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On n'est pas des pigeons

Boum immobilier à Saint-Georges-sur-Meuse, malgré le bruit des avions de l’aéroport de Liège

Boum immobilier autour de l'aéroport de Liège ?

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InfoPar François Louis

A Saint-Georges-sur-Meuse, dans le bruit des avions, les nouvelles maisons poussent comme des champignons. Vingt-cinq ans après le lancement des vols de nuit à l’aéroport de Liège, la commune n’a jamais attiré autant de nouveaux habitants.

Pourtant, les mesures de bruit n’indiquent pas une diminution des nuisances. Comment expliquer ce retour en grâce après l’exode du début des années 2000 ? Est-ce que les maisons se vendent moins cher qu’ailleurs à cause du bruit ?

80 dB, le seuil du bruit considéré comme dangereux pour la santé

C’est un quartier résidentiel comme il en existe tant en Belgique : un lotissement des quelques dizaines de maisons 4 façades, bordés par des prairies, avec plusieurs voitures devant chaque maison. "C’est calme ici, sourit Francesca, qui s’est installée à Saint-Georges-sur-Meuse avec sa famille voici 10 ans. On entend les enfants qui jouent, les oiseaux, et un peu aussi les avions, c’est vrai, mais pas trop."

"C’est calme ici,on entend les enfants qui jouent, les oiseaux, et un peu aussi les avions."

Le nouveau quartier est dans le prolongement de la piste de l’aéroport à environ 5 kilomètres. Au décollage, certains avions peuvent affoler les sonomètres installés au sol sur le territoire de la commune. D’une manière générale, les nuisances sonores de l’aéroport n’ont pas diminué.

Le nombre de mouvements en 2023 (33.548) est grosso modo le même qu’en 2000 (35.664). Les avions les plus bruyants des premières années (Antonov, moteurs hushkittés…) ont certes disparu, mais la proportion de très gros porteurs (Boeing 747/400) dans la flotte des compagnies aériennes actives à Liège Airport a augmenté.

Quand un tel mastodonte rempli de marchandises et de kérosène s’arrache à la piste de Liège Airport pour survoler Saint-Georges, les sonomètres au sol peuvent afficher plus de 80 dB, le seuil du bruit considéré comme dangereux pour la santé.

"Mais la maison est très bien insonorisée", explique Francesca.

Les terrains sont un peu moins chers

Sur le terrain voisin de la maison de Francesca, encore occupés par les vaches, Thomas et Piron va poursuivre l’urbanisation de la zone, avec un projet de 50 nouvelles habitations.

Est-ce que les prix sont attractifs, ce qui constituerait une partie de l’explication du boum immobilier sur la commune ?

"Vu les nuisances sonores, nous sommes obligés commercialement d’appliquer une petite réduction sur le prix du terrain par rapport à des communes comparables hors zone de bruit"

"Vu les nuisances sonores, nous sommes obligés commercialement d’appliquer une petite réduction sur le prix du terrain par rapport à des communes comparables hors zone de bruit", explique Thibaut Hublet, gestionnaire de projet chez Thomas et Piron. La différence peut avoisiner 15%. Mais en zone de bruit autour de l’aéroport de Liège, les normes imposent des conditions sévères d’insonorisation, donc les constructions en elles-mêmes coûtent plus cher."

Bref, pour le marché des maisons neuves, les acheteurs perdent d’un côté ce qu’ils gagnent de l’autre. On ne peut pas parler d’effet d’aubaine.

En principe, plus il y a de bruit moins les maisons ont de la valeur

Une étude publiée en 2017 par un chercheur de l’université de Leuven a pourtant mis en évidence un lien entre le prix de l’immobilier et la proximité d’un aéroport (de Bruxelles en l’occurrence). Selon cette étude, les maisons situées dans une zone de bruit moyenne de 55 et 59 dB perdent 5,2% de leur valeur ; entre 60 et 64 dB : – 6,7% ; entre 65 et 69 dB : – 9,8% ; et entre 70 et 74 dB : – 35,5%.

Mais la situation de l’aéroport de Liège n’est pas la même puisque la Région wallonne a racheté toutes les maisons situées dans la zone de bruit la plus exposée (zone A), certaines ont été détruites et les autres ont été insonorisées et remises en location. Dans les zones B, C et D, la Région a financé les travaux d’insonorisation des immeubles existants. Ce qui contribue à limiter la perte de valeur immobilière entraînée par les nuisances sonores.

"En zone C et D, en tout cas, l’aéroport n’a plus d’influence sur le prix des maisons, estime Thierry David, agent immobilier. Pour une commune comme Saint-Georges-sur-Meuse, il y a une forte demande. La situation est avantageuse : Liège est à 15 minutes, Namur à moins d’une demi-heure et beaucoup de commerces se sont installés à la sortie de l’autoroute."

Des problèmes de mobilité

Les chiffres de population traduisent cet étonnant retournement de situation. Après le lancement des vols de nuit en 1997, la commune avait perdu plusieurs centaines d’habitants, passant de 6874 à 6335 habitants (en 2002). Il y a aujourd’hui 7200 habitants à Saint-Georges-sur-Meuse. Les projets immobiliers en gestation devraient attirer quelques centaines d’âmes en plus dans les 10 prochaines années.

La commune a tellement de succès que les nuisances automobiles, dans l’esprit des habitants, sont en train de prendre le dessus sur les nuisances des avions.


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