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RENE MALLIEUX - Namaste Mountainguides

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Germaine SLACMEULDER<br />

<strong>RENE</strong> <strong>MALLIEUX</strong><br />

Initiateur des écoles d’escalade en Belgique et<br />

Alpiniste passionné.<br />

1906-1995


AVERTISSEMENT AU LECTEUR<br />

Les notes rassemblées avec patience et méthode par<br />

Germaine Slacmeulder se veulent un aide-mémoire<br />

pour conserver le trajet extraordinaire de son compagnon<br />

René <strong>MALLIEUX</strong> qui a consacré sa vie entière à magnifier<br />

la montagne et l’alpinisme.<br />

Puissent ces notes réveiller chez le lecteur initié les<br />

nombreuses et profondes valeurs humaines de<br />

l’attachante personnalité de René <strong>MALLIEUX</strong>.<br />

Un soutien logistique à la réalisation<br />

de ce recueil a été apporté par Alain Purnôde.<br />

3


René <strong>MALLIEUX</strong><br />

Avertissement au lecteur 3<br />

I. Sa jeunesse sportive 5<br />

II. Sa découverte de l’escalade en Belgique 15<br />

- Premières escalades et ouverture de voies 26<br />

- Considérations personnelles 38<br />

III. Sa confirmation d’alpiniste passionné 39<br />

- A propos du G.H.M. 68<br />

- René et la jeunesse 71<br />

- Refuges Edouard Bourgeois et Adèle Planchard 74<br />

- Liste de courses<br />

IV. Son apothéose dans la Cordillère Blanche, au Pérou 77<br />

V. L’écrivain : Le Roi Albert Ier, alpiniste 88<br />

VI. The King Albert Ier Memorial Foundation 99<br />

VII. Ses conférences 102<br />

VIII. Sa correspondance et ses contacts avec l’étranger<br />

depuis 1936 106<br />

IX. René et la presse 113<br />

X. Un tournant dans sa vie 119<br />

- Son opération 119<br />

- Sa rencontre avec Germaine 121<br />

XI. Hommages 126<br />

4


Sa famille<br />

I. Sa jeunesse sportive<br />

René Mallieux est né le 15 novembre 1906. Il est dit que les natifs du Scorpion sont<br />

actifs et doivent exercer leur endurance.<br />

Donc René pratiquera l’Alpinisme et l’Escalade.<br />

Un dictionnaire Larousse de 1923 définit :<br />

- l’alpinisme comme le goût des ascensions dans la montagne,<br />

- l’escalade comme l’assaut au moyen d’échelles.<br />

L’enfance de René se passe à Liège dans une famille bourgeoise, lettrée et libérale.<br />

Fernand Mallieux et Jeanne Renkin se sont mariés en 1902 et ont eu deux enfants,<br />

André et René. Un peu plus d’un an les sépare mais tout les réunit, au point que l’on<br />

parle toujours des « frères Mallieux ».<br />

Le papa est avocat.<br />

Un ouvrage écrit par Charles Moris, avocat à la Cour d’Appel de Liège, intitulé<br />

« Fernand Mallieux, mathématicien, philosophe, juriste » est publié en 1934.<br />

La maman, femme au foyer, pratique le bénévolat au profit des déshérités de la Ville<br />

de Liège.<br />

Son grand-père était peintre, restaurateur de tableaux.<br />

Une nommée Zélie vit avec eux. Elle fait de la couture pour toute la famille. Elle<br />

réparait souvent les pantalons larges, serrés à la cheville (comme ceux portés par<br />

Tintin) que les deux jeunes usaient en grimpant et en « peignant » les rochers.<br />

René appelait ces pantalons des « sacs à pets ».<br />

Sur le plan alimentaire, les deux frères ne font aucun excès. Ils ont un côté<br />

« moine » qui les pousse à mener une vie saine.<br />

5


La guerre 1914-1918<br />

Nous voici en 1914. L’Allemagne envahit la Belgique.<br />

C’est le départ de René, d’André, de la maman et de la grand-mère pour l’Angleterre.<br />

La maman rentre en Belgique retrouver son mari ; les enfants restent seuls avec leur<br />

grand-mère, Madame Renkin-Fetu. André a 9 ans, René en a 7.<br />

Ils fréquentent le St John’s College à Brixton SW. Ci-joint, copie d’un bulletin du 21<br />

avril 1915 et d’un document du 10 septembre 1915.<br />

Pour ne pas vivre à Liège durant l’occupation, Fernand Mallieux a loué une maison à<br />

Tilff.<br />

Jean-Claude Vittoz écrit dans la revue « Ardennes et Alpes », n° 93 :<br />

« 1915, c’est la première guerre mondiale, les Allemands sont chez nous. Cette<br />

année-là, la famille Mallieux quitte Liège pour venir s’installer à Tilff, région plus<br />

paisible à cette époque troublée. Le fait serait tout à fait banal, si ce n’est que cette<br />

famille avait deux garçons : André et René. Ce denier deviendra un des pionniers de<br />

l’escalade liégeoise. Habitant non loin des rochers, avenue de la Grotte, René et<br />

André vont souvent jouer à Ste-Anne, munis de bougies et de boîtes d’allumettes. Ils<br />

font quelques incursions dans la grotte, mais jamais très loin, précise René. Ce qui<br />

intéresse surtout les frères Mallieux, ce sont les rochers situés à gauche de la grande<br />

dalle, ils sont inclinés et présentent de nombreux gradins. Un terrain de choix qu’ils<br />

gravissent à moultes reprises, non sans se faire enguirlander par les passants surpris<br />

par l’audace de ces effrontés. Leur plus grand « exploit » est d’avoir par le même<br />

chemin poursuivi l’escalade en louvoyant entre les parties les plus raides (solo) et de<br />

rejoindre, fiers comme Artaban, le château de Brialmont et son verger orienté plein<br />

sud, afin de s’adonner à la traditionnelle partie de maraude. Il fallait cependant se<br />

méfier du garde plutôt sectaire. Cela se passe en 1918, René a 12 ans, son frère<br />

André est d’un an son aîné. La famille Mallieux retournera à Liège en 1920.»<br />

La paix retrouvée<br />

De retour à Liège, André et René font leurs études à l’Athénée et sous l’influence de<br />

leurs parents, ils découvrent la nature. Certains dimanches, le professeur de<br />

botanique emmène en promenade quelques élèves dont les frères Mallieux pour leur<br />

montrer les fleurs et la faune de leur région.<br />

A cette époque déjà, René aime la hauteur. Il établit un circuit autour de la salle à<br />

manger : buffet, cheminée, appuis de fenêtres, commode, et chaises ; sans mettre<br />

les pieds au sol ! Un jour, les deux frères imaginent se mettre nus dans la gouttière,<br />

en faisant semblant de se battre. Le voisin assis sur un banc au fond de son jardin<br />

les voit et s’affole. Il se précipite pour prévenir les parents. La maman court à<br />

l’étage et trouve ses deux fils « studieusement » assis dans leurs chambres.<br />

Poursuivant leurs études, André devient avocat et René obtient le diplôme de<br />

licencié en sciences commerciales et consulaires de la Haute École Commerciale et<br />

Consulaire (H.E.C.C.).<br />

6


Le sport les attire<br />

Les deux frères font de la natation dans la Meuse et dans l’Ourthe.<br />

Déjà en 1921, René Mallieux est membre du Royal Football Club Liégeois,<br />

dans la catégorie « Tout Petits ». En 1922, il devient « Scolaire ». Puis en<br />

1923, il est « Joueur ».<br />

En 1924, René joue au hand-ball avec l’équipe de l’Athénée.<br />

Avec Raymond Delperée, il fait du kayak au départ du Parc de la Boverie.<br />

En tant que gymnaste de l’équipe de Liège, il participe aux Championnats<br />

Universitaires de 1927.<br />

René s’initie au hockey.<br />

Il défend les couleurs du Royal Football Club Liégeois à Folkestone.<br />

Il participe aux Jeux Olympiques d’Amsterdam en 1928.<br />

En 1933, au cours d’un tournoi interuniversitaire, les belges jouent contre les<br />

Buccaneers, une équipe irlandaise.<br />

Bien d’autres matches ont été disputés !<br />

René a été l’entraîneur de l’équipe féminine de hockey du RFC Liégeois.<br />

René a fait du ski à Saint-Nicolas de Véloce.<br />

En 1952, René est Président du Spéléoclub.<br />

En plus de toutes ses activités, René a fait partie de l’équipe des<br />

Journalistes Sportifs.<br />

11


Le service militaire<br />

En 1930, René Mallieux fait son service militaire à l’Aviation, à l’époque des biplans.<br />

Un livre d’Emile WITMEUR, intitulé « Contact !... Enlevez les cales ! » décrit très bien<br />

les heures drôles, exaltantes, angoissantes et parfois tristes, vécues à l’Aéronautique<br />

militaire.<br />

René et Mimile étaient de vrais amis.<br />

René a terminé ce parcours en tant que capitaine-commandant de réserve de la<br />

Force aérienne.<br />

« Une manière un peu compliquée d’aller de Bierset à la rue Burenville ! On peut rire<br />

puisqu’aussi bien il n’y eut pas de casse. Or donc, lundi après-midi vers 15 heures,<br />

un avion militaire évoluait à basse altitude, sur le coteau des bires, vers le haut du<br />

quartier de l’Ouest. Les habitants, nez en l’air, perçurent soudain des pétarades<br />

anormales ; le moteur avait des ratés. Et l’on vit, tout-à-coup, se détacher de la<br />

machine volante, une forme humaine sur laquelle un grand parapluie ne tarda pas à<br />

s’ouvrir. Au gré des vents, ce champignon bizarre et son appendice se balancèrent<br />

plusieurs minutes tout en se rapprochant de la terre… puis ils touchèrent le sol, dans<br />

les « cot’hais » appartenant à M. Bovy, rue Burenville. Tandis que le parachutiste<br />

entrait à Liège de cette manière, l’aviateur avait réussi à maîtriser sa machine et lui<br />

relevant le nez, il la conduisait sans encombre jusqu’à l’aérodrome de Bierset. La<br />

version officielle était celle-ci : le lieutenant Paul Wilmart, accompagné d’un<br />

observateur, le sous-lieutenant de réserve René Mallieux, effectuait un vol sur un<br />

avion militaire, quand, aux ratés du moteur, il crut discerner une panne d’essence.<br />

Craignant le pire, il ordonna à son observateur de boucler son parachute et de<br />

descendre ; le sous-lieutenant obéit et sauta. N’empêche que cette façon d’entrer<br />

dans notre bonne ville a suscité des commentaires passionnés. En Burenville, on<br />

chante maintenant sur l’air de « La mascotte » : « Les envoyés du paradis,<br />

Parachutistes, mes amis…. ».<br />

Extrait du Journal de la Wallonie, février 1937.<br />

N.B. Il y a une version officielle et une autre version. René avait envie de sauter en<br />

parachute, sport qui ne se pratiquait pas à l’aviation à cette époque. Avec son<br />

copain, Paul Wilman, il a réalisé ce saut, en évitant tous les deux d’être punis.<br />

13


A l’avant plan, à gauche, René parmi ses copains aviateurs.<br />

14


II. Sa découverte de l’escalade en Belgique<br />

Dès 1924, avec des camarades, René Mallieux se promène dans les environs<br />

de Liège. Ils iront à Tilff que René connaît bien depuis la guerre 14-18.<br />

En 1925, ils sont à Malmédy et Falize.<br />

En 1926, à Honey et à Barvaux<br />

En 1931, à Pussemange, ils tirent des traîneaux ; c’est Noël et il a neigé.<br />

C’est en 1932 que René Mallieux adhère au Club alpin belge.<br />

Il emmène ses copains à Sy, Serge Herzen escalade la Nandouire.<br />

3 voies sont ouvertes dans la face Ourthe<br />

2 voies à la Roche Del’Venne<br />

1 voie au Rocher des Vignobles.<br />

et quelques passages isolés d’une douzaine de mètres, excellents au<br />

point de vue perfectionnement technique.<br />

En 1933, Octave Malengrau, Pierre Moch, André et René Mallieux campent à<br />

Blanchimont et escaladent l’Aiguille de Chaleux.<br />

En 1933, un pavé dans la mare. Deux jeunes liégeois, membres du CAB,<br />

proposent la création d’une section régionale, la première du genre. Les<br />

dirigeants, sceptiques, refusent. Xavier de Grunne s’intéresse à eux. Ils sont<br />

aussi appuyés par Serge Herzen qui les a côtoyés lors d’une escalade dans<br />

les Aiguilles de Chamonix. Ainsi nait la première section ; le mercredi 13<br />

février 1934, la section sera baptisée par Xavier de Grunne avec rendez-vous<br />

à Marche-les-Dames, au Vieux Bon Dieu, le dimanche 18 février à 9h.<br />

Coup de téléphone dans la nuit, à Liège. Le Roi Albert s’est tué au-dessus de<br />

cet endroit dans l’après-midi. Le rendez-vous est annulé.<br />

La Belgique se réveille, apprenant cette nouvelle avec consternation.<br />

La reprise sera difficile. Les parents défendent l’escalade à leurs rejetons.<br />

Peu abandonnent et les combines se développent pour échapper à<br />

l’interdiction. Leur matériel se limite à la fragile paire de sandales. Les<br />

anciens gardent les cordes, les mousquetons, les pitons, les marteaux.<br />

Certains pères de famille en autorisant leurs enfants à continuer notre sport,<br />

les accompagnent afin de se rendre compte de la difficulté et de la sécurité.<br />

Ils ont été pris au piège. Cela s’est passé en douce grâce à des<br />

démonstrations de chutes enrayées avec sérieux et succès. Aussi, ils se sont<br />

laissé, un jour de beau temps, passer la corde autour de la taille. Il se produit<br />

à ce moment un fait inattendu. Des jeunes et d’autres viennent à nous, sans<br />

motif apparent. En vérité, ils voulaient se rendre compte de ce qu’était ce<br />

terrain de jeu que fréquentait avec ferveur le Roi Albert et comment il avait pu<br />

se tuer.<br />

Extrait Conférence de René Mallieux.<br />

15


La première sortie a lieu le 11 mars 1934. Elle rassemble une dizaine de<br />

participants, Hélène Polis et son frère, Boby Piron, France Huet, Jacqueline<br />

Huet, Francine Dehalu, Elisabeth Buytaert, Léon Joachim,<br />

Victor Ledent, Paul Bertrand, André …<br />

Ils vont aux Grands Malades le matin, et à Waulsort l’après-midi.<br />

25 mars – SY<br />

La Naudouire<br />

Pâques – FREYR<br />

L’Ancienne Jeunesse, le Mérinos, La Nouvelle Jeunesse.<br />

Des tentes sont plantées sur le plateau ; petites tentes classiques mais<br />

aussi une « tente cercueil ». Les grimpeurs sont en costume de ville et<br />

une corde autour de la taille.<br />

8 avril – La Roche à Frêne<br />

Pentecôte – Al Lègne<br />

Mai – Chaleux<br />

Juin – Le Moulin de Genimont<br />

« En juillet 1934, des amis en vacances aux environs de Hotton nous<br />

engagent (René et André) à venir examiner de près les rochers. Nous<br />

acceptons avec joie leur invitation. La tente est dressée au-dessus des<br />

rochers hauts de 35 mètres. Nous prenons une photo pour montrer à notre<br />

retour à Liège. Nous déclarons que les cheminées et les fissures sont<br />

nombreuses mais que la végétation est trop encombrante et que le nettoyage<br />

ne pourra se faire avant l’hiver. Nous revenons le dimanche suivant avec un<br />

bout de corde, pour la forme. C’est seulement le 11 novembre que le passage<br />

le plus difficile est nettoyé et escaladé avec assurance d’en haut. Le premier<br />

grimpeur conserve le souvenir de la minute de l’armistice passée dans la<br />

fissure dans une position peu confortable. Ce passage est baptisé fissure<br />

« Annie » (*). Pendant l’hiver, plusieurs passages sont nettoyés et escaladés.<br />

Ce sont des fissures et des cheminées dont la difficulté varie du facile au très<br />

difficile. Ils conviennent donc particulièrement bien pour l’École d’Escalade et<br />

Hotton sera pour nous Liégeois un nouveau centre très intéressant. »<br />

René Mallieux – Revue d’Alpinisme, Tome I n°2, automne 1935.<br />

N.B. – A cette époque, le 11 novembre à 11 heures, les cloches<br />

sonnaient « la minute de silence » que tout le monde respectait en<br />

restant debout, immobile.<br />

(*) Les amis qui avaient invité les deux frères s’appelaient Delperée-Marquet ;<br />

ils avaient une petite fille d’un an, « Annie ». Aujourd’hui, Annie, épouse du<br />

docteur Yves Messens, directeur retraité de l’Hôpital Bois de l’Abbaye à<br />

Seraing, est grand-mère. Un de ses fils, Serge, orthopédiste, a opéré Justine<br />

Henin, du genou !<br />

16


Freyr : Traversée de la dalle Al’Lègne.<br />

17


Freyr 1935<br />

Visite des Français.<br />

Ils sont nombreux.<br />

Pierre Allain, déjà connu pour ses « premières » dans les Alpes, avait affiné<br />

sa technique à Fontainebleau. Surnommé « Le pape du Cuvier », il y formait<br />

toute une pléiade de spécialistes de l’adhérence et de l’équilibre.<br />

A notre surprise, il nous demande de prévoir quelques chefs de cordée pour<br />

les aider.<br />

C’est ainsi que Charles de la Vallée, Henry Delwart et René Mallieux ont la<br />

joie d’emmener Pierre Allain et ses acolytes dans nos plus belles voies.<br />

Ces forts en dalles n’ont pas connu le calcaire et les falaises, ni les difficultés<br />

dues à la terre, aux herbes et aux pierrailles qui n’ont pas encore été<br />

éliminées et, souvent humides, demandant une grande attention.<br />

Henry Delwart et Charles de la Vallée, deux grimpeurs un peu hors classe,<br />

parce qu’aussi élégants qu’efficaces, économisent l’effort au profit de<br />

l’équilibre, des changements de pieds et de gestes parfaitement ordonnées.<br />

Beau spectacle de voir Charles en veston sport et cravate dans la fissure des<br />

Cinq Ânes, le sourire aux lèvres.<br />

Texte de René Mallieux.<br />

18


Les Cinq Ânes : René escalade la célèbre fissure.<br />

19


1935 – Groupement de jeunes. Le CAB comporte 5 groupements :<br />

- La Section Universitaire de Louvain du CAB<br />

Président : Jean-Paul Quarré<br />

- La Section Universitaire de Bruxelles du CAB<br />

Président & Secrétaire : Serge Herzen<br />

- Le Groupe Universitaire de la Section Liégeoise du CAB<br />

Président & Secrétaire : René Mallieux<br />

- Le Centre Routier du CAB<br />

Président : Jean Ghyout<br />

- Le Groupe Scout du CAB<br />

Président : Jean Michel<br />

Secrétaire : Pierre Van Halteren<br />

Toujours en 1935 :<br />

A Pâques :<br />

René Mallieux grimpe sur la chandelle de Chaleux.<br />

Diverses sorties sont programmées :<br />

- Al Lègne, Francine Dehalu est dans la Fissure oblique et la Dalle.<br />

- Dudule, Pierre Gallet, A. Bergé, Victor Ledent sont à la Chamia et au<br />

Dièdre.<br />

- René est présent dans la Direttissima qu’il inaugure dans sa totalité<br />

après un solide nettoyage commencé en 1933.<br />

En juin :<br />

A Hotton, sous la direction vigilante et persévérante de René, les rochassiers<br />

mettent au point une série d’escalades.<br />

Les Pendulettes et la Fissure Annie attirent Hélène Polis et Citron.<br />

En septembre :<br />

René est accroché à Bayard.<br />

Novembre :<br />

C’est la Nandouire, le Dièdre, la Grande Diagonale<br />

Le Grépon, à Yvoir.<br />

A Sy, René est dans la Fissure du Salon, n°38 et 40.<br />

20


La chandelle de Chaleux - 1935.<br />

21


En 1936, d’autres copains sont venus rejoindre René qui les emmène :<br />

- A Sy, dans différentes voies : Dalle des Sacs, Les Vignobles, La<br />

Cathédrale.<br />

- Le 5 avril, René nettoie le Bec du Canard et le 26 avril, c’est la première de<br />

« L’Intermédiaire ».<br />

- A Durbuy, ils font Le Bénitier, Le départ du Vélodrome, La Roche aux<br />

Corbeaux.<br />

- René nettoie encore !<br />

- A Huccorne, qui grimpent ? : Paul Bertrand, Léon Joachim, Annette<br />

Moulart.<br />

- A Chaleux : André Buytaert et Vandeberg.<br />

- A Freyr : les grimpeurs sont dans La Tête du Lion, La Jeunesse et La<br />

Nouvelle Jeunesse avec pelles et sécateurs.<br />

Marthe Anciaux s’accroche à l’ M. et N.<br />

Dora Metzger, Moussia Pinta et Frans Decoster fréquentent assidûment<br />

les voies difficiles.<br />

- Le 28 mai, René est au sommet de Bayard.<br />

Parlons de l’escalade de la Roche à Bayard :<br />

Touristes et automobilistes s’arrêtaient pour regarder les grimpeurs,<br />

d’où des embouteillages sur la chaussée. Par faveur spéciale<br />

accordée par les autorités, les rochassiers du CAB sont autorisés à<br />

escalader la Roche à Bayard, à condition que la descente soit terminée<br />

à 9 heures du matin au plus tard.<br />

Quand le CAB procédait à un défrichage à Comblain-la-Tour, la SNCB<br />

déléguait plusieurs personnes afin d’arrêter les trains, pour leur<br />

permettre de grimper, pour réparer les fils télégraphiques qui auraient<br />

été brisés par des chutes de pierres. Incroyable ? Non. La mentalité<br />

de l’époque était ainsi faite.<br />

Conférence René Mallieux.<br />

22


Freyr : Tête de Lion – 1936.<br />

23


En 1936, la section de Liège compte 113 grimpeurs. Elle fait 14 sorties.<br />

Par temps menaçant, seuls les « PURS » se retrouvent sur le terrain,<br />

ils sont 2 ou 3 !<br />

A Sy, 3 voies sont ouvertes aux rochers des Vignobles ; ceux-ci sont situés<br />

dans la propriété du Château de Hamoir-Lassus ; nous avons obtenu pour les<br />

membres du CAB l’autorisation de grimper dans ce beau groupe de rochers.<br />

Cependant, il est prudent de se munir de sa carte du Club et il est désirable de<br />

ne s’y rendre que le matin, du moins en été. Dans les autres rochers, 3 voies<br />

intéressantes également. A Durbuy, grâce à l’aimable autorisation donnée<br />

par Madame la Comtesse d’Ursel, nous pouvons pénétrer dans le parc pour<br />

admirer de plus près la remarquable roche Al’Falleye ; après plusieurs essais<br />

infructueux, nos camarades Paul Bertrand et René Mallieux réussirent enfin<br />

cette jolie escalade.<br />

1937 – Grand rassemblement d’invités<br />

Extrait du Rapport d’activité de la section Liégeoise du CAB.<br />

Extrait du Bulletin Mensuel n°4, 1936.<br />

Plus de 120 tentes. 80 grimpeurs sont français.<br />

Un groupe, bien sympathique, arrive en car de Paris, ce sont les membres du<br />

C.O.B. (Club Olympique de Billancourt) ; c’est-à-dire la section alpine de chez<br />

Renault.<br />

Sont présents : Pierre Allain, Raymond et Nicole Leininger qui font le Pape.<br />

Jacques Monier qui est aux 3 Têtes.<br />

Robert Paragot et Lucien Bernardini qui « ouvrent » le Toit du Monde dans la<br />

Louis-Philippe.<br />

A cette époque, la face de « La Nouvelle Jeunesse » était presque<br />

entièrement recouverte de lierre. Petit à petit, des grimpeurs se sont succédé<br />

pour nettoyer cette face bien orientée, constituée de calcaire assez solide et à<br />

l’abri des intempéries. Parois, cheminées, fissures, vires, plates-formes sont<br />

encombrées de terre, de pierres petites et grosses couvertes d’herbe, de<br />

plantes diverses à racines profondes pour s’infiltrer dans les moindres<br />

fissures. Pour aborder cette zone d’insécurité, le lierre rampant jusqu’à 10,<br />

