le protocole de fouille a été adapté pour répondre à cet objectif (Malrain 2000). La fouille a donc été réalisée en veillant à enregistrer le mobilier par mètre et par unités stratigraphiques. Le plus souvent, compte tenu de la taille des fossés et de leur développement sur près de 425 m linaires, la pelle mécanique a été utilisée pour les curer.

Introduction

L’établissement laténien de Ronchères " Le Bois de La Forge" se présente sous la forme d’un vaste enclos trapézoïdal (125 x 89 m ; 117 x 94 m) délimitant une surface de 0,93 ha. D’un tracé presque rectiligne, les fossés qui le forment sont larges

de 4 m en moyenne (fig. 1). Comme pour beaucoup

de sites enclos, le plan général des structures montre qu’elles sont majoritairement disposées aux abords du talus. À l’exception du quart sud-est presque totalement vierge, les autres espaces sont occupés. Deux pôles principaux ressortent nettement. Le plus dense se localise dans le quart nord-est, suivi d’une dispersion plus large des structures dans le quart sud-ouest et sur la façade occidentale. Les coupes stratigraphiques des fossés témoignent d’au moins deux phases chronologiques distinctes durant la période laténienne. à l’époque

gallo-romaine, le cadre défini à La Tène est

maintenu. La disposition des aménagements donne l’impression d’une grande pérennité mais avec les témoins caractéristiques du passage de la culture laténienne à la culture gallo-romaine. Lors de cette

période, l’ensemble est très arasé et il est difficile

de mettre en valeur la fonction des différentes constructions. Il est possible que chacune d’entre elles, selon l’emplacement où elle est localisée, respecte l’organisation antérieure. Le site est présenté par étapes chronologiques,

de sa construction à son abandon afin d’en faciliter

la lecture.