L'essor du tourisme fagnard


L'époque des pionniers

L’essor du tourisme en Fagne débute au milieu du 19e siècle. Il est d’abord lié au contexte romantique qui invitait à la découverte de vastes espaces jugés désolés, inhospitaliers, livrés aux seules lois de la nature. En même temps et plus modestement, les Hautes-Fagnes offrent un cadre à des randonneurs en quête des sensations et des dangers que procuraient les grandes expéditions de l’époque. La Baraque-Michel sera le premier site touristique fagnard, point culminant de la Belgique jusqu’en 1914. L’atteindre, c’est s’offrir un frisson d’aventure !

Affronter les Fagnes

Au retour de notre équipée, quand nous dirons “je traversai les fagnes”, l’on ne pourra manquer de s’écrier : Voilà des braves!

Octave MAUS, dans L’Excursion, n°1 du 8 juin 1882

Cet essor est facilité par le développement progressif du réseau ferroviaire, l’amélioration des routes, l’utilisation du vélo pour la randonnée(et plus tard de la voiture). Il bénéficie aussi de la proximité des curiosités du moment : Spa, la vallée de la Hoëgne et ses cascatelles, mais aussi le barrage de la Gileppe et son lac, le seul en Belgique à cette époque.

Qui étaient ces premiers « touristes » ? Ils appartiennent encore à des classes aisées. Ce sont aussi certainement des passionnés par la nature en général, par les Fagnes en particulier, souvent séduits par la possibilité de fuir un moment la vie quotidienne ou attirés par un lieu propice à la méditation. Quels qu’ils soient, ils sont toujours considérés comme un peu fous par les habitants de la région.

Pour les informer, les publications touristiques se multiplient. Les éditeurs de cartes postales emboîtent le pas et envoient leurs photographes sur le haut plateau. En 1925, l’un d’entre eux s’égare et ne devra son salut qu’à deux skieurs verviétois !

À cette époque, la randonnée en Fagne comporte toujours des risques. L’excursion a encore un parfum d’aventure. Sans itinéraires balisés, s’égarer est fréquent. Quant à la marche, elle est rendue extrêmement pénible par l’état détrempé des chemins et la traversée des zones tourbeuses.

Tourisme

Une infrastructure touristique se développe pour répondre à ce nouvel engouement ...

La naissance de l'HORECA. À Spa, à Verviers, à Malmedy, une infrastructure hôtelière existe au 19e siècle. Mais elle est quasi inexistante dans les villages autour des Hautes Fagnes. Des habitants des villages fagnards loue commencent par louer une chambre aux premiers randonneurs. Bientôt, on assiste à de véritable reconversions. Des fermes se muent en hôtels, avec des périodes de transition où les deux activités coexistent. Quoi qu'il en soit,  au début du 20e siècle, chaque village fagnard compte déjà plusieurs hôtels !

Tours d'observation. Les points culminants fagnards exercent un attrait populaire grâce à leurs larges panoramas. Pour mieux en profiter, des tours d’observation sont édifiées sur le haut plateau, à Malchamps (Spa) à la Baraque Michel, à Botrange. On promet exagérément d’apercevoir des lieux pourtant bien trop éloignés. La situation frontalière de ces tours possédait un autre intérêt : elles permettaient de pénétrer clandestinement, par le biais du regard, dans le pays voisin!

Le ski. L’engouement pour le ski apparaît véritablement durant l’entre-deux-guerres. Une de ses adaptations consistait à se faire tirer par un véhicule attelé, ou …  une automobile.

... ainsi qu'un tourisme didactique

Vieux Liège à la Baraque Michel

L'intérêt scientifique pour les Hautes Fagnes prend aussi son essor durant cette période. Les scientifiques vont avoir l'occasion de dévoiler les résultats de leurs recherches lors de randonnées commentées. Les plus prisées sont celles organisées par l'association Le Vieux Liège, notamment celle organisée chaque année à la Baraque Michel guidée par Léon Fredericq.

Pour en savoir plus

Serge NEKRASSOFF, Images et visages des Hautes Fagnes, 2007

modifié le 25/01/2024

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