20, 30 mètres de haut, avait dû mettre du temps pour arriver là ; aussi était-il<br />

vieux, atteignant 15 centimètres de circonférence en moyenne. Le nettoyeur<br />

s’équipait de scie, hachette, grattoir, lame de couteau, pioche, pelle, marteaupiolet,<br />

brosse métallique, sans compter – pour sa protection – d’un bonnet, la<br />

fond parfois bourré de chiffons et de papier pour amortir le choc d’un caillou<br />

dégringolant avec terre et arbuste. Les yeux aussi couraient des risques.<br />

Quant aux vêtements, n’en parlons pas ; sales, lacérés, juste bons pour entrer<br />

directement avec nous, dans l’énorme chaudron à lessive familial.<br />

Un jour, les deux frères ont été accueillis par leur maman :<br />

« Vous avez le snobisme de la crasse ».<br />

24


Les deux frères Mallieux à Freyr.<br />

25


René Mallieux ouvre des voies à :<br />

Premières escalades<br />

La Meuse en aval de Namur<br />

Rocher de Huccorgne<br />

La Whymper (1931)<br />

Freyr<br />

Le Départ Mallieux<br />

La Rue de la Paix (1938)<br />

La Voronov<br />

Vallée de l’Ourthe<br />

Comblain-au-Pont - Rochers de la Vierge<br />

Le Coup noir<br />

Les Dentelles<br />

Sy – Vieuxville : - Rochers des Vignobles<br />

La Niche (1935)<br />

Les Frères Mallieux<br />

Le Dièdre Mallieux<br />

Les Fourmis (1935)<br />

- Rocher de la Cathédrale<br />

La Paroi (1934)<br />

- Rocher de la Nandouire<br />

Le Craquelin (1935)<br />

Le Gamin (1935)<br />

Rochers de Hotton<br />

Les Pendulettes (1935)<br />

La Fissure Annie (1935)<br />

La Niche Renissart (1935)<br />

La Cheminée Renissart (1935)<br />

Rochers de Durbuy<br />

La Roche Al’Falleye (1936)<br />

et vraisemblablement bien d’autres et en d’autres lieux.<br />

26


Les noms donnés aux diverses voies par les nettoyeurs trouvent leur<br />

explication dans les circonstances ou incidents survenus :<br />

Une grosse pierre coincée dans la fissure devient « Caillou qui Bique ».<br />

La « Yank » fut baptisée par un véritable habitant des Etats-Unis.<br />

« La Rue de la Paix » est l’appellation officielle. Le jour où cette voie fut<br />

ouverte, René Mallieux, Haroum Tazieff et Claude Kogan avaient mangé<br />

une énorme quantité de gruaux d’avoine ; la fermentation dans leurs<br />

intestins a accompagné l’escalade de bruits répétés et sonores, d’où « La<br />

Voie des Pets ». Le CAB a refusé ce label !<br />

Parfois, ce sont de trouilles qui apportent enfin une « Belle Récompense »<br />

à André Pierlot.<br />

« La Voronov » ouverte par les frères Mallieux était à l’époque de son<br />

ouverture une voie très exposée. Rappelons pour l’anecdote que le<br />

Professeur Voronov, de nationalité russe, était réputé pour être un<br />

expérimentateur fou. Il avait notamment greffé des testicules de singes<br />

sur des humains. « La Voronov » était donc une voie où « il en faut… » !<br />

27


1938<br />

Notre nouveau Secrétaire général est René Mallieux, fils de l’Echevin regretté<br />

de la ville de Liège. Doué de persévérance et de tranquille audace, René<br />

Mallieux était vraiment promis à l’alpinisme, avec lequel il a pris contact<br />

isolément dès 1925. Dédaignant bientôt les guides, Mallieux parcourt<br />

successivement les massifs de l’Oisans, de la Tarentaise et du Mont-Blanc.<br />

Plus récemment, et affirmant ainsi une réelle maîtrise, il conduisit sa cordée<br />

dans des courses de grande classe : Mont-Blanc par la Brenva, l’Aiguille Verte<br />

par le couloir Whymper, la traversée des Drus, sans préjudice de toutes les<br />

ascensions classiques de la région, portant ainsi le nombre de sommets<br />

atteints à une soixantaine pour Chamonix et à une vingtaine pour le Dauphiné.<br />

Bien entendu, nos modestes rochers belges n’ont plus de secret pour lui et<br />

chaque beau dimanche d’été est une occasion d’y conduire des collectives et<br />

de manifester son dévouement à notre école d’escalade. Mais l’activité de<br />

notre nouveau collaborateur a fréquemment débordé du cadre strictement<br />

sportif. Avec l’appui de feu Edouard Bourgeois et de nos collègues liégeois, il<br />

a fondé la section de Liège du CAB, dont on connaît l’étonnant et rapide<br />

développement. Entre-temps, au cours de ses nombreux déplacements en<br />

montagne, Mallieux nouait les meilleures relations avec les grimpeurs réputés<br />

de France et de Suisse, ce qui facilitera nos rapports avec les milieux alpins<br />

de ces deux pays. Enfin, ses contributions à notre Revue et à notre Bulletin<br />

furent nombreuses et remarquées. Notre sympathique collègue était donc<br />

tout désigné pour remplir les fonctions de secrétaire général permanent et<br />

assurer notamment la bonne marche administrative de nos services, les<br />

relations avec les groupes étrangers, le contact et l’initiation des groupes de<br />

jeunes, la publication du bulletin et de la revue d’alpinisme. Voilà un large<br />

programme ouvert à l’activité et à l’initiative de René Mallieux. Nous sommes<br />

persuadés que nul n’était mieux qualifié et que l’avenir de notre Club est en<br />

bonne main.<br />

Marcel Nicaise.<br />

Extrait du Bulletin Mensuel du CAB n° 6 de juin 1938.<br />

28


1939<br />

L’Allemagne entre en guerre; en 1938, elle envahit l’Autriche ; en 1939, la<br />

Pologne. En France, c’est la mobilisation. La Belgique suit le mouvement.<br />

René Mallieux, capitaine-commandant de réserve, est mobilisé à Evere.<br />

Le 10 mai 1940, l’armée allemande viole nos frontières. C’est la guerre.<br />

Le champ d’aviation est bombardé avant qu’un seul avion ne décolle !<br />

Pour beaucoup, c’est l’exode vers la France. René doit rejoindre son unité.<br />

Le 18 mai, c’est la capitulation, René rentre en Belgique.<br />

Les Allemands occupent notre territoire. Ils imposent la fermeture de<br />

l’Université de Bruxelles, d’autres lieux aussi, et la radio Nationale Belge est<br />

sous contrôle.<br />

Les personnes sans emplois (étudiants et autres) sont envoyées en<br />

Allemagne comme « travailleurs volontaires ». Elles sont affectées aux<br />

usines d’armement. Pour éviter d’être « déporté », on accepte n’importe quel<br />

emploi. Pour échapper au STO (Service du travail obligatoire) imposé par les<br />

Allemands, René Mallieux a été occupé aux Fonderies bruxelloises à Haren –<br />

au service des Achats.<br />

Durant cette période, René continue, comme il le peut, ses activités au sein du<br />

C.A.B.<br />

A Freyr, les Allemands ont interdit le camping au plateau ce qui a modéré<br />

l’ardeur des grimpeurs. Malgré l’interdiction, Jean Lecomte et René Mallieux<br />

sont au « Mérinos ». Lors du bivouac sur une vire, ils laissent tomber une<br />

casserole. Quel bruit ! Quelle frayeur aussi !... car les Allemands n’étaient pas<br />

loin, ils occupaient le Château.<br />

Qui s’amène à Freyr ?<br />

Jo Verwilgen, le fils du Gouverneur de la province du Limbourg. Fils de bonne<br />

famille, il avait coupé les ponts avec cette bourgeoisie car il voulait se<br />

consacrer à la sculpture, au dessin, à la peinture. Il arrive chaussé de sabots<br />

et vêtu d’un manteau militaire mité. Il grimpe avec Jean Lecomte et mange et<br />

boit avec d’autres.<br />

Pour remercier Freyr des joies qu’il y avait trouvées, il sculpta une Vierge dans<br />

une pierre de Hotton trouvée dans des déblais. Elle fut placée dans la voie<br />

normale de l’Al Lègne et baptisée « La Vierge du Trottoir ».<br />

Un jour, elle a disparu.<br />

Extrait de l’interview de René Mallieux par Jean-Claude Legros.<br />

29


1945<br />

Le 10 mai, c’est la libération.<br />

Jacques Jongen et Georges Marchal reviennent de captivité, mais Xavier de<br />

Grunne et une dizaine de membres du club n’en sont pas revenus.<br />

Beaucoup de grimpeurs les plus dynamiques d’avant-guerre, ont cessé leurs<br />

activités d’alpinisme.<br />

René Mallieux est, à ce moment, un des seuls rescapés du comité d’avant la<br />

guerre et c’est lui qui tiendra à bout de bras l’administration du CAB jusqu’aux<br />

années 1950, à la fois comme administrateur et homme de terrain.<br />

Bob Curtis, J.J. Wolf, André Foquet, André Pierlot partiront suivre des cours à<br />

l’École Nationale d’Alpinisme de Chamonix, donnés par Armand Charlet.<br />

1946<br />

René Mallieux relance les activités du Club alpin.<br />

Il fait venir, à Bruxelles, Gaston Rebuffat, jeune guide de Chamonix, pour une<br />

conférence sur la Montagne. Texte et diapositives soulèvent l’enthousiasme.<br />

Plus tard, Françoise Rebuffat, son épouse, écrira que cet accueil réservé à<br />

Gaston en Belgique fut le démarrage de sa carrière d’écrivain et de<br />

conférencier.<br />

1947-1948<br />

Citons, comme alpinistes très actifs, Rik Verhaegen, Claudine Van der<br />

Straeten, Henri Delwart, Claude Pécheux, René Thomas, Jean Lecomte, et<br />

Pierre Gailly.<br />

1949<br />

Toujours à l’initiative de René, Samivel a donné une conférence sur le<br />

Groenland et sur la Montagne des Merveilles. Dans une lettre, il décrit les<br />

conditions techniques relatives à sa conférence (voir annexe).<br />

32


Monsieur,<br />

St Paul, 3 octobre 49.<br />

Je vous accuse réception et vous remercie de votre lettre du 30 sept contenant votre<br />

aimable invitation à venir vous faire une conférence ou deux en Belgique.<br />

C’est une chose possible. Mais par suite d’un emploi du temps extrêmement chargé, je ne<br />

vois aucune possibilité de déplacement en Belgique avant le mois de mars. La date qui me<br />

conviendrait le mieux se situerait entre le 12 et le 16 mars par exemple.<br />

Voici toutes les précisions demandées :<br />

Programme :<br />

1 ère partie : causerie suivie d’un film nouveau de 40 minutes sur le Groenland – entracte : au<br />

cours duquel je signe ordinairement mes ouvrages. Si vous êtes d’accord sur ce point je<br />

pourrais m’entendre avec la plus importante librairie de Liège et de Bruxelles pour que celleci<br />

installe un comptoir de livres dans le hall d’entrée.<br />

2° partie : causerie sur la Montagne des Merveilles (extraordinaire ensemble de gravures<br />

rupestres préhistoriques à haute altitude dans les Alpes Maritimes (voir mes articles des<br />

Nouvelles Littéraires 11 et 18 août 49), suivie de la projection d’un film de 20 minutes<br />

« Montagne des Merveilles ».<br />

En tout : 2 heures.<br />

Nature des films : 16 mm muet en noir et blanc. L’un a 16 images-seconde, le second a 24.<br />

Bobines de 300 mètres. La projection exige un excellent projecteur d’au moins 750W et si<br />

possible 1000W. Elle peut s’effectuer dans la salle même à environ 15 à 18 mètres de<br />

l’écran. Le film 16mmm est ininflammable. Il est nécessaire qu’un opérateur très qualifié<br />

s’occupe entièrement de la projection des films que je commente depuis la scène et si<br />

possible avec un micro.<br />

On peut projeter dans des conditions satisfaisantes devant des salles de 500 à 1200 places.<br />

Et plus avec un projecteur à arc.<br />

Conditions :<br />

Vous vous occupez entièrement de l’organisation de ou des conférences. Tous mes frais de<br />

voyage et d’hébergement sont payés par vous et je touche 60% des recettes réglables<br />

ultérieurement en francs français dans une banque française.<br />

Veuillez agréer, Cher Monsieur, l’assurance de mes sentiments cordiaux.<br />

Samivel.<br />

33


1950<br />

Les grimpeurs français retrouvent nos rochers.<br />

Georges Kogan écrit à René :<br />

« Je me rends compte que tu es vraiment le gros caïd du plateau ».<br />

Extrait de la Revue du CAB, 1950 :<br />

« En Belgique, les membres, au cours des week-ends de pluie, se sont livrés<br />

à un essai de graduation des difficultés propres à l’École d’Escalade. L’article<br />

de René précise que la classification a été établie en tenant compte des pitons<br />

en place. Une modification d’emplacement de ces pitons amènerait<br />

forcément des changements dans la difficulté des passages. Les grimpeurs<br />

refont souvent les mêmes voies et finissent par les connaître sur le bout des<br />

doigts ce qui peut leur donner une fausse idée de leur force. Il n’y a aucune<br />

recherche d’itinéraires ; ceux-ci étant simples et jalonnés de pitons. Les voies<br />

sont en général en rochers solides et propres, déjà nettoyés. Il ne faut pas<br />

oublier qu’il s’agit d’une école d’escalade et non d’une école d’alpinisme ce<br />

qui est fort différent. Deux remarques pour terminer. Il faut toujours accorder<br />

le plus grand soin à l’assurance, tant du premier que des suivants. Enfin, les<br />

pitons ne doivent jamais être considérés comme présentant une sécurité<br />

absolue et celui qui s’y fie aveuglément n’est pas un grimpeur sûr. »<br />

La guerre des pitons peut commencer !<br />

36


Freyr : préparatifs.<br />

37


René Mallieux disait souvent :<br />

Considérations personnelles<br />

- La distance qui sépare l’exercice dans les rochers servant d’école<br />

d’escalade et la vraie montagne est énorme.<br />

- Un bon grimpeur n’est pas nécessairement un bon montagnard.<br />

- Le courage et la force ne sont rien sans la prudence.<br />

L’angle sous lequel René comprenait l’alpinisme :<br />

- Il ne venait pas à la montagne pour la vaincre à force de volonté<br />

opiniâtre et au prix d’efforts surhumains. Il y cherchait un équilibre<br />

harmonieux entre la fatigue de la vie en ville et des courses choisies.<br />

- La montagne nous accueillait et nous étions heureux.<br />

Il ne s’attardait pas uniquement à la jouissance de l’escalade difficile, mais il<br />

savait « regarder » le paysage.<br />

Il attachait beaucoup d’importance à l’amitié, à la prudence.<br />

Il considérait l’alpinisme comme une école de solidarité.<br />

René était modeste.<br />

38


III. Sa confirmation d’alpiniste passionné<br />

La grande passion de René Mallieux fut l’escalade et l’alpinisme.<br />

Son premier sommet est le Grand Ferrand dans le Devoluy qu’il gravit seul<br />

sans corde et sans équipement spécial en 1923.<br />

En 1925, il découvre le Pelvoux.<br />

En 1928, il part pour Pralognan. Il arrive à 3.597 mètres, le sommet de<br />

Chasseforêt. On voit les deux frères au sommet du Rocher de Plassas,<br />

toujours sans équipement.<br />

En 1929, René et son frère André sont en vacances à Villar-d’Arène et sont<br />

descendus à l’hôtel « Bec de l’Homme ».<br />

Ils écrivent chaque jour à leurs parents :<br />

25 juillet<br />

«Nous sommes allés au refuge de l’Alpe d’où nous avons vu la perche<br />

indiquant le refuge d’Adèle Planchard . Promenade pas trop longue<br />

mais un soleil terrible.»<br />

26 juillet<br />

«C’est à croire que nous sommes dans un grand hôtel. La colonie<br />

étrangère est forte : 4 Polonais, 1 Estonien, 1 Hollandaise, 2 Belges et<br />

4 Français. Le patron est un des riches de l’endroit. Pour le patelin,<br />

l’église est bien jolie, le curé y vient deux fois par semaine.»<br />

27 juillet<br />

«Du Combeynot, la vue était superbe sur le Dauphiné, mais la Savoie<br />

était couverte de nuages…. »<br />

28 juillet<br />

«Sommes partis à 5 heures. Etions au Lautaret à 8h20 et sur l’arrivée<br />

sommitale à 10h. J’ai préparé un potage. Il faisait assez frais là-haut<br />

(3.163 mètres environ). Jolie vue sur le Pelvoux, la Meije et les Ecrins.<br />

Arrivons au lac vers 14h30 ; repas : œufs et jambon. Redescendons<br />

sur le Casset d’où nous devons remonter au Lautaret (9km) puis encore<br />

7km pour Villar, toujours à pied ! Nous sommes rentrés à 19h40. »<br />

39


28 juillet – Ils écrivent aussi à leur grand-mère :<br />

« Chère Bonne,<br />

Sommes allés au Combeynot. Au lac, j’ai trouvé un obus. Dans ce<br />

massif, on chasse le chamois au moyen de petits canons. On chante à<br />

l’église mais sans musique. Sur la place, 4 mulets agitent leurs grelots<br />

tant qu’ils peuvent.<br />

Bons Baisers, René. »<br />

30 juillet<br />

« La montagne est merveilleuse, surtout du refuge de l’Alpe. On est<br />

dans un cirque et il y a des sommets pour tous les goûts, pour toutes<br />

les forces. Le patron du refuge connaît bien Mr Bourgeois. Nous avons<br />

blagué une heure avec lui. »<br />

2 août<br />

« Le temps est bouché. On ne part pas en course. Je vais aux<br />

Terrasses, les Hyères, Le Chazelet, petits patelins où on fait sécher les<br />

bouses de vaches pour l’hiver. Je crois que l’élixir parégorique ne<br />

servira à rien ; l’eau est excessivement bonne ici. Je vous souhaite du<br />

beau temps et pas trop de gens connus.»<br />

3 août<br />

« 10h – Départ pour le refuge de l’Alpe<br />

11h40 – Refuge Adèle Planchard<br />

17H15 - Refuge des Ecrins. Vue sur le Mont Blanc et la Suisse.<br />

On partage les vivres.<br />

21h – Au pieu. Les guides ronflent. La corde m’entre dans le cou.<br />

4h – Lever.<br />

5h – Lever du soleil de toute beauté.<br />

8h – Au sommet – Nous déposons notre carte dans la boîte.<br />

On redescend au refuge, nous y mangeons, puis redescendons à<br />

l’Alpe, puis à l’hôtel, heureux et contents. »<br />

1930<br />

René fait son service militaire à Bierset.<br />

Son frère est au Pelvoux d’où il écrit au Sergent-Aviateur Mallieux<br />

3/11/2 e Aéronautique – Camp de Beverloo, Belgique<br />

« Je donnerais bien 100 francs pour que tu sois ici. »<br />

40


1931<br />

Les deux frères (inséparables) passent leurs vacances en Vallouise.<br />

Ils envoient des cartes vues.<br />

1 er avril :<br />

« Cher Papa et Chère Maman,<br />

Nous sommes montés à Caron. La nuit a été épouvantable, 5 pour 2<br />

matelas. Nous sommes partis à 5h pour les Ecrins. En vitesse, nous<br />

avons fait le Dôme de Neige (3.980m) et sommes redescendus au<br />

refuge (12h). Deuxième nuit, excellente. Sommes allés à Roche<br />

Paillon (3.630m). Coucherons à Cézanne pour faire la Bosse de la<br />

Momie.<br />

Bons baisers, René et André. »<br />

D’autres cartes relatent les courses, l’ambiance générale et aussi les<br />

déceptions.<br />

« Le Pelvoux n’est pas faisable en traversée et l’Ailefroide n’est pas<br />

bonne. »<br />

« Nous voulions faire les Bœufs Rouges, mais ils sont dans les<br />

nuages. »<br />

Le 12 août, les vacances sont finies. Ils quittent l’Hôtel du Glacier Blanc et<br />

leurs chères montagnes.<br />

C’est à cette époque que sur des chaussures identiques à celles que portaient<br />

les paysans, ils avaient fait adapter des ailes de mouches fabriquées en<br />

Belgique. Progressivement, ils se sont équipés de chaussures à clous, cordes<br />

et piolets.<br />

La côte de Laffrey, située près de Vizille sur la route reliant Grenoble à<br />

Briançon, est très raide, et la descente à vélo est très dangereuse. Avant la<br />

guerre, les freins étaient ce qu’ils étaient et les accidents nombreux. Les gens<br />

de la région fabriquaient des fagots de branches d’arbres qu’ils vendaient aux<br />

cyclistes qui les accrochaient avec une corde à l’arrière de leur vélo pour<br />

ralentir la vitesse. Ces fagots bringuebalaient dans les tournants. Au bas de<br />

la pente, fagots et cordes étaient abandonnés sur le bord du chemin.<br />

Mon frère et moi, nous étions contents de descendre à pied.<br />

Texte de René.<br />

1932 – PELVOUX<br />

Une lettre de la maman à la grand-mère :<br />

« René et André ont réussi les Ecrins. »<br />

41


Les parents passent un séjour à Montroc. Ils écrivent à leurs enfants,<br />

le 20 août 1932 :<br />

« Nous étions restés de 8h du matin à 5h du soir, sans avoir de l’ombre une<br />

minute. Nous avions dépassé les 2.000m et déjeuné de fruits et de biscottes<br />

au bord d’un petit lac si transparent qu’on ne l’apercevait qu’après l’avoir<br />

cherché. La solitude est complète et bordée par des cimes lointaines de toute<br />

forme. Aucun bruit. C’est très beau. »<br />

Le 15 août, René et André donnent des nouvelles à leur grand-mère :<br />

« Cette semaine, nous avons passé 3 jours à Caron. Nous avons fait le<br />

1 er jour : col Emile Pic, Roche Emile Pic et Roche Paillon (3.600m). Le<br />

2 e jour, la Grande Sagne (3.750m). Le 3 e jour, la Barre Noire où nous<br />

nous arrêtons vers 3.650m parce que j’ai été blessé à la main par une<br />

pierre tombée du sommet. Rien de très grave mais enrageant parce<br />

que nous avons été obligés de redescendre. Nous sommes alors<br />

montés à Entraigues, d’où nous avons fait un Pic du Loup. Nous<br />

sommes bloqués par des orages… , René. »<br />

C’est en 1932 que René et André ont connu Camille Fontaine (l’homme à la<br />

Roche à Bayard) qui les engagea à s’inscrire au CAB.<br />

René et André étaient déjà membres, depuis 1929, du Club Alpin Français : ils<br />

ignoraient l’existence du CAB.<br />

Article écrit par René Mallieux dans le Pic de Lierre, octobre 1974.<br />

1933<br />

René et André passent leurs vacances à Chamonix. René a 26 ans.<br />

Le 4 août :<br />

« Chers Parents,<br />

Hier nous avons fait l’Aiguille de Blaitière (3.521m), course assez<br />

longue.<br />

Départ à 2h30,<br />

1 er sommet à 9h30,<br />

2 e sommet à 13h.<br />

Retour au Montenvers vers 18h30.<br />

La plus belle course pour nous jusqu’à présent.<br />

A la descente, nous avons marché une heure sur glacier avec vue<br />

maximum de 25 mètres.<br />

Nous remontons demain à Argentière pour faire le Tour Noir (3.838m).<br />

Bons baisers, René et André. »<br />

42


Le 8 août :<br />

«Chers Parents,<br />

Nous avons fait dimanche, le Tour Noir, et hier, la Petite Verte. C’était<br />

facile. Nous avons déjà gagné plus de 1.800 francs français pour les<br />

courses réussies. Nous pensons dépasser les 3.000 Fr. français.<br />

Bons baisers, René et André.»<br />

René et André recevaient un montant pour leurs vacances. A eux de<br />

le gérer. La durée du séjour dépendait des dépenses. En ne prenant<br />

pas de guide, ils ne devaient pas retirer de leur budget le prix des<br />

courses. Et voilà donc les vacances qui peuvent se prolonger.<br />

Le 9 août : Tré-la Tête<br />

« Chers Parents,<br />

Couchons ici ce soir. Demain, montons au refuge Durier (3.349m) en<br />

passant par les Domes de Miage (3.672m). Vendredi, arête de<br />

Bionnassay + refuge Vallot (4.300m). Samedi, Mont Blanc, Mont<br />

Maudit, Mont Blanc du Tacul, Vallée Blanche, Refuge du Requin et<br />

peut-être Chamonix.<br />

Bons baisers, René et André»<br />

Le 14 août :<br />

Après 3 jours passés sur des arêtes de neige, nous avons réussi le<br />

Mont Blanc. Nous n’avons rien vu car tout était dans les nuages.<br />

Le 16 août :<br />

« Chers Papa et Maman,<br />

Nous avons eu du mauvais temps hier et malgré cela, il y avait foule à<br />

Chamonix. Les frères VERNET ont couché sur la terrasse de l’hôtel.<br />

Hier, nous avons été voir la fête des guides aux rochers des Gaillands.<br />

Nous y avons vu pas mal de concitoyens. Nous repartons en course<br />

tout à l’heure mais nous nous contenterons de peu à cause de la neige<br />

fraîche.<br />

Bons baisers, André et René. »<br />

Le 20 août :<br />

« Chers Papa et Maman,<br />

Les vacances sont finies aussi. Aussi, nous vous remercions de nous<br />

avoir permis de réussir de belles courses et de passer 4 semaines dans<br />

la montagne. Nous n’avons jamais aussi bien marché, 10 sommets à<br />

notre actif dont certains ne sont pas faciles.<br />

Bons baisers, René et André. »<br />

C’est le commencement des grandes courses que René fait en tête de<br />

cordée. Il sera fidèle à la Vallée de Chamonix.<br />

43


1934 – Sortie avec des copains liégeois<br />

Courses faites :<br />

- L’Aiguille du Moine<br />

- L’Aiguille du Tacul<br />

- L’Aiguille d’Argentière<br />

- La Dent du Requin<br />

Un article signé « Citron », publié dans le Bulletin Mensuel n°4 du CAB, avril<br />

1935, relate le séjour de la section liégeoise dans le massif du Mont Blanc,<br />

sous le titre : « Impressions d’un néophyte ».<br />

Chamonix, la montagne, ses glaciers, ses aiguilles, dont les noms nous ont fait rêver<br />

bien des mois avant le grand départ.<br />

Comme tout le monde, je me suis risqué une fois déjà sur la Mer de Glaces ; je me<br />

suis assis pour franchir les crevasses d’un mètre cinquante et j’ai prudemment battu<br />

en retraite devant les terribles séracs de trois mètres qui la limitent.<br />

J’ai grappillé un peu partout l’indispensable équipement : piolet, chaussures cloutées,<br />

veste, pantalon, lunettes. Je m’estime ainsi très sport.<br />

Le refuge est mon premier contact avec la faune des glaciers et des rocs.<br />

Pendant que nous déballons nos marmites, les arrivées se succèdent. La salle est<br />

enfumée, les réchauds font leurs bruits si évocateurs des soirs de camping, les vitres<br />

se couvrent de buée. La voix du gardien domine le brouhaha des conversations :<br />

« Messieurs, il est neuf heures ». Troupeau docile, les alpinistes déchaussés<br />

gagnent leurs couchettes. « Deux couvertures pour trois » annonce le gardien ; ce<br />

qui laisse supposer que vers les deux heures du matin, l’un des trois se réveillera<br />

transi, le nez glacé et les membres gourds, entre deux paquets de couvertures qui<br />

ronflent confortablement à ses côtés.<br />

Première ascension : le Moine.<br />

Je suis encadré par les frères Mallieux et pour ces deux vieux rats de la montagne,<br />

tout chemin est bon pourvu que ce ne soit pas la voie normale. Nous atteignons le<br />

sommet les premiers. A notre retour au refuge, le temps s’est gâté. La neige<br />

s’amasse aux creux des rochers, le verglas luit sur les arêtes. L’Aiguille Verte est<br />

blanche. Les Aiguilles Rouges sont blanches et nous ne tardons pas à les imiter<br />

sous la chute incessante des larges flocons qu’un vent violent nous souffle à la figure.<br />

Aveuglés, percés, nous dérapons dans une boue gluante et glacée où les clous des<br />

chaussures n’ont aucune prise. Évidemment, quand nous arrivons au refuge « la<br />

tempête s’est calmée ».<br />

« La dent du Requin ».<br />

Il s’agissait maintenant de mettre à profit l’expérience acquise.<br />

C’est mon premier contact réel avec le glacier, aussi durant les premiers mètres, je<br />

cramponne ferme. Mais l’adhérence est bonne. Il y a bien cette sacrée corde qu’il<br />

s’agit de maintenir tendue et qui s’obstine à poser ses anneaux exactement à<br />

l’endroit où je dois poser la pointe de mes crampons. En général, tout va bien. Un<br />

admirable lever de soleil pose des teintes sublimes sur la Tour Ronde. Après deux<br />

heures de montée, nous atteignons la base du rocher. Par un couloir semé d’éboulis,<br />

nous devons gagner une première plate-forme où commencera la véritable escalade.<br />

44


Détachées par les lourdes semelles, par la corde qui traîne, les pierres dévalent,<br />

annoncés par les cris que se succèdent à une cadence accélérée : « Pierre ! ». C’est<br />

là une formalité destinée à prévenir le suivant que le caillou qu’il a déjà reçu sur le<br />

crâne ou sur les doigts, lui a bien été envoyé par vous –simple question de politesse<br />

entre gens bien élevés.<br />

Nous arrivons jusqu’au bloc terminal.<br />

Au retour, de nombreux ruisselets dégoulinaient le long de la pente raide, sapant de<br />

larges plaques de glace qui se détachaient sous nos pieds.<br />

Nous sommes arrivés au refuge. C’est dans un décor de chemises, de chaussettes,<br />

de gants et de vestes que nous abordâmes la rituelle soupe à l’oignon, triomphe de<br />

notre cuistot.<br />

Début août, le temps est désastreux. Enfin, le ciel se dégage et les frères<br />

Mallieux partent pour<br />

- Le Petit Charmoz<br />

- Le Glacier des Bossons.<br />

Les 8-9-10-11 août :<br />

- Le Requin vers le Col du Géant<br />

- La Verte<br />

- La Dent du Géant<br />

- Traversée Géant – Rochefort – Mallet<br />

- Arête et Aiguille de Rochefort<br />

- Descente du Mont Mallet.<br />

Le 29 août, ils réussissent l’Aiguille d’Argentière, une très jolie course de<br />

glace, et repartent pour le Requin avant leur retour en Belgique.<br />

1935<br />

Le Bulletin n°4 du 4 avril 1936 relate le séjour de la première collective du<br />

CAB fait à Chamonix du 18 au 30 juillet 1935.<br />

Le rendez-vous général a été fixé au Refuge Albert Ier, le samedi 19 juillet.<br />

Sont présents : André et René Mallieux, André et Elisabeth Buytaert,<br />

Vic Ledent – Van de Cery – Citron - Donnay – Grunne – Jongen - Terlinden –<br />

Fouquet – Berge.<br />

Le camp est installé à Chamonix, à l’abri des sapins, à deux pas d’une source.<br />

45


2 e jour :<br />

Le soleil brille. Le départ est décidé. Les débutants iront à l’Aiguille du<br />

Tour (3.542m) afin de leur donner une impression pas trop pénible de<br />

haute montagne.<br />

Les deux Mallieux et Verhaegen vont dans les Dorées. La tête Crettex<br />

et le Trident sont enlevés avec facilité par des fissures et des<br />

cheminées, et la Javelle est escaladée sans artifice et descendue sans<br />

rappel, preuve que leur entraînement a été bon en Belgique.<br />

3 e jour :<br />

Repos pour le gros de la troupe.<br />

René Mallieux, Citron, Vic Ledent et Jongen font le Grépon<br />

4 e jour :<br />

Réveil à 2h, le départ est lent. L’escalade s’effectue normalement.<br />

Nos grimpeurs, très à l’aise dans le rocher, deviennent hésitants sur le<br />

glacier des Nantillons. Il est prouvé une fois de plus, qu’un bon<br />

rochassier, arrivant en montagne, à tout à apprendre pour devenir<br />

alpiniste.<br />

Au refuge au moment d’allumer les réchauds, André Mallieux s’aperçoit<br />

qu’il a oublié à Chamonix, les bidons à essence. Un guide genevois,<br />

Raymond Lambert, qui vient de réussir la face Nord des Jorasses, lui<br />

offre aimablement le combustible indispensable à la cuisson classique :<br />

soupe aux pois, nouilles et quaker.<br />

5 e jour : La Nonne (3.340m)<br />

Le soir, toutes les cordées se retrouvent au refuge pour la rituelle soupe<br />

aux pois, le macaroni, le quaker.<br />

Au dortoir, V.d.B. ronfle. On le secoue. Tout entre dans l’ordre mais<br />

deux minutes plus tard, le ronflement recommence. Il en sera de même<br />

jusqu’à 2h du matin, moment où Arthur Ravanel vient les réveiller.<br />

6 e jour : Départ pour la traversée des Courtes<br />

Nous dévalons sur le glacier de Talèfre, un beau clair de lune nous<br />

évite d’allumer les lanternes. Voici la première pente.<br />

Nous mettons les cordes et les crampons et c’est la montée vers le Col<br />

de la Tour des Courtes. Les débutants n’ont pas l’habitude de marcher<br />

à corde tendue en tenant des anneaux de corde en main, très<br />

préoccupés à poser les pieds comme le chef de cordée pose les siens<br />

en enfonçant toutes les pointes des crampons. Nos débutants laissent<br />

pendre la corde, risquent de la cisailler ou de trébucher et s’attirent la<br />

colère des anciens. « Espèce de nouk ! Tu n’es qu’un nouk ». A la fin<br />

de la course, presque tout le monde a été traité de nouk, terme<br />

réellement injurieux.<br />

Il y a seize heures et demie que nous sommes partis. La course est<br />

réussie.<br />

46


7 e jour :<br />

La neige tombe. Arthur Ravanel nous annonce que tout est<br />

« bouché ». La matinée se passe pour les uns à dormir, pour d’autres à<br />

manger. Pour Têteh, André Mallieux, à parler. Une éclaircie et toute la<br />

bande dévale vers le Montenvers et Chamonix.<br />

Le soir, c’est le grand luxe. Nous dînons à l’hôtel, espérant enfin sortir<br />

de notre habituel menu. Que nous présente-t-on : soupe aux pois et<br />

nouilles. Déception. Nous nous rendons chez Frison-Roche où nous<br />

buvons de nombreux rinche-cochons et dévorons encore plus de<br />

croûtes au fromage. Nous profitons de l’occasion pour baptiser le chat<br />

de Frison-Roche, il s’appelle désormais «Têteh ». A la fin de la soirée,<br />

V.d.B. reçoit le titre de « Père des Nouks », le terme est devenu amical.<br />

Le groupe des Nouks se constitue.<br />

8 e jour :<br />

Une cordée monte au refuge de la Tour Rouge (2.800m).<br />

Le reste du groupe déambule dans Chamonix. Têteh (André) s’arrête à<br />

tous les cafés, dans tous les groupes ; toujours à la rencontre de<br />

quelques uns qu’il a déjà vu quelque part et chaque fois, il entame une<br />

longue conversation : « Encore un que tu connais et qui ne te connaît<br />

pas » déclare V.d.B.<br />

9 e jour : Jongen et Friquet réussissent la traversée des Dorées.<br />

Une partie de la troupe monte au refuge Albert Ier pour représenter le CAB à<br />

l’inauguration des agrandissements, qui aura lieu le 28 juillet 1935.<br />

10 e jour :<br />

André Mallieux conduit une cordée au Chardonnet (3.822m).<br />

V.d.B. dirige une cordée vers l’Aiguille du Tour.<br />

Tout le monde se trouve réuni au refuge Albert Ier.<br />

Le temps s’est gâté.<br />

Une cordée rentre déprimée : « Un de ses membres a eu le pied cassé<br />

par un bloc et il n’a pu être transporté ».<br />

Nous sommes dans les nuages. Des guides et les plus frais de nos<br />

grimpeurs partiront très tôt demain, avec le lourd traîneau.<br />

11 e jour :<br />

Les guides partent à 2 heures et nous suivons.<br />

Le blessé est retrouvé, ramené, les premiers soins lui sont donnés par<br />

nos deux docteurs.<br />

Puis Buytaert et Bergé ont disparu dans le brouillard. Ils regagnent le<br />

refuge au moment où une battue est organisée pour les rechercher.<br />

12 e jour : La collective est terminée.<br />

Presque toute la bande regagne Chamonix.<br />

Friquet, Jongen et René Mallieux restent pour faire le Chardonnet.<br />

Le mauvais temps met fin au séjour.<br />

47


Sauvetage en montagne 1935.<br />

48


Sauvetage en montagne – 1935.<br />

49


Après ce déplacement collectif à Chamonix – le premier du CAB,<br />

René Mallieux, devenu secrétaire du CAB et président de la section de Liège,<br />

résume les principales difficultés rencontrées pour conduire un groupe<br />

nombreux en montagne, en se passant du concours des guides :<br />

Il faut des chefs de cordée expérimentés, prudents et dévoués, car ils<br />

doivent renoncer aux grandes courses pour ne pas abandonner les<br />

débutants à eux-mêmes.<br />

Répartir les participants en cordées équilibrées et choisir des courses<br />

en dessous de leurs possibilités pour conserver une marge de sécurité<br />

suffisante, constituent des missions très délicates pour le chef de<br />

groupe.<br />

Notre collective comptait 12 liégeois dont 9 débutants complets ;<br />

plusieurs ne possédaient aucun entraînement même à la marche.<br />

Nous pensons que notre déplacement a été une réussite.<br />

L’expérience nous a montré beaucoup d’imperfections et les<br />

enseignements à en tirer sont nombreux.<br />

Citons :<br />

- limiter le nombre de participants ;<br />

- refuser toute personne qui manquerait des qualités morales<br />

indispensables ;<br />

- limiter le nombre de jours réservés aux courses de groupe, afin de<br />

permettre aux plus expérimentés de faire des ascensions intéressantes.<br />

Le groupe des NOUKS<br />

Pour terminer, disons deux mots du groupe des Nouks qui s’est constitué à<br />

Chamonix. Nous n’avons pu avoir des détails complets sur les conditions<br />

d’admission car les membres sont relativement discrets.<br />

Nous savons cependant qu’il faut :<br />

- avoir participé à une Collective de la section liégeoise,<br />

- avoir fait une ascension d’au moins 3.542m (Aiguille du Tour)<br />

- avoir passé au moins 5 nuits dans les refuges à haute altitude<br />

- avoir fait preuve de certaines qualités de bonne camaraderie, etc…<br />

Le groupe, en 1935, comprend sept membres.<br />

Le 28 juillet eut lieu l’inauguration des agrandissements du Refuge Albert Ier.<br />

50


1936 – Chamonix<br />

Une nouvelle sortie en groupe a été proposée aux membres (collective<br />

estivale) par Serge Herzen. Malade, il ne peut accompagner le groupe.<br />

Le camp est installé près de la Pierre à Ruskin.<br />

Un reportage photographique m’aide à reconstituer le séjour.<br />

Le 31 juillet 1936, Paul Bertrand et André Mallieux enfoncent dans la neige au<br />

Glacier de Talèfre.<br />

Le refuge du Couvercle est dans le brouillard. A l’intérieur, ils sont huit.<br />

Le 2 août, ils photographient :<br />

- Les Grandes Jorasses<br />

- Les Aiguilles du Tacul<br />

- Le pied des Egralets.<br />

Le 5 août :<br />

Nicole et Raymond Leininger, René Mallieux, Elisabeth Buytaert et<br />

le Vicomte font un pique-nique dans la nature. Sacs à dos, piolets,<br />

cordes, casseroles sont centralisés sur de grosses pierres.<br />

Le 6 août, il y a des vues de :<br />

- La Verte<br />

- Le Glacier d’Argentière<br />

- Le Dolent<br />

- Le Tour Noir<br />

- Au loin, Raymond Lambert, seul sur une pente, se détache sur un<br />

fond de hautes montagnes.<br />

Le 7 août :<br />

- L’Aiguille de Talèfre<br />

- Au sommet du Moine, René Mallieux et André Buytaert se reposent<br />

et laissent admirer leurs grosses godasses.<br />

Le 8 août : L’Arête Sud du Moine<br />

Le 12 août : Les Egralets<br />

René, Miss Buytaert et Lintzen sont encordés.<br />

Le 14 août : La petite Verte et le Chardonnet<br />

4 silhouettes se dirigent sur un immense désert blanc, vers le Col des<br />

Montets.<br />

Le 16 août : Pointe Isabella (3.761m)<br />

Fernand et Marie Mayeur (*) ainsi qu’Annette terminent la descente.<br />

(*) Marie Mayeur fut la première femme en<br />

Belgique à mener des ascensions en tête de<br />

cordée.<br />

51


Le 18 août : C’est la montée au Col de la Fourche<br />

Annette, André, André Flausch, Nina se dirigent vers le Requin.<br />

Le 19 août : Sommet du Grépon<br />

René et André bivouaquent à la Fourche ; ils sont emmitouflés<br />

et couchés sur le sol.<br />

Le 21 août : C’est le Chardonnet.<br />

Le 22 au soir au Refuge Roi Albert Ier. Les casseroles sont sur la table.<br />

Demain, c’est le retour en Belgique.<br />

Au cours de ce séjour, René et André ont fait l’Aiguille Verte. Voici un extrait<br />

du récit d’André publié dans le Bulletin mensuel du CAB, n°5, mai 1937 :<br />

« La pluie, la neige nous bloquaient dans la Vallée. Mais nous montons<br />

au Couvercle. Arthur Ravanel nous dit : « Demain vous pourrez faire la<br />

Verte ». Marche silencieuse et montons vers le couloir Whymper qui<br />

mène au sommet. Nous longeons l’arête, des corniches sont<br />

contournées, La Verte ! Enfin nous y sommes. Pas un nuage. Il est<br />

sept heures et demie ; l’on s’assied dans la neige pour regarder et pour<br />

manger. Nous devons renoncer à boire car notre bidon de thé est gelé.<br />

La fatigue est partie. On voudrait prolonger cet instant de bonheur, de<br />

joie sans mélange. Il faut songer à la descente. Tout à l’heure, le soleil<br />

donnera dans le couloir, la neige fondra, partira en avalanche, et<br />

détachera des pierres. L’arête est reprise. La descente se poursuit.<br />

Une avalanche part, découvrant une plaque de roc. Il faut traverser<br />

sous l’entonnoir, mais une nouvelle avalanche tombe. Un mince filet de<br />

neige me glisse dans le cou, sous le col de la veste, m’inondant<br />

complètement. Après un quart d’heure, nous continuons la descente.<br />

Nous pataugeons dans la neige. Il fait chaud, le visage cuit. La cabane<br />

se rapproche. A midi, sur la terrasse du refuge, nous retrouvons des<br />

amis. »<br />

52


1937 - Chamonix<br />

Les Mallieux ont posé leur tente au Montenvers ; Jacques Jongen et les<br />

Leininger aussi.<br />

Courses faites :<br />

- La traversée du Petit au Grand Drus<br />

- L’Évêque<br />

- L’Aiguille Verte<br />

- L’Aiguille du Plan et la Dent du Crocodile.<br />

La Verte<br />

Jacques Jongen, René et moi grimpons lentement. Cette paroi du Petit Dru paraît<br />

interminable. Une cheminée : mouvement brutal des reins et des épaules, puis une<br />

autre cheminée, une fissure qui coincent pieds et mains ; puis encore une fissure.<br />

Arrêts sur des terrasses encombrées de débris. De-ci, de-là, des traces humaines :<br />

anneaux de cordes, indiquent l’emplacement des rappels, des pitons de fer, des<br />

noyaux de pruneaux.<br />

La montagne semble énorme. On y est perdu.<br />

Le Dru dessine dans la vallée, un cône d’ombre pointu : depuis le lever du soleil, il<br />

grandit et tourne. Quel beau cadran solaire.<br />

Sommet du Petit Dru : plate-forme confortable, casse-croûte habituel.<br />

Il est midi et nous avons quitté la cabane à 4 heures.<br />

Un système de fissures et de vires : le Z se dessine dans la paroi et mène au sommet<br />

du Grand Dru. On termine dans une cheminée pleine de glace.<br />

Sommet du Grand Dru.<br />

Entre les rappels, la descente continue.<br />

Un bruit de cymbale déchire l’air, un fracas épouvantable remplit l’atmosphère, c’est<br />

l’orage. Nous sommes en un endroit très peu sûr. Dans les sacs, les piolets chantent.<br />

On s’en débarrasse en toute hâte. Les cheveux raidis par l’électricité, crépitent.<br />

Nous cherchons abri sous les pierres. L’abri est illusoire. La grêle nous tombe<br />

dessus, nous transperce, nous cingle, mouillant les vêtements. Le tonnerre redouble,<br />

le bruit se répercute, s’enfle à chaque détonation, on est secoué. On a à peine le<br />

temps de respirer et le tintamarre recommence. L’orage s’éloigne. Il est sur l’Aiguille<br />

Sans Nom. La grêle diminue. Il neige. Une neige froide et mouillée. Nous ne<br />

pouvons rester ici, nous continuons. Le rocher gelé déchire les mains, les cordes<br />

tirent terriblement, les vêtements trempés collent. L’eau ruisselle de partout, la neige<br />

tombée fond, les couloirs sont des ruisseaux, les chemins des cascades.<br />

La brume revient puis s’en va. Il fait noir. La lanterne électrique a rendu l’âme dans<br />

un choc avec le rocher. La descente continue. Les heures passent. Nos vêtements<br />

mouillés sont raidis par le gel, plaquant à la peau. Les pieds trempés depuis<br />

longtemps sont devenus insensibles ; les mains font mal, les moufles gelées, raides,<br />

n’offrent qu’une protection illusoire. En même temps que le jour qui pointe, nous<br />

retrouvons la trace du Petit Dru. Il est 4h30. Sournoisement, je me débarrasse de la<br />

corde qui me relie à mes compagnons depuis plus de 24 heures et je continue libre.<br />

Un vague sentier dans les pierrailles et après c’est la cabane.<br />

Le refuge - Question : « Qu’avez-vous fait ? »<br />

Je laisse aux autres le soin de répondre et je me déshabille. Vite une paillasse et<br />

deux minutes plus tard, je dormais comme un bienheureux.<br />

Extrait d’un journal, Chamonix 12-13 août 1937, André Mallieux.<br />

53


1938 – Le Dauphiné<br />

Une collective se dirige vers l’Oisans. Les membres se dispersent dans les<br />

différents refuges.<br />

Plusieurs cordées s’attaquent avec succès au Pelvoux, à la Barre des Ecrins,<br />

aux Bans, et à l’Ailefroide.<br />

1938 – Le massif du Mont Blanc<br />

Des cordées isolées remportent des succès depuis les Aiguilles dorées<br />

jusqu’aux Dômes de Miage en passant par l’Aiguille Ravanel.<br />

Cette année-là, André Mallieux part au Congo remplacer un<br />

confrère avocat qui rentrait en Belgique pour deux ans. La<br />

guerre éclate. Il se trouve bloqué en Afrique et ne rentrera<br />

qu’en 1945.<br />

54


1939 – Courses en Valais (Suisse) (extrait de « Revue d’Alpinisme 1939 – 1940)<br />

Le 28 juillet, Denyse Watry, Jacques Jongen et René Mallieux arrivent à Saas<br />

Fee pour s’entraîner dans une région pittoresque du Valais. Ils décident de<br />

monter à la Mischabel-hütte pour faire la traversée de la Lenzspitze et<br />

couchent à la cabane du Dom.<br />

Le 30 juillet, « ornés de sacs de 20kg » (vivres pour 8 jours), ils s’engagent sur<br />

un sentier très rude. Ils arrivent au refuge.<br />

Le lendemain, départ pour le Lenzspitze (4.300m), ils arrivent dans le vent et<br />

le brouillard.<br />

Après avoir traversé le plateau supérieur du Hohbergletscher, dans la neige<br />

fondante, les voilà à la Domhütte (2.938m).<br />

Journée de repos, avec comme commentaires : « Nous nous abandonnons<br />

aux charmes de l’inaction, qui n’est pas un des moindres plaisirs de<br />

l’alpinisme ».<br />

Le 2 août, ils arrivent à la partie terminale du Teufelgrat puis au Täschorn<br />

(2 e sommet de 4.000m).<br />

Après 14h de marche et de lutte contre le froid, ils déambulent parmi les<br />

crevasses, doivent franchir d’immenses moraines sans trouver la piste.<br />

Après 2h d’effort, un torrent gonflé par la fonte diurne forme un obstacle<br />

infranchissable. Adieu lit douillet, adieu festin, les vainqueurs du Täschorn<br />

se contenteront d’un souper à la confiture et se choisiront une pierre plate<br />

pour oreiller.<br />

Le lendemain, ils traversent le torrent.<br />

Trente heures après le départ de la Domhütte, ils arrivent à Randa.<br />

Pendant quatre jours, ils sont bloqués à Zermatt par le mauvais temps.<br />

Le 7 août, en route vers Schönbiel. Il neige à nouveau.<br />

Le 8, ils construisent sur le glacier un igloo, un magnifique igloo pour 5<br />

personnes.<br />

Le 11, c’est l’ascension de la Dent Blanche (3.750m) avec une vue<br />

plongeante sur le glacier du Mountet et sur les formidables corniches de<br />

l’arête des Quatre-Ânes. Isolée au centre d’un vaste cirque, la Dent Blanche<br />

offre un panorama unique sur les plus fiers sommets du Valais.<br />

55


Le 13, ils sont les premiers à quitter le refuge et cherchent à la lueur de leur<br />

lampe de poche, le chemin d’accès au glacier de Zmutt. Ils arrivent sur une<br />

arête à cent mètres du sommet. Ils ont réussi la Dent d’Hérens (4.180m).<br />

Superbe vue, l’arête du Lion, le Cervin élancé et solitaire. – Retour au refuge.<br />

De toutes leurs ascensions de cet été, la Dent d’Hérens est leur plus belle<br />

course. Denyse et le gardien du refuge les accueillent avec un splendide<br />

festin ; ils ont suivi la course à la jumelle.<br />

Le 15 août – Repos à la cabane Mountet.<br />

Le 16 – Départ pour le Zinalrothorn (4.223m).<br />

Le 17 – L’Obergabelhorn (4.073m)<br />

Deux très jolies courses ; temps splendide et bonnes conditions.<br />

Le 18 – C’est le Weisshorn à 4.512m :<br />

Départ à 2h du matin pour une montée interminable de 800m à la lueur de la<br />

lanterne. Arrivés sur l’arête, il faut suivre jusqu’au sommet.<br />

Retour dans le brouillard, la pluie. Ils ne s’arrêtent pas au refuge. Et dans<br />

l’obscurité, ils font une entrée glorieuse à Randa, liquéfiés, crottés,<br />

épouvantables à voir.<br />

Ils remonteront à Zermatt pour assister au Congrès de l’U.I.A.A.<br />

---------------------<br />

Fin 1939 – René Mallieux est mobilisé.<br />

1940 – C’est la guerre.<br />

56


1945 – La Guerre est finie.<br />

René Mallieux reprend contact avec ses amis français.<br />

Voici un exemple de correspondance reçue - Chamonix le 14 mai 1946 :<br />

« Mon vieux René,<br />

Je rentre de Val d’Isère où je viens de faire un stage à l’École Nationale de Ski. Je te<br />

réponds dès mon retour.<br />

- Merci mille fois pour les espadrilles, mais tu ne me dis pas combien je te dois ?<br />

- Je suis heureux que le livre sur « la technique de l’alpinisme » t’ai fait plaisir. C’est un<br />

remerciement pour l’excellent séjour passé à Bruxelles.<br />

- Au sujet de ton frère, je pense qu’il sera possible de lui trouver une pension à Chamonix ou<br />

dans les environs. Ce serait évidemment très bien s’il pouvait ramener du Congo les<br />

denrées rares ou chères comme sucre, thé, huile café, savons, etc. … - soit qu’il les utilise<br />

comme vivres de courses ; soit qu’il les échange avec l’hôtelier.<br />

- Si dès maintenant, tu veux lui donner mon adresse, je lui stockerai ses colis pour qu’il les<br />

retrouve en bon état son arrivée.<br />

- Je n’ai pas encore vu Guido, dès que je le verrai, je lui rappellerai l’article pour votre revue.<br />

- Guillemin m’a transmis une de ses lettres dans laquelle tu lui demandes différents<br />

renseignements.<br />

- Semelles Vibram. Il se peut que l’on en trouve dans le commerce, mais de toute façon je te<br />

conseille de t’armer d’un morceau de pneu de camion, d’un canif bien aiguisé et d’un verre<br />

d’eau… et de courage et de patience. Je suis allé aux Jorasses avec des simili Vibram de<br />

ma fabrication.<br />

- Prends un morceau de pneu que tu découperas aux dimensions de la semelle de ta<br />

chaussure (un peu plus large pour commencer). Cette semelle pneu, fixe-là provisoirement<br />

sur ton soulier à l’aide de 2 clous juste pour que ça tienne. Sculpte ensuite quelques reliefs<br />

(pour que ça tienne un peu sur la neige -on prend très vite l’habitude du caoutchouc sur la<br />

neige) des ailes de mouches très larges par exemple séparées par un creux.<br />

Tu peux soit sculpter également un talon, ou alors mettre un talon ( !) ce qui t’aidera dans les<br />

passages neigeux, surtout à la descente, mais est un peu plus fatiguant que le caoutchouc,<br />

à la descente des moraines. Ne prends pas un caoutchouc trop épais (tu feras des reliefs<br />

moins creux, ça ne fait rien) sinon ton caoutchouc en plus de la semelle te donnera<br />

l’impression d’être sur des échasses. Laisse au pneu, 1 épaisseur de toile. Si tu peux,<br />

enlève une épaisseur à ta semelle en cuir, à condition que l’épaisseur qui restera soit très<br />

solide et rigide. Pour fixer la semelle, gratte le caoutchouc et le cuir avec une râpe, ou une<br />

fraise, de manière à les rendre rugueux. Passe sur le cuir, 6 à 7 couches de dissolution ou<br />

mieux de sulfate ou … de soufre, passe 1 couche de dissolution ou de sulfamate sur la<br />

semelle, colle le total, visse-le également par quelques vis placées dans les creux et presse<br />

le tout.<br />

Si tu as besoin d’autres renseignements, n’hésite pas à me les demander.<br />

- J’ai reçu une lettre de Mr Armand RAES qui désire venir à Chamonix avec un ami en juillet<br />

pour faire le Mont Blanc, Grépon et Drus. Le connais-tu, en est-il capable ? Maintenant<br />

pour le Mont Blanc, il me demande si je pourrai le guider lui, son ami, 2 femmes. Il est<br />

impossible de faire une cordée de 5 ! Et pour les Drus, à 3, il faut déjà qu’ils marchent bien.<br />

Veux-tu me dire très rapidement s-t-pl., s’ils sont suffisamment forts. Ceci à titre amical et<br />

sans leur en parler.<br />

- Et toi, quand penses-tu venir ? Je ne sais pas si j’aurai beaucoup de temps, l’École<br />

Nationale d’Alpinisme qui s’occupe de la formation des guides et porteurs m’a demandé si je<br />

voulais venir comme moniteur, je pense accepter, ce qui malheureusement me laissera peu<br />

de liberté. Veux-tu donc me dire à peu près quand tu penses venir…De toute façon, je serai<br />

libre pendant les inter-stages, au cas où tu voudrais venir faire une course avec moi, une<br />

grande course Drus face Nord par exemple.<br />

En attendant de tes nouvelles, veux-tu me répondre rapidement au sujet de Raes,<br />

Reçois mes amitiés,<br />

Gaston Rebuffat.<br />

57


1946<br />

Les frontières sont ouvertes, et René part à Chamonix.<br />

Il écrit :<br />

« Depuis 1939, sept années de plus pèsent sur nos épaules. L’occupation du<br />

pays et une longue période d’inactivité constituent un handicap plus lourd<br />

encore.<br />

Juillet – Je retrouve des amis : Denise Lecomte, Jacques Jongen, André<br />

Flausch.<br />

Nous graduerons sagement la longueur et la difficulté de nos sorties,<br />

modestes d’ailleurs :<br />

- Le Peigne,<br />

- L’arête Sud du Moine,<br />

- Les traversées des Courtes, du Grépon et de Géant-Rochefort .<br />

Gaston Rebuffat, qui m’avait proposé de faire une course, n’a pas oublié ce<br />

projet. Nous partirons faire la face Nord des Drus. »<br />

Gaston raconte :<br />

« Le soir du 12 août, sur la place de la poste, je retrouve René. Nous errons dans<br />

Chamonix. Le lendemain, il pleut ; René est navré. Je sais que depuis des années,<br />

il désire gravir la face Nord des Drus. Dans l’après-midi, il y a une éclaircie. Nous<br />

regrettons de ne pas être partis. Le ciel se couvre à nouveau. Je demande à René :<br />

« Pourrais-tu grimper vite ? - Très vite, s’il le faut. » René demande : « Pourquoi ? ».<br />

« Si demain, il fait beau, prenons le premier train pour le Montenvers et tachons de<br />

faire la course dans l’après-midi ».<br />

Et le lendemain matin, 8h, à la gare de Montenvers, le beau temps est revenu. Nous<br />

grimpons vite, très vite même, il le faut car demain, le 15 août, je dois être à<br />

Chamonix pour la fête des Guides. Aller vite pour aller vite, nous a paru souvent<br />

idiot, mais aujourd’hui c’est autre chose. René n’a pas exagéré lorsqu’il m’a dit qu’il<br />

était capable d’aller vite. Il est constamment sur mes talons. Nous grimpons<br />

ensemble pour aller plus vite et parce que la confiance est réciproque.<br />

Qu’ils sont simples et sans éclat les moments qui fondent le bonheur et l’amitié.<br />

La joie de René est de réaliser ce projet vieux de neuf ans, la mienne est de l’y aider.<br />

Maintenant nous sommes assis l’un à côté de l’autre sur une terrasse de granit. Il<br />

neige légèrement. Il fait nuit. Tandis que nous terminons l’ascension, l’orage s’est<br />

déclenché. Nous sommes passés sous le sommet pour commencer la descente et<br />

nous arrêter. Cette neige contrarie nos projets.<br />

Vers 22 heures, le froid s’amorce, la lune apparaît. Maintenant, il fait très froid.<br />

Recroquevillés dans nos duvets, nous sommes assis côte à côte.<br />

Dans notre cœur, nous tenons tout le ciel ; nous suivons le sentier des étoiles sans<br />

nombre. Une légère bise se lève.<br />

Mille huit cents mètres plus bas, en bordure du glacier, les petits lacs du Tacul ont<br />

des reflets de pierres précieuses.<br />

Dans la vallée, Chamonix est endormie.<br />

Le lendemain matin, quand nous arrivons dans le pays, la cérémonie au cimetière et<br />

la bénédiction des piolets ont déjà eu lieu. J’aurai une amende pour être en retard.<br />

Extrait « Etoile et tempêtes » de Gaston Rebuffat.<br />

60


Et René écrit :<br />

La traversée de la mer de Glace devient une vraie séance de patinage grâce aux<br />

semelles « Vibram » ; pas de piolets pour nous aider maintenant, ni nous encombrer<br />

par la suite. Nous avançons à corde tendue. Une fissure forme un coude vers son<br />

milieu. Les « Vibram » de Gaston dérapent sur une épaisse couche de verglas. Mon<br />

compagnon me fait monter sous lui, passe sur mon épaule et se dégage de ce<br />

passage un peu « comprimant ». Hissage des sacs. Par une traction sur la corde,<br />

j’esquive le coude et la difficulté.<br />

Certaines parties de nos individus sont mouillées au contact du verglas et du froid.<br />

« Gaston gagne un petit surplomb. Ce n’est pas du 5 » dit-il en sortant.<br />

Je passe en pensant qu’en ce serait peut-être bien du 5 !<br />

Le Mont Blanc se couvre de plus en plus. Il ne faut pas traîner. Il commence à<br />

neiger. Le vent hurle. Je rejoins Gaston dans une petite brèche.<br />

Il grelotte, moi aussi. Pas possible de continuer, nous bivouaquerons ici, déclare<br />

Gaston. Le sommet est une vingtaine de mètres plus haut. Nous passons les<br />

vestes. Blottis l’un contre l’autre, sur une large vire, nous mangeons.<br />

Vers 21h, nous étendons nos sacs de couchage à 70 mètres du sommet.<br />

Un coup de coude de Gaston me secoue. « Regarde ». Le spectacle est inouï, la<br />

pleine lune sur la mer des nuages ; seuls les hauts sommets émergent ; le Mont<br />

Blanc, le Grand Seigneur des lieux, semble braver les flots sur sa coupole d’argent.<br />

Quelle récompense !<br />

Pas question de descendre au clair de lune. Je m’endors. Nouveau coup de coude,<br />

mon compagnon ne veut rien me laisser perdre d’un spectacle qui se déroule en<br />

dessous de nous.<br />

Nous nous levons avec le jour. Vers 6 heures, nous quittons notre terrasse en<br />

rappel. Enfin, le soleil nous réchauffe mais le glacier de la Charpoua est encore très<br />

dur quand nous l’abordons. Sans piolets et en « Vibram », nous avançons<br />

prudemment.<br />

Vers 10h30, nous nous désaltérons au refuge de la Charpoua.<br />

René Mallieux.<br />

Quelques extraits de la brochure du CAB, 1947.<br />

Toujours avec Gaston Rebuffat, René réussit :<br />

- La Traversée de l’Aiguille du Plan,<br />

- L’Aiguille du Midi, le Petit Dru,<br />

- La 1 ère ascension –d’une seule traite- de l’Arête Sud-est de l’Aiguille du<br />

Roc et par la même occasion, la deuxième descente du Couloir Aiguille<br />

du Roc-Bec d’Oiseau.<br />

Superbes escalades et solide amitié.<br />

61


Chamonix : Les Drus (Cliché G.Tairraz).<br />

62


1947<br />

Courses faites – en tête – par René Mallieux :<br />

- L’Aiguille des Pèlerins<br />

- La Face Nord de l’Aiguille d’Argentière<br />

- L’Aiguille du Diable (traversée des 5 pointes)<br />

- L’Arête Nord du Moine<br />

- Les Aiguilles Ravanel & Mummery<br />

- La Dent du Requin<br />

- Les Aiguilles Dorées<br />

- Le Grépon (versant Mer de Glace).<br />

René devient membre du G.H.M.<br />

1948<br />

André et René sont dans les Alpes Maritimes.<br />

Avec Victor Mathot, ils montent au Caire de Cougourde par la voie directe à la<br />

cime III.<br />

Avec Claude et Georges Kogan, ils réussissent la traversée du Corno Stella.<br />

A eux deux, ils feront la montée du couloir du Gilas de Lourousa, la seule course<br />

de glace du massif.<br />

1949<br />

De retour à Chamonix, toujours en tête, René grimpe encore et encore :<br />

- La voie Grütter, à l’Aiguille des Pélerins<br />

- Le Tour Ronde<br />

- La face Nord de l’Aiguille du Plan<br />

- La Dent du Géant<br />

- La Traversée Nonne-Evêque<br />

- La Traversée des Droites<br />

- L’Arête Est de l’Aiguille du Plan<br />

- La Traversée Grands Charmoz-Grépon<br />

63


Chamonix : arête de Rochefort 1946 (Cliché R.Mallieux).<br />

64


LA FACE NORD DE L’AIGUILLE DU PLAN<br />

Un soir à Chamonix, en ce bel été, la foule, les autos qui encombrent les rues, du<br />

bruit qui sort de partout. Il ne faudrait jamais redescendre de la montagne …<br />

Un grand garçon à vélo me fait signe. Gaston Rebuffat est devant moi.<br />

« J’ai un client pour une course – Que dirais-tu de nous accompagner ? Tu formerais<br />

une seconde cordée avec un copain. »<br />

Je propose aussitôt de faire la face Nord du Plan ; elle seule m’impressionne et<br />

m’attire. En me quittant, Gaston m’apprend que son client est une cliente. Il me<br />

semble entendre la voix de mon frère me glisser dans l’oreille : « catastrophe ».<br />

En allant prévenir Willy Niort, j’apprends qu’une cordée de Parisiens y monte demain.<br />

Le départ se fait du Chalet du Plan de l’Aiguille, à 2h du matin.<br />

Willy Niort, un copain parisien, est mon compagnon.<br />

Depuis le départ, j’ai eu tout le loisir de me livrer à quelques observations sur la<br />

personne de sa cliente. Le résultat de cette étude m’a fait penser que l’ami Gaston<br />

n’aura guère l’occasion de se promener avec les mains dans les poches.<br />

Nous chaussons les crampons.<br />

La glace, la neige fraîche, un mur de glace, une monté lente, un autre mur de glace,<br />

Gaston, debout sur un bouchon de neige, de consistance douteuse, taille des<br />

marches et des prises de mains. Il s’élève et plante un piton à glace pour assurer la<br />

traversée.<br />

Ce passage délicat franchi, il doit bientôt s’arrêter à bout de corde sur une pente de<br />

glace assez raide. C’est au tour de la cliente.<br />

Malgré une corde bien tendue, les premiers essais restent infructueux. Chaque fois,<br />

elle retombe sur le bouchon de neige en le tassant de plus en plus, ce qui rend le<br />

départ encore plus difficile.<br />

« Tirez ! » réclame alors la cliente et le ton de sa voix indique qu’elle trouve tout<br />

naturel l’emploi de ce mode d’escalade.<br />

Gaston assure ferme. Niort et moi nous nous livrons à d’innombrables manœuvres<br />

de cordes, de mousquetons, de poussées. Tandis qu’un filet de neige coule sur<br />

nous. L’heure avance. Enfin, elle passe et nous pouvons y aller à notre tour. Mains<br />

et pieds engourdis après cette longue attente.<br />

La course se poursuit et le brouillard se lève. Il est au moins 5 heures de l’aprèsmidi,<br />

le sommet n’est pas loin.<br />

Nous descendons sous un plafond de nuages.<br />

Niort, interroge la cliente : Ca va mieux maintenant ?<br />

La réponse vient sur le ton le plus naturel : « Oh, ça n’a jamais mal été ».<br />

Ce sera le mot de la fin.<br />

René Mallieux décrit la course au complet<br />

dans la revue d’Alpinisme du CAB, 1950.<br />

65


1950<br />

Extrait d’une lettre de Georges Kogan :<br />

Cher René,<br />

Tu as fait une énorme erreur (du point de vue alpinisme) de ne pas être venu<br />

avec nous la saison dernière et de t’être de nouveau collé à ce bourbier<br />

chamoniard.<br />

Nous avons bien usiné et, avec toi, on aurait fait davantage. Je pense que<br />

cette erreur, tu la répareras cette année en notre compagnie.<br />

Amitiés, Georges.<br />

Claude Kogan ajoute :<br />

J’espère que nous reformerons l’équipe.<br />

Le maître de l’escalade belge daignera, je pense, faire<br />

cordée avec son élève. Grosses bises.<br />

Dans les Dolomites<br />

Pierre Gailly et René Mallieux, associés aux niçois Claude et Georges Kogan<br />

et Marcel Mallet montent ensemble à la Civetta par la célèbre voie Solleder.<br />

En outre, René, avec Marco Franceschini, de Trente, réussit la deuxième<br />

ascension de la Cima d’Ambies par la paroi Sud-Est<br />

Dans le Valais<br />

Avec Pierre Gailly, René et André gravissent le Lyskamm.<br />

Ils font, avec Georges Kogan, le versant Est du Monte Rosa.<br />

Le Dauphiné Libéré du 23 août 1950 publie un article intitulé « Chronique<br />

Alpine » :<br />

« Gaston Rebuffat et Bernard Pierre ont réussi le 28 juillet, la très difficile<br />

ascension de la Civetta par la voie « Soleder ».<br />

Il s’agit d’une voie particulièrement exposée et difficile qui comporte huit<br />

passages de 6 e degré. …<br />

Les deux alpinistes débouchèrent au sommet et leur joie fut grande à la<br />

pensée qu’ils avaient réalisé la 1 ère ascension française de ce sommet. »<br />

En fait, la 1 ère ascension avait été réussie, quelques jours avant, par une<br />

cordée franco-belge composée des alpinistes Gailly, Kogan, Mallieux et<br />

Mallet !<br />

Comme quoi …<br />

66


Dolomites : Campanile Basso et Brenta Alta – 1950 (Cliché Garbari).<br />

67


A propos du Groupe de Haute Montagne<br />

G.H.M.<br />

Dans le Bulletin Mensuel du CAB, avril 1938, n°4, on peut lire :<br />

« Depuis deux ans, les visites des grimpeurs parisiens se sont multipliées. On peut<br />

évaluer à une centaine le nombre d’étrangers ayant visité nos rochers dans un but<br />

d’escalades depuis la première sortie officielle du G.H.M. en 1933. »<br />

Voici les conditions d’admission au G.H.M. :<br />

1. Parrainage :<br />

2 parrains dont un de nationalité française<br />

2. Conditions de courses :<br />

les courses sont cotées.<br />

3. Agrément du Comité :<br />

le G.H.M. est un groupement d’alpinistes et non de simples<br />

varappeurs.<br />

La valeur de chaque course a été établie d’après deux facteurs :<br />

- sa difficulté<br />

- son caractère « grande course ».<br />

Un tableau reprend une liste de courses non cotées, des courses de<br />

premier ordre, cotées, pour le Mont Blanc, l’Oisans, la Suisse, les<br />

Dolomites, les Pyrénées.<br />

Deux parrains vont appuyer la candidature de René Mallieux au G.H.M.<br />

qui prend connaissance de la liste de ses courses et qui l’accepte comme<br />

membre en 1947.<br />

Lucien Devies, président du G.H.M., invite les Belges à participer à une<br />

réunion d’alpinisme qui permettra de resserrer les liens d’amitié entre les<br />

deux pays. Le rassemblement aura lieu aux Praz du 20 juillet au 9 août.<br />

Sur les 28 participants, il y a 4 Belges : André Focquet, Jacques Jongen,<br />

René Mallieux et Henri Vigneron.<br />

68


René entraîne, à Chamonix, son ami Citron qui découvre la vallée<br />

et un refuge.<br />

Quand nous franchissons l’épaisse porte de bois, quelques occupants<br />

discutent vivement au fond de l’unique salle du rez-de-chaussée. Ils<br />

portent l’insigne du G.H.M. ; l’entrée en matière est de choix.<br />

On m’a exposé à leur sujet toute une série de calculs, de courses à<br />

accomplir à différentes altitudes, de points à récolter chaque année,<br />

toute une arithmétique d’où il résulte qu’il faut avant tout être excellent<br />

mathématicien pour s’épingler le glorieux insigne. Il paraît aussi qu’il<br />

faut être très fort en montagne.<br />

Mais comme il me souvient d’avoir vu dans la suite et à différentes<br />

reprises, l’un ou l’autre de ces messieurs mollement suspendu au bout<br />

d’une corde ou irrévérencieusement affalé sur un petit bout de glace<br />

vive, ma conviction n’est pas restée entière sur ce point.<br />

J’opine à croire aujourd’hui que l’exacte connaissance du glacier et du<br />

roc ne compte pas nécessairement parmi les qualités requises d’un<br />

parfait G.H.M.<br />

Quoi qu’il en soit, ceux-ci sont, paraît-il, très forts. Hommage leur soit<br />

rendu !<br />

Bulletin du CAB n°4, article signé Citron.<br />

En décembre 1949, René Mallieux pose sa candidature pour partir dans<br />

l’Himalaya.<br />

Lucien Devies lui répond le 13 janvier, en tant que Président du G.H.M. :<br />

« J’ai bien reçu votre lettre du 26 décembre et je comprends parfaitement<br />

votre désir d’aller un jour à l’Himalaya, d’autant que vous êtes certainement<br />

très qualifié pour une expédition dans ces régions.<br />

Etant donné les conditions de divers ordres dans lesquelles se monte notre<br />

expédition, il ne paraît pas possible de vous réserver une place et j’en suis<br />

désolé.<br />

Je vous expliquerai cela de vive voix à la première occasion.<br />

Nous nous débattons dans des problèmes d’une extrême complexité.<br />

Croyez, mon cher ami, à mes regrets et à mes sentiments très cordiaux. »<br />

L’équipe ne pouvait être constituée que de Français car c’était une expédition<br />

française !<br />

69


En manipulant les multiples médailles et insignes de la collection de René<br />

Mallieux, je trouve une plaquette en aluminium avec attache au verso :<br />

C.Q.N.F.P.P.<br />

Bernard Pierre, financièrement très aisé, a beaucoup grimpé « en second »,<br />

pour des courses difficiles avec de nombreux guides. Il a ainsi réussi à<br />

récolter les points nécessaires à son entrée au G.H.M. !!!<br />

Sur cet insigne, créé et porté par un groupe de protestataires, on voit les<br />

lettres :<br />

CQNFPP = « Ceux Qui N’en Font Pas Partie » (du G.H.M.).<br />

Réaction d’idéalistes au règlement du G.H.M. et aux moyens financiers<br />

permettant d’en détourner l’esprit.<br />

70


René et la jeunesse<br />

René Mallieux s’est en tout temps fort préoccupé du sort de la jeunesse, et dans<br />

le souci constant de lui apporter son aide maximale, pour qu’elle puisse avoir<br />

accès à la montagne.<br />

Il a rempli diverses missions :<br />

- il a représenté le CAB à l’ « Entente nationale des groupements de plein air » ;<br />

- il s’est documenté auprès du Royal camping et caravaning club de Belgique<br />

pour propager au maximum le camping ;<br />

- il a participé au Congrès national de plein air.<br />

René recevait les bulletins du CAF. Un dépliant de l’Union Nationale des Centres<br />

de Montagne (UNCM) lui signale l’existence de centres ouverts aux jeunes pour<br />

une initiation ou un perfectionnement au ski ou pour des courses en montagne. Il<br />

écrit à Raymond Leininger qui a participé à la création de l’UNCM. Il reçoit une<br />

réponse très documentée datée du 3 décembre 1946. En conclusion, il est très<br />

difficile de trouver un chalet à louer dans la vallée de Chamonix vu que les<br />

paysans ne lâchent leurs bicoques sous aucun prétexte. L’UNCM est amené à<br />

construire ses propres chalets.<br />

René informe le CAB qui prend acte.<br />

René fait des démarches pour que quelques jeunes grimpeurs puissent bénéficier<br />

des structures françaises et s’inscrire comme stagiaires dans les différents<br />

centres afin de s’initier aux techniques de neige et de glace.<br />

L’U.N.C.M. deviendra l’U.C.P.A. (Union des Centres de Plein Air).<br />

René a favorisé, tant qu’il a pu, les séjours des jeunes au Chalet des Belges situé<br />

dans la vallée de l’Avançon à 1.250m entre Gryon-sur-Bex et Anzeindaz, dans la<br />

Suisse Romande.<br />

Pour l’été 1948, il trouve le Chalet Balmont : huit lits occupent le dortoir et dans<br />

un local sommaire, il est possible de cuisiner.<br />

71


En 1960, l’Abbé Fagot reprend l’idée de René : trouver un emplacement fixe,<br />

dans la Vallée de Chamonix, à la disposition des grimpeurs qui veulent se<br />

perfectionner.<br />

Il trouve un bâtiment situé au centre du village des Houches, libre en juillet et<br />

août. Au rez-de-chaussée, il y a une cuisine (un réchaud à 3 becs et un évier),<br />

une salle à manger (2 grandes tables et 4 bancs). A l’étage, quelques chambresdortoirs.<br />

A chaque occasion, Michel Fagot insistait pour que René vienne au camp des<br />

Houches pour y signer son « livre d’or » et constater qu’au fil des années, cette<br />

organisation était bien rodée et efficace.<br />

Enfin en 1990, René accepte. Nous y passons un long séjour, en occupant<br />

l’unique chambre à lit double, en fer, baptisé par Michel « la chambre nuptiale ».<br />

Que reste-t-il de ce séjour ?<br />

Une montagne de souvenirs heureux.<br />

72


Refuges Adèle Planchard et Edouard Bourgeois<br />

Le 12 février 1925, Madame Adèle Planchard, liégeoise fort attachée au<br />

Dauphiné, décédée en 1924, laisse à la STD (Société des Touristes du<br />

Dauphiné) un legs de 2.500 francs pour des travaux en haute montagne. Le<br />

11 janvier 1926, Monsieur Edouard Bourgeois annonce un nouvel envoi de<br />

2.158,55 francs, conformément aux dernières volontés de Madame Adèle<br />

Planchard.<br />

Le refuge Adèle Planchard, situé à 3.173 mètres sous Roche Meane à Villar<br />

d’Arène, a été inauguré les 14 et 15 août 1927 et le professeur Bourgeois<br />

dépose au nom de la marraine une rente annuelle de 500 francs dans le<br />

berceau de la cabane.<br />

Edouard Bourgeois était professeur de chimie à l’Université de Liège. Il était<br />

proche de Madame Adèle Planchard et son exécuteur testamentaire. Il<br />

arpentait intensivement les Alpes et avait une prédilection pour l’Oisans.<br />

Grand ami de la STD, il financera dix ans plus tard, la presque totalité de la<br />

construction du deuxième refuge de la Selle qui porte son nom et qui sert<br />

aujourd’hui de refuge d’hiver ; il est situé à 2.635 mètres au fond de la vallée<br />

de la Selle à Saint-Christophe-en-Oisans.<br />

Le 14 août 1934, le Professeur Bourgeois écrivait à André Mallieux « Depuis<br />

trois semaines, je suis presque constamment au refuge dont j’achève<br />

l’aménagement ; l’inauguration en a eu lieu par un temps splendide succédant<br />

à deux jours de neige ».<br />

Quatre ans plus tard, en 1938, les deux frères André et René Mallieux<br />

viendront lui rendre compte à Liège de l’excellent état de son enfant. Edouard<br />

Bourgeois, abattu depuis six mois par une attaque cérébrale, muet, paralysé,<br />

à l’agonie, aura la force d’esquisser un sourire ; il pourra partir heureux.<br />

Edouard Bourgeois décède le 28 avril 1938 et repose au cimetière de<br />

Robermont à Liège aux côtés d’Adèle Planchard.<br />

Dans le refuge, on peut encore voir les silhouettes peintes par le professeur<br />

Bourgeois des emplacements des différents outillages équipant le refuge.<br />

Grâce à un soutien important de René Mallieux et d’une participation de l’aile<br />

francophone du CAB, le refuge fut équipé d’une liaison téléphonique en 1992.<br />

Depuis lors, la STD fait bénéficier du tarif de ses membres à ceux du CAB<br />

pour les nuitées dans ce refuge.<br />

73


Préparatifs<br />

IV. Son apothéose dans la Cordillère Blanche<br />

C’est l’été 1936, André et René Mallieux campent au Montenvers près du<br />

plus beau glacier de la vallée de Chamonix, la Mer de Glace.<br />

Raymond Leininger et Nicole Metzger ont aussi planté leur tente sur ce<br />

plateau.<br />

C’était encore la belle époque du camping sauvage !<br />

Les grimpeurs font connaissance et se reconnaissent des aspirations<br />

communes.<br />

Le 10 octobre 1936, les deux frères reçoivent une lettre de Nicole :<br />

« Nous nous marions dans les Ardennes françaises, le samedi 31 à midi.<br />

Vous n’êtes qu’à 130 km de chez nous. J’espère bien que vous pourrez venir.<br />

Si vous ne pouvez quitter votre travail le samedi matin, arrivez pour dîner.<br />

Cela serait chic de vous revoir et de se rappeler les souvenirs de cet été. »<br />

Hubert Kreusch et Paul Lefevre font la connaissance de Claude Trouillet à<br />

Hofstade, un club sportif fréquenté par les jeunes. Les week-ends suivants, ils<br />

se promènent ensemble et un jour, ils emmènent Claude à Freyr. Ils lui font<br />

découvrir les rochers belges. Ce seront ses parrains pour son admission au<br />

CAB en 1941. Très vite, elle souhaite quitter les voies pour « débutants ».<br />

C’est alors que René l’emmène dans des voies difficiles. Et un jour, au cours<br />

d’une halte dans « La Nouvelle Jeunesse », il lui propose de passer en tête.<br />

« René Mallieux est le premier homme à reconnaître son talent, le premier à<br />

lui faire confiance, le premier (il n’y en aura pas beaucoup d’autres) à accepter<br />

de s’effacer. Elle lui en gardera toute sa vie une reconnaissance fidèle. »<br />

Extrait du livre « Première de Cordée » de Charlie Buffet.<br />

Claude Trouillet, née le 21 février 1919, épousera Georges Kogan.<br />

Les Leininger, les Kogan, les frères Mallieux grimpent ensemble dans les<br />

Alpes et les Dolomites. Une grande amitié les unit.<br />

77


Le 16 mars 1949, Georges Kogan écrit à René :<br />

« Point de projets précis pour cet été, les Dolomites et la Bérarde en<br />

perspective. Mais pas Chamonix. Vive le changement.<br />

Himalaya : j’aime mieux ne pas penser aux fruits défendus… »<br />

En 1950, le 10 février, lettre de Georges Kogan à René :<br />

Où en est notre expédition projetée fin avril 1949 ?<br />

7 membres prévus ?<br />

Côté médical ?<br />

Transport : rien de fait ?<br />

Mais, si on part :<br />

Égalité absolue de tous les membres de l’expédition.<br />

Décisions prises en commun.<br />

Direction technique assumée sur place, en cas d’absolue nécessité<br />

par Raymond et René.<br />

Claude Kogan écrit à René le 2 septembre 1950 :<br />

Très important : Objectif n°1 – Les Andes ?<br />

Y penses-tu sérieusement ? Nous, oui.<br />

Nous allons à Paris, fin septembre, et<br />

nous documenter avec les Leininger.<br />

Puis, dans une lettre du 18 octobre 1950 :<br />

Pour obtenir des appuis officiels, il serait désirable<br />

d’avoir un but scientifique.<br />

Une lettre du Président du CAF du 4 novembre 1950 :<br />

« Il est entendu que ce sont M.M. Kogan, Leininger et Mallieux<br />

qui seront personnellement les organisateurs de cette expédition. »<br />

78


1951<br />

66 lettres relatent le démarrage de l’organisation de l’expédition.<br />

- Autorisation du pays et paiement.<br />

- Qui choisir comme participants ?<br />

Kogan proposera Maurice Lenoir, guide et masseur-kinésithérapeute,<br />

les Leininger proposeront Jean Guillemin, docteur en médecine,<br />

René Mallieux propose Jacques Jongen, ingénieur et grimpeur.<br />

- Quel matériel à emporter ?<br />

Échange de courrier avec les différentes firmes mais aussi demande<br />

d’avis aux membres d’expéditions précédentes (qui ont employé des<br />

tentes, des cordes, des duvets, des anoraks, des chaussures, des<br />

caméras, etc. …).<br />

Le 23 février 1951, René Dittert - Expédition à l’Himalaya- leur apprend qu’il a<br />

acheté les gants en soie dans un magasin d’articles religieux.<br />

- Que prévoir pour les porteurs ?<br />

Vêtements ? Sacs de couchage ? Chaussures et quelles pointures?<br />

Nourriture ?<br />

- Où trouver de la documentation ?<br />

- Et le ravitaillement ?<br />

- Où trouver l’argent ?<br />

- Quid du voyage : Qui ira en bateau ? Qui prendra l’avion ?<br />

- La presse : Quel journal paierait le plus, les articles rédigés au retour ?<br />

Une lettre du 19 mars 1951 de Georges Kogan :<br />

« Une expédition, c’est avant tout un boulot monstre, une entreprise<br />

commerciale et compliquée, avec des relents de caserne et de salle de garde.<br />

Mais si notre but est atteint, ces petits et grands sacrifices auront valu la<br />

peine.<br />

Et quel tremplin pour l’avenir … ».<br />

79


L’expédition<br />

Le 30 mai 1951 – Maurice Lenoir part en bateau en emportant tout le matériel.<br />

Le 21 juin 1951 - Claude et Georges Kogan, André et René Mallieux, et<br />

Raymond Leininger partent en avion, en passant par Agadir<br />

et Dakar pour arriver au Brésil.<br />

Le 24 juin 1951 - Jean Guillemin et Jacques Jongen en avion par New York.<br />

Par la suite, Nicole Leininger rejoint, seule, le groupe.<br />

Départ pour la Grande Aventure<br />

Les montagnes sont telles qu’ils les imaginaient.<br />

Le 7 juillet, ils admirent les palmiers de la place de Yungay (2.500m).<br />

Puis leur caravane s’enfonce dans la profonde vallée de Yanganuco, défilés,<br />

gorges, lacs s’y suivent dans un décor grandiose. Au-dessus d’eux planent<br />

les condors.<br />

A 4.500m, un camp est installé.<br />

Le 12 juillet, sous la tente, le sommeil ne vient pas. La nuit semble longue<br />

sous les tropiques, le soleil se couche à 18h et se lève à 6h. L’air manque<br />

dans la tente en nylon. André a l’impression de perdre la respiration. Il ouvre<br />

la porte, aspire l’air frais. La paroi de la tente est tapissée de glace, résultat<br />

de la condensation.<br />

Au matin, ils grimpent un dôme neigeux à 5.600m.<br />

Baptême d’une cime<br />

Le lendemain, une cordée de trois monte à un sommet sans nom.<br />

A l’unanimité, ils baptiseront cette montagne « Le Pisco », nom d’un excellent<br />

alcool fabriqué au Pérou.<br />

La caravane reprend son chemin.<br />

Ils seront six jours sur les neiges du « Huascaran » (6.768m). Les crevasses<br />

sont immenses. Une lutte longue et épuisante est entamée. La tempête se<br />

déchaîne. La descente s’impose.<br />

80


La conquête de l’Alpamayo<br />

Ils avancent avec un maximum de sécurité mais bien lentement. Ils grimpent<br />

sans trêve, grignotant quand c’est possible des nougats et des raisins dont ils<br />

avaient garni leurs poches. L’inclinaison de la pente est de 50 à 60 degrés.<br />

Les corniches sont redoutables. Ils rencontrent d’étranges formations<br />

neigeuses inconnues dans les Alpes ; d’énormes plaques de neige dure<br />

soudées à la montagne, et sous ces plaques cinquante centimètres de vide,<br />

puis de nouvelles plaques. Il faut les franchir sans les décoller de la paroi. Ils<br />

grimpent depuis 8 heures. Un bivouac est inévitable.<br />

Enfin, à 18h30, un dernier couloir de bonne neige dure livre le sommet tant<br />

convoité.<br />

Au moment où ils prennent pied sur la cime, le soleil disparaît et en quelques<br />

minutes, c’est la nuit.<br />

Un instant, ils savourent leur victoire.<br />

Maintenant, il faut faire vite, il faut fuir vers le bas.<br />

Le Quitaraju<br />

Ils partent vers cette belle montagne qui domine le glacier d’un bouclier de<br />

glace étincelant. La neige est excellente.<br />

Claude et Nicole sont attachées à la même corde et vont être la première<br />

cordée féminine à gravir une cime de plus de 6.000m.<br />

Elles posent les drapeaux français et péruviens au sommet.<br />

Jacques Jongen et Fortunato les ont suivies pour les filmer.<br />

Tous se sont trouvés au sommet.<br />

Retour à Lima en passant par Cuzco, l’ancienne capitale de l’empire Inca.<br />

« Et nous avions trouvé l’amitié ; l’amitié qui s’est épanouie pleinement au sein<br />

de cette poignée d’hommes, animés de la même flamme, ayant uni leurs<br />

forces dans une même aventure gratuite et insensée. »<br />

Georges Kogan.<br />

Cette merveilleuse aventure aura duré deux mois.<br />

P.S. - Le 3 septembre, l’avion nous ramène à Lima. Nos ascensions ont réuni l’opinion<br />

publique péruvienne. Les journalistes nous assaillent, nous donnons des conférences de<br />

presse, des interviews. René Mallieux, Georges Kogan et Nicole Leininger prennent la<br />

parole à l’Alliance Française. Le Comité national et l’association des Écrivains et Artistes<br />

nous reçoivent en leur local : ils veulent fonder un Club Andin Péruvien.<br />

Bien après, notre ami, Cesar Morales Arnao fonde un Club Andin de la Cordillera Blanca, à<br />

Huaras dont nous sommes les membres d’honneur.<br />

Revue d’Alpinisme éditée par le CAB, 5 e série, vol 5, 1951-1952<br />

Extrait signé André Mallieux.<br />

81


Extrait de « Reflets du Monde » n° 2, mars 1952.<br />

82


Retour de l’expédition<br />

Le livre « Cordillère Blanche », signé par Nicole Leininger et Georges Kogan, est<br />

publié aux éditions Arthaud, en 1952.<br />

Il centralise les notes et les photos de tous les membres de l’expédition.<br />

Le film en couleur « la Cordillère Blanche », tourné en 16mm par Jacques<br />

Jongen, est remarquable.<br />

André se rend à Londres, où il le présente en français à l’Institut belge, et en<br />

anglais à l’Alpine Club.<br />

Pour René, débutera une longue série de conférences dans différents pays.<br />

En France, il prend la parole à Paris :<br />

« Pour ses débuts à Pleyel, le rendez-vous de toutes les « Connaissances du<br />

Monde », notre bon ami belge, René Mallieux, a su découvrir spontanément la<br />

résonance de cette grande salle. Il lui a suffi, pour cela, de présenter son récit<br />

avec toute la simplicité et la bonne humeur naturelle que ses amis bleausards<br />

lui connaissent depuis toujours. »<br />

(s.) T.V.<br />

René se rend en Italie pour présenter le film au festival du « Film de<br />

Montagne ». A Trento, 29 films sont en compétition dont « Cimes et<br />

merveilles » de Samivel et « Premier de Cordée » de Frison-Roche.<br />

« Cordillère Blanche » obtient le 2 e prix.<br />

La presse relate l’événement dans l’Alto Adige, l’Adige, Gazellino, Milan-Sera<br />

et Il gazelino.<br />

A Athènes, René fait deux conférences. La première sous les auspices du<br />

Club Alpin Hellénique en présence du Ministre de Belgique, M. Baert et de<br />

nombreuses personnalités du corps diplomatique. La seconde, dans une<br />

école, en présence du Prince héritier de Grèce. Les commentaires étaient<br />

traduits par Monsieur Tzartzanos, Secrétaire Général du C.A.H.<br />

Les conférences se prolongent jusqu’à La Haye où René parlera à la<br />

Koninklijke Nederlandsche Alpen Vereninging.<br />

Pour le Centre Belge des Échanges Culturels Internationaux, Maurice<br />

Huisman propose, à René Mallieux, une tournée de conférences au Congo,<br />

d’Elisabethville à Stanleyville en passant par Albertville, Kigali, Goma, etc. …<br />

30 séances au total !<br />

Une carte vue du Ruwenzori, de René à André, datée du 8.12.52 :<br />

« Une tournée de conférences ici, c’est pour crever »<br />

« Je viens heureusement de respirer l’air à 5.000 mètres ».<br />

83


Revue de presse de cette tournée au Congo :<br />

Journal de Léopoldville – 17-18-19 octobre 1952<br />

« Ce film remarquable … »<br />

Journal de Léopoldville – 24 octobre 1952<br />

« Monsieur René Mallieux a présenté le film de la quadruple ascension dans<br />

le massif de la Cordillère Blanche :<br />

Le Nevado Pisco 6.000 mètres<br />

Le Huascaran 6.768 mètres<br />

L’Alpamayo 6.125 mètres<br />

Le Quitaraju 6.100 mètres<br />

La salle a suivi toutes les péripéties avec un indéniable intérêt. En bref, cette<br />

séance constitue une merveilleuse entrée dans le monde de la montagne où<br />

les hommes déploient des efforts désintéressés. »<br />

(s) J.C.<br />

Courrier d’Afrique – Léopoldville - 28 octobre 1952<br />

« Nous avons pu contacter l’alpiniste René Mallieux. C’est un homme dans la<br />

force de l’âge, râblé et sec. Il a formé, à l’École d’escalade de Freyr, nombre<br />

de grimpeurs et d’alpinistes belges. … Il est de ceux qui connaissent et aiment<br />

l’alpinisme… »<br />

(s) Josse Crabbé.<br />

Journal du Congo – 13 novembre 1952<br />

« Présenté par le président de l’U.A.A.L., Monsieur René Mallieux, qui compte<br />

parmi les grandes figures de l’alpinisme belge, rappela comment l’expédition<br />

franco-belge dans les Andes du Pérou avait été organisée, à son initiative<br />

d’ailleurs. Etc. …<br />

Avec « La Cordillère Blanche », René se promène aussi en Belgique,<br />

dès 1951 :<br />

Le 21 novembre – à l’HECC – Section de Bruxelles<br />

Extrait du compte-rendu :<br />

« Son récit, plein de verve, émaillé d’anecdotes amusantes et d’évocations de<br />

dangers encourus, nous entraîne en pensée, avec ces hardis alpinistes vers<br />

les sommets des Andes, dont plusieurs ne figurant pas sur les cartes,<br />

n’avaient jamais été escaladés.<br />

Le Président félicite René Mallieux et souligne le bel exemple de courage, de<br />

ténacité et l’idéal que nous proposent de tels exploits. »<br />

Le 13 décembre – Maison du Peuple de Bruxelles<br />

Coupure de Presse :<br />

« Mais si René Mallieux insista sur la valeur de cette performance, il parla<br />

avec beaucoup d’humour des à-côtés d’un voyage passionnant, des<br />

nombreuses caractéristiques des peuples qu’il fut amené à côtoyer et surtout<br />

de cet esprit de solidarité et de fraternité qui unit les membres d’une telle<br />

caravane. »<br />

Le Peuple 17.12.1951<br />

(s.) Jean Huyssens<br />

84


En 1952 :<br />

6 février – Dans la grande Salle du Palais des Beaux-Arts,<br />

sous les auspices des Amitiés Belgo-Péruviennes,<br />

Soirée de Gala :<br />

Présentation du film remarquable « La Cordillère Blanche ».<br />

La C.B.<br />

8 février – A la Société Belge d’Eudes et d’Expansion à Liège<br />

Extrait de la lettre de remerciement :<br />

« J’éprouve un réel plaisir à vous confirmer les vives félicitations que je<br />

vous ai adressées jeudi soir. Vous avez pleinement mérité le grand<br />

succès que vous avez obtenu car votre mission fut accomplie avec<br />

autant de savoir que d’élégance et d’énergie. »<br />

Arm. BETHUNE, président.<br />

9 février – Au Touring Club de Belgique<br />

26 février – Au Cercle d’Éducation Populaire de Sombreffe<br />

29 février – A l’Hôtel de Ville de Liège<br />

3 mars – A la Société Nestlé de Bruxelles<br />

26 mars – A Marche, au Cercle des Conférences<br />

Extrait du journal :<br />

« … On comprend René Mallieux dans son enthousiasme et on l’envie,<br />

lui, et ses coéquipiers. Avis donc à ceux qui veulent se forger une âme<br />

saine, un esprit calme et fort, qui veulent être eux-mêmes. Qu’ils<br />

suivent les <strong>MALLIEUX</strong> ! »<br />

La Meuse Luxembourg (8.4.52)<br />

De Centrale voor Vlaamse Documentaire Films biedt U de allerbeste<br />

programma’s met commentaar volledig in het Nederlands…<br />

« De overwinning van Alpamayo - Mooiste berg van de Wereld »<br />

Bon nombre d’articles ont fait écho de cette expédition dans les presses belge<br />

et française ainsi que dans des revues.<br />

La revue d’alpinisme du CAB de 1951-1952 est consacrée en totalité à<br />

l’expédition.<br />

85


De 1953 à 1956, le film sur la « Cordillère Blanche » est encore et toujours<br />

applaudi et, René Mallieux reçoit toujours des éloges, des félicitations et des<br />

remerciements chaleureux.<br />

Des alpinistes belges commencent à s’intéresser aux sommets extraeuropéens.<br />

Ce n’est qu’en 1980 que le film ressort de ses boîtes pour une séance à Liège, le jour<br />

où Jacques Collaer présente son film sur l’expédition de 1979 à l’Alpamayo.<br />

86


V. L’écrivain : « Le Roi Albert Ier, Alpiniste »<br />

Le Roi Albert Ier meurt à Marche-les-Dames le 17 février 1934.<br />

Le Comte Robert Capelle, Secrétaire du Roi Léopold III, écrit le 25 mars1934,<br />

une lettre au Comte Xavier De Grunne, secrétaire du CAB, lui signalant que le<br />

Roi est d’accord avec la proposition de la maison d’édition « La Renaissance<br />

du Livre » qu’un livre soit écrit sur l’activité alpine du Roi Albert Ier. Toutefois,<br />

il souhaiterait que les textes et photos lui soient soumis avant la publication.<br />

En 1935, Xavier De Grunne publie un «Essai de biographie alpine sur le Roi<br />

Albert» dans la revue du CAB mais ses amitiés avec Léon Degrelle et son<br />

adhésion au parti rexiste, sont un handicap. Après l’invasion allemande,<br />

Xavier De Grunne crée un groupe de résistants appelé « la Phalange » mais il<br />

n’écrira pas le livre.<br />

L’éditeur tient à son projet et repose la question : Qui va écrire le livre ?<br />

May de Rudder, critique musicale et littéraire, amie de Charles Lefébure,<br />

membre actif du CAB, accepte. Elle ne va pas loin dans les recherches de<br />

documentation car elle meurt.<br />

Cette fois, « La Renaissance du Livre » prend contact avec René Mallieux,<br />

Vice-président du CAB. L’entretien a lieu le 18 avril 1951 mais ce n’est que le<br />

5 février 1953 que le Comte André de Meeus d’Argenteuil, Grand-Maître de la<br />

Maison de la Reine, propose à René Mallieux de le rencontrer.<br />

L’éditeur doit avoir l’accord du Roi quant à l’honorabilité de l’auteur.<br />

Le contrat entre René Mallieux et « La Renaissance du Livre » est signé<br />

le 19 novembre 1953.<br />

88


René Mallieux se documente auprès des guides :<br />

Arturo Fanton, Dimaï père et fils, Piaz, Agostini, Dibona et, des non<br />

guides, mais d’excellents grimpeurs, Walter Amstutz, le Comte Aldo<br />

Bonacossa, Hans Steger, Paula Wiesinger …<br />

Il récolte des photos, des listes de courses.<br />

Il reçoit des lettres en français, en allemand, en italien.<br />

Il se met à écrire, à un rythme rapide.<br />

René Mallieux doit soumettre son texte au Roi.<br />

En 1955, René Mallieux envoie au Colonel Quinet, Aide de Camp de Sa<br />

Majesté le Roi Léopold III, les premières pages de son texte.<br />

Les autres feuillets seront expédiés au fur et à mesure de leur rédaction.<br />

Et le 11 juillet, il écrit au Roi :<br />

Sire,<br />

Voici quelques pages 130 à 152 qui constituent la suite de mon texte ...<br />

Permettez-moi de remercier Votre Majesté ainsi que la Princesse de<br />

Réthy pour l’aimable invitation qui m’a permis de passer d’agréables<br />

moments dans l’intimité et le calme de Ciergnon.<br />

…<br />

Veuillez croire, Sire, à mes sentiments respectueux et dévoués.<br />

Il envoie les pages du texte relatives à Marche-les-Dames, le 15 décembre<br />

1955.<br />

Le livre sort de presse le 19 mars 1956. A ce jour, il a été traduit en Catalan.<br />

89


L’éditeur a envoyé le livre dédicacé par l’auteur à :<br />

Sa Majesté la Reine Élisabeth<br />

En respectueux hommage d’un alpiniste belge<br />

à la mémoire du Roi Albert<br />

qui aima les montagnes comme<br />

seuls les alpinistes savent le faire.<br />

Sa Majesté le Roi Léopold III<br />

A S.M. le Roi Léopold passionné lui aussi de montagnes,<br />

de vastes espaces, d’air pur.<br />

A la mémoire de Son Père, qui fut le premier Roi Alpiniste,<br />

en souvenir de ses escalades avec lui.<br />

En reconnaissance pour la bienveillante attention qu’il a bien<br />

voulu m’accorder.<br />

Hommage respectueux et très sincère d’un alpiniste.<br />

Sa Majesté le Roi Baudouin<br />

A la mémoire de Votre Grand-père, le Roi Albert,<br />

qui fut un sincère admirateur et protecteur de la nature,<br />

un passionné des hautes cimes, un ami des alpinistes<br />

et du Club Alpin Belge.<br />

Hommage respectueux d’un alpiniste.<br />

90


Après la publication du livre, de nombreuses lettres de félicitations sont envoyées à<br />

René Mallieux.<br />

En voici quelques témoignages et extraits :<br />

Madame Jean Van Ryn<br />

Je te félicite d’avoir rendu ton sujet aussi vivant même pour des profanes<br />

(comme mes parents).<br />

Mon admiration pour le Roi Albert s’en est retrouvée renforcée.<br />

Quel grand bonhomme c’était.<br />

Union des Écrivains du Tourisme<br />

Des félicitations.<br />

Félix Germain<br />

Des félicitations.<br />

Jean Duchesne (CAB)<br />

Je trouve ton « Bouquin » magnifique.<br />

Philippe Francotte, avocat<br />

J’ai fort admiré ton livre, texte et illustrations.<br />

J’ai fort admiré aussi notre Roi.<br />

Cabinet du Directeur Général des Relations Culturelles<br />

Des félicitations.<br />

Marcel Nicaise, professeur<br />

J’ai gouté le style simple et direct que vous avez employé,<br />

comme il se devait pour un tel sujet, qui n’en est pas moins élégant…<br />

HECC<br />

Livre plein d’intérêt qui permet de connaître certains aspects<br />

de la personnalité de notre grand Roi.<br />

de Lidekerke<br />

Des félicitations.<br />

Pierre Van Halteren (notaire)<br />

Des félicitations.<br />

CAF (Club alpin français)<br />

Ce livre ne sera pas un simple souvenir d’un grand homme<br />

que fut ce Roi mais sera aussi le récit d’une époque.<br />

Toute mon admiration pour l’œuvre magnifique que vous<br />

avez si bien réussie.<br />

Boy – Plaetsier, officier des blindés<br />

Veux-tu envoyer ton livre au Général Major Seliers<br />

avec une dédicace rappelant nos escalades communes.<br />

(au besoin, je paierai le montant du livre à ton CCP).<br />

Amitiés.<br />

Marthe Mistler<br />

Je suis ravie d’avoir lu votre livre car j’ai beaucoup connu<br />

92


Bénédicte Supersaxo et son fils Amandus a été mon<br />

guide.<br />

Club Alpino Italiano<br />

Félicitations chaleureuses.<br />

Frédéric Selliers de Moranville, commandant du 16 e Groupement des Blindés<br />

J’ai consacré tous mes loisirs à lire ton livre et<br />

j’ai eu tant de plaisir.<br />

Louis Van Hege<br />

Merci du plaisir que vous m’avez procuré.<br />

Mlle C.E. Engel, écrivaine (Genève)<br />

Des félicitations<br />

Charles de la Vallée Poussin<br />

Ton succès a été confirmé par un des meilleurs critiques<br />

belges, Charles d’Ydewalle.<br />

Aldo Bonacossa<br />

Il écrit en ami.<br />

Des articles élogieux sont publiés dans la presse :<br />

18 février – Le Peuple<br />

22 février – Le Soir (signé Jean Mogin)<br />

25 février – La Métropole<br />

1 er mars – Le Courrier de Verviers (s. C. Deleclos)<br />

1 er mars – La Défense Sociale<br />

En mars – Royal Auto<br />

En mars – Touring Club<br />

15 mars – Les Nouvelles Littéraires<br />

(s. C. Burniaux de l’Académie royale de Belgique)<br />

4 avril – La Wallonie (s. Frenay-Cid)<br />

28 avril – Le Journal de Genève (s. Charles d’Ydewalle)<br />

5 mai – Le Journal de Genève (s. A.R.)<br />

15 mai – Revue générale belge (s. L. de Lichtervelde)<br />

17 juin – Le Phare (s. Luc Norin)<br />

7 juillet – Réforme (C.E.E.)<br />

En août – Société belge d’études et d’expansion.<br />

En août – Revue du Club Alpin (s. Jacques Jongen).<br />

93


VI. The King Albert Ier Memorial Foundation<br />

Le prince Albert assiste le 8 février 1902 à une conférence de Charles<br />

Lefébure, Secrétaire d’Ernest Solvay, grand industriel, sur la montagne.<br />

En 1905, le prince demande à Ernest Solvay de lui faire connaître un guide ;<br />

c’est Aloïs Supersaxo de Saas Fee (en Valais) qui emmène le prince en<br />

Engadine.<br />

Le prince Albert recherchait la paix des cimes en plaçant ses voyages au<br />

début ou en fin de saison.<br />

Il devient Roi des Belges en 1910 et continue à grimper avec des guides de<br />

grande valeur jusqu’à la guerre. Mais à partir de 1919, l’alpinisme sans guide<br />

se développe.<br />

En janvier 1929, le Roi reçoit une invitation, en tant qu’hôte d’honneur, à<br />

assister à une compétition de ski entre universitaires suisses et britanniques.<br />

Walter Amstutz est le vainqueur. Au cours du dîner, Walter Amstutz –<br />

capitaine de l’équipe suisse et aussi brillant alpiniste- est son voisin de table.<br />

La conversation s’oriente vers la haute montagne, des projets s’ébauchent et<br />

un rendez-vous est prévu pour l’été. Walter Amstutz et ses habituels<br />

camarades de cordée accompagneront le Roi dans l’Oberland Bernois. Le<br />

vieux rêve d’ascensions avec des amateurs se réalise enfin.<br />

Entre les deux hommes, des projets s’élaborent ; de nombreuses lettres sont<br />

échangées ; de nombreuses courses réalisées. Avec Amstutz, Bonacossa,<br />

Michel et leurs camarades, le Roi pouvait compter sur de nombreux<br />

compagnons de cordée de grande classe ; mieux, des amis.<br />

Le 17 février 1934, le Roi Albert Ier décède accidentellement dans les<br />

rochers de Marche-les-Dames.<br />

Walter Amstutz veut honorer la mémoire du Roi alpiniste et récolter des fonds<br />

pour la création d’une Fondation.<br />

Après la seconde guerre mondiale, le capital augmente et, en 1990, il atteint<br />

un million de francs suisses. Les statuts de « The King Albert Ier Memorial<br />

Foundation » peuvent être rédigés.<br />

Une médaille en or à l’effigie du Roi est frappée. Elle sera attribuée à des<br />

personnes ou institutions qui se seront distinguées par des réalisations dans<br />

le domaine de la Montagne.<br />

99


Les premiers lauréats sont :<br />

1. Lord John Hunt<br />

Chef de l’expédition à l’Everest<br />

29 mai 1953<br />

2. Wanda Rutkiewicz<br />

lithuanienne,<br />

a gravi 8 sommets de plus de 8.000 mètres.<br />

Ecrivaine, cinéaste, écologiste,<br />

elle a parcouru la montagne pendant 25 ans.<br />

Décédée en mai 1992, sa sœur recevra la médaille à titre posthume.<br />

3. Dr Bradford Washburn<br />

avec son équipe, a réalisé la carte du Mont Everest, à l’échelle 1:50.000.<br />

Le 25 mai 1994, René Mallieux reçoit une lettre de l’Office Suisse du<br />

Tourisme :<br />

« Nous serions très heureux d’avoir votre collaboration en tant<br />

qu’orateur lors de notre réception qui se tiendra le jeudi 16 juin à<br />

17h au Château de la Hulpe afin de faire connaître la Fondation<br />

Roi Albert ».<br />

René parlera une dizaine de minutes en présentant des diapositives et<br />

recevra des félicitations chaleureuses.<br />

Une lettre de Walter Amstutz annonce à René Mallieux que l’inauguration<br />

officielle de la Fondation qui aura lieu le 3 septembre 1994 à Gastermur dans<br />

la Vallée Bregulia :<br />

« J’espère vous rencontrer à cette occasion.<br />

Je vous remercie pour tout ce que vous avez fait<br />

pour la réussite de la Fondation… »<br />

Walter Amstutz et René Mallieux se sont retrouvés à Saint Moritz en 1994.<br />

Ils sont tombés dans les bras l’un de l’autre, très émus.<br />

100


Extrait du livre « Le Roi Albert alpiniste » de René Mallieux.<br />

101


1947<br />

VII. Ses conférences<br />

Le 14 janvier, René Mallieux donne au CAB une conférence sur<br />

« La face Nord des Drus »,<br />

course très difficile qu’il a faite avec Gaston Rebuffat.<br />

Le compte-rendu de cette soirée :<br />

« Après nous avoir initiés à l’entraînement des futurs alpinistes, entraînement<br />

qui se pratique dans nos massifs rocheux de la Meuse et de la Lesse, René<br />

Mallieux nous entraîna vers les exercices les plus difficiles en haute<br />

montagne. Sa causerie émaillée d’anecdotes, de détails amusants,<br />

d’aventures personnelles pleines de dangers, nous fit réellement participer à<br />

la vie de ceux qui se consacrent à ce beau sport et n’en jouissent pleinement<br />

que s’ils allient aux qualités de courage et de coup d’œil, un penchant vers la<br />

poésie et la solitude. »<br />

Le Président Fernand Crismer.<br />

Le 15 janvier, René parlera de « La Montagne et le Sport » (avec projection<br />

lumineuse) à l’École des hautes études commerciales et consulaires à Liège dont<br />

il est sorti bien des années auparavant.<br />

Le 20 février, à l’École des H.E.C.C., la tribune sera occupée par René Mallieux,<br />

capitaine-aviateur de réserve, secrétaire général du CAB.<br />

Le sujet : « Des Ardennes aux Alpes ».<br />

En décembre, il commente au CAB la projection de quatre films dont : « La<br />

Traversée des Aiguilles du Diable, dans le massif du Mont Blanc » qu’il fit<br />

avec Jacques Jongen.<br />

1948<br />

Le 3 avril, c’est à la Société belge des Ingénieurs et des Industriels à Bruxelles<br />

qu’il parle de l’ « École d’Escalade dans les rochers de la Meuse ».<br />

Le 4 mai à Paris, à l’Institut Océanographique, René fait une causerie sur le<br />

thème : « Des Ardennes Belges aux Alpes Françaises ».<br />

Voici quelques lignes qu’il a écrites :<br />

« Lorsque la section de Paris invite à sa tribune un étranger, vous pouvez<br />

espérer qu’il s’agit d’un orateur de talent. Hélas, pour vous, comme pour moi,<br />

vous n’avez devant vous qu’un montagnard très moyen, qu’un conférencier de<br />

fortune. Et si je suis coupable d’avoir accepté cette invitation, le grand<br />

responsable c’est mon ami, Marcel RENAUDIE. Comment refuser devant son<br />

amabilité et son insistance.<br />

102


Alors j’ai pensé : Inscrit à la section de Paris depuis 1929, vous ne pouvez pas<br />

me considérer tout à fait comme un étranger. Pour moi, les montagnes de<br />

France sont mes montagnes et combien de courses n’ai-je pas faites avec des<br />

camarades français. Et puis, croyez-vous qu’il soit bien nécessaire en matière<br />

d’alpinisme d’attacher beaucoup d’importance aux nationalités ? Il existe dans<br />

tous les coins du monde de belles montagnes que nous aimerions connaître<br />

et partout des alpinistes sympathiques.<br />

Hélas, il y a des frontières… et aujourd’hui je suis le modeste représentant du<br />

Club Alpin Belge.<br />

A ce titre, la réunion de ce soir, me donne l’occasion d’apporter aux dirigeants<br />

de la F.F.M., du C.A.F., de vos écoles d’alpinisme, de l’U.N.C.M., les<br />

remerciements sincères de tous mes camarades. Grâce à votre obligeance,<br />

ils ont pu faire leurs débuts en montagne dans les meilleures conditions.<br />

« Des Ardennes Belges aux Alpes Françaises », sujet quelque peu imposé, si<br />

j’ose dire car les Ecrins, le Mont Blanc et le Grépon m’étaient familiers avant<br />

Bayard. Bien mieux, il a fallu un Parisien pour nous amener, mon frère et moi,<br />

aux rochers de la Meuse. Cependant, pour respecter un ordre logique, un<br />

bref exposé sur l’escalade en Belgique précèdera quelques souvenirs de<br />

montagne. Le film terminera la soirée.<br />

L’École d’escalade des Ardennes… Elle ne jouit certes pas de la réputation<br />

de celle des Calanques, du Caroux, du Salève ou de Fontainebleau. Les<br />

parois ne possèdent ni l’ampleur des uns, ni la difficulté des autres et leur<br />

exploitation par les grimpeurs est relativement récente, une vingtaine<br />

d’années à peine…<br />

Dans la revue du CAF, un article signé par R.T. :<br />

René Mallieux vint non pas en conférencier mais en ami et c’est sans doute la<br />

raison pour laquelle il fit une excellente conférence. Très à l’aise dans<br />

l’immense salle de l’Institut, il donna l’impression d’un ami de Belgique, d’un<br />

bleausard des Ardennes, venu conter très simplement à des amis parisiens<br />

des histoires de montagne. Il parle avec une grande franchise et beaucoup<br />

de modestie.<br />

Le 19 novembre à Hautrage, un nouveau sujet de conférence :<br />

« Les rochers de la Meuse ».<br />

Le 13 décembre :<br />

René reçoit une lettre de remerciement de la section Nord du CAF ainsi<br />

qu’une demande de deux autres conférences, signée par André Duprey, de<br />

Lille.<br />

… «Veux-tu me confirmer l’heure à laquelle tu arriveras pour que je puisse<br />

venir te chercher. Nous comptons après tes conférences avoir le plaisir de<br />

faire avec toi et quelques amis un petit souper qui nous rappellerait nos<br />

veillées de Freyr autour du feu de camp»…<br />

103


1949<br />

Le 2 février, René présente au « Camping Club de Belgique » une série de<br />

diapositives sur « Mes courses en haute montagne ».<br />

1949 – Grande Semaine Liégeoise du Plein Air<br />

Voici le programme :<br />

21 avril – Walter FOSTIER, 1 er Reporter à l’I.N.R. parlera de son voyage en<br />

Tchécoslovaquie. Projection de film :<br />

« Prague, Montagnes de Slovaquie et Sports d’hiver ».<br />

22 avril – Georges BARZIN, homme de lettres.<br />

« Nature, sauvegarde de l’homme ».<br />

25 avril – Nicole & Raymond LEININGER, auteurs du livre<br />

« La route sans borne » - Premier prix de la littérature sportive 1946<br />

« De France aux Indes, en campant et à bicyclette »<br />

27 avril – René <strong>MALLIEUX</strong>, membre du G.H.M.<br />

Projections de films consacrés à « La Montagne et l’Alpinisme »<br />

1950<br />

René Dittert a participé à l’expédition suisse à l’Himalaya en 1947. Il vient<br />

présenter le film au CAB. Un nouveau départ pour l’Asie l’empêche d’honorer ses<br />

obligations de conférencier.<br />

Il propose à René de faire à sa place la tournée prévue en Belgique. René<br />

accepte.<br />

En conséquence, René se déplacera à travers les provinces wallonnes et<br />

flamandes. Il y donnera 102 conférences. Toutes sont accueillies avec<br />

enthousiasme et, toujours les remerciements sont élogieux.<br />

1951- 1952 - 1953<br />

Le film « La Cordillère Blanche » continue son périple.<br />

104


1953<br />

René Mallieux présente, en Belgique, l’expédition qui vainquit le Mont Everest.<br />

MOUNT EVEREST<br />

Entre 1921 et 1938, 7 expéditions ont tenté d’arriver au sommet de l’Everest. De<br />

nombreux essais de toutes nationalités ont suivi.<br />

En 1951, John HUNT, chef de l’expédition, part avec 10 alpinistes candidats et retenus<br />

pour l’Himalaya, dont :<br />

- Charles EVANS, chirurgien<br />

- Tom BOURDILLON, physicien<br />

- Alfred GREGORY, directeur d’une agence de voyage<br />

- Edmund HILLARY, apiculteur.<br />

Le 29 mai 1953 à11h30, avec un sherpa, nommé TENSING, Edmund HILLARY arrive au<br />

sommet.<br />

Rentrés en Grande-Bretagne, John Hunt fut nommé General Sir John HUNT ;<br />

Edmund Hillary devint Sir Edmond HILLARY.<br />

Le 26 octobre, une lettre avec en-tête «British Mount Everest Expedition 1953 », écrite<br />

par John HUNT :<br />

Dear M. Mallieux,<br />

I am sorry to have to write to you in English but life seems to be so hectic<br />

these days.<br />

John HUNT accepte une invitation du CAB à assister à un lunch, le 23<br />

novembre, avec l’Ambassadeur de Grande-Bretagne, de Hollande, le Premier<br />

Ministre et des membres du CAB.<br />

Un échange de correspondance se termine par une lettre du 2 décembre 1953,<br />

écrite par Paul Willems, Directeur au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles :<br />

Mon cher Mallieux,<br />

Après la dernière conférence de l’Everest à Bruxelles, je ne veux pas manquer<br />

de te remercier de ton obligeance. Trois fois, tu t’es dérangé et tu as accepté<br />

de présenter les conférenciers.<br />

Je te remercie vivement et te prie de croire à mes sentiments très cordiaux.<br />

P. Willems.<br />

N.B.- Les conférenciers étaient John HUNT, Edmond HILLARY & Alfred GREGORY.<br />

105


VIII. Sa correspondance et ses contacts avec l’étranger<br />

depuis 1936<br />

CHARLET Armand, guide de grand renom,<br />

félicite René pour son écrit sur la Brenva. Argentière,1937.<br />

COUZY Jean<br />

demande des renseignements sur les frères DIDOT et envoie des vœux. Paris, 2 janv. 1953.<br />

d’ARCIS Edmond précise la réunion prochaine de l’UIAA et la joie de le retrouver.<br />

Genève, 2 décembre 1949.<br />

de RADZISKY Pierre<br />

décrit ses courses en montagne et ses amitiés avec des Suisses : Dittert, Aubert et Tissière.<br />

Genève,1953.<br />

DEVIES Lucien<br />

répond à une demande d’hébergement d’une dizaine de membres à l’ENSA.<br />

Paris, 16 février 1949<br />

DITTERT René<br />

« Il est toujours bien de rencontrer des alpinistes d’autres pays, de prendre contact et<br />

d’échanger des points de vue surtout que nous nous entendons mieux que les<br />

politiciens ». Lausanne, 19 octobre 1946.<br />

FONTAINE Camille, géologue, écrit de l’Institut des Parcs Nationaux du Congo Belge, … du<br />

fond de sa brousse.<br />

« Mon cher René, Je voudrais faire le Mikano mais il se trouve dans le Parc et il faut<br />

une autorisation pour escalader cette montagne. Peux-tu faire cette demande en<br />

Belgique –à qui de droit- à titre de géologue et d’alpiniste. Je ne suis d’ailleurs pas<br />

chasseur. Pourrais-tu également m’envoyer une paire de skis, et une paire de<br />

cannes. Le tout bien ficelé et envoyé à Byumba. Envoie-moi par la même occasion<br />

100 balles de browning de 9mm. Peux-tu aussi m’envoyer les derniers numéros du<br />

CAB. Pour le moment, il fait ici un temps de chien, il est 9 heures, j’ai un foulard au<br />

cou et un braséro devant ma tente. Reçois mes bonnes amitiés et tous mes<br />

remerciements pour ton dérangement. Congo belge, 17 avril 1948 ».<br />

« Mon cher René, Mes meilleurs souhaits –un peu tardifs. Je me borne à faire des<br />

rappels pour descendre dans les puits de recherche et comme je n’ai pas de pitons et<br />

que d’ailleurs il n’y a pas de rochers, je fais simplement tenir la corde par un indigène.<br />

C’est très amusant et je te recommande le procédé. Veux-tu m’envoyer 100 balles<br />

pour revolver F.N. de 9 millimètres. J’habite pour le moment un gîte à 2250m<br />

d’altitude. Mon plus proche voisin est à 50km par la route. Des hauteurs voisines, on<br />

domine tout le lac Kivu. Meilleures amitiés. Ruanda, 4 février 1949 ».<br />

FRANCO Jeanne<br />

pour le « Collège National d’Alpinisme et de Ski » demande des renseignements sur<br />

Jacques Jongen, André Foquet et Henri Vigneron. Praz de Chamonix, 27 septembre 1947.<br />

106


FRANCCSHINI Marco, Consulenza Commerciale, verra René Mallieux lors du Festival. Il<br />

se rappelle leur ascension à l’Ambiez. Trento, 7 septembre 1952.<br />

René a dit que c’était sa plus belle course dans les Dolomites.<br />

FRESSINET Jo (+ Dr M.A. AZEMA) conseille à René d’emporter des « Vibram » et des<br />

espadrilles de basket pour des courses difficiles dans le Caroux. Hérault, 26 nov. 1948.<br />

FRISON-ROCHE Roger vit avec sa femme à Alger.<br />

C’est elle qui écrit et parle d’une conférence en Belgique « mais il doit d’abord terminer son<br />

bouquin avant de partir pour le Cap ». Alger, 21octobre 1949.<br />

« Cher Ami,<br />

Ce n’est qu’aujourd’hui que j’ai pu transmettre votre lettre à Frison, ce dernier roule<br />

sa bosse depuis un mois dans divers pays de France … Rassurez-vous, il présentera<br />

son film qui est une pure merveille. A mon grand regret, je ne l’accompagnerai pas,<br />

question enfants et finances. Sa seule détente est de trouver sur son passage de<br />

nombreux camarades. Il sera heureux de vous revoir. Pour tous les 2, nos bonnes<br />

amitiés ». Alger, 29 octobre 1949.<br />

GAILLY R.M.<br />

demande à René s’il a des photos des courses faites avec son frère, Pierre, lors de leur<br />

séjour dans les Dolomites et le Valais en août 1950.<br />

Pierre Gailly, excellent grimpeur, engagé aux commandos, a été tué le<br />

31 mars 1953, en mission en Corée.<br />

GERMAIN Félix, CAF, écrivain et traducteur.<br />

Son courrier concerne l’expédition au Pérou. Grenoble, 1 er avril 1949.<br />

Puis de nombreuses lettres et cartes ont maintenu le contact.<br />

GILLET Els<br />

demande de la documentation sur les cordes en nylon. Grenoble 22 juillet 1948.<br />

GROENEVELD J.<br />

adresse une lettre de remerciement « pour la peine que vous avez bien voulu vous<br />

donner pour nous guider dans les rochers dans une manière très excellente ».<br />

Den Haag, 1949.<br />

HABRAN Paul, chirurgien dentiste.<br />

annonce l’arrivée à Freyr d’un fort contingent de grimpeurs Rémois.<br />

« Salutations, amitiés autour de toi, la patte au frangin et pour toi, cinq doigts et le<br />

pouce ». Reims, 26 novembre 1949<br />

HENRY Jean<br />

Lettre annonçant le décès de son frère, François, mort gelé au Mont Blanc.<br />

La tragédie Vincendon et Henry a provoqué des réactions et beaucoup d’émotion dans<br />

l’opinion publique.<br />

Un texte de Claude DECK retrace la tragédie dans tous ses détails :<br />

« La mesquinerie, l’égoïsme, l’orgueil mal placé, l’incompétence sont à la base de tout ce<br />

gâchis. Seuls, Terray avec des amis suisses, les amis des deux naufragés et les moniteurs<br />

militaires feront preuve de générosité et de dévouement. »<br />

« Naufrage au Mont Blanc » d’Yves Ballu. Berkeley, 17 février 1957.<br />

107


HERZEN Serge, ingénieur-chimiste, parti en Argentine pour la Fondation Nestlé, va revenir<br />

en Suisse.<br />

« Tu penses avec quelle joie je ferai un saut à Bruxelles. Frans (De Coster) m’a dit<br />

que tu es toujours en pleine forme pour les varappes, alors prépare-toi à tirer le<br />

Patagon le long des parois ». Buenos Aires, 11 janvier 1946.<br />

« Bravo pour la résurrection des écoles d’escalades de célèbre et joyeuse mémoire.<br />

Pour la revue, je tacherai de pondre quelque chose sur le «Chalet des Belges».<br />

16 février 1948.<br />

« Mon cher René,<br />

… Nous avons été désolés d’apprendre que ta jambe continuait à t’embêter. Si ça<br />

dure longtemps il y aura tout un entraînement à récupérer… physiquement tout au<br />

moins, car moralement, je te suppose toujours « d’attaque ». Mais d’autre part,<br />

comme l’Everest a été vaincu, il n’y a plus de raison de faire de l’alpinisme !!! »<br />

25 juin 1953.<br />

HERZOG Maurice, GHM & CAF<br />

Cher Ami, Nous venons d’avoir l’idée d’associer les camarades du CAB à notre revue<br />

« La Montagne et l’Alpinisme » que tu connais bien. Paris, 25 novembre 1955.<br />

KURZ Marcel, Schweizeische Stiflung fur Ausseralpine, Neuchâtel<br />

suggère un échange de textes et de photos pour les revues « Les Montagnes du<br />

Monde » et celles du CAB. Suisse, 1947.<br />

LAMBERT Raymond, École d’Alpinisme de Genève<br />

écrit qu’un de ses articles a été publié dans la revue du CAF et qu’il a fait le 12<br />

janvier, la 1ère hivernale du Caïman avec son copain Marcel Gallay. Suisse, 1947.<br />

« Peux-tu prévoir un logement pour Claude Kogan et moi, les 18-19-20-21 », à<br />

l’occasion des conférences à Liège, Bruxelles, Gand, mai 1956.<br />

Mes chers Vieux,<br />

J’ai été très content de passer ces quelques jours – malheureusement trop courts-<br />

auprès de vous. Je vous remercie pour votre amabilité et votre gentillesse. J’espère<br />

que je reprendrai un jour le chemin de Bruxelles. Si vous êtes de passage à Genève,<br />

vous pouvez toujours coucher chez ma mère ou chez moi avec « lit garni ». Je vous<br />

laisse remercier la famille royale pour leur charmante soirée, … ». 26 mai 1956.<br />

LEININGER Nicole et Raymond<br />

Devant faire une conférence à Pleyel pour « Connaissance du Monde » avec leur film<br />

« La Route sans Borne », Nicole demande si le CAB serait également intéressé.<br />

Paris 1948.<br />

LEROUX Pierre<br />

propose à René de mettre son terrain (à Chamonix) à la disposition des membres du<br />

CAB du 1 er au 6 juin et de grimper avec eux. Chamonix, 1953.<br />

LIVANOS Georges<br />

donne des renseignements pour un séjour dans les Calanques. Marseille, 1950.<br />

108


MARTIN Maurice, CAF – Section Chamonix<br />

parle de ses expéditions, il dit que G. Kogan est le meilleur écrivain alpin actuel.<br />

France, 18 décembre 1951.<br />

Il propose à René de les accompagner au Ruwenzori. 29 mai 1952.<br />

MORIN Micheline<br />

« Si vous ou André passez par la capitale, ne manquez pas de sonner… ».<br />

Bravo pour la « Cordillère Blanche ». 1951.<br />

Musée Royal d’Histoire Naturelle<br />

adresse des remerciements à René pour l’aide apportée dans les rochers à<br />

Mr N. Leleup pour ses explorations entomologiques. Belgique, 1947.<br />

PAYET Paul<br />

« Mon ami Georges Tairraz m’a demandé de rechercher la date de baptême du Pic<br />

Albert Ier. Ci-joint copie conforme de la délibération du Conseil municipal de la<br />

commune de Chamonix. Le 23 février 1919, le Conseil a décidé de donner à une des<br />

pointes de l’Aiguille de l’M, pointe Sud, le nom du Pic du Roi Albert Ier. » Chamonix,<br />

31 mars 1954.<br />

PERROT Pierre<br />

remercie René pour l’envoi de brochures du CAB et donne des nouvelles. Il est allé à<br />

Chamonix pour une chasse aux chamois.<br />

« En France, nous vivons toujours dans une ambiance empoisonnée par la politique.<br />

Nous envions le sort d’un pays comme le vôtre ou la Suisse ».<br />

Romans-sur-Isère, 7 octobre 1947.<br />

PLOVIER Marie-Louise<br />

accepte de donner des conférences en Belgique sous le titre « Himalaya, montagnes<br />

sacrées ». Wervick-Sud, 9 mars 1952.<br />

REBUFFAT Gaston<br />

Dossier constitué de 48 lettres adressées à René Mallieux de 1945 à 1956.<br />

RENAUDIE Marcel<br />

écrit à René pour lui demander une conférence sur le thème : « Des Aiguilles belges<br />

aux Aiguilles de Chamonix ». Paris, 3 février 1948.<br />

« Nous serons très heureux de t’accueillir. Et puis, ne te fais pas trop modeste. Si tu<br />

vois Lecomte et Blaimont demande quand ils viennent à Bleau ». 28 avril 1948.<br />

ROCH André<br />

demande à René Mallieux de lui envoyer le récit de sa course à l’Aiguille de Roc et lui<br />

adresse des vives félicitations. Davos, 24 novembre 1946.<br />

Pour une publication, il demande un texte sur la Face Nord des Drus ainsi que sur<br />

l’Aiguille de Roc. Davos, 24 février 1947.<br />

109


ROELFESEMA Annie (Voorburg)<br />

demande d’organiser et de prendre en charge l’accueil d’un groupe de 30 personnes<br />

pendant 3 jours en mai dont 15 aimeraient grimper. Pays-Bas, 10 et 14 mai 1950.<br />

Lettre de remerciement du Nederlandsche Alpen-Vereiniging :<br />

« Cher René,…<br />

On était enchanté de la charmante manière dont nous sommes reçus et guidés dans<br />

vos rochers, avec tant de patience et de gentillesse et une compétence dont tous ont<br />

été impressionnés. J’espère que nous n’étions pas trop lourds à vos cordes. »<br />

1 er juin 1950.<br />

SEITELBERGER Lea<br />

« My dear friend, …<br />

It would be very nice and I would enjoy it very much if you and I could be together<br />

ourselves there and doing together the mountaineering. Let me know what do you<br />

think of it. »<br />

Vienne, 11 janvier 1950.<br />

STRUMPHLER A.D. (Aerdenhout)<br />

a fait une fausse manœuvre et René a été blessé à la main.<br />

Il s’excuse très gentiment. Pays-Bas, octobre 1950.<br />

TERRAY Lionel, guide<br />

envoie un carte vue de Sao Paulo. Son expédition a été formidable. Brésil, 1948.<br />

« Cher Ami,<br />

Nous avons regretté de ne pas t’avoir vu à Chamonix cet été mais il est vrai qu’avec<br />

le mauvais temps, tu n’as pas perdu grand-chose. J’ai appris que tu avais fait un tour<br />

dans l’Argentera . J’espère que tu as bien réussi. Pour moi la saison a été maigre.<br />

J’ai réussi un nombre assez important de petites courses que je ne connaissais pas :<br />

le couloir E du Mont Blanc, du Tacul, et de la voie Allain, au Caïman. J’espère te voir<br />

en Belgique. » 2.10.1948<br />

« Cher Monsieur,<br />

Mon mari s’est embarqué pour le Canada. Je lui ai transmis votre lettre. Elle lui fera<br />

certainement plaisir. Lionel est rentré, enchanté des Belges et de la Belgique ; Je<br />

pense que vous y êtes pour beaucoup et je vous en remercie pour lui. »<br />

Marianne T. Chamonix 13.12.48<br />

« Cher René,<br />

De retour du Canada où j’ai passé un hiver que j’ai trouvé bien long et ennuyeux<br />

malgré une population de gens charmants. Peut-être aurons-nous le plaisir de te voir<br />

avec ton frère cet été à Chamonix. Je commence à m’entraîner à l’escalade et<br />

lorsque j’aurai perdu un peu de poids, je serai en pleine forme. Reçois, cher Vieux,<br />

mes plus cordiales amitiés.» Lionel. 21 mai 1949.<br />

110


TRUFFAUT Roland<br />

confirme ce qu’a dit Maurice LAMBERT au sujet du projet d’aller au Groenland.<br />

France, 17 avril 1953.<br />

Réponse de René Mallieux du 20 avril 53 :<br />

« J’avais pensé former un groupe de jeunes bons grimpeurs afin de les sortir une 1 ère<br />

fois. Mais je n’ai pas encore fait la moindre démarche, ni cherché de la<br />

documentation, en un mot, je n’ai rien fait.<br />

Merci de notre participation avec vous, inutile de vous dire que je considère votre<br />

groupe comme très sympathique, car Maurice Martin et ses copains possèdent<br />

l’esprit de camaraderie que j’apprécie tout particulièrement.<br />

Il faut bien avouer que certains de nos jeunes et meilleurs grimpeurs semblent<br />

ignorer absolument ce bel esprit.<br />

Si je formais une équipe, je serais peut-être obligé d’éliminer les plus forts. »<br />

Van der STRAETEN – PONTHOZ Claudine<br />

Claudine tenait à Passy un magasin de porcelaines et d’orfèvreries.<br />

Mon cher René, …<br />

La Princesse possède exactement 2 bonnes photos d’elle en montagne et ce sont les<br />

photos qui ont paru dans le n° spécial que le « Patriote Illustré » a sorti au moment de<br />

son mariage. Ce sont des photos d’un séjour qu’elle a fait en 1951 dans le massif du<br />

Karwendel avec Stäger. Amitiés. Paris, 17 octobre 1955.<br />

Je ne viens pas à Bruxelles. Question chaussures, tu dois m’envoyer la longueur<br />

exacte du pied et pour cela mettre l’intéressé debout sur un papier, dessiner le<br />

contour du pied avec un crayon mince et garder le crayon perpendiculaire tout au<br />

long du parcours. Ce dernier point est capital….Amitiés. A bientôt. Paris, 14<br />

novembre 1955.<br />

Cher René,<br />

J’aimerais beaucoup que tu m’apportes ton livre quand tu viens, et je suis sûre qu’il<br />

intéresserait la Princesse Joséphine-Charlotte. Mille amitiés. 1956.<br />

Cher René,<br />

Strictement confidentiel. Je vais au Zoute avec la famille du 1 er juillet au 14. Je<br />

prends l’avion pour le Pérou mais la famille n’est pas au courant et ne le sera pas.<br />

J’aimerais te voir entre le 1 er et le 14, si c’est possible, histoire de recevoir quelques<br />

conseils éventuels. Où seras-tu ? Je te salue. 1957<br />

de l’Hôtel Grillon, Lima – Pérou, le 21 août 1957<br />

René,<br />

Je m’embarque demain soir. Serai à Paris le 24 à 10h45 le matin. Compte y rester<br />

un jour, le temps de m’informer de la situation familiale et rappliquerai à Bruxelles le<br />

25. Te téléphonerai de Paris. Suis en pleine forme. Ton petit fanion belge a été au<br />

sommet de Fucarama 6150 mètres. Il en est redescendu… tout juste !<br />

Dans quelques jours, je te raconterai les détails de cette expédition qui, pour moi, a<br />

été exceptionnelle du début jusqu’à la fin. Très affectueusement.<br />

111


Carte-vue - Expédition aux Andes 1957<br />

Claude (Kogan) et moi rentrons de Quebrada Rurie où nous avons passé 6 jours à<br />

chasser les papillons… Très très passionnant mais très fatigant. Demain, repartons<br />

tous dans le Quebrada Quilcay huanca, chasser d’autres papillons. Salut, Claudine.<br />

Kogan écrit : Espérons quand même ramener quelques choses. Jusqu’à présent<br />

sommes arrivés à 50m du sommet du Perco… après un bon bivouac à 5800mètres.<br />

Pays toujours aussi beau et passionnant. Je vous embrasse tous les deux. 1957<br />

Les parents de Claudine devaient ignorer que leur fille faisait de l’alpinisme.<br />

René, lui, était dans la confidence et favorisait la passion de Claudine. Voilà<br />

l’explication des papillons.<br />

René, …<br />

Ci-joint, les précieux objets que tu m’as prêtés. Merci encore un million de fois.<br />

Tâche de venir à Paris, je te montrerai les photos du Pérou. Très affectueusement.<br />

1957.<br />

René,<br />

Je reçois un mot de Claude Kogan avec qui j’ai accepté d’aller dans l’Himalaya au<br />

mois d’août prochain pour faire le Cho-Yo. Tu connais ? 8.000 mètres, à coté de<br />

l’Everest paraît-il, position Tibet-Népal. Ceci strictement entre nous.<br />

Si tu es à Bruxelles le jour de Noël, j’aimerais bien te voir. Il y a des éternités que l’on<br />

ne s’est pas vu. Par ici la forme est bonne – je dirais très bonne.<br />

Mille affectueux souvenirs à partager avec André. 6 décembre 1958.<br />

René,<br />

Comment vas-tu ? Si tu as encore le drapeau belge qui a été à l’Alpamayo et que tu<br />

m’avais confié pour le Pérou, me le confierais-tu encore cette fois ?<br />

Je suis en Belgique au Zoute du 1 er au 15 juillet. D’ici là, Paris.<br />

Le 12 août, je quitte Paris pour New Delhi.<br />

Lettre datée du 26 mai 1959.<br />

René,<br />

Je reste à l’instant à Bruxelles. Je prends l’avion samedi matin pour Paris, mercredi à<br />

Orly. Je suis un peu débordée par la famille et les derniers préparatifs. Si tu passes<br />

dans le coin demain jeudi vers 6h30, viens ; histoire de se serrer la pince avant le<br />

départ. Affectueusement. Août 1959.<br />

C’était sa dernière lettre.<br />

Claudine Van der STRAETEN – PONTHOZ a disparu le 1 er octobre 1959 au cours de<br />

l’expédition féminine au Cho-Yo.<br />

112


René Mallieux est cité :<br />

a) dans la littérature<br />

IX. René et la presse<br />

G. KOGAN & N. LEINIGER<br />

La Cordillère Blanche Arthaud 1952<br />

Gaston REBUFFAT<br />

Etoiles & Tempêtes (pp 77 à 84) Arthaud 1955<br />

Jacques BORLEE<br />

De Freyr à l’Himalaya Didier Hatier 1987<br />

(le nom de René Mallieux est cité plus de 48 fois)<br />

Charlie BUFFET<br />

Première de Cordée (p. 29) Robert Laffont 2003<br />

Yves BALLU<br />

Gaston Rebuffat (p.54) Hoëbeke 1996<br />

Gaston REBUFFAT<br />

La Montagne est mon domaine (pp 137 à 142) Hoëbeke 1994<br />

Bernard MARNETTE<br />

Cimes 2007 (pp 63 à 75) Revue du GHM<br />

b) dans les bulletins du CAB et dans des revues<br />

Bulletin mensuel du CAB, n° 4 – 1935<br />

Je suis encadré par les Frères Mallieux et pour ces vieux rats de la montagne<br />

tout chemin est bon pourvu que ce ne soit pas la voie normale.<br />

(s.) Citron<br />

Bulletin mensuel du CAB, n° 6 – 1935<br />

De leur côté, les Liégeois furent infatigables. Après avoir complété le coin de<br />

SY, sous la direction vigilante et persévérante de René Mallieux, les<br />

rochassiers mirent au point toute une série d’escalades dans le nouveau site<br />

de Hotton.<br />

Bulletin mensuel du CAB, 1936 – Souvenirs de la collective liégeoise 1935<br />

Dans le refuge, on installa les réchauds sur le coin de la lourde table de bois<br />

blanc. La cuisson fut l’œuvre du « Vieux Chef » dont les fantaisies<br />

gastronomiques n’étaient jamais parvenues à s’échapper du triangle : soupe<br />

aux pois – nouilles – quaker.<br />

113


Bulletin mensuel du CAB, n° 5 – 1937<br />

A l’Aiguille Verte …<br />

…Nous remontons, mon frère et moi la mer de Glace. Nous sommes joyeux,<br />

nous allons gravir une belle montagne. Au Couvercle, Arthur Ravanel nous<br />

accueille à bras ouverts. Il distribue les places dans les dortoirs. Quelques<br />

heures de repos sur un bat-flanc. A minuit, le réveil retentit ; lever…<br />

Nous longeons l’arête. La verte, enfin nous y sommes !<br />

André Mallieux.<br />

Chamonix – 12-13 août 1937<br />

Une nuit dehors.<br />

Lentement, Jacques Jongen, mon frère René et moi, nous grimpons…<br />

Un bruit de cymbale déchire l’air, un fracas épouvantable remplit l’atmosphère.<br />

L’orage est arrivé au sommet du Grand Dru. Aux pieds de mon frère et de<br />

Jacques, une boule jaune, tombe, éclate, disparaît. Le tonnerre redouble, le<br />

bruit se répercute, s’enfle. A chaque détonation, on est secoué….<br />

André Mallieux.<br />

Bulletin mensuel du CAB, n° 5 – 1937<br />

Hippolyte (= René Mallieux).<br />

Manger. Vous êtes fous ? Il reste encore deux heures de clarté. Nous<br />

mangerons une tarte au sucre, à 5h. Et Hippolyte, chef de section, disparaît<br />

en rappel. La nourriture est pour Hippolyte une invention diabolique, bonne<br />

tout au plus à faire perdre du temps, la boisson, une contingence<br />

méprisable,…<br />

Dans le Guide Vallot :<br />

René Mallieux et Gaston Rebuffat ont fait la Face Nord des Drus, 1946.<br />

Revue d’Alpinisme CAB 1947<br />

En France, René Mallieux réussit avec Gaston Rebuffat la Face Nord des<br />

Drus ainsi que la première ascension de l’Arête SE de l’Aiguille de Roc.<br />

Le Soir Illustré du 1 er avril 1948<br />

présente un reportage photographique dans les rochers de Freyr.<br />

Un Journal de l’Armée, 1948<br />

Reportage sur les rochers et sur René Mallieux.<br />

Revue d’Alpinisme CAB 1949<br />

Dans la chaîne du Mont Blanc, l’Aiguille du Plan a été gravie le 22 juillet<br />

par MM A. Fix, R. Mallieux et Niort.<br />

René Mallieux représente le CAB à la réunion de l’U.I.A.A.<br />

Le Dauphiné Libéré du 23.8.1950<br />

raconte l’ascension de la Civetta par la voie Solleder.<br />

114


Bulletin du CAB, n°1, mars 1960 - Section du Hainaut<br />

René Mallieux interviewé, répondit par une improvisation aussi profonde que<br />

charmante mettant l’accent sur la camaraderie qui doit réunir tous les<br />

alpinistes.<br />

Brochure du CAB, 1978<br />

René Mallieux a ouvert de nombreuses voies en Belgique.<br />

La Montagne-Alpinisme, n°133, 1983<br />

« … Cinquantième anniversaire de la Section de Liège. La soirée se termine<br />

par un repas à l’issue duquel le président du CAB remit une distinction à René<br />

Mallieux. Le CAF s’associa avec joie à cet hommage rendu à ce grand ancien<br />

qui fut, pendant de nombreuses années, un membre actif, dynamique et<br />

enjoué de la Section de Paris.»<br />

(s.) Paul Basset<br />

Brochure du CAB, 5 juin 1985<br />

Inauguration du nouveau local à Liège qui s’appelle Refuge René Mallieux.<br />

Falaise, 1992<br />

… La première ascension sans aide extérieure de ce qui deviendra la célèbre<br />

classique « direttissima » fut réussie par René Mallieux et Charles de la<br />

Vallée…<br />

…En 1938, René Mallieux s’escrime à déblayer les premiers mètres d’une<br />

nouvelle voie dans l’Ancienne Jeunesse.<br />

(s.) Jean-Claude Legros.<br />

Brochure du CAB, 18 février 1994<br />

Rénovation du local « Refuge René Mallieux ».<br />

Bulletin Ardennes et Alpes, octobre 1994<br />

« Les Rochers de Tilff »<br />

par Jean-Claude Vittoz.<br />

Vertigo, 1995<br />

« A bâtons rompus » : interview faite par Chantal Scohy.<br />

Le CAB Jeunesse, 1997<br />

Dans la carrière de Freyr, une voie est ouverte.<br />

Elle s’appelle « Les Dalles Mallieux ».<br />

(s.) Marc Verkoyen<br />

115


Ardennes et Alpes – 1 er trimestre 2006<br />

Quelques mots de Freyr à Hastière<br />

(s.) B. Marnette<br />

Ardennes et Alpes – 2e trimestre 2006<br />

Hommage à Jacques Jongen<br />

(s.) B. Marnette<br />

Ardennes et Alpes – 2e et 3 e trimestre 2006<br />

Petite chronique de Jean Bourgeois.<br />

Ardennes et Alpes – 4e trimestre 2006<br />

Mots des Voies – Noms de Rocs<br />

(s.) B. Marnette.<br />

Histoire et Mémoires, 2007<br />

Floriane Dupuis parle de Samivel et cite René Mallieux.<br />

Ardennes et Alpes - 2009<br />

Jean Bourgeois écrit à propos du 75 e anniversaire de la Section de Liège.<br />

Il informe le lecteur que René Mallieux a constitué une documentation<br />

très importante sur les débuts de l’escalade en Belgique.<br />

Ardennes et Alpes - 2009<br />

Vers un anniversaire. Les 75 ans de la Section de Liège.<br />

(s.) Georges Gillis et Christian Delfosse<br />

2010 - Conférence de Roland Renson, professeur émérite de la KULeuven,<br />

sur « The Mountain King : Albert I of Belgium and the Sociocultural -<br />

Symbolism of Mountaineering ».<br />

Il explique comment René Mallieux a été amené à écrire le livre « le Roi<br />

Albert, alpiniste ».<br />

116


Textes signés René Mallieux :<br />

1935 – CAB – Revue d’Alpinisme, tome I, n°2.<br />

« Les rochers de Sy et de Hotton. »<br />

1936 – CAB – Bulletin mensuel, n°4.<br />

« Collective de la section de Liège à Chamonix »<br />

1938 –CAB – Bulletin mensuel, n°4.<br />

« Compte-rendu de la conférence de la conférence donnée par G.I. Finch. »<br />

1938 – CAB – Bulletin mensuel, n°3.<br />

« Les drames de la première traversée hivernale des Aiguilles du Midi. »<br />

1938 –CAB – Bulletin mensuel, n°4.<br />

« Pâques au Plateau de Freyr. »<br />

1938 –CAB – Bulletin mensuel, n°8.<br />

« In memoriam Emile Merlin. »<br />

1947 –Revue alpinisme CAB<br />

« La face Nord des Drus. »<br />

1947 – Revue alpinisme CAB<br />

« L’arête Sud-Est de l’Aiguille de Roc. »<br />

1948 – Revue alpinisme CAB : « 14 bibliographies ».<br />

1949 – L’Armée et la Nation<br />

« Les ascensions du Roi Albert Ier. »<br />

1950 –Revue alpinisme CAB<br />

« La face Nord de l’Aiguille du Plan. »<br />

1950 –Revue alpinisme CAB<br />

« Quelques notes concernant l’école d’escalade de Freyr. »<br />

1951 – Revue alpinisme CAB<br />

« Cordillera Blanca – avant l’assaut final. »<br />

1953 – Journal des Beaux-Arts<br />

« L’homme le plus haut du monde : Raymond Lambert. »<br />

1953 – Revue du Palais des Beaux-Arts.<br />

« Autour du Mont Blanc. »<br />

1954 – Revue d’Alpinisme CAB, 5 e série, vol. 7,<br />

« Le Roi Albert, alpiniste. »<br />

117


1974 – Le Pic de Lierre, n° 29, octobre.<br />

« Coup d’œil sur le passé… »<br />

1983 – Revue d’alpinisme CAB, n° 35, juin.<br />

« Il y a 50 ans, les rochers de l’Ourthe ». - texte en annexe.<br />

1991 - René écrit aussi pour Anne Lauwaert, la préface du livre<br />

« La voie du dragon », la biographie de Claude Barbier.<br />

1992 –CAB, Le Nœud de Prussik, n°3.<br />

« Qui voit de loin, voit bien. – Qui voit de haut, voit juste. »<br />

1992 –CAB, n° 82, octobre.<br />

« Samivel, le regretté. »<br />

118


Son opération<br />

X. Un tournant dans sa vie<br />

L’activité sportive de René Mallieux – escalade et alpinisme- est arrêtée à la<br />

suite d’une opération.<br />

Depuis longtemps, René souffre de la jambe. Des douleurs dans le genou le<br />

préoccupent. Mais en fait, c’est une radiographie de la hanche qui déclenche<br />

de nombreuses questions.<br />

Comment opérait-on en 1952 ! René s’informe, prend différents rendez-vous.<br />

A Paris, il voit le professeur Jude qui lui explique la technique. Le placement<br />

d’une tête acrylique est possible. Mais après deux ans, une nouvelle<br />

intervention est nécessaire, avec encore un raccourcissement de 2cm.<br />

Un écart de quatre centimètres entre le deux jambes signifie la quasi<br />

immobilité.<br />

René voit aussi le professeur Merle d’Aubigné qui le dirige vers son adjoint, le<br />

Dr Duparc. En 1956, le Dr Duparc procède à une opération qui consiste à<br />

bloquer le fémur au bassin.<br />

Après avoir passé plusieurs mois dans le plâtre, en Normandie, René<br />

commence sa rééducation en Belgique.<br />

Mais l’Ardenne l’accueille.<br />

Adieu Freyr !<br />

De longues promenades dans les forêts à la découverte des cerfs, des biches,<br />

des sangliers, l’appareil photographique comme fidèle compagnon.<br />

René Mallieux est devenu « le magicien de la macrophotographie ». Ses<br />

images sont belles, originales, curieuses. Elles ont fait l’admiration de<br />

beaucoup d’amis et ont surtout impressionné Samivel.<br />

Une de ses diapositives, intitulée « Symphonie », a obtenu<br />

le 1 er Prix à un Concours « Asahi Pentax » au Japon.<br />

La recherche incessante du beau et le goût de la montagne à l’état pur ne<br />

parvient que favoriser une rencontre entre René Mallieux et Samivel. Une<br />

estime réciproque s’établit rapidement entre ces deux passionnés qui<br />

voyagèrent ensemble à maintes reprises et devinrent de véritables amis.<br />

Une intéressante correspondance fut échangée et une lettre au contenu<br />

chaleureux est jointe, à titre d’exemple.<br />

119


120


Sa rencontre avec Germaine<br />

En 1960, René fait la connaissance de Germaine.<br />

Il lui fait découvrir la nature qu’il aime et il lui fait apprécier le calme de la forêt,<br />

les grands espaces, les Ardennes, les Fagnes<br />

Il lui explique la vie des biches, des sangliers.<br />

Il lui apprend à photographier des insectes, du lichen, des glaçons, en position<br />

debout ou couchée.<br />

Il l’encourage à s’intéresser à la flore. Elle constituera un herbier de plantes<br />

médicinales.<br />

Mais l’activité professionnelle est à Bruxelles.<br />

Heureusement, l’évasion est au bout de la semaine : des week-ends à<br />

Hatrival, à Grupont, à Porcheresse, à Nassogne, à Hotton, avec les amis<br />

belges tous ex-grimpeurs à Freyr. Les uns campent, les autres cherchent<br />

du confort dans une pension de famille ou occupent leur résidence<br />

secondaire.<br />

Ces amis s’appellent Jongen, Delperée, Lequarré, Mayeur, Van Roye,<br />

Lefèvre, et bien d’autres, tant d’autres…<br />

Que de souvenirs !<br />

Aujourd’hui, ils ne sont plus là, leurs enfants et petits-enfants sont restés<br />

fidèles à cette amitié.<br />

Pour les vacances, c’est la France qui invite à la grande évasion.<br />

René, en chef de cordée, fait parcourir à son élève des sentiers inédits à<br />

Nevache mais aussi à Mont-Louis, Prats-de-Mollo, Buis-les-Baronnies.<br />

La montagne arrive doucement : Aussois, Bessans, les-Contamines,<br />

Chandolin, Ovronaz, Serre-Chevalier, où René retrouve ses amis alpinistes.<br />

121


Hatrival : Germaine et René, un couple de randonneurs.<br />

122


Germaine a maintenant de nombreux kilomètres et quelques dénivelés dans<br />

les mollets. Elle pourra suivre ces sportifs de haut niveau.<br />

Que de randonnées dans le Briançonnais avec les Leininger, les Charignon.<br />

Invités par Gaston et Françoise Rebuffat, René revoit Chamonix et les<br />

sommets qu’il a gravis ; Germaine, elle, va découvrir cette vallée.<br />

Le 3 août 1978, l’équipe des « Frères Mallieux » est brisée par le décès<br />

d’André.<br />

Pour René, la vie continue et les années s’accumulent. Il n’a rien perdu de son<br />

enthousiasme, ni de sa volonté.<br />

Agé de 87 ans, il randonne encore et à Ceillac, il est heureux de contempler le<br />

paysage depuis les cols :<br />

- Bramousse 2.323m<br />

- Fromage 2.301m<br />

- Estranques 2.757m<br />

- Giradin 2.751m<br />

- Tronchet 2.917m<br />

- Albert 2.846m<br />

Nous voici en 1993.<br />

René donne une dernière conférence. Le 8 mars, il présente 150 diapositives<br />

au Centre Culturel d’Auderghem :<br />

« Trente années d’Alpinisme avec le CAB ».<br />

En remerciement, le livre « Le Mont Blanc vu du Ciel » lui est offert.<br />

Il est dédicacé :<br />

Merci René, Que de bons moments tu nous as rappelés.<br />

J’ai eu l’honneur de rencontrer « l’histoire » du Club grâce à toi.<br />

Merci pour tes conseils précieux dont j’ai pu bénéficier en allant au Pérou.<br />

(s.) Jean-Michel Humblet.<br />

En remerciement, à notre vénérable et sage « ancien » de la montagne.<br />

(s.) Gabriel Deramaix et Nathalie.<br />

Un immense Merci. J’ai été ému et enchanté.<br />

(s.) Jacques Borlée.<br />

123


En 1994, René est convié à trois cérémonies :<br />

Les 60 ans d’existence de la section de Liège du CAB.<br />

La célébration du centenaire de la création du Mouvement olympique<br />

moderne.<br />

Il reçoit les félicitations du Comité Olympique Belge pour sa<br />

participation aux jeux olympiques d’Amsterdam en 1928 en qualité de<br />

joueur de hockey.<br />

La présentation à la presse belge, au Château de La Hulpe,<br />

de «The King Albert Ier Memorial Foundation ».<br />

Il y parlera du «Roi Albert Ier, alpiniste ».<br />

En septembre, René sera à Saint-Moritz, invité pour l’inauguration<br />

officielle de la Fondation.<br />

Ce sera son dernier déplacement.<br />

René nous quitte le 9 juin 1995.<br />

124


Le Pelvoux et le glacier des Violettes.<br />

125


XII. Hommages<br />

Que de messages reçus après le décès de René.<br />

Que de longues lettres émouvantes qui m’ont été adressées.<br />

Ci-dessous, je reprends quelques extraits :<br />

Abramowicz Michel René Mallieux ne voulait pas devenir vieux, il est parti à 89 ans sans<br />

l’être jamais devenu.<br />

Beuken Charles … Nous avons perdu un Grand Monsieur.<br />

Blomme Françoise Chère Germaine,<br />

C’est avec une profonde tristesse que j’ai appris que René nous avait<br />

quittés. C’est une belle page qui se tourne. Une vie de générosité,<br />

d’amitiés, de réflexions culturelles, de projets et d’ambitions,<br />

d’enthousiasmes qu’il vous a été donné de partager.<br />

Je pense à vous, à ses amis, à la place que sa personnalité avait prise<br />

dans leurs vies, leurs cœurs, dans le vôtre.<br />

Je souhaite courage pour accepter ce triste présent et pour envisager<br />

un avenir qui, mûri par les souvenirs, sera j’en suis persuadée,<br />

emprunt de la dignité que lui aura infusé la sagesse de René,<br />

l’enrichissement de sa pensée, de sa vie d’exception.<br />

Je vous embrasse affectueusement. Bien à vous, Françoise.<br />

Borlée Jacques Je sais la peine profonde que t’a causée la perte de notre cher René.<br />

Maintenant, il est au paradis des alpinistes.<br />

Je t’embrasse bien fort, Jacques.<br />

Bouvier Germaine J’avais eu la chance de le connaître et de l’apprécier au cours de<br />

quelques sympathiques randonnées en montagne.<br />

Charignon Geneviève Bien Chère Germaine,<br />

La maladie et la mort de René me peinent beaucoup. Après celle de<br />

mon mari, vous avez été pour moi, René et vous, des amis chaleureux<br />

et d’un grand réconfort ; aussi je vous en garde beaucoup de<br />

reconnaissance.<br />

Et maintenant, j’imagine votre désarroi. Après avoir entouré René de<br />

tant de soins, de tant de sollicitudes, le voilà parti et vous vous<br />

retrouvez comme amputée d’une partie de vous-même.<br />

Il va falloir du temps pour apprendre à vivre cette nouvelle vie qui<br />

commence pour vous avec la solitude comme compagne.<br />

Tant de souvenirs gais, joyeux, affectueux me lient à vous.<br />

Combien je compatis à votre peine et partage votre chagrin.<br />

Pour toujours, je reste votre amie qui vous embrasse de toute son<br />

affection, Geneviève.<br />

126


Charignon Anne-Laure<br />

Il me reste de René, ses superbes photos, ses histoires et ses blagues<br />

et le souvenir de quelques balades faites ensemble.<br />

Coenen-Luyckx Lucienne<br />

Puisse l’amitié de tous les anciens te faire chaud au cœur.<br />

Il était certainement heureux à 3.000 mètres, mais peut-être encore<br />

plus avec toi.<br />

Pour nous, c’est un peu de notre jeunesse qui s’en va.<br />

Degueldere J. Quelle joie et quel honneur ce fut pour moi de pouvoir entrer en contact<br />

avec l’un des grands de notre petit monde alpin. J’ai pu apprécier sa<br />

courtoisie, sa lucidité et son sens intact de l’humour. Souvenez-vous<br />

de sa causerie au Château Solvay l’an dernier, tant surtout que sa<br />

rigueur et son intransigeance quant à ses engagements, ses amitiés et<br />

ses convictions. Je suis persuadé que nous sommes nombreux, au<br />

sein du CAB, à considérer la disparition de René Mallieux comme une<br />

très grande perte, voire la véritable fin d’un esprit d’élégance<br />

chevaleresque à jamais révolu, hélas.<br />

Delfosse Christian Il est parti retrouver son frère André, ses amis Gaston Rebuffat et<br />

Samivel et, ensemble, ils vont escalader les plus beaux sommets et<br />

reviendront lorsque tous seront gravis.<br />

de Radzitzky Copie de sa lettre jointe en fin de chapitre.<br />

Deridder Mady et Fernand<br />

C’est un honneur d’avoir pu le côtoyer et nous garderons de lui le<br />

souvenir d’un homme très intéressant et plein de charme.<br />

Dupont D. Monsieur Mallieux restera toujours dans nos cœurs comme un grand<br />

alpiniste et un charmant client que nous aimions beaucoup. Son<br />

départ est une grand perte mais devons le voir comme le début d’une<br />

ascension comme il les aimait tant.<br />

Flausch Françoise Cher Germaine,<br />

Nous n’avons pas vu René, comme tu le sais, ces derniers temps mais<br />

les souvenirs reviennent en masse. Il était indissolublement lié à la<br />

montagne et j’ai entendu dire que les jeunes alpinistes étaient venus<br />

nombreux à ses funérailles.<br />

C’était un pur montagnard et je crois que les jeunes le sentaient bien.<br />

Je le vois pendant les W.E. de guerre arriver en saluant d’un cordial<br />

« à bas les scouts ». C’était sa formule et on voyait qu’il n’en pensait<br />

pas un mot. C’est pour nous un peu de la montagne qui s’en va, liée à<br />

des souvenirs combien vivaces, et je comprends que pour toi, c’est un<br />

grand vide mais on ne le voit pas contempler ses souvenirs dans un<br />

fauteuil…<br />

Flon Jean et M-F. … Nous partageons ta peine en ces heures pénibles. Nous sommes<br />

cependant heureux de penser que nous avons passé à quatre de<br />

nombreux moments joyeux et agréables en montagne.<br />

Ce sont des souvenirs inoubliables.<br />

127


Hardy-Polis Hélène René était un ami de ma jeunesse et j’ai toujours beaucoup apprécié<br />

ses hautes qualités, sa gentillesse et son amitié de toujours, nos<br />

randonnées dans les Ardennes, nos escalades à Freyr et notre idéal<br />

commun de la montagne.<br />

Je pense à vous, à votre chagrin. René avait une telle personnalité.<br />

Il a vécu une vie extraordinaire.<br />

Herzen Serge et Marie … Les moments passés ensemble tout récemment ont mis en relief<br />

les liens qui nous unissaient, faits de montagne, de jeunesse et de<br />

solidarité.<br />

A notre sympathie émue, se joint, pour toi, notre gratitude pour ce que<br />

tu as été et as fait, jour après jour, pour maintenir l’espoir et l’esprit<br />

invariablement tournés vers les choses de la montagne, notre ciment<br />

commun.<br />

Sachons à présent trouver un réconfort dans l’idée que notre René<br />

sera, comme il l’a souhaité, étroitement lié à cette face Nord des Drus<br />

que nous avons convoitée ensemble avant les grandes réalisations, et<br />

qu’il a conquise et gardée en lui-même comme le bien le plus précieux.<br />

Reçois aussi tous nos vœux et nos encouragements pour la tâche qui<br />

t’incombe devant les papiers, les documents et photos dont tu te<br />

trouves submergée…<br />

Hubert Nadine … Jamais je n’oublierai que René fut l’un des rares du CAB à nous<br />

soutenir mon fils Alain et moi pour l’expédition à l’Alma Dablan en<br />

1983. Il avait l’âme assez élevée pour comprendre.<br />

Jongen Christine Chère Germaine,<br />

Ainsi, notre cher René nous a quittés. Mes parents me disaient que tu<br />

avais été tellement dévouée après son opération.<br />

C’est un peu une nouvelle vie qui commence et je te souhaite<br />

beaucoup de courage, d’énergie et d’optimisme comme tu en as<br />

toujours témoignés.<br />

Lebrize Lysiane Chère Germaine,<br />

Je voudrais être près de toi et te prendre dans mes bras.<br />

René m’a apporté différentes choses dont le goût de la vie et de<br />

l’aventure. J’ai découvert avec vous deux, l’amour de la montagne, de<br />

la nature et je suis reconnaissante au destin de vous avoir rencontrés.<br />

J’ai téléphoné à Ceillac, aux Baladins. Il reste une petite chambre pour<br />

personne seule. Je la retiens pour dix jours du 18 au 28 juillet. Tu<br />

nous accompagnes. René serait très content de savoir que tu<br />

continues à fréquenter les chemins qu’il t’a fait découvrir.<br />

Bruno et moi essayerons de t’apporter le réconfort que tu mérites<br />

après avoir vécu des moments d’angoisse, d’espoir et de<br />

découragement. …<br />

Je t’embrasse très affectueusement, Lysiane.<br />

Lebrize Bruno Nous allons passer une semaine ensemble, en juillet, en montagne.<br />

Je t’entoure de toute mon affection, Bruno.<br />

Leclercq A-C et Ch. Nous sommes peinés par la disparition de René qui, nous le savions,<br />

t’était très cher. Nous gardons une excellente image de René comme<br />

quelqu’un de profondément gentil.<br />

128


Leininger Jean … Je voulais ajouter quelques mots au sujet de René. Je l’ai<br />

découvert sur les sentiers de nos montagnes au cœur des magnifiques<br />

paysages du Grand Massif de l’Oisans. Il se révélait à moi comme un<br />

poète qui s’ignorait mais aussi comme un connaisseur averti de tous<br />

les coins les plus isolés de ce Grand Massif. Je garde également un<br />

vif souvenir de la conférence avec projection qu’il a présentée à<br />

Villeneuve-la-Salle.<br />

Lequarré Anne-Sophie J’ai beaucoup pensé à René ces derniers jours et je le revois tout<br />

fringant et sautant m’ouvrir la porte, rue du lac. C’est cette image d’un<br />

René toujours optimiste et accueillant que je garde en souvenir, un<br />

René dynamique et ouvert à tous. Je me sens proche de lui.<br />

Je sais que tu dois avoir beaucoup de chagrin mais comme il disait :<br />

« Il faut aller de l’avant et ne pas regarder en arrière ».<br />

Lequarré Jean Chère Germaine,<br />

… Pour moi, René fait aussi partie du paysage de mon enfance. Je<br />

n’oublierai jamais les nombreux week-ends en Ardennes que nous<br />

avons partagés et comme René et toi, vous avez donné le goût de<br />

l’observation, de la nature et de la photo. Une image de René me vient<br />

à l’esprit. A Hatrival, il nous menait à la « grande coupe » pour y voir<br />

des chevreuils. Françoise et moi, nous nous taisions pour ne pas<br />

effrayer les bêtes. J’espère que tu pourras bientôt évoquer ces<br />

souvenirs avec nous. Jean.<br />

Lequarré Michèle Chère Germaine,<br />

Lorsque j’ai fait votre connaissance, à René et à toi, vous m’avez<br />

immédiatement gentiment accueillie et traitée comme une amie. Dans<br />

la suite, nos rencontres et promenades sont parmi mes meilleurs<br />

souvenirs. Les enfants se souviennent bien de vous ;<br />

le « René » -un peu légendaire- qui grimpait encore avec tant de joie,<br />

toujours plus haut, toujours plus loin. René va peut-être laisser un<br />

grand vide mais certainement un souvenir heureux.<br />

Tu seras toujours la bienvenue chez nous, Michèle.<br />

Marnet Jürg, Dr. C’est avec une grande peine que nous avons appris le décès de<br />

Monsieur Mallieux. Nous gardons un très bon souvenir de nos<br />

rencontres avec lui au Château de la Hulpe et à St Moritz, l’an dernier.<br />

Pour son œuvre sur le Roi Albert Ier, il restera gravé à jamais dans<br />

notre mémoire.<br />

Signé Marnet pour The King Albert Memorial Foundation.<br />

Richely Alain et Catherine<br />

… C’était toujours un plaisir de le rencontrer lors de nos passages à<br />

Bruxelles et de profiter de son éternelle jeunesse qui aurait redonné<br />

du punch à n’importe qui.<br />

Cette jeunesse, sa simplicité, son imperturbable bonne humeur<br />

faisaient le charme de cet homme hors du commun.<br />

Sauvy René Nous avons appris par Nicole Leininger la triste nouvelle. C’est un pan<br />

de notre histoire, de l’amitié, de la montagne qui s’est éloigné de nous.<br />

129


Stoop André Les mots ne contiennent jamais assez de signification pour exprimer,<br />

à toi, Germaine, ma compassion en ces moments douloureux. Jamais<br />

je ne pourrai oublier René, qui toujours sera un modèle pour tous et<br />

surtout pour tous les jeunes qu’il aimait tant.<br />

Vanhees Jan & Vivijs Lut<br />

Pour nous, René n’avait pas d’âge. Son cœur était plein de jeunesse<br />

et d’énergie. Nous n’oublierons jamais les petites histoires qu’il<br />

racontait de manière si passionnante.<br />

Van Ingh Régine et François (lettre du 18 août)<br />

Chère Germaine,<br />

Nous étions en Corse quand nous avons appris le décès de René et<br />

cela nous a fait beaucoup de peine.<br />

Aujourd’hui, nous sommes aux Houches, le jour où Jacques Collaer et<br />

Charles Beuken ont dispersé les cendres de René en montagne, et<br />

nous avons rendu un fervent hommage à René qui aimait tant ce<br />

massif du Mont Blanc.<br />

Nous avons évoqué des souvenirs, ceux de Freyr et aussi les belles<br />

randonnées que nous avons faites ensemble en 1990, en Corse.<br />

Nous pensons à toi, à ton chagrin.<br />

René était un être hors du commun …<br />

Van Roye Nane Je garde de René, le souvenir d’une amitié délicate et discrète.<br />

Verkoyen Marc Depuis 3 jours, j’ai un peu l’impression de ne pas comprendre.<br />

Toutefois, il y a une chose dont je suis certain ce que René nous a<br />

donné est quelque chose de durable. Son amour de la montagne,<br />

son enthousiasme pour les jeunes sont des valeurs qui m’ont toujours<br />

soutenu, et cela je ne l’oublierai jamais, je te le promets.<br />

Wanet Jacques Au cours de sa vie, René Mallieux a été un exemple de distinction<br />

intellectuelle, d’élégance morale et de courage physique.<br />

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Hommages officiels<br />

Club Alpin Belge – Section du Brabant<br />

Par Monts et par Vaux - 4 e trimestre 1995<br />

René Mallieux, le père de l’alpinisme belge, s’en est allé.<br />

Avec la mort de notre très regretté ami René Mallieux, c’est la plus grande figure de<br />

l’alpinisme belge qui disparaît. C’est une perte immense pour le CAB dont il fut l’âme et le<br />

symbole.<br />

Liégeois du fond du cœur, René ne faisait aucune distinction entre les alpinistes belges<br />

quelle que soit leur origine. Seul comptait pour lui l’attachement à la montagne et leur<br />

sincérité.<br />

…<br />

René, nous ne t’entendrons plus, toi qui aimais tant raconter. René, nous ne te voyons plus.<br />

Tu es pour nous comme un premier de cordée qui, parti en tête, vient de passer l’angle de<br />

quelque pilier. Mais, une corde nous relie toujours et nous la dévidons. C’est la corde de<br />

l’amitié et de la solidarité entre les alpinistes qui continue à nous unir.<br />

Merci pour tout ce que tu nous as apporté.<br />

Jacques Borlée.<br />

Club Alpin Français<br />

La Montagne et Alpinisme - n° 1 – 1996<br />

Président d’honneur du Club Alpin Belge, René Mallieux nous a quittés le 8 juin 1995.<br />

Né le 25 novembre 1906, il a abordé la montagne avec son frère André en 1923 et n’a<br />

jamais cessé de la parcourir, de l’aimer et de la faire aimer. Il fut membre du GHM en 1948.<br />

En 1951, il a participé avec ses amis les Kogan, les Leininger, Nicole et Raymond, ainsi que<br />

Maurice Lenoir à la première expédition franco-belge dans les Andes du Pérou et gravit pour<br />

la première fois l’Alpamayo. Il a publié en 1956 un livre Le Roi Albert alpiniste qui a obtenu<br />

un vif succès.<br />

Il était capitaine commandant de réserve de la force aérienne belge, chevalier de l’ordre de<br />

Léopold à titre militaire et officier de l’ordre de la couronne.<br />

J’ai fait la connaissance de René à l’occasion des mémorables sorties de la section<br />

montagne du COB sur les falaises de Freyr dans les Ardennes belges.<br />

J’étais un jeune homme, il était « président » et je me souviens de longues soirées en sa<br />

compagnie et de nos amis belges. Eux fournissaient la bière et les « Bleausards » quelques<br />

bouteilles de nos meilleurs vins.<br />

C’était et c’est là la convivialité entre générations, entre grimpeurs-alpinistes. Des échanges,<br />

des confrontations, des rires, la fête quoi !<br />

C’est au nom de tes camarades français que je t’adresse un ultime adieu, tu as été un<br />

exemple, nous ne t’oublierons pas.<br />

Robert Paragot.<br />

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Club Alpin Suisse<br />

René Mallieux nous a quittés.<br />

L’alpiniste belge René Mallieux est décédé le 9 juin 1995, à l’âge de 88 ans. Né en 1906 à<br />

Liège, René fut l’un des premiers alpinistes belges qui, pendant des décennies, parcoururent<br />

non seulement les massifs belges mais aussi toutes les montagnes de l’arc alpin.<br />

…<br />

Avec René Mallieux disparaît une figure historique du CAB et, pour ceux qui l’ont connu, un<br />

ami hors du commun, doux, tendre et sentimental, mais aussi une encyclopédie vivante de<br />

l’histoire et de l’alpinisme… et un champion quant à l’humour.<br />

A Germaine, nos condoléances et notre amitié.<br />

Vertigo, Ecole de l’Aventure<br />

Anna Lauwaert, Berzona TI.<br />

René Mallieux incarnait la jeunesse manifestant un intérêt constant pour les jeunes, et<br />

faisant preuve d’une incroyable ouverture d’esprit face aux pratiques modernes de la<br />

montagne, et ayant toujours accordé son soutien pour les initiatives visant à la formation et<br />

l’encadrement d’activités en montagne, le respect de la nature et la pratique d’un alpinisme<br />

en harmonie avec l’espace exigeant qu’est la haute montagne.<br />

Au-delà de l’alpiniste de talent, l’héritage moral qu’il nous délègue est précieux, à notre<br />

époque de performance et de matérialisme effrénée.<br />

Chantal Scohy.<br />

136


BAC – Belgische Alpen Club<br />

IN MEMORIAM <strong>RENE</strong> <strong>MALLIEUX</strong><br />

Het is zo, dat ik mij de voorbije wereld herinner:<br />

een ster in de duisternis,<br />

een draaikolk in een rivier,<br />

een bliksemschicht in een zomerse onweerswolk,<br />

een flikkerend licht, een geest,<br />

een droom.<br />

Vajrachchedikaprajnaparamita Sutra<br />

Het is ook zo dat wij ons René Mallieux kunnen herinneren, en het doet goed om<br />

met zo’n herinneringen aan iemand te kunnen terugdenken.<br />

Op zijn 88 e heeft René ons verlaten. Zijn drang naar de totale vrijheid moet dan<br />

toch groter geweest zijn dan de vrijheid die hij hier kon vinden.<br />

Als grootmeester in de vertelkunst heeft hij ons op de hoogte gebracht van de<br />

lokroep naar de bergen, de vrijheid die hij er zo belangrijk vond, de vriendschap<br />

die er zo sterk kan zijn.<br />

Als erevoorzitter van de BAC-CAB is hij tot op het laatste moment een<br />

ambassadeur geweest voor de klimsport.<br />

Zij die zich René in het kamp van Les Houches herinneren, zullen het beamen.<br />

Zijn kleurrijke verhalen van ‘in de tijd’, zijn bewondering voor de natuur, zijn<br />

interesse voor de jongere klimmersgeneratie, zijn respect voor wat er zich<br />

boven in het gebergte afspeelde, zijn altijd jeugdige kijk op wat er rond hem<br />

gebeurde, zijn schalkse opmerkingen, zijn fonkelende ogen … Hij heeft er ons<br />

meermaals gezellige avonden mee bezorgd. Meer nog, hij gaf ons een stukje<br />

van zijn microbe door.<br />

Voor jou Germaine, jij die steeds medespeler kon zijn in de dialoog, hopen wij<br />

dat je in al de mooie momenten die jij met René hebt mogen meemaken, de<br />

nodige steun en kracht kan vinden.<br />

Lut Vivijs en Jan Vanhees<br />

137


BAC – Belgische Alpen Club<br />

Traduction<br />

IN MEMORIAM <strong>RENE</strong> <strong>MALLIEUX</strong><br />

C’est ainsi que je me souviens du monde antérieur:<br />

une étoile dans l’obscurité,<br />

un tourbillon dans une rivière,<br />

un éclair dans un ciel d’été orageux<br />

une lumière brillante, une âme,<br />

un rêve.<br />

C’est ainsi que nous nous souviendrons de René Mallieux.<br />

Vajrachchedikaprajnaparamita Sutra<br />

René nous a quitté à 88 ans. Son aspiration à une totale liberté a dû être plus<br />

grande que la liberté qu’il a pu trouver ici.<br />

En tout grand maître de l’art de raconter, il nous a parlé de son attrait pour la<br />

montagne, la liberté qu’il trouvait si important, de l’amitié qui peut être très<br />

forte.<br />

En tant que président d’honneur du CAB-BAC, il a été jusqu’à sa fin, un<br />

ambassadeur de l’alpinisme.<br />

Ceux qui ont connu René, au camp des Houches, ont pu apprécier ses récits<br />

colorés de « A cette époque », son émerveillement devant la nature, son intérêt<br />

pour la jeune génération de grimpeurs, son respect pour la haute montagne,<br />

son regard resté jeune pour tout ce qui l’entoure, ses observations malicieuses,<br />

ses yeux pétillants.<br />

Il nous a fait passer de nombreuses soirées passionnantes.<br />

Bien davantage, il nous a passé son virus.<br />

Pour toi Germaine, qui participait aux dialogues, nous espérons que tu pourras<br />

trouver force et courage dans tous les bons moments que tu as partagés avec<br />

René.<br />

Lut Vivijs en Jan Vanhees<br />

138


Hommage du Club Alpin Belge<br />

139


140


141


Ce texte a été rédigé durant l’hiver 2009-2010.<br />

Achevé d’imprimer le 15 août 2010.<br />

Il a été reproduit en 25 exemplaires.<br />

Cet exemplaire porte le numéro<br />

Le portrait de la couverture a été dessiné par Lou Naegels d’après une<br />

photographie prise un ou deux ans avant le décès de René Mallieux.<br />

Germaine Slacmeulder,<br />

Rue du Lac, 35A – Bte 7<br />

1000 Bruxelles.<br />

Une aide efficace et des encouragements assidus<br />

à la réalisation de ce recueil m’ont été apportés<br />

par Alain Purnôde et Yolande Massin<br />

que je remercie sincèrement pour cette précieuse<br />

collaboration.<br />

Collaboration de Jan Vanhees aux deuxième édition.<br />

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